La rotonde d’échange de la station de métro Saint-Lazare est un bel endroit, avec ses voûtes crées par l’architecte Lucien Bechmann et ses piliers décorés de carreaux de céramique art déco signés Gentil & Bourdet. Créée en 1912, son centre était occupé par un guichet de vente à présent disparu. Des guichets ont été installés sur les côtés de la rotonde, qui est peu à peu devenue bien cradingue. Elle a été restaurée récemment, dans la foulée de la réfection de la gare Saint-Lazare, mais on n’aura pas pu l’admirer bien longtemps, car quelque part, quelqu’un s’est dit que cela faisait beaucoup d’espaces publicitaires perdus. La rotonde aux huit piliers est désormais encombrée de panneaux publicitaires événementiels comme ceci :
L’offre Event Digital Digiprivat Saint Lazare montre à un public de deux-cent cinquante-huit mille quatre cent quatre-vingt neuf voyageurs pas moins de trente-deux surfaces d’affichage, dont huit sont des écrans. Les annonceurs paient quatre-vingt quatorze mille trois cent vingt euros pour une semaine d’affichage ou cent-dix neuf mille huit-cent dix euros pour quinze jours. Mediatransports, société appartenant à Publicis et à JCDecaux qui exploite cet espace, est très fière de ce travail et vante sur son site une ambiance bucolique et printanière :
Tout le pathétique de la communication se trouve exposé ici par cette campagne pour Center Parks. On ne le voit pas forcément bien sur les photographies, mais le sol est tapissé par un autocollant qui est censé évoquer un chemin de forêt plein de feuilles. C’est sombre, difficile à voir, on pense plutôt à un endroit souillé qu’à un chemin dans les bois. Les panneaux montrent tous la même et unique image sur laquelle est écrit un nom d’un des lieux de la société : Le bois machin, les trois forêts, le lac bidule,…
Cette campagne donne l’idée d’un lieu de vacances assez sordide et triste, où la nature est un produit d’appel, où tout se ressemble, où tout est interchangeable, et peu importe dans quelle région on se trouve. La campagne a été réalisée par des gens qui n’aiment pas du tout se promener dans les bois, s’ils l’ont jamais fait.