Je ne me remets pas de ce tweet :
Je constate que :
- François Fillon considère qu’une heure de travail en moins par semaine crée 100 000 emplois. Et ceci dans le seul secteur public (20% de l’emploi en France). Si les Français ne travaillaient que 30 heures par semaines, comme les Hollandais (les habitants des Pays-Bas, par les partisans de François Hollande), la France reviendrait au plein-emploi.
- François Fillon affirme donc en substance que les 35 heures ont été bénéfiques à l’emploi et que l’augmentation du nombre de chômeurs a été freinée par cette mesure dont la droite, qu’elle soit ou non au pouvoir, accuse de tous les maux.
- François Fillon pense que ses électeurs ont envie de travailler plus longtemps afin qu’il y ait plus de gens au chômage. Ce qui signifie que son réservoir naturel d’électeurs est surtout constitué des quelques milliers de membres de conseils d’administrations de grosses sociétés pour qui le chômage structurel est une aubaine qui permet, en jouant sur la peur et la culpabilisation des désœuvrés — qu’une certaine presse magazine qualifie de « profiteurs » —, d’étouffer la contestation sociale et la demande de réduction des inégalités.
Les économistes très savants me diront que les choses ne sont pas si simples, qu’il ne suffit pas d’enlever une chose ici pour en créer une autre là, que les calculs sont un peu plus complexes dans le monde réel. Sûrement. Alors qu’ils disent ça à François Fillon !
J’aimerais bien choisir la candidature de droite la moins affreuse, mais pour voter aux primaires de la droite et du centre, il faut payer deux euros (ça reste dans mes moyens), mais surtout, signer un papier disant : «Je partage les valeurs républicaines de la droite et du centre et je m’engage pour l’alternance afin de réussir le redressement de la France». Or signer une telle déclaration m’est impossible, moralement et nerveusement. Faire semblant d’y croire est tout à fait inenvisageable. Je dis souvent que je ne suis pas de gauche (car je refuse les « packs » idéologiques, je pense que le discernement n’est pas l’ennemi de la cohérence, bien au contraire), mais que je suis infiniment moins de droite. M si toi, ami lecteur, tu te considères de droite ou du centre et que tu veux faire du bien à ton propre camp et à ton pays, essaie donc de nous choisir le droitaud le moins néfaste. À gauche, certains font un calcul stratégique : plus la droite sera caricaturale et plus la gauche conservera une micro-chance de l’emporter. Mais ce n’est pas ce qui se passe : plus le débat se décale vers le discours du Front National et plus le Parti Socialiste perd foi en les principes qu’il était jusqu’ici censé porter. Être élu, c’est bien, mais si on doit changer, devenir quelqu’un d’autre, alors à quoi bon ?
De plus, comme dans les films de super-héros, c’est le méchant qui donne son intérêt au gentil : pour avoir une gauche intéressante, il faut une droite intelligente.
Pour rappel, la brochette des primaires contient :
- Jean-Frédéric « pour rire par la tête » Poisson. Le candidat de bénitier, dont le programme, d’inspiration philosophique, porte principalement sur la mort et sur le sexe. Son parti se réclame d’un rabbin sympathique et plutôt original de l’antiquité qui a vécu chez sa maman jusqu’à 33 ans avant de devenir un zombie.
- François « tortille du » Fillon. Il y croit, car il a réussi à être premier ministre cinq ans sans que personne ne se fasse d’idées claires sur ses positions, et presque sans qu’on remarque son existence. Mais on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens, et plus on en sait sur ce qu’il pense, moins on a envie de voir ses sourcils broussailleux.
- Jean-François « son of a proctolog » Copé. Personne ne sait vraiment quelles idées il porte. Sur le papier, il n’est peut-être même pas le pire, mais son sourire faux-derche est rédhibitoire.
- Alain « bottes dans sa droite » Juppé. Il a été condamné à deux ans de prison afin de protéger Jacques Chirac. Difficile de décider s’il est profondément fidèle et animé par le sens du sacrifice, ou s’il s’est juste fait avoir. Incapable de masquer son sentiment de supériorité.
- Nathalie « banshee » Kosciusko-Morizet. J’ai toujours bien aimé le style. Ingénieure, apparemment sincèrement préoccupée par le numérique comme par l’écologie, elle commence souvent bien, par des prises de position originales, à contre-courant de sa famille politique, mais sait se ranger du côté du bâton ensuite, ce qui lui permet de rester un des plus gros bonnets de son parti, malgré sa réputation d’électron libre. Si elle était le chef elle-même, peut-être ferait-elle des choses différentes de tout ce que ses collègues proposent. Notons par ailleurs qu’elle est l’unique femme du groupe.
- Bruno « antisocial tu perds ton sang froid » Le Maire. Il s’appelle « le maire » mais il veut supprimer la fonction publique territoriale ! La priorité de la France, pour lui, c’est de rembourser sa dette, mais en sélectionnant soigneusement qui devra être solidaire avec les banques puisque sa première mesure sera de supprimer l’impôt sur la fortune. Il compte alléger le budget du pays en supprimant les aides au logement.
- Nicolas « Finaud » Sarkozy. Un homme de conviction. Conviction au singulier, car il n’en a qu’une : sa gueule. Très fort pour dire ce qu’il veut entendre au couillon qui l’écoute, selon la méthode Saint-Exupéry : « le programme que tu veux est dans la boite ». S’est avéré capable de lancer une guerre aux conséquences désatreuses par peur que le chef d’État du pays qu’il attaquait ne prouve son niveau de corruption. Sans doute lecteur assidu des meilleurs traités politiques jamais écrits — je ne parle pas de Machiavel et Sun Tzu mais des classiques de la bande dessinée franco-belge : Le Schtroumpfissime, La Zizanie, Le Devin, Les Rats noirs et Ruée sur l’Oklahoma. Comme Voldemort, il tire son pouvoir d’arriver à obliger les gens à dire son nom.
Comme beaucoup de gens pas trop de droite, j’imagine que si je devais choisir parmi ces sept affreux, ce serait entre la droite à l’ancienne d’Alain Juppé et la droite aux (brefs) élans gauchistes de Nathalie Kosciusko-Morizet.
Mais je ne me sens pas très bien rien qu’en l’écrivant !
Oh ben, là c’est sûr ça castagne…
Merci jean-no
Gino I leuv you!