15-12-6-3

(Le Havre, je bois un café au comptoir. Je m’apprête à feuilleter l’exemplaire de Paris-Normandie quand un type déboule et attrape le journal devant moi, à la recherche des résultats du tiercé)

« — Quinze douze six trois ! Mais c’est pas possible, y’a qu’à moi que ça arrive, des trucs pareils ! J’ai joué quinze douze six trois dans les deux dernières courses, là j’ai changé, et voilà, ça sort ! J’ai vraiment pas de chance. J’ai pas de chance. [il se tourne vers moi] De toute façon ça fait deux ans que c’est comme ça, ça fait deux ans que je fais n’importe quoi. J’comprends pas. Deux ans, des décès, des problèmes, des histoires d’assurances, la santé. Là mes deux parents sont morts, je dois quitter l’appartement, mais l’assurance ils veulent vérifier, faut que l’expert… enfin on paie, mais eux ils remboursent jamais rien, on sait pas pourquoi on a une assurance. Là je vais me faire enlever un poumon, mais quand je reviens, je sais même pas où je vais vivre, j’ai plus d’appartement ! Quinze douze six trois. C’est pas possible. Hein ? »