Il paraît qu’il faut dire « Journée internationale pour les droits des femmes » et non « Journée de la femme ». Je propose pour ma part de qualifier le 8 mars de « Festival de la femme », car chaque année, c’est un vrai festival, du moins dans le monde de la communication.
Il y a les journaux qui nous présentent des portraits de femmes qui arrivent à élever cinq enfants tout en ayant une carrière de pilote de chasse, de députée, de chercheuse médaillée, de patronne d’une entreprise du CAC40 (je me demande quel message ces portraits veulent envoyer aux millions de femmes non-exceptionnelles) ; il y a les marques qui profitent de l’occasion pour trouver que tout a un rapport avec la camelote qu’elles vendent, ne craignant pas de produire une version bien triviale des combats féministes :
Il y a aussi les clubs de rugby ou de football qui proposent la gratuité (Tarbes, Pau) ou un tarif réduit (Caen) aux femmes ; il y a les pignoufs de la « manif pour tous » qui en profitent pour organiser un forum « pour l’abolition de la GPA », c’est à dire les « mères-porteuses », pratique explicitement proscrite par la jurisprudence française depuis vingt-cinq ans mais qu’une certaine droite essaie d’associer dans l’esprit du public à la PMA (la fécondation assistée, quoi) et au mariage dit « pour tous »,… ; il y a la ville de Marseille qui célèbre le huit mars devant une revue de cabaret avec strass, paillettes et plumes,… Un festival, je vous dis.
Enfin, sur Twitter, notamment, il y a tous les messages de gens qui veulent faire de l’humour sur le féminisme, voire râler contre l’oppression qu’ils ressentent face aux demandes d’égalité, ou qui au contraire s’insurgent en disant que « ça devrait être tous les jours », etc.
Ce qui me met régulièrement mal à l’aise, je dois dire, ce sont les campagnes qui traitent de grandes causes féministes (violences, place inique dans le monde professionnel), car certaines agences de communication n’ont pas peur de produire, pour traiter ces questions graves, des slogans et des visuels qui sont parfois un peu trop spirituels, pleins de verve et d’astuce. Sur ces grandes causes comme sur d’autres (faim dans le monde, écologie,…), on sent parfois que le message est un prétexte à effets de style. Mais bah, le message est à ce point « dans la bon camp » qu’on peut difficilement le critiquer.
Dans le cas spécifique des violences faites aux femmes, je remarque une esthétique de l’ecchymose parfois un peu douteuse et, puisque la publicité n’a jamais su faire que ça, une incapacité flagrante à sortir les femmes du rôle d’objets de séduction que leur assigne, précisément, le monde de la « comm’ ».