iTélé a diffusé en direct une intéressante séquence filmée lors du passage de Manuel Valls à Trappes. Lui et le maire de la ville étaient pris à partie par une habitante, comme ça se fait souvent, mais l’embarras monte progressivement, parce que ladite habitante n’est pas en train de tenir un discours confus, dans l’émotion pure, qui mettrait en valeur le calme du ministre, mais évoque avec une certaine précision et avec un énervement contenu et poli les mutations du quartier. Le ministre, visiblement peu habitué à faire face à une répartie articulée, est incapable de s’en tirer par des promesses de rétablissement de l’ordre, comme c’est l’usage. On ne comprend pas tout ce dont la dame en question veut parler (sa mère se fait expulser du quartier, apparemment), puisque le ministre fait tout pour l’empêcher de terminer ses phrases : il veut que les choses se déroulent sur son terrain à lui.
Au passage, deux perles : lorsque la dame évoque les témoignages de violences policières qu’elle lit sur Twitter, Manuel Valls lui dit « ne regardez pas trop Twitter et les réseaux sociaux ». Oui. imaginez si on y lisait des choses qui ne sont pas dites ailleurs !
Pour finir, d’un ton assez autoritaire, le ministre ose un lamentable : « Ne profitez jamais, jamais des micros pour mettre en cause un maire qui fait bien son boulot et encore moins la police qui fait remarquablement bien son travail ! ». Eh oui, utiliser les caméras, il faudrait laisser ça aux professionnels. Imaginez si n’importe qui le faisait ! Un citoyens, ça se fait instrumentaliser ou ça se tait.
En dernier recours, le ministre tourne le dos et s’en va, affectant d’avoir une mine décidée. Il sait bien que les caméras sont là pour lui, et pas pour les citoyens de Trappes. En prenant lâchement la fuite, même s’il n’a sans doute aucune idée d’où il est en train de se diriger, il est certain d’éloigner les micros de cette citoyenne embarrassante dont on entend la voix se perdre…
Au fond, c’est une illustration assez parlante, terrible, de ce que vaut la liberté d’expression du simple quidam dans le monde médiatique : il n’est pas prévu qu’il ait vraiment quelque chose à dire.
vas-y le ton paternaliste employé dans la vidéo, puant.
La fonction d’un élu n’est pas, semble-t-il, d’écouter les citoyens, mais de défendre les autres élus. Elus de tous pays, unissez-vous.