J’écoute, de la pièce d’à côté, les politiques qui défilent sur les plateaux pour vendre leur soupe, faire croire qu’ils ont gagné, ou, s’il est vraiment impossible de tordre les faits et les chiffres à leur avantage, expliquer pourquoi ils ont perdu, pointer des responsabilités, se défausser. Ils donnent des leçons pour laisser croire qu’ils sont, quels que puissent être les résultats, les maîtres du jeu.
Je ne sais pas qui parle, quelle célébrité de la politique à présent réduite à hanter les plateaux pour commenter des scrutins dont elle est exclue — puisque souvent ceux qui parlent sont justement ceux qui ne se présentent pas. J’ignore qui a gagné, qui a perdu, mais le son est très reconnaissable, curieusement mou, faussement apaisé : il ne faut ni s’énerver, ce qui serait ridicule, ni laisser les adversaires occuper tout le temps d’antenne, ni laisser paraître que l’on n’est pas spécialement convaincu des « éléments de langage » qu’on est venu ânonner.