Twitter, on comprend rien

On me dit souvent :
« Twitter, j’ai essayé, mais j’ai arrêté tout de suite, on comprend rien ! ».
À quoi je réponds que si, si, on comprend, que tout est une question d’habitude, voilà tout, c’est un peu déroutant, tous ces messages de partout, au début, mais on s’oriente rapidement.

onComprendRien

Néanmoins, je souhaite bonne chance au lycéen de 2035 qui devra faire une explication de tweet (cette discipline, proche de l’explication de texte, n’existe pas encore à l’école) du post ci-dessus pour le baccalauréat.

Bubulle est parti

Ce n’est qu’à l’âge de vingt ans que Jésus de Nazareth a su que si « Bubulle » flottait le ventre en l’air, ce n’était pas parce qu’il avait « besoin de vacances », et que, le lendemain, lorsqu’il ne l’a plus trouvé dans l’aquarium, ce n’était pas parce que son meilleur ami était « parti en voyage ».

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C’est à ce moment-là qu’il a commencé à se douter que ses parents lui avaient menti sur pas mal de choses, et qu’il a ressenti l’urgence de répondre à la question de la vie après la mort de « Bubulle » et, par extension, de toutes les autres personnes.

Et si la politique existait encore ?

Les libertaires ou les révolutionnaires jugent que les élections représentatives ne peuvent qu’être détournées. Les libertariens considèrent la démocratie comme archaïque et nuisible à la fluidité d’une économie saine. Le citoyen lambda est pour sa part désespéré. J’ai peur que nous ayons presque tous, à un niveau ou à un autre, la sensation plus ou moins diffuse que notre représentation politique ne représente guère qu’elle-même, qu’elle constitue surtout le spectacle médiocre et coûteux d’un petit nombre de carriéristes qui passent le temps en s’affrontant sur des symboles, des petites phrases, et qui encombrent le code civil de textes inutiles, improvisés, néfastes ou inapplicables, textes qui vont presque invariablement dans le sens d’un transfert du pouvoir de l’État vers les bienveillantes sociétés privées qui savent ce qui est bon pour nous et qui veulent organiser nos services, notre système social, éducatif, etc. Et lorsqu’un parti ou une personnalité persiste à affirme que l’on peut vraiment changer des choses par la loi, par la négociation, par les urnes, par la politique, donc, il se voit qualifier de rêveur, d’utopiste, de naïf, de démagogue, et même, de danger pour la démocratie, qui, comme chacun sait, est une affaire trop sérieuse pour être confiée à des citoyens : laissez faire les pros !

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L’Acropole d’Athènes, photo A. Savin.

La grande presse autant que des décideurs européens (élus ou désignés) sont assez unanimes à dénoncer « l’irresponsabilité » du gouvernement Tsipras1 puisque ce dernier a le culot de poser une question aux citoyens de son pays, par voie démocratique, sur leur avenir économique proche. La violence de la réaction est peut-être un indice rassurant, peut-être que ça signifie que la démocratie peut encore avoir un effet, qu’une décision politique peut changer le futur. Peut-être même que ça démontrera que l’économie n’est pas un phénomène naturel, qu’elle n’opère pas de manière autonome et immanente, mais que, au contraire, on peut décider d’agir dessus.
C’est peut-être cette idée qui donne tant le vertige aux uns et aux autres que l’on préfère voir la Grèce s’enfoncer dans une spirale sans fin de surendettement, et qu’on leur promet mille morts (sortie de l’euro, sortie de l’union européenne, banqueroute, extrémisme, etc.), s’ils cherchent une autre solution à leurs problèmes que celles qu’on leur impose.

La peur de découvrir que la politique existe encore.

  1. Voir les articles consacrés à la situation grecque sur le site Acrimed. []

L’Élysée répond à Assange
(+ traduction)

assange

Après que Christiane Taubira a affirmé qu’elle n’était pas hostile à l’accueil de Julian Assange sur le sol français, ce dernier a publié une tribune dans Le Monde, pour demander explicitement à notre pays de lui offrir l’asile :

Mon nom est Julian Paul Assange. Je suis né le 3 juillet 1971 à Townsville, en Australie. Je suis un journaliste poursuivi et menacé de mort par les autorités états-uniennes du fait de mes activités professionnelles. Je n’ai jamais été formellement accusé d’un délit ou d’un crime de droit commun, nulle part dans le monde, y compris en Suède ou au Royaume-Uni.
Je suis le fondateur de WikiLeaks.
(…) Seule la France se trouve aujourd’hui en mesure de m’offrir la protection nécessaire contre, et exclusivement contre, les persécutions politiques dont je fais aujourd’hui l’objet. En tant qu’Etat membre de l’Union européenne, en tant que pays engagé par toute son histoire dans la lutte pour les valeurs que j’ai faites miennes, en tant que cinquième puissance mondiale, en tant que pays qui a marqué ma vie et qui en accueille une partie, la France peut, si elle le souhaite, agir.

La réponse de l’Élysée est arrivée une heure plus tard :

«La France a bien reçu la lettre de M. Assange. Un examen approfondi fait apparaître que compte-tenu des éléments juridiques et de la situation matérielle de M. Assange, la France ne peut pas donner suite à sa demande. La situation de M. Assange ne présente pas de danger immédiat. Il fait en outre l’objet d’un mandat d’arrêt européen.»

Cette réponse est un peu courte et mérite d’être traduite.
Voici la version que je propose :

Par le biais de Wikileaks, Julian Assange nous a vexés en prouvant que la France était traitée avec méfiance et mépris par l’Empire dont elle se veut la plus minable vassale. La soumission entraîne l’avilissement, sans doute, mais c’est encore pire si ça se voit.
Par ailleurs, dans le cadre de sa maladive absence d’estime de soi, la France souhaite obéir aux États-Unis y compris lorsque ce pays ne lui a rien demandé explicitement, comme lorsqu’elle a traité le président bolivien Evo Morales comme un voyou, par crainte que ce dernier n’ait emmené Edward Snowden dans ses bagages et que cela ait déplu à l’Amérique.
La France émettra bien évidemment un communiqué officiel déplorant la violence terroriste le jour où Julian Assange, qui aura regardé à la fenêtre une fois de trop, recevra une balle fatale entre les deux yeux. Mais elle estime, en l’absence de son décès confirmé, que l’existence de cet activiste n’est pas en danger immédiat. De plus, ce dernier est recherché par la justice de nombreux pays, même si ces derniers n’ont toujours pas déterminé de raison à leurs mandats d’arrêts.
Quant à la garde des Sceaux Christiane Taubira, merci de ne plus l’écouter dorénavant, elle est cultivée, morale et de gauche et n’a par conséquent rien à faire dans ce gouvernement moderne dont elle sera spectaculairement évincée le jour où ça sera politiquement payant.