Bon alors donc on attend que Daesh n’existe plus pour sortir de l’état d’urgence et de ses lois d’exception (couvre-feu, assignations à résidence arbitraires, perquisitions illimitées, blocage de sites Internet,…).
On ne nous dit pas si ça sera avant les vacances de février, après les vacances de février, quand la France arrêtera de bombarder la Syrie ou quand les poules auront des dents. Mais ça finira sans doute par arriver.
La nouvelle a été annoncée sur BBC World. Effectivement, ce n’est pas la peine de le raconter aux Français, ça les intéresse pas, il est plus logique de s’exprimer sur la BBC. De toute façon de nos jours il faut penser anglais tu vois. Et même, penser en english.Wall Street english, tout ça.
Je défends souvent Charlie Hebdo, parce que les procès d’intention qui sont faits à ce journal me semble souvent injustes et/ou/car ignorants : Charlie Hebdo est héritier d’une longue tradition d’humour noir, de grossièreté et d’irresponsabilité, mais leur positionnement politique n’en est pas moins facile à percevoir : écologiste, gauchiste, anti-raciste, anti-religieux, avec des nuances selon les époques et les personnes, et malgré les tentatives de Philippe Val, Caroline Fourest ou encore feu Bernard Maris, d’utiliser le journal pour développer un propos politique qui suive un programme1.
On ne peut pas extraire de Charlie Hebdo un dessin maladroit, parmi des milliers publiés chaque année, et croire qu’il résume la vision politique de l’ensemble des membres de la rédaction, de l’ensemble des lecteurs du journal, voire de tous les gens qui ont manifesté le 11 janvier 2015. C’est pourquoi je n’avais vraiment pas envie de parler de ce dessin de Riss, car je l’ai juste trouvé mauvais :
Je n’ai aucune idée de la personne qu’est Riss dans la vie, il est peut-être très sympathique, mais chaque fois qu’un dessin de Charlie Hebdo me dérange, il se trouve que c’est un dessin de Riss. Je formule souvent l’hypothèse que ça peut être une question de trait, qu’un dessin un peu plus sensible (Luz ou Reiser, par exemple, deux rois du dessin expressif), un sens profond de l’absurdité du monde (Willem) ou un univers personnel et poétique (Gébé) saurait mieux faire passer les mêmes gags, mais je n’en sais rien.
Je ne fais pas partie des gens qui pensent qu’on doive se montrer sur-respectueux des tragédies, essayer de ne jamais blesser personne, de se mettre à la place de tout le monde : le papa du petit Aylan que l’on fait pleurer devant un dessin qui, en gros, dit qu’on le préfère mort que vif, bof, le procédé est douteux, on ne peut pas télescoper les contextes sans dommages, et, même si je comprends que c’est une façon de rappeler le dessinateur à la réalité concrète, je vois une dose de perversité malveillante dans une action pareille : « votre fils est mort, que pensez-vous de ce dessin ? ».
Mais ce dessin ne m’en est pas moins profondément antipathique, parce que je n’arrive pas à percevoir d’indice que les intentions de l’auteur soient autre que ce qui apparaît, et que je n’arrive pas à voir où cet auteur fait preuve de distance vis à vis des recoins les plus médiocres de l’inconscient collectif. Or si un dessinateur « bête et méchant » n’avait qu’un devoir, ce serait celui de moquer le discours ambiant, de relativiser, pas d’expliquer qu’un enfant de trois ans mort noyé a, en quelque sorte, mérité son sort puisqu’il est d’avance jugé coupable d’un crime potentiel. S’il était question de dénoncer les volte-faces du public, comme on me l’a dit, peut-être eût-il été avisé de ne pas les suivre aussi littéralement.
Un bon dessin d’humour noir parle de la désespérante absurdité de l’espèce humaine, il ne peut pas se contenter d’y contribuer.
On le voit avec la conversation ci-dessus : pour les défenseurs de Riss, si on trouve un dessin mauvais, ce n’est pas qu’il l’est, c’est que l’on est un mauvais lecteur et que l’on cherche des prétextes pour s’attaquer au journal. Un peu facile, on dirait les arguments que produisent les religieux pour défendre leurs chapelles : vous critiquez parce que vous ne comprenez pas, et pour nous détruire ! Mais ça ne marche pas comme ça ! S’il est certain que l’on n’est jamais assuré d’être compris par tout le monde, il convient de s’inquiéter lorsque l’on n’est plus compris par ceux qui nous connaissent de longue date. Dans l’échec d’un dessin de presse, il peut y avoir beaucoup de paramètres — émetteur, destinataire, contexte et timing. L’échec peut être injuste, il peut y avoir des malentendus, des maladresses, des choses à expliciter, enfin tout est possible, mais la moindre des choses est de ne pas nier l’échec lui-même2.
Quelques articles plus anciens que j’ai publié sur le sujet :
Charlie Hebdo is not mocking a kid’s tragic fate – où je prenais (en anglais car il me semble que c’est là qu’il fallait le faire) la défense d’un précédent dessin de Riss consacré au petit Aylan.
Où est Charlie ? – où j’essayais de comprendre ce qui avait disparu de l’esprit de Charlie Hebdo tel que je l’avais apprécié.
Je ne dis pas que Val, Fourest ou Maris ont eu les mêmes opinions politiques, mais pour moi ils se distinguent de bien d’autres membres proéminents de la rédaction en ne se plaçant pas dans une posture irresponsable et en cherchant à convaincre les lecteurs de quelque chose. [↩]
D’accord, je ne réponds pas à la question que pose le titre de l’article. À vous d’y apporter votre propre réponse. [↩]
Wikipédia a été lancée le quinze janvier deux-mille un, c’est à dire il y a exactement quinze ans aujourd’hui. Pour ma part, j’ai commencé à contribuer en septembre deux-mille quatre, de manière très productive pendant quatre ans, et plus sporadiquement ensuite — j’ignore si ce qui m’a fait ralentir cette activité est le fait d’avoir créé un blog1, ou si c’est d’avoir ralenti mon activité sur Wikipédia qui m’a amené à créer un blog, mais les deux événements sont concomitants.
Je me souviens de l’époque où on tentait de me convaincre que Wikipédia finirait forcément mal, que ça deviendrait une société privée, qu’on aurait bossé pour rien, ou qu’il serait impossible que le projet se perpétue sans la publicité. Et bien sûr, qu’il était scientifiquement impossible qu’un projet contributif aussi ouvert ne finisse par être un jour verrouillé et hiérarchisé.
Quinze ans plus tard, les critiques existent toujours, la presse adore se faire l’écho de ses problèmes (le ralentissement du nombre de nouveaux contributeurs, par exemple), mais Wikipédia n’en fait pas moins partie du paysage, nous l’utilisons chaque jour pour voir dans quel film a joué tel acteur, combien de gens vivent au Tadjikistan, et qui sont les natifs célèbres de Pornichet. Parfois nous tombons sur un paragraphe pas clair, parfois nous nous étonnons qu’un grand artiste soit si mal documenté et qu’un inconnu ait droit à une page interminable, mais au fond, chacun de nous, contributeur ou non, sait se servir de cet outil. Et moi, qui pourtant y étais, je peine à me rappeler comment on faisait avant. Un bel outil et une expérience plus ou moins libertaire passionnante à observer — il y a des enseignements à en tirer en termes d’autonomie de l’apprentissage, de générosité, d’organisation de la liberté, et de bien d’autres sujets connexes —, un succès, donc !
Les malheureux Charb, Tignous et Cabu se sont fait imposer cette semaine une légion d’honneur dont beaucoup pensent qu’ils l’auraient refusée de leur vivant. Ce geste autoritaire de la part de l’État est assez banal : d’innombrables gens morts dans les tranchées où on les avait envoyés contre leur gré, souvent contre leurs convictions personnelles, en sont revenus médaillés. Il n’en reste pas moins un peu malhonnête de laisser entendre que les journalistes de Charlie Hebdo sont « morts pour la France », comme il est malhonnête, du reste, de décider qu’un français terroriste n’est plus français. Je crois que, parmi les survivants — c’est à dire ceux qui pouvaient refuser ou accepter leur médaille —, seul l’urgentiste Patrick Pelloux (et je n’ai rien à y redire, ce n’est pas une critique) a reçu la décoration qui fait de lui, je le cite, «chevalier de la légion du bonheur d’être en France».
Pour la couverture du numéro anniversaire, Riss, qui, rappelons-le, a pris une balle dans l’épaule le 7 janvier, désigne le dieu monothéiste comme coupable :
J’apprends que cette image chagrine le président du Conseil français du culte musulman, Anouar Kbibech, qui dit dans Le Parisien :
«Globalement, nous avons besoin de signes d’apaisement, de concorde. Manifestement, cette caricature n’y contribue pas au moment où l’on a besoin de se retrouver côte à côte. Elle vise l’ensemble des croyants des différentes religions. Il faut respecter la liberté d’expression pour les journalistes mais aussi la liberté d’expression des croyants»
J’essaie de comprendre le message de manière un tant soit peu positive, mais ce que je lis en fait, c’est une mise en balance étrange : la liberté d’expression pour les journalistes, d’une part, et la liberté d’expression des croyants d’autre part, comme si ces deux libertés s’excluaient mutuellement. À moins de considérer le meurtre de journalistes comme une liberté d’expression des croyants, il n’y a pas de raisons que ces deux libertés soient incompatibles. Aucun journaliste de Charlie Hebdo n’a jamais réclamé la censure d’un curé ou d’un imam, critiquer les religions ne revient pas à leur interdire de s’exprimer, et la liberté des religions ne dont pas consister à nier la liberté des athées.
Enfin, ne devrait pas, puisque nous savons que dans bien des lieux et des époques il en va autrement. J’espère que le président français du Culte musulman proteste (au moins de manière intérieure — car après tout ce n’est pas spécialement son rôle) lorsque l’Arabie saoudite décapite des gens qui ont renoncé à leur religion.
Soyons honnête, une fugace bouffée de haine m’a envahi lorsque j’ai lu ces mots. Mais c’est vite passé, je me doute que cette personne ne comprend pas à quel point il est inacceptable pour ceux qui aiment la liberté d’imaginer que la paix se fasse au prix de l’interdiction de parler. Et puis je sais aussi que lors d’une interview, on peut être maladroit et mal inspiré, formuler son propos de manière à dire autre chose que ce qu’on voudrait si on avait eu un peu plus de temps pour le faire.
Le monsieur m’a finalement amusé :
«Je ne me reconnais pas dans cette image de Dieu contraire aux valeurs véhiculées par les religions monothéistes. Dieu est pour moi symbole de miséricorde. Un Dieu miséricordieux, c’est un Dieu qui incarne des valeurs de paix, de fraternité»
Bien sûr, le body-count de quelques millénaires d’existence du Dieu miséricordieux contredit un peu son penchant pour la paix et la fraternité, mais ce qui m’amuse le plus dans cette citation, c’est le début de la première phrase : se reconnaître dans une image de Dieu, voilà qui semble assez présomptueux, mais que j’interprète comme l’aveu implicite de ce que ne sont pas les Dieux qui font les hommes, mais les hommes qui font les Dieux. N’est-il pas étrange, au fait, de se demander si un croyant doit souscrire à la vision qu’un athée donne de Dieu ? Il est évident que ce n’est pas de Dieu lui-même que veut parler Riss, mais bien de ceux qui prétendent être son bras armé.
Enfin, espérant peut-être donner le coup de grâce, l’interviewé termine en jugeant le dessin de Riss «médiocre sur le plan artistique». Eh bien voilà, on y arrive : ça c’est de la liberté d’expression ! La liberté d’expression des uns ne consiste pas à obliger les autres à se taire, ce n’est pas d’interdire un dessin, c’est le droit de donner son avis, y compris lorsqu’il porte sur un sujet aussi subjectif que l’appréciation d’un dessin.
Lorsqu’il a fallu nommer le nouveau théâtre de ma ville, les habitants ont fait leurs suggestions. Le nom le plus populaire a été celui d’un chanteur vivant : Michel Delpech, natif de la ville.
Ce n’est pas ce qui a été finalement retenu, mais le chanteur de Wight is Wight, pas rancunier pour un sou (mais correctement rémunéré, m’a-t-on dit) est tout de même venu donner un concert dans notre théâtre — je me demande même si ce n’est pas lui qui a inauguré la salle. Si son nom n’avait pas été retenu, c’est notamment parce qu’entre temps il avait été constaté que le chanteur de Pour un flirt avec toi n’était absolument pas natif de la ville. Il semble qu’il y ait vécu quelques années de son adolescence, et que ça ait suffi à faire de lui un citoyen d’honneur semi-légendaire que tout le monde se vantait d’avoir presque eu comme camarade de classe dans tel ou tel établissement scolaire de la ville.
Je me demande si beaucoup de villes françaises se considèrent elles aussi un peu propriétaires de Michel Delpech. Je me demande dans combien d’endroit il a été invité à donner des concerts parce que la population se sentait liée à lui. J’aimerais bien écrire l’histoire d’une ancienne célébrité de la chanson dont le business-model aurait consisté à faire croire aux gens qu’il a vécu parmi eux et que s’ils ne l’ont pas personnellement connu, ils l’auraient pu.
Dans sa chanson Inventaire 66, Delpech raconte tout ce qui se passait à l’époque, et terminait de manière comique chaque couplet par ce qui ne changeait pas : « Et toujours… le même président ». Quand j’étais enfant, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, j’avais la même impression en regardant la télévision : toujours les mêmes chanteurs. Chaque jour à midi chez Danièle Gilbert, chaque samedi soir dans Numéro 1, on subissait Claude François, Sylvie Vartan, Michel Sardou, Mireille Mathieu, Joe Dassin,… etc., etc., et bien sûr, Michel Delpech. Tous ces chanteurs de variété ont quasiment disparu du jour au lendemain avec l’arrivée des radios privées et du Top 50, qui nous faisaient entendre ce que nous écoutions vraiment, et pas ce que la télévision et la radio publiques jugeaient bon pour nos oreilles. Dans mon paysage musical personnel, Michel Delpech est resté associé à ces chanteurs de variété que nous avions vu disparaître du paysage audiovisuel avec un certain soulagement, comme le génération Michel Delpech s’était sans doute sentie victorieuse en voyant le Général De Gaulle abandonner le pouvoir.
De temps en temps, à présent, je réécoute Michel Delpech, ou plutôt, je l’écoute, car beaucoup de ses chansons m’étaient plus ou moins inconnues. Les deux titres qui m’avaient marqué, jusqu’ici, étaient Le Loir et Cher et Pour un flirt avec toi, que je n’aimais pas et que je n’aime pas plus à présent. Mais je comprends à présent ce que sa voix, sa bonne tête et ses ritournelles ont de plaisant. Pour aucune raison explicable, j’aime particulièrement Le Chasseur, et je ne déteste pas des tubes tels que Que Marianne était jolie, Wight is Wight et Quand j’étais Chanteur.
Tard la nuit dernière, j’ai vu circuler une foule de tweets évoquant une jeune femme dont la vie, nous était-il dit, s’est effondrée, une jeune femme promise à un suicide imminent, à cause de Twitter. La prédiction d’un suicide était confortée par de nombreux micro-canulars d’annonces de décès, en forme de messages censément envoyés par la famille ou d’articles de presse, tous plus mal écrits les uns que les autres1.
Ces tweets, qui plaignaient ou prenaient la défense de la jeune femme, pour la plupart, contenaient aussi souvent son nom complet, permettant à tout un chacun, en quelques secondes, de trouver la raison de l’agitation, à savoir une photographie indiscrète « snapée » (envoyée sur Snapshat — j’ai découvert cette expression pour l’occasion).
J’ai tenté de reproduire cette photographie sous la forme d’un dessin qui me permet de montrer la scène sans qu’on puisse en identifier les protagonistes — je n’ai jamais été doué pour rendre les figures ressemblantes, le risque est improbable :
Dans une salle de bains, deux jeunes gens sont visiblement surpris lors d’ébats charnels. Ils réagissent différemment à l’irruption d’une personne2. Le garçon affiche un sourire satisfait, tandis que l’expression de la jeune femme évoque la surprise et l’effroi, elle semble désemparée.
Sur l’image, on peut lire, suivi de smileys, le texte « Wshhhhhhh », que j’interprète ici comme une interjection d’encouragement adressée au jeune homme. Cette image me fascine à cause de cette différence d’expression qui sépare les deux visages, que je cherche à interpréter : est-ce que le jeune homme a participé à l’organisation d’un traquenard, ou bien est-ce que l’iniquité avec laquelle la sexualité est considérée, selon qu’il s’agisse de la sexualité d’un homme ou d’une femme3, suffit à expliquer des réactions si différentes ? Comment se fait-il qu’une même action, par ailleurs banale4, constitue pour le garçon un trophée, et pour la fille, quelque chose de dégradant ? Je me demande aussi quel aurait été le destin de l’image si la jeune femme avait eu un air de défi ou une mine altière : est-ce de laisser voir sa peur qui attire les ricanements ?
Un mémorable épisode de la série Buffy the vampire slayer présentait les adolescents comme des hyènes, prêts à fondre en meute sur celui qui est vulnérable5.
D’innombrables messages de soutien à la jeune femme sont apparus, heureusement, et, à l’heure où j’écris, il continue d’en affluer régulièrement. Ils contiennent malheureusement souvent le nom complet de l’intéressée, ce qui en fait un soutien à double-tranchant. On a vu des gens expliquer que la sexualité est une activité naturelle dont personne ne devrait se sentir honteux, que la seule honte devrait être celle des indiscrets photographes, qu’il est injuste que l’on ne parle que de la jeune femme et pas de son partenaire, etc.
Mais au milieu de ces messages sains et de bon sens (puisse l’intéressée les lire !), on en trouve d’autres franchement malveillants, qui vont de la leçon (« fallait fermer la porte » ; « Éduquez vos enfants svp ») au « slutshaming » pur et dur (« vous oser la défendre c’est une pute c’tout » ; « Y a beaucoup plus important dans ce monde que de parler d’une gamine qui arrive pas à tenir sa culotte lors d’une soirée ») en passant par des spéculations pas claires (« sa aurait etait une bonne beurette les gens l’aurait terminé !!! mais **** **** ils la soutienne il vont faire une pétition mdrrrr »). Les messages les plus agressifs émanent de garçons, les messages moralisateurs, souvent de filles.
J’ai la tentation de participer aux échanges sur Twitter, de dire moi aussi des choses un peu bêtes (puisqu’évidentes) telles que « elle n’a rien fait de mal ! », mais je doute que les intéressés se sentent concernés par l’avis de quelqu’un qui a le même âge que leurs parents. Avec cette histoire, trente ans après avoir quitté leur monde, j’ai donc fait une brève incursion parmi les adolescents, et je me suis rappelé leurs règles morales incompréhensibles et leur terrifiante cruauté.
Pas malheureux de ne plus y être.
Ont aussi circulé de nombreuses photographies pornographiques ou banales de femmes ressemblant vaguement à la victime du cyberbullying, associées à son nom, soit pour dire que l’affaire est en fait ancienne, soit pour culpabiliser ceux qui défendent la jeune femme (et ça marche, j’ai vu passer plusieurs retournements de veste à la suite de ces désinformations diverses). J’en ai vu aussi inventer qu’il s’agissait d’une vengeance méritée : la jeune fille aurait fait subir la même chose à une amie l’an dernier. À l’heure actuelle, rien ne dit que l’intéressée soit consciente de sa célébrité subite, ni qu’elle existe, ni que son nom soit celui qui a été donné. [↩]
Ou plus vraisemblablement, de plusieurs personnes : au moins une personne qui prend la photographie et une autre dont on voit le bras contre la porte, placé d’une manière qui rend à peu près impossible de tenir un appareil photo ou un téléphone en même temps. [↩]
Lire le très intéressant article Désir Féminin, une histoire excitante, qui résume plusieurs livres et nous apprend que la sexualité féminine a été culpabilisée lorsque la science rationnelle a démontré que, contrairement à ce qu’on croyait jusque lors, l’orgasme n’était pas indispensable à la conception des enfants. Curieusement, c’est la même époque qui a vu apparaître le mariage d’amour. [↩]
Plusieurs personnes ont, à raison, rappelé aux shameurs que leur existence sur cette Terre prouve que leurs propres parents se sont, un jour, occupés de cette même manière. [↩]
The Pack, sixième épisode de la première saison de Buffy contre les vampires. [↩]