La file n’avançait pas bien, le type qui venait de passer tentait de discuter avec la caissière. Il n’a pas bougé quand la jeune femme a fait passer les articles (heureusement peu nombreux) du client suivant. Il suait abondamment du crâne et faisait mine d’examiner avec la plus grande attention le détail de sa note, à la recherche d’une erreur ou avec l’espoir, peut-être, d’y voir apparaître un message d’amour. Il a gêné le client suivant, aussi, et puis notre tour est arrivé. Notre caddie était bien rempli, et le stationnement de ce type bizarre et de ses sacs au bout de la caisse allait poser un véritable problème. La caissière a sévi : « Vous pouvez faire ça un peu plus loin ? Ça va pas être pratique ! ».
Le type a eu un rire nerveux : « ah je dérange, hin hin, c’est ça ? ». Il a eu l’air un peu malheureux que la caissière et Nathalie, à l’unisson, lui répondent par un « ben oui ! ».
Ben oui, un peu que tu déranges, mon gars ! Déçu, il a emmené ses sacs ailleurs, faisant encore un peu semblant de lire le détail son ticket de caisse, les yeux vides et le cœur brisé par la jeune et jolie demoiselle avec qui il semblait espérer avoir noué un lien affectif et qui venait de le foudroyer en lui disant qu’il encombrait sa caisse.