Lettre au président

Emmanuel Macron
Président de la République Française
Palais de l’Élysée, Paris

Monsieur le président.

Comme vous le savez certainement, je me trouvais, vendredi 8 juillet 2022, dans un restaurant du quinzième arrondissement de Paris pour un repas convivial avec deux amis. Enfin avec deux connaissances. Ou plutôt deux personnes que je croyais bien connaître. J’imagine que vous êtes d’ores et déjà au courant des propos qui ont été tenus à cette occasion. Ces deux individus ont, de manière répétée et insistante, reproché à votre gouvernement son inaction et son incompétence crasse sur les sujets écologiques et, notamment, sur la question du climat, mais aussi sur les sujets sociaux, qui est pourtant votre dada. Cette conversation m’a mis très mal à l’aise, car je n’aime pas que l’on critique l’action du président. Si j’ai semblé acquiescer quelquefois, ce n’était donc, croyez-le, que dans l’unique but de ne pas éveiller les soupçons quant à ma désapprobation du discours tenu par mes commensaux. Afin de supporter le stress causé par ma situation, je me suis même forcé à boire du vin. Si les vapeurs de l’alcool m’ont poussé à sembler épouser avec enthousiasme les vues des personnes avec qui j’ai partagé ce repas, c’est bien malgré moi. En effet, je tiens mal à l’alcool et, ainsi que je vous le disais précédemment, j’essayais de faire profil bas, ignorant si je courais un danger. Je sais en effet que les écologistes sont de plus en plus radicalisés et coupables d’actions violentes. Vous me connaissez, j’ai toujours montré des gages d’égoïsme, de pleutrerie, et surtout de résignation vis à vis de la situation politique de la France. J’espère donc que vous saurez fermer les yeux sur un écart apparent et passager.

Bref, monsieur le président, vous ayant exposé mon innocence, j’aimerais vous demander, vous implorer, de ne pas envoyer le préfet Lallement me frapper, me tazzer et surtout de m’éborgner à coup de flashball, car je tiens à la vue comme à la prunelle de mes yeux, du fait de ma profession. Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération, etc.

Jean-no

(vaguement inspiré d’un dessin de Jean-Jacques Sempé)