Enthoven-Le Pen-Mélenchon

S’il voulait faire causer les causeurs, c’est réussi.

Dans un fil sur Twitter, le philosophe médiatique Raphaël Enthoven s’est posé la question de ce qu’il voterait à l’élection présidentielle s’il était amené à choisir entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, deux personnalités qu’il qualifie avec une certaine légèreté de « Peste ». Peste brune pour la première, et peste rouge-brun pour le second.
Dans sa démonstration, si j’ai suivi, il explique qu’il préfère une candidate issue d’une tradition explicitement et éhontément anti-républicaine à un parti dont le chef parle très bien de République, mais s’est détourné de cet idéal dès lors qu’il a reproché au président élu de ne pas être le représentant légitime des Français ; dès lors qu’il a défilé dans une manifestation contre l’Islamophobie1 ; dès lors qu’il a haussé le ton contre un juge d’instruction qui venait perquisitionner ses locaux2.
Eh oui, à choisir entre rouge-brun (on aimerait savoir ce qui justifie le « brun » !) et brun-tout-court, en l’absence de vote blanc, le philosophe choisit le camp du brun.
J’en déduis que le problème, c’est le rouge.

Raphaël Enthoven affirme sans grandes preuves que dès son arrivée au pouvoir s’il devenait président, Jean-Luc Mélenchon changerait la constitution pour s’y instituer dictateur, « en faisant passer ça pour une république populaire ». C’est à mon avis une vraie erreur d’analyse, car quoi que l’on pense de Mélenchon, il n’est pas tout seul, et même si son parti est constitué autour de sa candidature (que dire de Macron, alors ?), cette mouvance politique ne me semble pas franchement mue par un culte du chef qui permettrait de passer d’une République à une dictature en un clin d’œil.
Au passage le philosophe avance aussi que sous un éventuel règne de Mélenchon la liberté académique serait sacrifiée au profit d’idéologies, je cite, « décoloniales » et « islamogauchistes ». Mouvances qui, se hasarde-t-il à dire, sont peut-être d’ores et déjà majoritaires à l’Université. Cette dernière précision est intéressante : si les universitaires sont déjà conquis volontairement aux idées qu’il réprouve, veut-il nous dire qu’il compte sur le Rassemblement national pour y mettre bon ordre, et décider des opinions qui sont licites dans l’enseignement supérieur ? L’épithète « Islamogauchiste » n’a pas grand sens, je suis sûr que ceux qui l’utilisent comme arme de dénigrement sont les premiers à le savoir, mais le mot « décolonial » est un peu plus concret, et souvent revendiqué. Et pourquoi non ? De nombreuses tensions en France et dans le monde entier sont les conséquences directes d’un passé colonial récent, et y réfléchir ne sera jamais un luxe : des disciplines telles que l’Histoire, l’Anthropologie ou les sciences politiques ne peuvent faire autrement que d’étudier la question (post/dé)-coloniale. Et au fait, quel serait le contraire de « décolonial » ? Comment ne pas se rappeler, dans le dilemme proposé par Enthoven, que le Front National est précisément un parti issu du contexte post-colonial, avec ses nostalgiques de l’Algérie Française, mais aussi avec son obsession de l’immigration économique, elle aussi une conséquence directe de la décolonisation ?

Sans doute que si on n’est ni étranger, ni noir, ni maghrébin, ni musulman, ni femme, ni écologiste, ni cycliste, ni militant pour la justice sociale, ni agent du service public, si on ne fait pas partie des cibles habituelles de l’extrême-droite, quoi, alors l’alternative proposée doit être presque équivalente.
Et si en plus on est bourgeois, et que l’on imagine que le but de la France Insoumise est d’installer une dictature Chaviste en France3, comme les bourgeois de 1981 pensaient que l’élection de Mitterrand serait l’occasion de voir les chars soviétiques envahir la place de la Concorde, là, oui, on comprend qu’il est une meilleure affaire de soutenir un parti qui promet l’ordre à un parti qui promet le changement. « Plutôt Hitler que le Front populaire, plutôt Hitler que Blum », disaient les industriels des années 1930. Ils ont eu Hitler. Ils ne l’ont pas tous emporté au Paradis.

Le cas Mélenchon

Enthoven dit « plutôt Trump que Chavez », mais pour moi, Mélenchon tient bien plus de Trump que de Chavez. Car son plus gros défaut c’est que, comme Donald Trump, il n’est pas franchement bon perdant.
Mélenchon avait par exemple traîné des pieds lorsqu’il s’est agi d’appeler explicitement à voter contre Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2017. Au passage, Raphaël Enthoven, qui aujourd’hui nous dit qu’il voterait Le Pen contre Mélenchon, reprochait à Mélenchon de ne pas voter Macron contre Le Pen. Oh, bien sûr, c’était de la fierté, de la part de Mélenchon : lancer un tel appel n’aurait aucun effet sur les votes eux-mêmes, mais revenait à baisser la tête en signe d’allégeance, devant un programme pourtant aux antipodes du sien. Ensuite Mélenchon a insisté, rappelant continuellement qu’il était passé à un cheveu (600 000 voix, un gros cheveu, quand même) du second tour4, affirmant qu’Emmanuel Macron l’avait emporté par ruse ou quelque chose du genre, et qu’avec le peu de suffrages qu’il avait obtenu au premier tour, et même au second, il ne représentait jamais qu’un petit pourcentage des citoyens, ce dont l’ampleur du mouvement des Gilets jaunes en est la preuve, etc.
Cette vision des choses souffre d’un problème majeur : si Jean-Luc Mélenchon, François Fillon ou Marine Le Pen l’avaient emporté d’une courte tête, leur légitimité n’aurait été ni plus forte ni moins forte que celle d’Emmanuel Macron aujourd’hui. C’est un problème terrible, d’ailleurs : le pays est vraiment divisé, nous votons plus volontiers « contre » que « pour », et j’irais jusqu’à avancer que c’est ce qui a permis l’élection de Macron : en 2017 il avait un peu moins d’ennemis que ses concurrents. Au passage, Mélenchon feint d’oublier que dans la foulée de l’élection présidentielle, les élections législatives ont nettement confirmé le choix opéré.
La seule légitimité qui vaille, la seule chose qui rend des élections possibles, c’est que tous acceptent les règles de départ. Et en les contestant après coup, Mélenchon ne rend service à personne — c’est l’unique point sur lequel je peux rejoindre Enthoven —, ni aux idées qu’il défend.

Jean-Luc Mélenchon peut être très bon orateur, très bon politique. Je me souviens d’une conférence assez longue qu’il avait donnée devant des étudiants avant les dernières élections présidentielles. Il y expliquait parfaitement son programme, avec méthode et pédagogie, de manière rationnelle — nul coup de sang, ni recours à l’émotion ou autre facilité —, en passant en revue une quantité extravagante de grands sujets, inscrits dans une perspective historique très précise. Il était bon. Et un détail m’avait marqué : il s’excusait d’être de sexe masculin, et disait que la prochaine fois, c’est à dire en 2022, il faudrait que ce soit une femme qui se présente, et pas lui. Que pour lui, c’était la dernière fois, que les choses se présentaient comme ça cette fois, mais que ça devait changer à l’avenir. C’était un proposition louable à la fois pour son féminisme, mais aussi parce que le fondateur des Insoumis acceptait que les idées de son parti soient portées par quelqu’un d’autre que lui-même. C’était bien, mais c’était faux, tout comme son projet de remettre en cause le caractère monarchique de la présidence, sans doute, car tout bien réfléchi, il ne semble toujours voir personne d’autre que lui-même qui soit plus à même de devenir président. Il ne semble pas avoir encouragé les parcours de potentiels présidentiables au sein de son parti — une candidature, ça se construit sur la durée —, et ceux qui l’ont s’en sont détournés disent qu’il prend assez mal les remises en cause en interne de sa stratégie.

Tout ça est bien dommage, mais Jean-Luc Mélenchon n’est qu’une personne, pas un groupe politique, pas un parti, pas un programme. Et quoi qu’on pense des personnes qui les incarnent5, les programmes des différents groupes politiques ne sont pas franchement interchangeables :

Dans ma boîte-aux-lettres, les tracts pour les élections régionales…

Le Front National6 promet de l’autorité et du patriotisme. Quoique ça veuille dire. Il promet des trains propres et à l’heure7, moins d’impôts, et une lutte contre l’islamisme pour protéger « notre culture » et « notre cadre de vie ». Quoi que ça veuille dire.
De son côté, le programme de la France Insoumise et des ses soutiens (Parti Communiste, Ensemble! ) est un peu plus concret : emploi, logement, culture, éducation, social… Je ne sais pas dans quelle mesure ce programme est susceptible d’être tenu, mais au moins c’est un programme, il paraît tourné vers l’intérêt public et ne manque pas d’ambition.
La comparaison me semble vite vue.

Que Raphaël Enthoven ne voie pas la différence, qu’il ramène tout à la question du tempérament des personnes, qu’il néglige non seulement les propositions de chaque camp, mais aussi leur Histoire, les propos de leurs cadres et de leurs militants, est plutôt inquiétant.

  1. Mélenchon n’était pas seul à défiler contre l’Islamophobie en novembre 2019 : l’appel avait été signé par de nombreuses personnalités du monde politique, associatif, académique, journalistique,… On peut le lire ici. []
  2. Les philosophes aiment faire parler les morts pour faire dire ceux-ci qu’ils étaient d’accord avec eux. Ici c’est Vladimir Jankélévitch, « le marcheur infatigable de la gauche », qui est appelé à la rescousse : « Mais comme dit Jankélévitch, « on ne fait jamais assez de bien, et toujours le mal une fois de trop. » Que nous importe que @JLMelenchon ait été républicain, puisqu’il ne l’est plus ? ». []
  3. À ma connaissance Mélenchon a cessé de prendre véritablement Hogo Chavez pour référence bien avant la mort de ce dernier, en 2013… Même s’il n’est pas du genre à démordre publiquement des ses opinions sur commande, il me semble que cette référence est passée depuis longtemps et qu’elle n’est jamais revendiquée par des personnalités proéminentes de la France Insoumise. []
  4. Mais Fillon a été floué, à coup de rocambolesques histoires de costume offert (et autres histoires un peu moins cousues de fil blanc) ; Hamon a été floué, saboté par son propre parti. Même s’il a eu un cinquième des voix, Mélenchon n’est arrivé que quatrième. []
  5. Et Marine Le Pen, au fait, qui est-ce ? En y réfléchissant, je vois une survivante, une femme qui est parvenue à s’imposer dans un parti masculiniste, une « fille de » qui est parvenue à en remontrer à son père. Reste que le parti dont elle a hérité porte des valeurs méprisables — repli sur soi (un soi imaginaire) et peur des autres (des autres imaginaires). Rien à sauver ici. []
  6. Le Front National a été renommé « Rassemblement national », mais c’est le même parti. []
  7. Drôle de référence, on connaît la vieille propagande qui affirme que « Au moins sous Mussolini les trains arrivaient à l’heure » — ce qui, au passage, est une réputation infondée ! []

11 réflexions sur « Enthoven-Le Pen-Mélenchon »

  1. Enzo33

    Salut Jean-No,

    Le problème de départ dans le personnage public qu’est Mélenchon repose, pour partie, sur l’assignation à Hugo Chavez et à la gauche bolivarienne qui a cumulé les succès électoraux depuis une vingtaine d’années en Amérique latine. Dans le même sac, on pourrait d’ailleurs mettre Juan Peron, figure de proue du mouvement auquel il a donné son nom, et qui a remporté, par voie démocratique, 9 des 12 élections présidentielles depuis les années 50 en Argentine. Il y aurait beaucoup à dire sur l’étiquette de gauche qui est collée à ces partis, qui ont d’ailleurs, d’un point de vue programmatique, beaucoup évolué dans le temps, et ne peuvent être réellement comparés d’un pays à l’autre.

    Mais un point commun fondamental à tous ces dirigeants, c’est la situation politique particulière qui est la leur, et qui n’est absolument pas comparable à la nôtre en Europe, à savoir l’omniprésence des Etats-Unis dans leur problématique de politique extérieure. Certains, comme Lula au Brésil, ont recherché le consensus et l’apaisement avec Washington, alors que d’autres, Chavez en tête, ont été à l’affrontement. Le cas du Venezuela est particulier, en raison de sa place importante sur le marché le plus inflammable de tous, celui du pétrole. Je ne porterai pas de jugement sur les bienfaits des uns et les travers des autres, mais je constate que la vision qui est majoritairement véhiculée jusqu’en Europe est celle qui a franchi au préalable le filtre de la diplomatie américaine. En gros, pour qu’un dirigeant sud-américain et son régime soient jugés sympas, ils doivent au préalable avoir été jugés sympas par la CIA.

    Pour nous Français, le continent sud-américain n’a jamais été une référence importante, parce que ces pays n’ont jamais tenu de rôle important dans notre histoire nationale. Ce qui, au passage, nous distingue de l’Espagne et du Portugal, mais aussi de l’Angleterre qui a encore le net souvenir d’une guerre courte mais sanglante contre l’Argentine voici 40 ans.

    Je comprends bien l’analogieque fait Mélenchon avec le « populisme » de Chavez, car en effet les partis travaillistes sud-américains sont arrivés au pouvoir en s’appuyant sur d’innombrables greffes locales avec le monde ouvrier, le monde étudiant, le monde des petits travailleurs, bref le monde populaire. Mais ces éléments sont massivement inconnus par chez nous. J’ai vu aussi la conférence de 2017 dont tu parles, mais quand Mélenchon explique la référence à Chavez, ça lui prend un quart d’heure (à condition de ne pas être interrompu), et ça percute les opinions reçues en France à propos de Chavez.

    Lorsque Nathalie Saint-Cricq interroge Mélenchon sur le sujet, il lui faudra donc 15mn pour s’en expliquer, auxquelles s’ajouteront (parce que c’est Mélenchon) 5mn de polémique sur l’intérêt de la question posée, pour au final ramer à contre-courant d’une opinion majoritaire que les médias mainstream ne manqueront pas de matraquer à nouveau dès la fin de l’émission. Tout ceci me semble totalement vain, ça lui prend du temps sur les plateaux télé, et c’est autant de temps qu’il ne passe pas à parler de son programme, ce qui serait pourtant intéressant quand même puisque c’est l’objet de l’élection. La référence à Chavez est dont une lourde erreur de communication de la part de Mélenchon.

    « pour moi, Mélenchon tient bien plus de Trump que de Chavez. Car son plus gros défaut c’est que, comme Donald Trump, il n’est pas franchement bon perdant. »

    Avant l’élection présidentielle de novembre dernier, Trump n’était pas encore un « mauvais perdant », et je n’ai pas le souvenir que sa politique ait suscité de large approbation en Europe (et surtout pas dans les médias), ni d’ailleurs aux Etats-Unis. Je ne nie pas que sa défaite ait été suivie de quelques complications politiques, mais je trouve bien plus graves l’ensemble des mesures politiques qu’il a prises en tant que président américain pendant 4 ans.

    Quoi qu’il en soit, moi qui ne connaissais Enthoven que de nom, je sais à quoi m’en tenir sur le personnage.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Enzo33 : je compare Mélenchon à Trump sur le côté bébé-qui-boude, mais bien sûr, la comparaison n’a pas grand sens dans l’absolu : Trump a un égo important, mais lui, n’a que ça, et bien évidemment, je ne pense pas une seconde qu’une présidence de Mélenchon aurait le moindre rapport avec la présidence de Trump !

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  2. Enzo33

    Ah oui, j’ai oublié de te préciser, par contre, que je te rejoins sur le procès en légitimité démocratique que Mélenchon fait à Macron. En suivant ce raisonnement, à supposer que Mélenchon soit passé devant Macron, il n’aurait pas été plus « légitime » pour autant.

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  3. RD

    Je te trouve très superficiel sur la dernière partie du billet. Je trouve la comparaison avec Trump plus qu’hasardeuse avec Trump, du même niveau que les commentateurs qui parle de « populisme » sans savoir définir ce qu’ils mettent derrière ce mot, mais qu’ils utilisent surtout pour mettre un signe égal entre extrême-droite et gauche antilibérale, soit ce qui est en dehors de leur « cercle de la Raison ».

    Tu parles de « mauvais joueur », mais il faut quand même voir l’état de la campagne, en particulier les 3 dernières semaines. On a quand même un Macron qui a été élu comme futur barrage au FN, sans qu’on s’interroge le moins du monde sur son programme (le fameux « mais on s’en fout des programmes, ce qui importe c’est le projet »), ni gauche ni droite, disant tout et son contraire du jour au lendemain, avec comme principale argument qu’il était jeune et dynamique, alors qu’à gauche on avertissait déjà qu’il ferait du Fillon sur l’économique et le social, et qu’il continuerait la logique ultrasécuritaire pour faire passer ça en force. Dans le même temps, on a Hollande qui sort de sa réserve pour dire que Mélenchon était un danger (ça faisait juste un an que MLP était annoncée constamment au 2e tour), et une campagne médiatiques les plus crades de ces dernière années, de la part de la droite (Le Figaro, Le Point, l’Express, mais ça on a l’habitude), mais aussi de la gauche (L’Obs, Libé, mais aussi les militants) le traitant de futur dictateur, d’agent de Poutine, d’Assad… . Et surtout, lors de l’entre-deux-tours, on savait pertinemment que Macron, serait un boulevard pour l’extrême-droite, justement parce qu’on savait quel serait son contenu politique, une politique antisociale, et parce qu’il aurait besoin des flics pour la faire passer. Quel bilan 4 ans plus tard ? on a Darmanin, un homophobe notoire, ancien de l’Action Française, ministre de l’Intérieur, les fascistes qui ont table ouverte dans tous les médias, y compris ceux de service public, et des flics intouchables qui ont tué, mutilé pour mater les mouvements sociaux, et on ne peut plus faire une manif (même des trucs bateau/cul-cul-la-praline sur l’environnement), sans se faire nasser, gazer, tabasser, au point même que Toubon, le ministre de la justice sous Chirac dans le même gouvernement qui envoyait les CRS dans une église pour chopper des immigrés, s’alarme de la situation. Soit à peu de chose près exactement ce qu’on prédisait qu’il allait arriver. Excuse-nous d’avoir eu peu d’enthousiasme à l’époque quand on voyait ça arriver.

    « Au passage, Mélenchon feint d’oublier que dans la foulée de l’élection présidentielle, les élections législatives ont nettement confirmé le choix opéré. »
    Pitié. Tu sais pertinemment qu’avec le système du scrutin uninominal majoritaire à deux tours, les législatives n’ont rien de représentatif ou d’honnête. En Marche et ses alliés on fait 15% des inscrits au premier tour (30% de votants), et se sont retrouvés avec 60% des députés au final. Tout ça pour avoir la majorité la plus godillote de l’histoire de la république, à tel point que le qualificatif de « Playmobil » pour les désigner s’est répandu comme un traînée de poudre… Même si le problème ne date pas d’hier, la majorité LREM a rendu plus visible que jamais le fait que la 5e république n’avait rien d’une démocratie représentative, voire d’une démocratie tout court. Juste une monarchie élective tous les 5 ans, où on ne vote même plus pour le candidat qu’on souhaite, mais pour faire barrage à l’extrême-droite, parfois même aux deux tours.

    « Il ne semble pas avoir encouragé les parcours de potentiels présidentiables au sein de son parti ». Il en avait un. De base JLM ne devait pas se représenter en 2017. Le problème est que son héritier idéologique est mort d’une tumeur au cerveau.
    Dans les autres cadres de la FI, soit ils ont la volonté mais pas les épaules ou des limitations assez… voyantes (Corbière, Autin, Rufin,…), soit ils ne veulent pas (Coquerel, Obono…), et enfin une partie est partie vers d’autre cieux pour des désaccords politiques profonds. Il semble cependant qu’il y a un « héritier » désigné, mais il est encore un peu jeune…

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      La comparaison avec Trump doit s’entendre comme une blague : je veux dire qu’on peut comparer tout et n’importe quoi, Mélenchon n’est pas Chavez (ni Marchais, ni Castro), Marine Le Pen n’est pas Trump (ni Orban, ni Hitler),…
      Que Mélenchon se soit fait rouler, c’est un fait, mais il n’est pas le seul, et si Macron a été élu c’est sans doute en grande partie parce qu’il n’était ni Mélenchon ni personne d’autre : il amenait en apparence du nouveau, et il est le symptôme d’un rejet des vieux briscards de la politique, et un rejet aussi d’un système partisan de moins en moins clair. Je ne me rappelle pas qu’on ait prédit un tournant sécuritaire/autoritaire au sujet de Macron à l’époque de son élection ! Au contraire, toute une certaine droite était d’avance ulcérée de ses positions de principe sur les sujets dits sociétaux, sur les migrants, etc.
      Bien sûr, les législatives sont dans la foulée de l’élection présidentielle, mais il n’empêche, c’est bien LREM qui a eu tous les sièges, non seulement pour conforter la position du président, mais aussi parce que là encore, les têtes étaient neuves. Une très mauvaise assemblée, sommée d’obéir,… Oui oui, mais quand même élue. Si on considère que les élections sont truquées juste parce qu’on n’a pas gagné, alors on n’est même pas légitime à y participer.
      Corbière je ne sais pas (personnellement je vois à peine qui c’est), mais aujourd’hui, je parie qu’Autain ou Ruffin ont plus leurs chances que Mélenchon.

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  4. FoucPérotin

    Juste un détail (et malgré ta note 3) le problème n’est plus Chavez depuis longtemps, bien sûr, puisque Maduro a remplacé Chavez en 2013. Et si : LFI continue de soutenir le régime du Vénézuela, attribuant tous les pbs de ce pays aux intervention des US. Maduro n’est pas Chavez, et sa responsabilté dans le crise, la corruption du régime, son caractère antidémocratique et violent est selon moi établie. Nombreux sont les membres du Parti de gauche à citer et à prendre pour argent comptant les infos des médias favorables à Maduro, comme TeleSur, identifiant toujours comme seuls responsables des difficultés immenses du pays les US et la CIA, et par ailleurs tous les opposants classés très vite dans la catégorie des fascistes et de l’extrème-droite. Le Vénézuela vit un drame absolu, et la résistance coûte que coûte du régime militarisé de Maduro y est pour beaucoup (mais je n’ai jamais dit que les US sont tout blancs). JLM comme le Parti de gauche les soutiennent sans mollir. Les choix géopolitiques de JLM sont généralement détestables – ceux de la mère Le Pen ne sont pas meilleurs. C’est pourquoi, entre Le Pen et JLM, je voterais JLM, bien sûr, mais sans enthousiasme.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      à ma connaissance, la seule chose revendiquée par LFI, et c’était en 2017, c’était la proposition — en tant que pays qui possède un grand territoire en Amérique du Sud — d’adhérer à l’Alliance bolivarienne (contre d’autres espaces économiques des Amériques je suppose). Ça a été le prétexte d’une diabolisation assez injuste, car certains ont feint de croire que Mélenchon voulait quitter l’UE pour le Vénézuela ou une idée absurde du genre… Tu vois d’autre occurrences ? Je ne suis pas toujours attentif, je n’écoute pas la radio, je ne regarde pas les émissions d’actualité, alors je veux bien croire que j’ai raté quelque chose mais de loin, je n’ai pas l’impression que les cadres de LFI aient à cœur de nous vendre le Vénézuela de Maduro !

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      1. FoucPérotin

        Pas fait de recherche à fond. Jeté un œil à mes tweets de 2019, Trouvé ça JLM, 26 fev 19 « Le peuple du Venezuela, s’il estime qu’il s’est trompé dans le choix de sa politique et de ses dirigeants, saura le dire le moment venu car les élections au Venezuela sont libres. » (référence dans Wikipédia, je crois, et c’est déjà un monument mélenchonien, je trouve). JLM à tenté une certaine réserve pendant les événements de 2019, mais sa communicante et compagne Sophia Chirikou était en revanche particulièrement prompte à retweeter les salades pleines de fake news de TeleSur, ce qui est un symptôme très fort. Sur le Venezuela, je conseille de lire les articles de Boutet sur Mediapart, qui sont ma boussole, Très bon journaliste sur l’Amérique du sud, et je crois qu’on ne peut pas le suspecter d’être un agent de la CIA. 😉

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        1. Jean-no Auteur de l’article

          Le Vénézuéla est dans une merde noire depuis longtemps, la fille de Chavez est milliardaire (rarement un signe de bonne santé démocratique), et même si les US sont en grande partie responsables, avec leurs coups d’État et leurs coups fourrés anti-démocratiques (contrôle des médias privés à fins de propagande) qui poussent à la parano et à la crispation, Chavez et Maduro sont coupables d’autocratisme, de corruption,… Rien à sauver.
          Je ne lis pas les tweets de Sophia Chikirou, je t’avoue… Mais je n’ai pas vu proposer le Vénézuéla comme modèle par les troupes LFI.

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          1. Enzo33

            100% d’accord. Il n’y a que Méluche lui-même pour citer le Venezuela en référence. Et, comme je le disais, outre que ça lui prend du temps d’antenne, ce n’est effectivement pas une référence démocratique.

            @FoucPérotin : Maduro n’est pas Chavez certes, mais Chavez était tout sauf une sainte-nitouche. Ce n’est pas non plus comme si le Venezuela avait été le paradis sur terre jusqu’à 2013.

            Pour le reste, la politique en 2021, ça reste quand même un grand spectacle. La campagne de 2022 n’a pas encore réellement commencé, mais j’en ai déjà marre en fait, les éditoriaux de « projection » ne manquent pas de préciser que Mélenchon n’a aucune chance et qu’il n’est qu’une hypothèque sur les chances de la gauche. Julliard dans Marianne assène qu »il n’y a rien à aller chercher de ce côté-là ». Plié, emballé, et peu importe que le candidat de LFI ait été proche du deuxième tour en 2017, à aucun moment l’hypothèse de sa présence au second tour ne doit être envisagée.

          2. Jean-no Auteur de l’article

            @enzo33 ce qui est intéressant c’est le rapport à l’imagination, dans toutes ces élections… Certes personne n’est satisfait, x citoyens veulent d’une autre politique que celle menée, etc., mais notre imagination quant aux alternatives est sans cesse restreinte par le discours médiatique, entre les gens dont on nous dit qu’ils n’ont aucune chance, ceux qu’on nous présente comme infréquentables, fut-ce sur un détail (avoir eu des naïvetés vis-à-vis de Chavez est apparemment plus grave que de soutenir des pétro-dictatures du Golfe !),… Je crois bien que c’était déjà à ça que répondait la mouvement des Gilets Jaunes : beaucoup d’indignations, d’envies de changement, mais une incapacité à désigner le moyen. Et plus on prive les gens d’un imaginaire du changement qu’ils veulent, plus les crispations empireront. Même si le covid a calmé un temps les choses, j’ai peur qu’on n’aie pas fini de voir des manifestants se faire éborgner.

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