Ami croyant, tu as un Dieu et tu te conformes à ses commandements : ne pas voler, ne pas manger certains trucs, faire certaines choses certains jours de la semaine, ne pas coucher avec certaines personnes, et ne pas tuer, excepté peut-être, ceux que ton Dieu n’aime pas, ou qui ne l’aiment pas, ou qui ne veulent pas vivre selon sa loi.
Mais on ne va pas se mentir trop longtemps : ton Dieu n’existe pas, et non seulement je le sais très bien, mais toi aussi tu le sais. Enfin si tu y as réfléchi deux minutes, tu le sais. Et moi, je sais que tu le sais. La preuve que tu sais à quoi t’en tenir, c’est que tu me fais, à moi l’athée, la demande absurde de prouver que ton Dieu n’existe pas, tandis que tu refuses, toi qui affirmes pourtant que ton dieu existe, d’en fournir une preuve un tant soi peu sérieuse.
Oh, et puis toi et moi, on sait que s’il existait effectivement, ton Dieu n’aurait pas besoin de toi pour le défendre ou pour le prier.
C’est toi qui fais exister ce Dieu. En construisant en son nom, en détruisant en son nom, en agissant pour lui, tu permets à ton ami (maître ?) imaginaire d’avoir un effet réel sur notre monde. C’est un grand miracle, mais alors toi, le dévot, tu dois agir en conséquence, prendre tes responsabilités. Puisque c’est toi qui crées ton dieu, tu n’as pas le droit de te cacher derrière lui, tu n’as aucun droit de dire « je ne fais que suivre ses commandements », tu n’as aucun droit de te servir de lui comme excuse pour manipuler, dominer, aliéner, opprimer, détruire, y compris lorsque c’est à toi-même que tu fais du mal. Et tu n’en aurais pas plus le droit s’il existait, d’ailleurs : quel outrage à un Dieu que d’affirmer que l’on sait ce qu’est sa volonté et que cette volonté, comme par hasard, est justement la tienne ! Que ceux qui s’affirment croyant soient justement ceux qui commettent le blasphème de parler et d’agir à la place de leur Dieu prouve bien qu’ils savent qu’il n’existe pas.
Ce que tu fais, tu dois l’assumer, et le Dieu que tu crées, puisque c’est une émanation de toi-même, tu dois aussi l’assumer, tu es responsable de lui et de tout ce qu’il ordonne. Ce que tu fais en son nom, tu le fais en suivant ta propre volonté. Quand c’est quelque chose de beau et de grand — une aumône, un tableau, une mélodie —, aucune raison d’être trop modeste, c’est de toi-même qu’il faut être fier. Et lorsque c’est un meurtre, c’est toi qui dois être blâmé et puni. Ton Dieu te donne des forces pour faire ce que tu as justement envie de faire, cesse de t’abriter derrière son nom, tu es responsable de ses bienfaits comme de ses méfaits. Et si tu lui veux vraiment du bien, à ton dieu, ne fais pas de mal en son nom. Ou bien sois maudit. Même si ça ne veut rien dire non plus.
Les temples sont vides en France, quoique reste la religiosité du désir.
L’étymologie du mot libertin étant « affranchi de toutes les croyances », l’athéisme d’un Valmont est-il pour autant un humanisme? Non dans la mesure où il veut s’immoler au centre du désir de celle qu’il convoite pour devenir « le dieu qu’elle aura préféré ». Il brise les chaines qui l’attachent a Dieu pour mieux se fondre comme le seul et unique objet de son désir. D’une autre manière les blasphèmes d’un Marquis de Sade ne sont-ils pas une prière inversée pour forcer Dieu a se manifester?
Je serais curieux de savoir de quel sacralité du désir procède l’athéisme pechu de l’auteur de ce blog ?