Le gouvernement propose un nouveau plan pour éduquer les jeunes français à la citoyenneté.
Le principe sera de rendre l’action publique bienveillante envers tous, lisible, rationnelle, respectueuse de l’intelligence de ceux dont la vie est affectée par les décisions politiques. Pédagogique mais non condescendante, ralliant les citoyens aux projets par le dialogue et non en excitant les passions, les peurs et les antagonismes de classe, d’âge, de genre, d’origine ou de religion autour de thèmes secondaires et de notions affectives.
Il s’agira aussi pour les élus de se montrer constructifs envers leurs collègues — amis ou adversaires —, d’être honnêtes intellectuellement, de privilégier l’intérêt général à celui de leur parti ou de leur personne et de faire preuve de probité à tous les instants de leur mission1. L’exemplarité ne consistera plus pour les élus à se serrer les coudes pour défendre ceux d’entre eux qui auront fauté, ni traiter comme des galeux ceux d’entre leurs pairs — fautifs ou non — qui se seront avérés médiatiquement indéfendables.
Il suffira juste à ne plus avoir rien à se reprocher. C’est aussi bête que ça.
Enfin, tous les services de l’État se montreront eux aussi bienveillants, soucieux d’améliorer la situation de chacun, s’interdisant toute tracasserie arbitraire, toute violence qui ne servirait pas directement à contrer une autre violence, toute situation injuste ou humiliante, toute instrumentalisation politique malhonnête.
Une fois tous ces principes respectés, il est évident que les jeunes qui aujourd’hui ne comprennent pas bien la citoyenneté, qui croient que l’État est leur ennemi, qui ignorent que leur pays leur appartient autant qu’il appartient à ses représentants élus, réaliseront bien la fonction de chaque institution et y participeront d’eux-mêmes. Donner l’exemple, plutôt que d’imposer une énième variante d’un catéchisme républicain dominateur qui vide les mots de leur sens et ne semble toujours pas avoir admis l’idée, deux cent vingt-neuf ans après la Révolution française, qu’un citoyen n’est pas un sujet.
Mais non, hé, je rigole, n’ayez pas peur, rien de nouveau sous le Soleil, business as usual, on va continuer à considérer les jeunes comme des sauvageons à dresser et continuer à leur reprocher les maux de la société qu’ils sont les premiers à subir.
Vous inquiétez pas !
- On n’imaginera plus, par exemple, un ministre rester en exercice en ayant admis s’être rendu coupable de trafic d’influences en échange d’un rapport sexuel, s’en tirer en expliquant avec fierté et arrogance qu’il n’a rien à se reprocher puisque le délit est prescrit. [↩]