Le conflit est partout !

Les gens sont obsédés par le conflit israélo-palestinien.

Ce matin, au marché, je vois à l’autre bout de l’allée une femme avec un sac rouge sur lequel est écrit en blanc le mot « Palestine ». Il y a d’autres choses, d’autres mots, je vois une main schématique qui fait le signe de la victoire… Mais bon, à quarante mètres, je lis mal, et comme on va me servir, évidemment, je ne peux pas m’approcher, car si je bouge je risque de me faire voler mon rang. Donc de loin je fixe le sac, j’essaie de comprendre. Ma file avance, la file de la dame aussi dans l’autre sens, donc on se rapproche l’un de l’autre, et je peux lire un peu plus, je vois écrit « Fier de ne pas être en Palestine ».
Quel curieux slogan.

Donc elle n’affirmerait donc pas pas son soutien aux Palestiniens, mais son satisfecit de ne pas vivre parmi eux ? Dans quel sens ? Je me demande quel genre de personne elle est, je tente de comprendre son profil. La trentaine, une frange, des cheveux très bruns, grande, une certaine élégance, mais aussi, je crois, un anneau dans le nez.
Et puis elle finit ses courses et elle passe devant moi. Cette fois je peux déchiffrer le message : « Fier de ne pas être en plastique ». C’est le sac qui parle, il est content d’être un tote-bag, quoi.

Enfin on ne m’ôtera pas de l’idée que les gens sont obsédés par le conflit israélo-palestinien.

L’uniforme ? pourquoi pas !

Une récente étude statistique du Huffington Post montre de manière non-équivoque que les personnes de plus de cinquante-cinq ans sont massivement favorables au projet de port de l’uniforme de Gabriel Attal1. L’argument avancé est que le port d’un uniforme permet de placer tout le monde à égalité, car une fois que tous, sans exception, portent le même vêtement, on ne sait plus dire qui est riche ou qui pauvre, et l’élève scolarisé dans un quartier défavorisé de Seine-Saint-Denis devient en quelque sorte symboliquement l’égal de son homologue scolarisé au collège Stanislas à Paris.
Enfin la différence devient plus difficile à voir.
L’habit ne fait pas le moine mais il y contribue.

On pourrait d’ailleurs imaginer aller plus loin que les pratiques habituelles en imposant comme uniforme des combinaisons intégrales qui masqueraient le visage de celles et ceux qui les porteraient, qui dissimuleraient leur morphologie et qui, partant, permettraient d’ignorer non seulement ce qui sépare économiquement les élèves (les marques de vêtements), mais aussi d’ignorer leur genre, leur phénotype, la qualité de leur coupe de cheveux, ou encore la qualité de leur peau (que d’inégalités entre les adolescents en termes d’acné !). Car tous ces éléments sont autant de motifs potentiels de distinction.
L’uniforme a d’autres avantages. Il permet de diminuer les achats de vêtements par les adolescents, soulageant le budget de leurs parents et réduisant l’impact écologique de la fast-fashion. De plus, porter le même uniforme chaque jour permet, sans que cela se remarque, de ne pas se changer pendant des semaines entières.

J’imagine que, par tropisme nippo-coréen, un certain nombre de jeunes personnes potentiellement affectées par un éventuel port de l’uniforme y sera favorable, mais les sondages ne permettent pas de le vérifier, car seules sont interrogées des personnes majeures qui, sauf grands redoublants, ne sont pas concernées par l’introduction en France métropolitaine2 de cette pratique vestimentaire aux niveaux primaire et secondaire :

(extrait de l’article du Huffington Post)

Il est néanmoins logique de ne pas demander leur opinion aux jeunes considérant que ces personnes ne votent pas. Puisqu’il est clair que ce sont les « seniors » qui se révèlent être les plus enthousiastes à l’idée de l’introduction de cette pratique qu’ils semblent regretter de ne pas avoir vécue eux-mêmes, il me semble que l’on pourrait imaginer un dispositif qui leur plaise : que eux aussi aient à porter un uniforme !
Les retraités, c’est bien connu, vivent dans une grande variété de réalités socio-économiques, et si leur niveau de vie moyen est légèrement supérieur à celui des actifs, un demi-million d’entre eux ne perçoivent comme pension que le minimum vieillesse, lequel est inférieur à neuf cent euros ! Qui peut vivre avec si peu ? Cette disparité de revenus crée de l’exclusion parmi les retraités, alors on imaginera sans peine comment y pallier : pourquoi ne pas imposer un uniforme spécifique aux personnes qui ont quitté la vie active ? Il n’y aura même pas lieu de les convaincre, leur enthousiasme à ce sujet ne fait pas débat !

Dans un second temps, j’aimerais proposer un Service National Vieux, calqué sur le Service National Jeune, et aussi, ainsi qu’on le propose actuellement pour les allocataires du Revenu de solidarité active, l’obligation d’effectuer une quinzaine d’heures hebdomadaires de corvée au profit de la communauté pour les retraités qui, rappelons-le, perçoivent une pension sans trop se casser l’os !
Mais chaque chose en son temps, commençons par l’uniforme obligatoire pour les retraités, mesure qui résoudra à coup sûr les innombrables problèmes sociaux auxquels nos aînés doivent faire face.

  1. Pour éviter toute ambiguïté à ce stade, il faut préciser qu’il ne s’agit pas de savoir si le ministre de l’éducation doit s’habiller en scout, en policier ou en sapeur-pompier lorsqu’il se rend dans des écoles, c’est le port de l’uniforme par les écoliers, qu’il défend et non pas le port de l’uniforme par lui-même. []
  2. Dans plusieurs départements d’Outre-mer, il n’est pas rare que le règlement intérieur des écoles privées mais aussi publiques impose une tenue réglementaire aux écoliers. []