L’affaire de la chemise qui tue

J’ai l’habitude de me voir comme quelqu’un de difficile à affecter, d’assez solide. Mais en fait pas tant que ça, il faut croire. J’ai quitté Twitter aujourd’hui, en appuyant sur le bouton « supprimer mon compte » (ou une formule du genre, je ne sais plus, je ne peux plus aller voir, je n’ai plus de compte !). Et tout ça à cause d’une chemise hawaïenne ! Moi qui ne porte jamais de chemise, pourtant, juste des tee-shirts.
Je peux raconter l’histoire : un scientifique de la mission de l’ESA qui a envoyé le robot Philae sur la comète Rosetta n’a pas trouvé plus malin, pour faire parler de lui, que de porter cette chemise :

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Je ne sais pas pourquoi tous les médias relaient que la chemise a été réalisée spécialement par la petite amie et/ou tatoueuse (il y a de nombreuses versions à l’histoire) du scientifique, alors qu’elle est au catalogue d’un créateur de chemisettes.
J’ai découvert cette histoire en commençant par la fin, tombant sur une vidéo où le scientifique en question se repent de son crime envers l’image des femmes, qu’il a offensées, puis baisse les yeux, visiblement ému, tandis qu’un collègue lui tapote le dos. Image que j’ai trouvée, je ne peux pas le cacher, assez violente. J’admets bien sûr que, quand on s’apprête à passer devant des millions de spectateurs, il est important de réfléchir aux messages qu’on enverra par ses vêtements. Je n’aurais jamais porté cette chemisette, en tout cas. Maintenant, je ne saurais dire si le costume-cravate imposé aux hommes « sérieux » me plait plus, ni si je le trouve moins sexiste. J’y pense parce qu’un présentateur de télévision australien a justement révélé ne pas avoir changé de costume pendant une année afin de montrer que, contrairement à sa collègue féminine, il n’était pas jugé sur son apparence mais sur sa compétence professionnelle. La démonstration aurait sans doute été différente s’il avait porté une chemise hawaïenne, à mon avis : voyant le même motif chaque jour, les gens se seraient plus inquiété.

Enfin bref, en voyant le tollé soulevé par la chemisette, je suis allé demander sur Twitter si celle-ci était intrinsèquement choquante. Car je dois avouer que je vois moins une référence sexiste qu’un clin d’œil à une référence sexiste. Des femmes avec des brushing eighties, des poses de playmates certes assez ridicules (et peu fonctionnelles pour vivre des aventures trépidantes ailleurs que dans un lit), dans une ambiance science-fictionnesque à la manque, ça me rappelle Barbarella (version cinéma, pour le coup indéniablement sexiste), ou plus encore les femmes-robots du japonais Hajime Sorayama. J’ai supposé le mauvais goût assumé, le kitsch, forcément borderline1, mais je veux bien croire que la perception diffère selon les individus et que ce motif soit pour certains une agression, au delà du simple attentat au bon goût. C’est même pour ça que j’ai posé la question à la cantonade. Comme j’ai quarante-six ans, j’ai des références de vieux de ma génération, et j’avoue que ce que j’ai vu, dans ces pin-up pseudo-SF, ce sont les Métal Hurlant de mon adolescence :

metal

Ma question a été jugée rhétorique et la discussion a dégénéré, en partie de ma faute, non parce que je discutais le bout de gras de la chemisette (n’est pas né qui m’empêchera de discuter, de dire des choses intelligentes ou bêtes, d’avoir un avis, de l’assumer ou d’en changer à ma guise, d’être brillant ou de m’enfoncer), mais parce que j’ai rompu tapageusement et ouvertement avec une grande amie (que je ne nommerai pas ici, son prénom étant un hapax), ce qui m’a coûté et lui coûte aussi je pense. Un léger effet de meute2 s’est engagé : quelques personnes, pas très nombreuses, mais que j’apprécie, se sont mises à ajouter des reproches aux reproches, et, plus injuste, à me prêter des paroles que je n’ai pas tenues.
Le jugement était rendu3.

Jusqu’ici, aucune espèce de gravité, de remords profond, de rancune, d’amertume. J’ai la peau dure, j’ai commencé à me bagarrer, sous le nom qui est inscrit sur ma carte d’identité4 sur des forums avant même la naissance de ma cadette, qui passe son bac cette année ! Discuter n’est pas un problème. Constater un certain manque de confiance, avoir l’impression de vivre la déchéance d’un ex-futur-président sorti de son Sofitel menotté pour aucun autre crime que quelques minutes d’une discussion badine5, évidemment, c’est blessant, un peu, on se demande si les amis en étaient vraiment.
Mais je prends le parti de penser que oui, et je garde mon bon souvenir d’eux, je ne changerai pas de trottoir quand je les croiserai.

Merci Matt Taylor mais c'est un peu de ta faute, quand même ! Sans doute était-ce le moment de grandir, de passer à autre chose, mais j'aurais préféré le choisir moi-même.

Merci, docteur Matt Taylor et ton humour potache, mais c’est un peu de ta faute, quand même ! Sans doute était-ce pour moi le moment de grandir, de passer à autre chose, mais j’aurais préféré choisir le prétexte moi-même, ou au moins avoir le temps de préparer ma sortie. Tant pis.

Mais tout ça m’a fait réaliser (avec un peu d’aide, merci à la si tempérante Cécile A.) que je me suis peu à peu construit un personnage virtuel dont certains attendent sans doute plus qu’il ne peut donner. Je ne comprends pas comment ça a pu arriver, car j’ai toujours mis un point d’honneur à ne pas être vertueux, à laisser paraître mes failles et mon ridicule de singe pas moins idiot qu’un autre, et à laisser ceux qui en veulent profiter de ce que j’ai de sympathique ou d’amusant, quand ça peut affleurer. Je revendique mon mauvais goût en musique (j’échange tout Wagner contre Too Much Heaven des Bee Gees), en cinéma, en tout ce qu’on veut.
Et pourtant, aussi absurde que ça semble, je suis parvenu malgré moi à passer pour quelqu’un qui mérite qu’on l’écoute, bien que sans qualités, sans diplômes, sans avoir la tête de George Clooney, ni même sa cafetière. Je sens bien qu’un stress s’installe parfois, que quand je dis une bêtise, certains semblent avoir besoin de choisir entre être absolument d’accord avec moi ou résolument opposés, et même ennemis, alors je me retrouve comme une pièce qui tourne sur sa tranche en attendant de savoir si ce sera pile ou face (je sais, cette analogie est bizarre, mais je me sens épuisé, ce soir). Enfin il y a quelque chose qui ne va pas, je ne me sens plus libre.
Ou alors c’est juste l’automne.

rosetta

Enfin c’est comme ça, c’est le moment, adieu Twitter !
Et la bise à ceux qui en voudront quand même.

  1. Ceci dit, je ne suis pas bête, je sais que le second degré est parfois un premier degré habile, et par ailleurs je sais aussi qu’il peut y avoir un abysse entre les intentions qui motivent une image et la réception dont elle fait l’objet. []
  2. Bien sûr, les gens ne se considèrent pas eux-mêmes comme une meute, mais comme des individus. Je n’ai pourtant pas d’autre mot pour décrire l’effet de masse qui est ressenti quand plusieurs personnes sont à l’unisson, non pas dans leur discours mais dans leur hostilité. []
  3. C’est le genre de situation qui me ramène immanquablement aux épisodes de cour de récréation de mon enfance qui m’ont tôt fait perdre toute forme de confiance en l’espèce à laquelle je suis censé appartenir et m’a convaincu de l’absurdité du politique : fort de sa force, le nombre se sent dispensé d’écouter et exerce sa loi. Et comme de bien entendu, le groupe se soude en s’en prenant à l’individu qui détonne et qu’on traitera immanquablement en criminel, si faibles soient les charges retenues contre lui. Seul choix : la fuite.  Et puis admettons le, cent quarante caractères sont parfois un peu courts pour se montrer juste sans excès alors que le ton monte. []
  4. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde, je ne peux pas m’empêcher de le remarquer. Utiliser un pseudonyme est un droit que je ne conteste pas, mais certains ne se rendent pas toujours compte de la dissymétrie que cela représente : défendre ses positions en se faisant traiter de ci ou de ça devant quatre mille cinq cent personnes, dont amis, collègues, étudiants, connaissances, etc., n’est pas une position aussi confortable que d’émettre des critiques ou des insultes envers des gens qui ignorent votre identité. []
  5. Précision : bien entendu, je ne dédouane DSK de rien, je tente une image certes de mauvais goût mais qui se veut amusante pour illustrer l’idée de déchéance brutale. je ne trouve pas non plus amusantes les agressions de femmes de chambre. Dans le même ordre d’idées, je ne trouve pas que la mort soit une chose amusante, mais je peux tout à fait l’utiliser comme une référence comique. Je fais la part des choses. Vous pouvez en faire autant. []

76 réflexions sur « L’affaire de la chemise qui tue »

  1. Adrienne

    Oh ben merde.
    J’ai pas trop pris position sur le sujet en question, mais tu as le droit d’avoir une position hétérodoxe, pas consensuelle voire même idiote éventuellement, oui 😉

    (je n’ai pas vu les discussions donc je ne sais pas)

    Et que malgré tes X milliers de followers tu puisses t’engueuler avec les gens sans que ça prenne des proportions énormes…

    C’est bien dommage. Tu vas (me) manquer justement pour le mélange de sérieux, de futile, d’intellectuel et de vie quotidienne, tout ça à la fois. Les gens parfaits sur Twitter sont chiants. Tu devrais revenir, qu’on reste quelques-uns à pas trop se prendre au sérieux…

    Bises, Jean-No. Ça commence à faire une paire d’années qu’on se fréquente sur les Internets, j’espère que ça continuera !

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Adrienne : juste avant de supprimer mon compte, j’ai réclamé une archive à Twitter mais apparemment l’opération est annulée par ma désertion ! Du coup personne ne lira la conversation (dont d’autres tweets ont été ôtés, du reste) et ceux qui n’étaient pas là ne risquent pas de mieux comprendre l’affaire.
      On se croisera au garage !

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  2. Samuel

    Je n’ai pas du tout suivi le débat, ayant simplement vu que tu posais la question à propos de la chemise. C’est dommage que tu quittes Twitter.

    Amitiés
    Samuel

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  3. Thesupermat

    Ben merde alors, moi qui lisais toujours tes tweets avec plaisir. J’ose espérer qu’il y aura un retour mais en attendant, bon vent.

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  4. @piasummers

    toute cette histoire me rend bien triste. Il y a eu des torts, des choses très malencontreuses ont été dites c’est certain, cependant j’espère que tu reviendras (si tu en as envie) une fois les émotions passées, digérées…
    à + tard alors

    Répondre
    1. Jean-no Auteur de l’article

      @piasummers : je doute assez fortement d’un retour, en deux jours un truc a changé dans ma vie. Juste aujourd’hui, je me dis même que je pourrais arrêter de bloguer (activité consubstantielle de Twitter, pour moi, même si j’avais commencé avant) et passer à autre chose.

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  5. Helene Foucart

    Oh non, non, non.

    Je comprends très bien, mais mince ! S’il te plait, reviens ! Sur twitter les choses sont si bizarres. Mais en même temps c’est tellement bien d’échanger avec légèreté.

    J’espère que tu vas revenir. Tes articles sont toujours très intéressants et fouillés, mais sur twitter il y a cette délicieuse impression de dialogue…

    Je crois que tu peux te réconcilier avec ton amie, après un temps. Certes, cette dernière remarque semble d’une affligeante banalité, mais n’en est pas moins vraie.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Hélène Foucart : j’aime beaucoup la légèreté. On meurt bien assez tôt comme ça, et puis il ne font pas confondre pesanteur et sérieux.
      Oui, je peux me réconcilier, bien sûr, car c’est une amie du genre qui se réconcilie, mais cette histoire a entraîné d’autres déceptions amicales qui me blessent plus profondément parce qu’elles m’ont plus surpris.

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  6. Yasmine

    Oh ben non alors. Jean No c’est pas twitter qu’on s’est connus, tu peux pas partir, c’est trop bête!
    J’ai pas suivi la discussion mais les échanges sur la toile peuvent prendre des proportions assez importantes et il est tellement facile de blesser soit sans s’en rendre compte soit de manière intentionnelle et gratuite, simplement parce que la barrière de l’écran rend les choses plus faciles.

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  7. Pablo

    Je ne vous connaissais pas jusqu’à maintenant, c’est grâce à une réponse de Samantdi à quelqu’un d’autre (sur twitter, donc) que je suis tombé ici, et j’en suis content car votre billet est très bien écrit et j’aime bien vos réflexions, donc merci à Matt Taylor de m’avoir permis de faire la connaissance de votre blog, c’est déjà ça.

    De toute façon, twitter est très chronophage, vous le saviez bien, pas vrai ?

    P.S. Il faudra que vous pensiez à retirer le lien sur la colonne de droite (« On me trouve sur Twitter »).

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Pablo : effectivement ! Ceci dit je me demande si je ne vais pas tout simplement fermer mes blogs, je ressens une usure générale. L’automne, évidemment, mais sûrement pas que. Plus envie de convaincre : je grandis ?

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  8. Geoffrey Dorne

    🙁

    Je me disais bien qu’il manquait qu’un à mes 403* abonnements.

    Oui, tu vas me manquer sur twitter, heureusement il y a tout le reste… Ici et ailleurs.

    Geoffrey

    Répondre
  9. Jade

    Oh non !
    Je n’ai pas du tout suivi ce qu’il s’est passé, et suis donc très triste de voir ton départ de twitter. Je lisais toujours tes tweets avec plaisir – je vais du coup me reporter sur tes blogs (dont un que je lisais déjà). Je comprends ta réaction, j’ai été moi-même plusieurs fois au bord de la suppression de compte suite à quelques vendettas.
    En espérant que tu revienne bientôt au pays du 140 caractères, ou la mémoire des actions d’autrui est définitivement très courte.

    Répondre
    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Jade : oui, sans le visage de la personne, sans doute qu’on oublie plus facilement tout ce qu’on a vécu intellectuellement avec ?

      Répondre
      1. Jade

        Je ne dirais pas cela de cette manière.
        Plutôt que, comme la durée de vie d’un tweet est courte, et que nous avons tendance à multiplier les conversations, souvent plus houleuses URL qu’IRL, le pardon (ou bien l’oubli volontaire) sont plus faciles.

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  10. Christophe D.

    Pas mis les pieds sur Twitter aujourd’hui mais je me disais justement il y a peu que ceux qui tweetent beaucoup ne peuvent pas faire autrement que d’aller toujours dans le sens du vent. Sans quoi ils passeraient leur temps à se battre et ne pourraient mécaniquement plus twitter autant (sauf à être masochiste). Conséquence : on a l’impression que les « gros twittos » sont tous d’accord entre eux alors que, généralement, c’est juste que ceux qui ne sont pas d’accord avec l’opinion majoritaire se taisent.
    Je ne sais plus pourquoi je rapporte ici cette analyse de comptoir, mais sait-on jamais, il y a peut-être un lien avec ta mésaventure du jour 😉

    Et tu reviens quand sur Twitter, sinon ?

    Répondre
    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Christophe D. : ce qui me frappe parfois c’est la manière dont la nuance ou les questions ouvertes fragilisent les groupes… On doit être d’accord sur absolument tout, y compris le vocabulaire, sinon, on est un traître. Or comme tu le dis, ça ne peut être qu’une posture ou un auto-aveuglement. Et je me dis aussi qu’un monde où tout le monde est d’accord sur tout dans les moindres détails peut vivre sans moi : je suis trop orgueilleux pour accepter de me réduire au plus petit commun dénominateur de l’air du temps !

      Répondre
      1. Christophe D.

        Je pense que Twitter en particulier a une grosse tendance à former des opinions « officielles » à une vitesse éclair (parfois sans même qu’une info n’ait le temps d’être vérifiée) via les comptes les plus influents qui ne se contredisent pratiquement jamais. Pour le coup, j’utilise le terme influent sans les guillemets car l’effet est réel et il n’est pas rare qu’il finisse par être relayé par les médias de masse.

        L’exemple le plus frappant qui me vient en tête est celui de Charlie Hebdo qui, en quelques minutes a définitivement été étiqueté « islamophobe ». Alors qu’on sait tous que Charlie est effectivement islamophobe, mais aussi « cathophobe », « judeophobe » et tape depuis HaraKiri sur toutes les religions possibles et imaginables (tout en étant en première ligne sur la lutte contre le racisme…). Du coup, ceux qui ne veulent pas prendre le risque de passer pour raciste en défendant Charlie, parce qu’ils pensent justement que ce n’est pas un hebdo raciste, se taisent. C’est lâche, c’est injuste mais c’est comme ça.

        J’aimerais que Twitter soit plus souvent à l’image de ce que tu as fait : avoir le courage d’aller contre l’opinion admise dans son milieu quand on pense que c’est juste.
        D’après ce que j’ai compris, tu n’as jamais cherché à nier le sexisme chez les geeks et scientifiques mais simplement à argumenter que le port de cette chemise ne constituait pas forcément une preuve de sexisme, portée dans le but de dégrader l’image des femmes. Pas pu lire les éventuels dérapages des uns et des autres mais à priori, n’y avait aucune raison de ne pas en discuter !

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        1. Jean-no Auteur de l’article

          @Christophe D. : je révère la discussion, c’est pour ça que ce dont tu parles, la question des opinions « officielles » est parfois un crève-cœur. Depuis deux jours, un certain nombre de femmes m’ont dit à peu près la même chose : « je suis féministe à 200% mais j’évite de trop discuter avec d’autres féministes parce que le moindre désaccord sur un point de vue ou juste l’utilisation d’un mot peut dégénérer en guerre thermonucléaire totale ». En gros, on peut avoir les pire désaccords avec les gens avec qui on était a priori le plus d’accord… Terrible mécanique, si on y pense. J’entends mon fils me rapporter ses discussions de syndicaliste étudiant ultragauchiste, c’est à peu près pareil : plus on est proches, moins on tolère les bémols.
          Je trouve passionnant la manière dont Internet a généralisé des questions féministes jusqu’ici absentes du discours politique : l’homosexualité n’est plus un truc sale caché dans un coin, on s’intéresse même à la situation ultra-singulière de gens qui se trouvent entre deux sexes et qui n’avaient jusqu’ici quasi aucun moyen de faire savoir ce qu’ils vivent, etc. C’est ultra positif. Plus lourd, parfois, est le recours dictatorial à un vocabulaire ultra-spécialisé (laissez-nous le temps d’apprendre, les amis !) et aussi à des « thought-terminating clichés« , notion psychiatrique passionnante où un mot, une formule, une notion, agissent comme des mines anti-personnel de la pensée. Un mec qui se plaint sera forcément « male tears », notion que je comprends parfaitement dans certains cas (quand Zemmour se plaint d’être oppressé par les femmes) mais à laquelle je trouve, dans d’autres cas, des relents sexistes : à mon époque new-wave (on échappe difficilement à son adolescence, non ?), on chantait « boys don’t cry » pour se lamenter qu’un garçon n’ait pas le droit à être sensible !
          Récemment j’ai vu des articles qui expliquaient en gros que l’humour et le second degré sont à proscrire, et là, je dois dire qu’on aura du mal à m’y rallier, car si je sais que l’humour du type « non mais je déconne, fais pas la gueule, c’est pas une vanne raciste/sexiste/antisémite, c’est pour me moquer du racisme/sexisme/antisémitisme » est douteux, je crois que je n’ai pas envie de vivre dans un monde où tout humour serait encadré par le political correctness – ce qui nous ramène à Charlie. Et pareil avec l’art bien sûr, qui ne peut être qu’ennuyeux s’il n’est pas libre d’être de mauvais goût, de mauvaise foi, etc.

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  11. Tom Roud

    Salut
    je ne comprends pas le lien de cause à effet entre la discussion et le fait que tu quittes Twitter.

    Après sur le fond, je ne comprends pas du tout tes arguments, y compris dans ce billet. D’abord, ce n’est pas une chemise hawaienne, le seul fait que tu ouvres ton billet comme ça montre que tu n’as rien compris à cette histoire (excuse-moi). Ensuite, mettre en parallèle la chemise et le costume de présentateur en disant que tu considères ça comme quasiment aussi sexiste, ça n’a aucun sens, comme beaucoup de trucs que tu as sortis sur cette histoire (excuse-moi bis). Par exemple, dans ce cas précis, peu de femmes (à ma connaissance) se plaignent quotidiennement de l’odieux sexisme du costard cravate, alors que pas mal de jeunes scientifiques et geekettes se plaignent quotidiemment du sexisme dans le milieu scientifiique et geek, et ont du coup apprécié cette chemise à sa juste valeur. Que tu ne comprennes pas ça me dépasse un peu, c’est du flagrant délit de relativisme intellectuel. Il y a aussi tout un contexte actuel, entre gamergate et womeninscience, qui t’aurait permis peut-être de relativiser (dans le bon sens cette fois).

    Aussi, pour continuer à contextualiser: puisque tu nous fais part de tes glorieuses références de geek quinqua comme argument massue, permets-moi de partager mon expérience de physicien théoricien professionnel, puisque que Taylor est un de mes collègues (au sens étendu). Pour moi, faire ça en étant un scientifique, c’est plus grave qu’une blague de potache, ça relève pluôt de la quasi faute professionnelle, du genre de comportement qu’il faut combattre absolument. Le milieu de la physique est un milieu encore très macho (cf cette BD, les items 5 et 6 sont pour toi http://cartoonphysics.net/comics/18 ), et il y a plein d’actions de sensibilisation pour essayer de lutter contre ça. La recherche un milieu très international, on apprend très rapidement que les américains (notamment) sont vigilants sur le sujet – ce qui n’empêche pas les dérapages-, et on apprend vite à faire attention pour ne pas heurter les sensibilités des gens ayant des cultures différentes.. Attendre de faire une vidéo de l’ESA en mondovision pour faire amende honorable, c’est pas bon signe du tout: soit il s’en foutait avant, soit il a fait semblant de ne pas entendre avant, soit l’ESA tolère ça au quotidien, dans tous les cas, j’ai moyennement pitié, vu sa position il fait partie du problème, et avec un peu de chance le meilleur en sortira.

    Enfin, d’un point de vue stictement personnel et comme tu as décidé de t’épancher sur le sujet, je ne comprends pas pourquoi, quand ton ex-amie et d’autres (qui sont des gens en général rationnels, cohérents et pas mythomanes) t’expliquent qu’elles sont choquées elles, personnellement, tu réagis en soutenant que rationnellement, c’est des références geeks vieillottes donc c’est normal et pas trop choquant. Dans cette opposition entre émotion légitime face à une réalité vécue par tes amies et ta rationalisation a posteriori , je donnerais plus de poids à l’émotion. Je n’attends pas ton avis sur la Spiderwoman de Manara.

    Errare humanum est, perseverare diabolicum.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Tom Roud : Il faut s’entendre sur le terme « Chemise hawaïenne » (je me demande si des femmes maories auraient moins ou plus choqué, tiens). Cette chemise est produite par la société Alohaland, qui produit des « Hawaïan shirts » depuis 1972. De leur point de vue, c’est hawaïen, même si la société semble établie en Californie.
      Sur es costumes, sais-tu qu’un homme qui entre à l’Assemblée nationale, bien qu’élu de la République, se fait imposer le port d’une cravate ? Jusqu’il y a quelques décennies (grâce à un coup de gueule de Michèle Alliot-Marie !), les femmes parlementaires n’avaient, elles, pas droit au pantalon. Forcer les gens à porter un vêtement précis en fonction de son sexe me semble une violence sexiste. J’ai bien compris que beaucoup de monde inscrivait cette histoire dans la suite du Gamergate, mais comme tu dis, je ne comprends rien à rien car je ne vois pas le rapport. Je ne fais pas partie des gens qui négligent la puissance des images, ni la responsabilité de qui les produit ou les arbore. Mais j’en ai une vision fine, pour la même raison d’autorité que celle que tu m’opposes en m’expliquant à quel point ton milieu professionnel est sexiste : c’est mon métier, de faire, de regarder et de comprendre des images, et c’est même mon métier de m’intéresser à la manière dont d’autres les reçoivent. Mais comme c’est mon métier, que je connais la trahison des images, je sais qu’une image peut contenir bien plus de choses que son sujet. Mais je ne vais pas développer, tout simplement parce que si même André Gunthert, qui s’y connaît en images, est en mode berserk, alors il me reste peu d’interlocuteurs pour distinguer une pin-up de série z d’une pose pornographique de Manara dont, excuse-moi de te décevoir, je juge le travail consternant depuis des décennies (je m’arrête à son H.P. et Giuseppe Bergman). Ton « cartoonphysics » est super mal dessiné, au fait, ce qui nuit un peu au propos, si on me demande mon avis (et sinon, tant pis, je le donne quand même). À mon tour de dire du latin : Sutor, ne supra crepidam.
      Quoi qu’il en soit, ma question a toujours été sincère : qui est choqué, qui ne l’est pas ? J’ai eu des réponses, mais beaucoup de non-réponses, aussi, venues de gens pour qui je ne posais la question que pour imposer mon point de vue. Or je m’y connais assez en images (j’insiste) pour savoir que tout le monde ne les reçoit pas pareil, que tout est affaire de culture, de milieu, de génération, de situation, de légende, de références, etc. Ma dernière fille (dix-sept ans), à qui j’ai raconté l’histoire et montré la photo, ne comprend pas du tout l’émotion de certains, mais il est vrai qu’elle s’habille elle-même comme un sapin de Noël et j’ai bien peur qu’elle ne soit partie pour faire des études artistiques.
      Il est vrai à ce propos que je ne peux pas totalement comprendre ou imaginer un domaine où les femmes sont refusées à la porte des universités, parce que chez nous, en art, les étudiants sont majoritairement des étudiantes.

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      1. Tom Roud

        Or je m’y connais assez en images (j’insiste) pour savoir que tout le monde ne les reçoit pas pareil, que tout est affaire de culture, de milieu, de génération, de situation, de légende, de références, etc.

        Je suis tout à fait d’accord, et comme dit plus haut je trouve tes référence pas adaptées au contexte de cette affaire-ci. Mon milieu est sexiste, oui, et il se trouve que c’est aussi le milieu de Taylor, où justement les filles sont en grosse minorité, c’est pour ça que je considère qu’il a fait une grosse bêtise. (j’ai l’impression de me répéter). (et oui, les physiciennes ne savent pas forcément bien dessiner, whatever) .

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        1. Jean-no Auteur de l’article

          @Tom Roud : les physiciennes ne savent pas forcément bien dessiner -> les physiciens non plus, je pense. C’est une affaire compliquée, le bon dessin. Manara, dont on causait, serait incapable de représenter le désir charnel aussi bien que Reiser, parce que s’il sait dessiner des lignes élégantes et des figures bien proportionnées, il est clair qu’il connaît bien moins la vie, il a un joli trait (nettement altéré depuis une vingtaine d’années – il s’est abîmé le pouce en faisant de la voile, je ne sais pas si c’est lié mais j’ai cette impression d’une vraie baisse), mais qui n’exprime pas grand chose d’autre qu’un regard stéréotypé et sans intérêt sur le monde (ceci étant dit, à quinze ans, son Déclic me donnait chaud aux tempes, je n’ai pas le droit de le nier, et je suis aussi forcé d’admettre que j’ai longtemps tenté d’imiter son trait).
          Sur le symbole, tu pointes mon contentieux avec la sociologie, science passionnante (si j’avais su, c’est ce que j’aurais fait) mais qui finit (c’est une dérive qui me semble extrêmement courante) parfois par croire qu’une personne est sciemment responsable du groupe sociologique dans lequel la théorie l’enferme. Il est évident que nous avons tous des tics, un habitus (on ne dit plus ça il paraît, peu importe), liés à notre situation sociologique et qui nous dépassent. Mais nous avons aussi l’illusion (et cette illusion me semble infiniment précieuse) d’être des individus. Le chercheur contrit se voyait sans doute jusqu’hier comme un original, un grand costaud tatoué et rigolo, un punk dans son milieu. Je parie d’instinct (à vérifier !) qu’il est moins misogyne que la moyenne de ses collègues, dont il est pourtant désormais jugé représentatif, symptomatique. Demander à quelqu’un d’être à cent pour cent conscient puis acteur de la réalité sociologique qu’il représente me semble relever de l’impossibilité logique – même si nous vivons mentalement sur plusieurs plans, et parfois avec une distance sur nous-mêmes.
          Les mecs qui se claironnent féministes en affirmant avoir les yeux grand ouverts sur leur position d’hommes blancs et affirment que cette position leur confère prestige social, considération, droit à être écoutés, et moult autres privilèges, se donnent bien de l’importance, je trouve !

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      2. Thomas C

        Je sais que je suis un homme et que ça implique un regard particulier mais en regardant la retransmission Rosetta, j’avais été frappé : que des mecs dans l’assistance, tous en costume cravate, uniforme absolu du mâle sérieux. Quand on a vu ce type, je n’ai pas regardé les motifs de sa chemise (erreur fatale) j’ai regardé son allure et j’ai été frappé et un peu réjoui de voir enfin un type tatoué, avec une chemise colorée, s’autorisant à être lui-même.
        Quelle erreur fatale il avait fait là.

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        1. Thomas C

          Je précise que mon propos n’est pas de dire « oh c’est bien une chemise avec des femmes à poil » mon propos est de renverser la perspective. Sur la chemise et le SCANDALE je serai bien incapable d’avoir une opinion tranchée, je comprends tout à fait ce qu’expose JNL et je lis ce qu’expose TR et je peux le comprendre aussi. Je comprends aussi que pour le moment, l’enjeu etc, tout ça était au mieux très maladroit, qu’une femme devant sa télé n’a pas envie qu’un mec, en un moment pareil s’affiche porteur de cette imagerie là, en même temps ladite imagerie est clairement ultra-référencée, culturelle… bref, lâchement (ou courageusement en ces temps où il FAUT savoir et prendre parti) je choisis la zone de l’incertitude et de l’interrogation en cours.

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          1. Jean-no Auteur de l’article

            @Thomas C : on ne sort de l’incertitude qu’à ses dépens, ou par la force des baillonettes 😉
            Je dis ça parce qu’en vérité, ton commentaire colle à 100% à ma propre position sur le « shirtgate », mais certains m’en attribuent une autre de force, et je peux répondre n’importe quoi, ça ne change rien.

  12. Michelle

    Je te félicite de ton choix !

    Cette affaire révèle, au délà de la sensibilité limitée de certains scientifiques en matière d’esthétique, qu’on NE PEUT PAS SE FAIRE D’AMIS SUR TWITTER.

    L’amitié suppose des sentiments qui naissent au gré du hasard, et l’absence de spontanéité due à l’outil informatique fausse totalement les relations par rapport à ce qu’elles seraient dans la réalité…

    Oui il y a des personnes « intéressantes »… Mais en aucun cas des intérets communs ne sauraient remplacer des sentiments, au mieux ils créent des émotions qui les imitent. La bonne nouvelle, c’est que tu as perdu une amie que tu n’avais pas !

    Pardon pour la digression mais c’est ce qu’il y a de bon à tirer de tout ça.

    Bon courage et bonne route !

    Et comme on twitterait :
    La vie sur terre > la vie sur twitterre.

    Répondre
    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Michelle : si il n’existait pas de sentiments sur Twitter, je ne serais pas triste, or je le suis.
      Je pense qu’il y a bien une différence, effectivement liée au média : sans les sourires, le contact physique, le son de la voix, les multiples expressions corporelles, certaines situations montent en mayonnaise bien plus rapidement. Mais c’est aussi le genre de problèmes qui affectait Rousseau lorsqu’il s’expliquait par écrit il y a deux cent cinquante ans. Étant à la fois un vieil internaute et un dix-huitièmiste amateur, je pensais être assez armé pour m’en tirer tout de même.

      Répondre
      1. Michelle

        On reste humain, bien qu’internautes expérimentés !

        Je ne pense pas que ce soit la devise des twittos… surtout à la vue du nombre de personnes réclamant ton retour au sein du groupe sans même s’interroger sur le bien-fondé de ton départ.
        Quand au sentiments, je serai tenté de te dire de ne pas t’attrister pour quelqu’un qui n’a pas perdu de temps pour tourner la page. C’est un constat fort de plusieurs années (une vie) de pratique de l’internet.

        Je te souhaite bonne route !

        Répondre
        1. Jean-no Auteur de l’article

          @Michelle : je ne pense pas que ceux qui me demandent de revenir le fassent pour me nuire 🙂
          Sinon, bien sûr, l’amitié impose de tourner la page, ou au moins d’accepter la différence de vues.

          Répondre
          1. Michelle

            Au vu de ta conception peu exigeante de l’amitié et de ton attachement à la nécessité d’être présent, je ne parie pas sur ton maintien hors de twitter bien longtemps.

            Je ne souhaite pas te blesser, mais ta démarche est blessante auprès de quelqu’un qui a quitté twitter par conviction.

            L’avenir te dira…

          2. Jean-no Auteur de l’article

            @Michelle : je pense qu’il y a autant de raisons de quitter Twitter ou d’y rester que de personnes… Chacun y vit sa propre expérience, a sa propre « timeline »…
            Je ne sais pas ce que j’ai pu écrire de blessant, pour le coup.

  13. Douglas Edric Stanley

    C’est triste cette histoire. Comme les autres, je n’ai pas suivi le débat en directe. Si ça avait été le cas, j’aurais probablement pris ta défense. Mais encore une fois, je n’ai pas suivi. Et que sais-je, peut-être c’était indéfendable 😉

    J’ai essayé de relire ce que j’ai pu dans l’historique de Twitter mais j’avoue ne pas comprendre la subtilité de certaines déclarations ; il y a toujours des choses qui m’échappent en français, au fait. J’ai eu du mal aussi à remonter le temps à l’envers des Tweets, ou de suivre le fil des « conversations ». Twitter manque encore de bons outils de visualisation historique pour ça.

    Je pense effectivement que c’est plus de l’ordre du mauvais goût qu’une histoire de misogynes à la GamerGate. En plus, et comme tu le sais, je me bats depuis quelques semaines avec ces #@*$¶§ de #@&¶§ de GamerGate, qui refusent, avec un violence insupportable, toute analyse qui apporterait un regard critique des images de genre qui débordent très clairement de leur jeux fétiches. Autrement dit, je pense qu’il y a des images qui posent problème, et qu’il faut assez lourdement critiquer. Mais j’aurais du mal à lourdement critiquer la chemise. Ou peut-être il me manque encore des éléments de contexte…

    D’ailleurs, c’est via les GamerGaters que j’ai appris l’existence de la chemise. Ils s’en servent actuellement pour dire « vous voyez, les féministes veulent toutes nous castrer! ».

    En tout cas, cette chemise, je soupçonne d’être d’une toute autre facture. Et oui, elle mérite discussion — ce qui est inévitable. Il faut juste attendre un peu, je pense. Personnellement, j’attends l’analyse de « On The Media » ou de « Arrêt sur images », ou au moins « Know Your Meme », ne serait-ce que pour connaître l’ampleur du débat. Plusieurs sous-débats ont l’air de se cacher dedans, ce qui rend difficile l’analyse de départ.

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  14. gunthert

    Comme Tom Roud, je ne comprends pas qu’on puisse penser que la fameuse chemise (ou les couvertures de Metal Hurlant) ne sont pas sexistes. Tintin aussi est sexiste, ça n’est pas criminel, c’est juste une manifestation d’une culture discriminante. Ne pas le reconnaître, tenter de le minimiser ou de le justifier au nom de la culture geek, qui est sexiste (u as entendu parler du Gamergate?), est insultant pour celles et ceux qui ont pris conscience de cette asymétrie.

    Contrairement à ce que ton post pourrait laisser croire, ce ne sont pas les geeks, mais bien les femmes (et les féministes) qui sont les victimes des comportements discriminants. Voir le dernier billet d’Hubert Guillaud: « Comment les médias sociaux se sont retournés contre les femmes » http://www.internetactu.net/2014/11/19/comment-les-medias-sociaux-se-sont-retournes-contre-les-femmes/

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @gunthert : je ne dis pas que les couvertures de Métal Hurlant ne sont pas sexistes (même s’il y avait souvent, il me semble, un second degré dans le clin d’œil aux pin-up fifties – il est intéressant de comparer les couvertures de Métal Hurlant à celles de sa version US Heavy Metal), et je sais bien qu’elles ne passeraient sans doute pas aujourd’hui. Bizarrement, des choses passent aujourd’hui qui auraient été impensables à l’époque de Métal, je suis toujours surpris par exemple par la bonhomie avec laquelle on parle de pornographie dans les médias mainstream. En tant que père de deux filles, je dois dire que ça m’inquiète plus en terme d’objectification de la femme – non pas la pornographie elle-même, mais la facilité avec laquelle on évoque toutes sortes de pratiques extrêmes ou dégoûtantes.
      Sur le côté sexiste de Tintin, c’est compliqué, quand même, puisqu’il n’y a pas de femmes dans cet univers : pas de stigmatisation (mais pire ?), l’inexistence.
      Je connais des femmes geek, des femmes gameuses, enfin qui se revendiquent telles, je ne sais pas si on peut opposer femmes et geeks comme étant deus groupes exclusifs. Et par ailleurs je dis pas que le geek excuse de tout, loin de là, je n’ai pas d’actions chez les geeks, et je ne vois pas où j’ai dit que ceux-ci sont les victimes des féministes (!?). Et je le répète, je n’aurais pas porté cette chemise, en mondovision comme en privé. Je me demande juste (avec la plus grande sincérité) qui est authentiquement heurté, insulté, qui ne l’est pas ou pas plus que ça, et qui ne fait que profiter de cet événement pour poser vertueusement (vertu, du latin vir (homme) et à bon compte en champion de la défense des femmes.

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      1. gunthert

        « qui ne fait que profiter de cet événement pour poser vertueusement (vertu, du latin vir (homme) et à bon compte en champion de la défense des femmes » Si c’est à moi que s’adresse ce couplet, je pense qu’on touche à ce qui est dommage dans cette discussion, et qui explique ton départ de Twitter.

        Fondamentalement, je pense que tu es vexé qu’on te prennes pour un réac, et comme tu vois que tu n’as pas vraiment d’argument à part les couv de Metal Hurlant et le second degré, tu passes en mode « la meilleure défense c’est l’attaque ». Ce qui aboutit à une insulte pure et simple, totalement infondée et gratuite (tu crois vraiment que j’ai besoin de poser à quoi que ce soit, en mode commentaire sur ton blog, probablement pour que ce soit plus visible? 😉

        Depuis que je te pratique, j’admire ton art de la modération et de la ténacité en commentaires, toujours fondé sur une argumentation. le passage à l’insulte gratuite est donc le signe rare et visible d’un défaut d’argument, d’une faiblesse et d’un échec.

        Je ne pense pas que quelqu’un qui signale l’album « Les crocodiles » soit un méchant sexiste. Je pense plutôt que ce à quoi nous avons tous affaire (moi inclus), c’est à un bouleversement culturel aussi important que le passage d’une société esclavagiste à une société anti-esclavagiste. Il me paraît donc normal d’avoir quelques soucis d’ajustement, quelques problèmes de cadrage, y compris pour les plus bienveillants. Comme d’autres, je fais depuis quelques années à peine mon apprentissage en matière de sexisme, et je vois bien que c’est du même ordre que de comprendre l’inconscient psychanalytique: on découvre des abimes vertigineux sous chaque pas, le geste le plus insignifiant prend un sens différent, il faut réviser ses goûts et ses croyances les plus profondes. Ça ne se règle pas en cinq minutes, et je ne donnerai des leçons à personne. Mais en tout cas, j’ai appris à être attentif et prudent, et à écouter les féministes, qui ont mieux compris que moi ce dont il s’agit, et qui sont une petite minorité maltraitée (y compris par de nombreuses femmes, car on n’est pas automatiquement féministe parce qu’on est une femme, ce n’est justement pas une distinction ontologique).

        Bref, tu t’énerves pour rien, et on t’aime mieux quand tu utilises ta raison. Je suis certain que celle-ci fera le tri, quand l’émotion sera passée. Moi, je t’aime bien, et je n’ai pas besoin de t’insulter.

        Répondre
        1. Jean-no Auteur de l’article

          @gunthert : en fait j’avais quelqu’un d’autre en tête, qui m’énerve en passant son temps à dire qu’il est un homme blanc privilégié : comme je le disais dans un autre commentaire, je trouve que dire ça, c’est se donner beaucoup d’importance (mais peut-être s’agit-il juste d’une forme tordue de méthode Coué)… car si en tant que groupes les hommes blancs sont bel et bien privilégiés – la sociologie le démontre sans peine -, tous les zommesblancs n’ont pas le même statut social et beaucoup ne dominent personne (et tant mieux) ni rien (déjà moins bien). Cependant, sans t’accuser d’être dans la pose, je trouve que effectivement tu as une position très théoricienne, dans cette histoire.
          Sur l’image, je le répète, je ne prends pas la défense du chercheur, je ne peux qu’exposer mon ressenti sur l’effet que produit l’image sur moi (tributaire de mon milieu, de ma biographie, etc.), mon ressenti sur ce que peuvent avoir été les intentions du type, et je peux essayer de deviner aussi ce que les gens en pensent. Je vois bien (et ça me passionne) que ce qu’on en pense diffère selon les personnes, mais j’essaie de voir à quel point. Or, sans doute par manque d’imagination, il me semble que certains se montrent exagérément sensibles lorsqu’ils exposent leur ressenti.
          Néanmoins je comprends tout à fait le problème qu’exprime le fait que les femmes présentes pour un événement scientifique majeur se trouvaient majoritairement sur une chemisette. Je ne peux imaginer que le chercheur ait sciemment voulu exprimer ça, ni que grand monde croie qu’il le voulait. Mais bien sûr, le problème est réel, c’est un peu ce que (dans mon domaine du design graphique) racontait mon amie et collègue Vanina Pinter dans son article Qui a peur d’une femme ? (paru pour le festival de Chaumont dans le #0 de La Life, 18 mai 2014), qui notait que les femmes se trouvaient sur les affiches, mais pas à les réaliser, et qui en a tiré un article pertinent et bien tourné, avec notamment cette interrogation qui me touche en tant qu’enseignant qui se sent un peu responsable du devenir de ceux et celles dont il a eu la responsabilité : « Que vais-je dire à mes étudiantes ? Coincées entre les rêves et la réalité… Statistiquement, elles ont plus de chances de faire un stage qu’une affiche à Chaumont ».

          Bien sûr, c’est vexant d’être pris pour un réac’, un affreux masculiniste, etc., mais en vérité, je n’y suis pas si sensible, je sais assez bien où je me situe dans mon rapport au sexisme, notamment. Je pense que, ayant une maman scandinave, c’est à dire venant d’un pays où la distinction sexuelle est nettement moins injuste, je pense avoir été plutôt mieux élevé que beaucoup d’autres gens en France. Mais ça m’embête plus qu’on m’explique ce que je dois dire : à quoi bon converser, alors ? Je ne suis pas trop dans l’insulte, mais plutôt dans la réponse proportionnée : on me cause mal, je réponds mal 🙂
          Bon, je ne vais pas te répondre sur la psychanalyse parce qu’on n’a pas fini.
          Je suis soucieux d’être attentif et prudent, et c’est ce que j’ai aimé dans le projet « crocodiles » ou dans un autre genre, par les interviews radio de Solange-te-parle : ils permettent d’accéder à une réalité que, pour des raisons faciles à expliquer, on comprend mal si on ne les vit pas. Et vive l’art et la littérature pour ça, bien sûr. Mais l’attention ne peut pas être théorique, il faut qu’elle soit sincère, je veux bien écouter quand on me dit que telle image produit tel effet, et c’est même pour ça que j’ai posé la question, mais je ne peux pas me forcer à ressentir ce que je ne ressens pas, c’est même une chose que j’ai toutes les raisons de refuser de faire : qu’est-ce qu’il reste de soi si on accepte que les autres nous disent ce qu’on dit ? Et comme j’ai une honnêteté pathologique, il n’y a pas une grande distinction entre ce que je pense et ce que je dis, et très peu de distance entre le cerveau et le clavier.
          Sinon, j’aime bien tout le monde moi aussi, le pire est que je ne suis pas fâché. Je dis pire, parce que je sens que j’ai passé le cap du mouvement d’humeur sans que ça change grand chose. Je suis juste embêté de voir qu’en quittant Twitter j’ai supprimé des milliers de messages, ce qui rendra les conversations inintelligibles… J’ai voulu faire une sauvegarde mais j’ai supprimé le compte avant qu’elle soit finie et apparemment Twitter a abandonné l’opération !

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  15. Olympe

    je n’ai pas du tout suivi l’histoire mais je suis vraiment triste de ton départ . Twitter étant désormais devenu ce qu’il est il ne reste plus beaucoup de vrais conversations. Les tiennes vont me manquer

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Melanielelapin : deux jours passés volontairement sans Twitter me confortent dans ma décision, je me sens un poids en moins sur les épaules, et ça me surprend moi-même. Pourtant, il y a beaucoup de gens dont j’apprécie la conversation sur Twitter, dont toi évidemment. Et dont les personnes qui m’ont fait partir, d’ailleurs : je me moque du mépris des gens qui ne sont rien pour moi, et j’en ai déjà croisé sur Twitter ou ailleurs, mais celui de gens pour qui j’ai de l’affection me heurte.

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  16. AC Husson

    Tu m’en vois bien désolée. Ton billet participe selon moi à une réflexion actuelle au sujet de twitter – plusieurs personnes que j’estime et apprécie ont fermé leur compte en l’espace de quelques semaines. Merci pour l’honnêteté de tes réflexions, et au plaisir peut-être.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @AC Husson : au plaisir vraisemblablement car je crois que nous sommes liés (avec distance) par un projet éditorial en cours 🙂

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  17. Bishop

    Bon j’arrive après la bataille (une vie IRL un peu mouvementée ces derniers jours) et limite je suis content de ne pas avoir été là. Mais passons là dessus, en y repensant j’ai un peu commencé Twitter pour pouvoir échanger avec toi en direct, tu dois être parmi les premières personnes que j’ai suivi donc cette nouvelle m’attriste. J’espère aussi que vous vous rabibocherez avec l’Hapax (bon surnom à lui conserver dans un contexte moins mouvementé).

    B.

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  18. AlexMoatt

    Je n’ai pas lu ce débat Twitter, mais ai tout lu ici.

    Je suis totalement d’accord avec vos notes de fin d’article 3 (cour de récréation) et 4 (pseudonymat vs. identité réelle). De plus en plus, certains aspects de forme (comme ceux-là, ou les 140 car.) priment sur le fond, mais de manière négative. La forme a toujours été un soutien du fond, mais – certes je m’explique mal, et me l’explique mal – j’ai l’impression diffuse que la forme vient à présent éroder, sinon saper, les fondements d’un débat.

    J’ai apprécié de vous connaître sur Twitter, et espère retrouver vos idées (et votre sympathique tempérament autant que j’ai pu en juger) sur Twitter, sur ce blog, ou ailleurs.

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  19. Ping : Le dernier blog » Blog Archive » Abonné absent

  20. ldlll

    Je ne suis pas d’accords avec vous, mais je déplore que twitter devienne un espace aussi difficile à naviguer, et je vais regretter vos tweets.

    Twitter n’est que flux. Il suffit de laisser passer la tempête

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  21. samantdi

    Quand je vois tous ces gens si intelligents prendre la peine d’écrire des billets et des commentaires à rallonge pour nous prouver leur conversion au vrai féminisme et pour nous dire combien ils ont raison et tu as tort, je n’ai qu’une chose à te dire, jean-no : tu as mon soutien inconditionnel.

    Toutes ces polémiques stériles sont bien fatigantes, quand même.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @samantdi : bah, je ne peux rien dire, moi aussi je fais des posts à rallonge pour ressasser tout ça.
      C’est complexe, le féminisme, les enjeux sont tous importants, depuis le détail symbolique aux faits-divers en passant par les structures impensées de la société, alors je suis toujours étonné des violents désaccords qui séparent parfois des personnes qui sont à quatre-vingt dix-neuf pour cent sur la même longueur d’onde. Une étudiante me racontait qu’un ami à elle lui disait : « oh toi, tu n’es pas une vraie féministe, tu veux l’égalité entre hommes et femmes, ce qu’il faut, c’est un matriarcat ! ». Ce n’est pas une position très courante dans le féminisme, j’imagine, mais ça m’amuse : un mec qui engueule une femme sur son féminisme, et qui réclame un gouvernement féminin… Comme quoi il peut y avoir des fantasmes de domination (ou le besoin régressif d’une maman qui régente tout, et donc un retour à l’enfance ?) y compris dans ce domaine 🙂

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  22. s427

    Tout cela me rappelle certaines heures sombres de l’époque de frabd. 😉
    En tout cas, comme tout le monde apparemment, je vais regretter ton départ.

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  23. Ping : Revue de presse 20141123 Mexico, Hokusai, Data et justice, cartographier le choéra, chemise Matt Taylor – sexisme | GYOMSON

  24. Paul

    Voilà une belle collection de gentillesses. lol. Donc tu es, puisque tu as des amis sur la toile! Qu’est-ce que tu attends pour leur emprunter 500€? lol. Ils pourraient même se souvenir de toi si cela leur fait du bien!

    PS: Moi, je n’ai pas d’amis sur la toile! J’ai quelque chose à perdre!

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  25. Serpin

    Oups, un raccourci perfide a eu raison de moi. Je voulais donc dire : de lien en lien (internet actu, puis chez A. Gunthert, puis ici), je découvre que je ne verrai plus ce petit robot N&B que j’appréciais beaucoup dans ma timeline. Je n’ai pas vraiment suivi la #shirtgate (et n’arrive pas à avoir un avis tranché sur la question en fait), mais elle a quand même créé une externalité négative ici sur Twitter. C’est dommage. A bientôt, ailleurs sur les interwebs !

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Serpin : le #shirtgate n’est pas grand chose en soi, je pense, mais en trois tweets qui cherchaient à vérifier ce ressenti, je suis devenu Zemmour ou DSK pour des gens qui me connaissent depuis longtemps, ça m’a à vrai dire pas mal blessé. C’est bête, hein. Mais ce n’est pas de la fierté, c’est un truc plus profond.

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  26. HugoMe

    On te regrettera.
    Note, pour l’anecdote, que je me suis mis à utiliser Twitter au moment de l’affaire #DSK. D’abord incrédule devant l’énormité du scoop du Sofitel, j’ai ensuite été sidéré par le lynchage en meute auquel il a été soumis, au mépris de la plus élémentaire présomption d’innocence. Et au bout du compte, un homme que la justice, malgré tous ses efforts, n’a pas pu incriminer, a perdu son job, son avenir, sa réputation, sa femme.
    Bref, sa situation est bien plus grave que la tienne, alors même qu’on ne sait toujours rien de la réalité des faits qui lui sont reprochés.
    Du coup, ton commentaire sur l’affaire du Sofitel me met un peu mal à l’aise car on ne sait pas trop si tu dénonces l’effet de meute qu’a subi #DSK, ou si tu le considères injustifié dans ton cas, sous-entendu il était compréhensible dans celui de #DSK.
    Mais pour revenir à ta décision, je dois dire que même si le fil de la discussion sur la chemise m’a échappé, et donc que je ne saurais prendre parti sur le bien-fondė de ta position, je la comprends. Je suis même tenté de faire de même.
    Entre le fonctionnement même de Twitter, qui fait que l’on ne sait jamais si on est lu ou si on prêche dans le désert, entre la nouvelle politique qui pousse de la pub et des comptes indésirés dans la Timeline, entre le temps que ça prend sur des tas d’activités plus actives, entre la masse croissante de trolls dont la bêtise et la méchanceté n’apportent que de l’aigreur, et surtout la stérilité des débats où jamais personne ne considère sérieusement qu’il pourrait changer d’avis en écoutant les arguments présentés, le bilan est de plus en plus maigre.
    J’en suis arrivé à la conclusion que pour que celà soit supportable, il faudrait faire l’inverse de ce que mon humanisme me recommande, c’est-à-dire se limiter sur un petit nombre de personnes dignes d’être fréquentées.
    Et pas sûr que je sois capable d’accepter cette conclusion.

    Bonne continuation en tout cas, tu resteras un des comptes qui m’ont fait aimer Twitter.

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @HugoMe : c’est vrai qu’on ne sait que peu de choses sur l’affaire DSK, mais ce qui est remonté par la suite dessine le portrait d’un type assez pathétique dans son rapport aux femmes et j’aurais du mal à le soutenir dans ses errances, tout en pensant fortement que les procès médiatiques populaires sont quelque chose d’odieux : s’il y a à juger et à condamner, c’est à la justice de le faire, en fonction des lois (ce qui ne peut empêcher personne d’avoir une opinion sur la personne, bien sûr) – note que DSK a préféré échapper au procès, en payant pour acheter la paix, il est donc lui-même l’artisan du soupçon qui le frappe. Quand je cite l’affaire DSK, ce n’est finalement pas en prenant position, ni en spéculant sur ses raisons (auto-sabotage, coup monté, etc.), c’est surtout en référence à l’incroyable déchéance qu’il a vécu. Elle n’est sans doute pas sans précédent, mais à part Bill Cosby en ce moment, je ne vois pas beaucoup d’exemples aussi puissants de descente aux enfers.
      Sur la chemise, la position que j’ai prise était surtout de douter que grand monde se sente intimement heurté, insulté par cette chemise. Quand j’ai posé la question on m’a dit que j’avais fait du mal (car les questions peuvent faire mal), et que je ne voyais pas le sexisme des pin-ups – ce qui n’est pas juste : bien sûr qu’une pin-up est un motif sexiste, mais c’est même un cliché de motif sexiste, qui me semble apprivoisé depuis longtemps… Je suis bien plus surpris, dérangé et vexé de mon aveuglement lorsqu’on m’apprend que dans tel bon film les rôles féminins ne se définissent que par rapport au héros masculin (et je ne parle pas des James Bond dont c’est le principe assumé, bien sûr). Mais bon, non seulement mes tweets ont disparu, mais en plus certaines des réponses qui y ont été faites ont été effacées : tu n’as aucune chance d’y comprendre grand chose.

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      1. HugoMe

        Bon , je te réponds sur l’affaire DSK.
        Sur l’homme, tout le monde a droit de penser ce qu’il veut, et honnêtement, je pense pas que grand monde le défende, vu son rapport pathologique au sexe et aux femmes.
        Mais sur sa culpabilité pour viol, il ne faut pas réécrire l’histoire. La plupart des médias, Le Monde le premier, ont colporté des mensonges au moment où il risquait 65 ans de prison. C’est une attitude irresponsable et inacceptable (et d’ailleurs je me suis désabonné du Monde).
        Puis il a été relaxé devant la justice pénale, ce qui veut dire innocenté, car il n’y a pas de zone grise. Toute personne non condamnée est innocente aux yeux de la loi. Je pourrais t’expliquer pendant une heure tous les arguments pour lesquels je suis convaincu qu’il n’y a pas eu vol mais prostitution (un délit à New York), mais c’est un autre sujet. Ça a duré quatre ou cinq mois et ça a été l’affaire la plus suivie dans l’histoire des médias, au monde. Tout le monde s’est fait un avis à ce moment-là, et n’en a plus changé.
        Ensuite, plusieurs mois après, il a négocié un arrangement au civil dans un procès qui devait se situer dans le Bronx, pour un montant que l’ on ignore car il est contractuellement confidentiel, malgré une fois encore des fuites complaisantes dans la presse pour essayer d’influencer l’opinion et les juges, mais qui est sans doute négligeable au regard de la fortune de sa femme ( 200M euros), un arrangement qui lui permettait d’éviter un procès sur de longues années avec déballage public d’anciennes maîtresses réelles ou supposées. On pense par exemple à Tristane Banon qui avait déposé plainte pour un délit prescrit juste avant la sortie de son bouquin, et qui sortait avec son avocat.
        Non vraiment, l’arrangement au civil ne veut strictement rien dire.

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        1. Jean-no Auteur de l’article

          @HugoMe : personnellement, je n’ai rien contre le fait d’aimer le sexe et les femmes, je ne suis pas moraliste, mais les témoignages concordent pour faire du type le portrait de quelqu’un qui traite les femmes en objets, et ça, par contre, ce n’est pas ce qui me le rendra spécialement sympathique. Pour le reste, j’ai du mal à me faire une idée, je ne peux pas prétendre avoir suivi très assidûment l’affaire.

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  27. HugoMe

    Je n’ai pas pu m’empêcher de remonter le fil des commentaires sur ce blog, d’essayer de me faire un avis sur le fond.
    Même si cet avis n’est encore que superficiel, si ça peut te rendre moins triste, je suis plutôt de ton avis.
    Tous les jugements sur cette chemise sont basées sur l’imaginaire associé aux images de pin-up dans l’esprit du commentateur. C’est donc intrinsèquement subjectif. Et vouloir régenter le comportement d’autrui sur la base d’une appréciation subjective de ce qui est correct et de ce qui ne l’est pas, me paraît dangereusement totalitaire.
    Par ailleurs, retenir dans cette merveilleuse aventure scientifique qu’est Philae la nature du bout de tissu qui a été porté lors de la conférence de presse me paraît une attitude récupératrice dangereusement égocentrique, caractéristique d’une forme de fanatisme borné.

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  28. Syl_Pol

    Bonsoir

    J’ai mis un mois pour m’apercevoir que tu n’étais plus sur Twitter et je m’en désole. J’y ai pensé tout à l’heure, dans ma bagnole en écoutant la radio, en me disant: « Tiens, qu’est-ce que Jean_No aurait pensé de cette affaire? » Pour m’apercevoir que tu avais disparu. Pour dire les choses franchement, je ne me suis pas tapé la lecture des 79 commentaires précédents. En revanche, j’ai bien lu le billet. Et je ne te dirai qu’une chose: si je te suivais, c’est parce que justement, grâce à ta capacité de réflexion et tes solides références historiques et culturelles, tu apportais des réflexions qui n’allait pas forcément dans le sens du « groupe », de la meute, comme un esprit libre. Tes tweets ne me plaisaient pas, ils m’intéressaient. Ils ne flattaient pas l’opinion déjà acquise que j’avais de tel ou tel sujet, ils éveillaient en moi une face inexplorée d’un sujet mal synthétisé. Tu as été déçu des réactions de certaines personnes? Beaucoup n’ont sans doute rien dit et appréciaient la lecture de ces courts messages qui m’avaient ramenés vers la lecture de blogs. Pour un contradicteur hostile et féroce, peut-être dix amateurs de ta prose, silencieux ou à peine chuchotants. As-tu pensé à eux, cette excroissance virtuelle (et difficilement quantifiable) qui est orpheline? Le trait est peut-être épaissi mais je languis désormais de voir revenir dans ma timeline ce petit robot noir et blanc qui avait réussi à me faire acheter un bouquin sur les fins du monde (ah ah, voici venu l’argument commercial!).

    A bientôt alors.

    Sylvain

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    1. Jean-no Auteur de l’article

      @Syl_Pol : à vrai dire, pour moi aussi c’est une douleur, cette affaire. J’ai fait un rêve pas possible, que j’ai raconté sur un nouveau blog et ma femme m’a fait remarquer que j’avais l’air de parler de mon absence de Twitter (où le geste avec le pouce rappelle Facebook, où je suis toujours). Et de fait, ça fait un mois que je me réveille trois fois par nuit, ce qui ne m’était jamais arrivé de ma vie, en tout cas sur une telle durée (mais ça peut être dû à d’autres choses). Bref, un truc manque à mon existence, c’est évident. Mais je crois que je n’arriverais plus à revenir, ou pire, j’ai l’impression qu’en revenant, ce ne serait plus pareil. C’est bizarre hein.
      Par contre, c’est une expérience intéressante à vivre.

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