Théorie du complot, religion et maturité

Je remarque que dès que l’on parle d’un complot, c’est à dire d’une stratégie cachée, des gens crient à la « théorie du complot ». Or l’histoire regorge évidemment de complots, et parfois de complots abominables et tordus, comme la tactique employée notoirement par les États-Unis (et sans doute bien d’autres) pour décrédibiliser ceux qui lui posent problème : infiltrer des groupes, les radicaliser, et les pousser à l’attentat pour les rendre impopulaires. Ça a fonctionné avec les Black Panthers, ça a fonctionné avec les groupuscules gauchistes européens, il suffit d’aller lire les articles Cointelpro et Stay Behind sur Wikipédia pour le vérifier.

Mais la « théorie du complot », telle que je l’entends moi, va plus loin que de supposer que les faits ne sont pas toujours ce que l’on dit qu’ils sont, elle en fait une règle et imagine que tout ce qui se passe, tout ce qui arrive, est le produit victorieux d’une intention déguisée, elle affirme que tous les plans aboutissent à ce à quoi ils étaient destinés. Que, par exemple, si l’Amérique a armé les djihadistes à l’époque de la guerre d’Afghanistan, il y a trente ans, ce qui est un fait, c’est que tout ce qu’a fait Ben Laden par la suite l’a été sous ordre direct de la CIA.
Au fond, la « théorie du complot » est exactement comme la croyance en un Dieu créateur : tout ce qui se passe a été planifié, et tout ce qui est planifié aboutit à ce qui était prévu. Pourtant, le docteur Frankenstein, tous les parents du monde et jusqu’à Dieu lui-même, peuvent attester que toute création finit presque invariablement par échapper à son créateur.

J’ai l’impression que la foi en un Dieu omnipotent autant craint qu’adoré, est pareille à la foi en une Amérique toute aussi omnipotente, attirante, fascinante, et évidemment détestée1, que c’est une simple question psychologique qui, sans faire du freudisme à deux sous, se rapporte aux parents, à leur autorité, au désir enfantin de se rassurer sur le fait qu’aucun phénomène ne saurait exister sans volonté, que tout est sous contrôle, qu’on peut douillettement se dédouaner de toutes ses responsabilités.
Ce pourrait être une raison de la haine puissante que les athées inspirent à certains croyants : si les non-croyants ont raison, alors chacun doit faire face au vertige de sa responsabilité individuelle, répondre de ses actes.
Un truc du genre.

  1. Et pareil avec toute autre entité réputée maître du monde : Illuminatis, Skulls & Bones, Reptiliens, Petits-gris, Francs-maçons, Juifs, Templiers, Jésuites, Papauté, Monsanto, etc. []

15 réflexions au sujet de « Théorie du complot, religion et maturité »

  1. Une autre dimension du complotisme, c’est que ça vous donne l’impression d’être intelligent : On a compris le sens secret des choses, contrairement à tous ces imbéciles.

    C’est d’ailleurs un point commun avec la religion : le complotisme donne un sens à un monde apparemment chaotique, en donnant une grille de lecture des évènements.

  2. En total accord avec ta lecture, Jean-No. J’ajouterais un angle :

    Le complot nord-sud me semble un reste de racisme colonial (parfois par assimilation quand il vient du sud).

    Toute théorie du complot infantilise les agents du complot.

    Ainsi, les djihadistes, même les chefs, n’auraient pas de libre arbitre, ne peuvent être que téléguidés par une volonté supérieure, un véritable esprit : un blanc occidental de plus d’un 1,80 m. Ces théories du complot sont donc simplement racistes. Et qu’elles soient colportées par ceux qui veulent se dédouaner de toute responsabilité ne fait que montrer qu’ils ne sont politiquement et psychologiquement pas décolonisés.

    Ne pas croire que ça ne marche que pour les pays du sud. La parano antiaméricaine d’une part de la gauche française me semble venir de cette même psychologie de (pas encore totalement ou pas du tout) décolonisé. Car nous avons été colonisés culturellement par les US à partir de la fin de la 2e guerre mondiale. Et donc, l’américain reste dans l’inconscient français « l’organisateur » et le « mâle dominant » (le « mâle » est volontaire ici, car je crois que c’est une histoire fortement testostéronée).

    Enfin, tout ça me semble vraiment infantile et pas très propre…

    1. @Alain François : ça me rappelle les élucubrations des amateurs d’Ancient Aliens, qui croient que des civilisations antiques ont été visitées par des extra-terrestres, qui auraient, entre autres, bâti les pyramides. Est-ce du complotisme ? En tout cas ça s’en rapproche beaucoup (dans le genre « l’histoire officielle vous ment : regardez ce que j’arrive à déduire en regardant trois dessins et en ignorant tout le reste »)

      Et là aussi, il y a une dimension raciste : l’idée étant qu’il est impossible que des Africains aient bâti les pyramides. Il faut forcément qu’ils aient reçu une aide extérieure. Idem pour les Mayas, etc… On n’entend jamais dire, par contre, que les Aliens ont bâti la cathédrale de Chartres ou le château de Chambord.

      1. @Wood : ça c’est à faire, « les aliens auraient construit Chambord ». Je suis toujours écroulé de rire quand des gens qui ne sont ni Aristote ni Einstein ni Mozart ni Flaubert se vantent de l’excellence de la culture occidentale comme s’ils en étaient responsables.

  3. Dans les premières heures du 11 septembre, l’ITV d’une américaine
    quelconque disant : Mon Dieu, je ne me sens plus en sécurité dans mon pays ». Elle venait de découvrir ça …comme le pays entier.
    Face a cette menace extérieure, il est donc plus confortable
    de penser que cela vient de l’intérieur … Quelque part cela rassure,
    car on peut alors espérer avoir une part de contrôle, au moins être capable de comprendre l’ennemi, puisqu’il est un compatriote.
    Cela ferme la porte a l’inconnu, le lointain, l’incompréhensible.

  4. « si les non-croyants ont raison, alors chacun doit faire face au vertige de sa responsabilité individuelle, répondre de ses actes. »

    …concept dont il n’est jamais question dans aucune religion ni aucun texte fondateur d’une religion.

    Voilà voilà.

    (c’est fou ce que des gens avec un cerveau qui fonctionne et capables de réflexion sensées peuvent se mettre à dire ou écrire d’évidemment absurde dès qu’il y a le mot « dieu » ou « religion » dans le sujet…)

    1. @Amel : je ne comprends pas ce que tu veux dire. La responsabilité individuelle est un point de discussion théologique important, mais les croyants ne sont pas théologiens (ou rarement), et la foi constitue souvent un outil pour abriter ce qu’on fait ou ce qu’on pense (collectivement ou non) derrière l’autorité d’une divinité (particulièrement dans le cas du monothéisme).

      1. Ça n’est pas tant un point de discussion théologique que le principe même de ces religions : chaque créature est face à son créateur, sera jugé par lui, devra répondre de chacun de ses actes, du plus infime au plus important, et son sort dépendra uniquement de ce jugement et donc de la responsabilité de ses actes, et pas du tout, comme dans beaucoup de religions antiques, du Destin, de la destinée, ou du choix arbitraire de l’un ou l’autre dieu du Panthéon.

        (bon, je sais qu’il existe des courants du protestantisme qui affirment la prédestination, donc là on retomberait sur l’idée d’un destin écrit à l’avance, sans responsabilité de l’individu, mais c’est vraiment un cas particulier).

        Ce principe de la responsabilité individuelle et du fait de faire face aux conséquences de ses actes se retrouve d’ailleurs dans les sacrements catholiques : la confession, tout de même, si décriée par beaucoup, consiste bien à s’observer soi-même, et à faire face à ses propres actes.

        Le PROPRE des ces religions est donc au contraire de mettre chacun face à sa responsabilité, là où des croyances pré-existantes parlaient de destin, de destiné, de fatum, de caprices des dieux (je… ah oui non là c’est un fromage en fait).

        Mais, l’humain étant l’humain, à cela viennent s’ajouter effectivement toutes les logiques spontanées et naturelles de cohésion et protection du groupe, de fuite de ses responsabilités, de recherche d’un bouc émissaire ou d’un autre responsable.

        Il n’empêche qu’à côté de ça, à côté de l’usage que chacun TEND assez naturellement à faire des croyances et de la religion,
        le prêche, les sacrements, le catéchisme, le dogme, disent et répètent la responsabilité individuelle de chacun, qui devra répondre de ses actes sans pouvoir se dérober.

        Donc, faire comme si la question de la responsabilité personnelle était absente du discours religieux, ou prétendre qu’elle soit juste une question débattue par des théologiens,
        me semble soit de la mauvaise foi assez poussée, soit une grande ignorance de ce que sont et de ce que disent ces religions.

        Qu’après la notion de responsabilité individuelle soit détournée et utilisée par des prêcheurs exaltés ou malhonnêtes, ça, d’accord.
        Mais bon, cela existe dans tout courant de pensée, y compris athée.

        (la version religieuse étant quelque chose comme : « si tu n’agis pas contre la dépravation de notre société de la façon que je te dicte, tu es personnellement responsable des malheurs qui s’abattront sur elle, et de la damnation de tes semblables »)

        1. J’ajoute que le dévoiement des principes et des idées qui devaient être des invitations à la remise en question individuelle et renvoyer chacun à sa propre responsabilité, pour au contraire se cacher derrière, diluer et nier sa propre responsabilité, et justifier son rejet et sa détestation de groupes de personnes différents du groupe auquel on veut/pense appartenir, c’est loin d’être le propre des religions.

          Voyez l’usage qu’on peut faire des invocations à la démocratie, au féminisme, à la laïcité…

          1. @Armel : la foi permet d’autres choses que ce qui procède d’un raisonnement. Mais bien entendu, on peut faire des horreurs au nom du football, du nationalisme ou d’idéologies politiques diverses, que l’on dévoie. Je serais curieux de connaître le bodycount du féminisme, comparé à celui des religions monothéistes, qui ont précisément toujours eu des idées arrêtées sur la place des femmes. Ce n’est pas un genre de provoc’ que je goûte vraiment.

          2. @Armel : mais enfin soyons sérieux, le but même de toute religion est le pouvoir temporel (local dans le cas de sectes, partagé dans le cas des religions orientales, universel dans le cas des grands monothéismes), le pouvoir sur soi-même et le pouvoir sur les autres, le pouvoir coercitif d’une société sur elle-même… Et un pouvoir qui s’appuie sur une légitimité non-rationnelle, et donc totalement irréfutable. Il a été prouvé par Mary Douglas que les institutions politiques et étatiques s’appuient sur une dose d’irrationalité, mais dans le cas des religions c’est le principe même (ce qui n’empêche pas des travaux rationnels de théologiens).

        2. @Armel : il y a quiproquo, je ne parle pas de prédestination, mais du fait que, en se réclamant d’une divinité, des gens parviennent à avoir le cœur à zigouiller d’autres gens. Bien entendu, ce n’est pas vraiment ce que leur a demandé leur dieu, celui-ci n’existant pas (et je pense que 99% des croyants le savent, au fond), mais on est capable d’horreurs supérieures lorsqu’on se fait croire qu’on agit sous une autorité. La même chose peut servir à se donner du cœur pour soigner les lépreux mais c’est plus rare.

          1. Excusez-moi, mais vu ce que vous écrivez, je vous conseillerais assez poliment de vous penchez sérieusement sur la question de la foi, de la croyance, et des religions,
            et, si c’est possible, de ne plus rien dire sur le sujet tant que vos n’avez pas réellement approfondi la question.

            Car – j’espère que je ne parais pas trop arrogant ou agressif, ça n’est pas le but -, pour l’instant je trouve que vous enchaînez plutôt des idées reçues, des lieux communs, et de pures spéculations.

            (disons… disons, vous voyez, quelqu’un que vous apprécieriez, mais qui vous sortirait tous les lieux communs habituels sur les pauvres : quand on veut un boulot on en trouve un, faire la manche ça rapporte gros c’est bien pour ça qu’on voit autant de mendiants, etc…

            bon, là, vous me sortez à peu près l’équivalent, sur le sujet des religions… 🙂

            . Pour les idées détournées de leur sens : il n’est pas question ici de « body-count » ; vous parliez du fait que des idées qui, dans leur principe et leur formulation, font appel à la responsabilité individuelle, soient en fait utilisées pour gommer la responsabilité individuelle, la diluer dans le groupe, et justifier le rejet et l’agressivité.

            Et bien, les idées de liberté, de féminisme, de laïcité, normalement font appel à la responsabilité individuelle, à la remise en question, mais sont invoquées par certains pour justifier leur rejet des musulmans – de tout musulman.
            Vous me direz « oui mais ils invoquent ces termes sans en respecter le sens ! » : et bien, oui. Pareil. 🙂

            .  » le but même de toute religion est le pouvoir temporel », je ne sais pas d’où vous sortez ça. Déjà, il faudrait arriver à être dans la tête de ceux qui fondent puis propagent puis construisent une religion : il s’agit d’une affirmation concernant l’intention ; c’est hautement hasardeux. Objectivement tout ce qu’on peut se permettre c’est une affirmation sur les mécanismes.

            A priori, et à moins de démontrer le contraire, la plupart de ceux qui fondent une religion y croient réellement, et leur but est de propager leur foi, de sauver le monde, les âmes, de répandre la bonne parole. Vraiment.

            Viennent là-dessus se greffer… à peu près toutes les motivations – à une même époque, dans une même région du globe, vous trouverez des croyants sincères, des prêtres exaltés mais sincères, des trafiquants de reliques, des prélats plus soucieux de leurs rentes que de leur foi. Et bien d’autres choses encore. « La religion » a un sens et des buts différents pour chacune de ces personnes.

            Mais « le but même de toute religion est le pouvoir temporel », non. Juste non.

            Que les rites aient un pouvoir fédérateur, donc un rôle de cohésion de la société, et que la défense d’une foi officielle / majoritaire se confondent avec la défense du groupe social, et devienne un instrument de la cohésion et de la défense de ce groupe social,
            d’accord. Mais bon, ça n’est juste pas la même chose.

            Le prêtre aztèque qui arrache des cœurs, a priori croient réellement qu’il permet au soleil de se lever et de poursuivre sa course. ET dans le même temps, l’organisation des rites et la répartition des rôles selon les principes de cette religion sont une organisation de la société aztèque. Mais cette religion n’a pas « pour but » d’obtenir un pouvoir temporel.

            . « un pouvoir qui s’appuie sur une légitimité non-rationnelle, et donc totalement irréfutable. »
            …de fait, la légitimité, la forme, la répartition, l’expression, l’incarnation de ce pouvoir au sein des religions, disons celles que nous connaissons le mieux en tout cas,
            a fait régulièrement l’objet de critiques, de réfutations, d’oppositions, d’évolutions…

            (d’ailleurs, c’est logique : même si tout le monde croit sans discuter (ce qui n’est même pas dit) « Dieu a confié son église à son représentant sur Terre »,
            la question « qui est ce représentant ? quel pouvoir a-t-il ? » sera sujet à débats. (bon, voire à luttes fratricides)

            . Poser comme ça, comme un fait quasi avéré et évident, que « 99% des croyants » en fait ne croient pas à l’existence de dieu (ce qui n’est qu’un élément précurseur de la foi, notez bien, et non le cœur de la foi elle-même),
            c’est un fantasme récurrent apparemment chez des athées, comment dire… militants ? exaltés ? vindicatifs ? 🙂

            On le croise sous une autre forme chez R.Dawkins (et ça n’est pas un compliment), mais lui c’est à propos des croyants cultivés, posés et intelligents qu’il cherche à s’en convaincre (remarquez, comme son but est d’affirmer que la foi ne peut mener qu’au meurtre, à la violence et à la guerre, on comprend qu’il bute un peu sur ces gens, en effet).

            Mais là encore, c’est fondé sur l’envie de se persuader qu’au fond personne ne croit ce qui expliquerait qu’on ait pas réellement besoin d’étudier la croyance avant d’en parler. 🙂

            Mais, non, a priori (là encore, on n’est pas dans la tête des gens), rien ne permet d’affirmer cela, et beaucoup de gens croient réellement.

            Après, sans doute que certains ont du mal à croire mais ça dépend des jours, que certains croient mais n’appliquent pas ce en quoi ils sont sensés croire, que d’autres ou les mêmes croient mais pensent que bon tout ça c’est trop difficile, que d’autres encore croient, mais croient ce qui cadre avec leurs comportements déjà acquis et leurs idées déjà établies, ou changent ou interprètent leurs croyances pour que cela colle bien avec leurs comportements et idées qu’ils ne veulent pas abandonner (d’où les « God hates fags » ou ce genre de choses), etc…

            D’un point de vue théologique ou, disons, divin, on pourrait dire, oui, que « 99% des croyants ne croient pas », au sens où ils ne croient pas suffisamment au fond d’eux, dans leur chair, dans leur conscience, pour vivre vraiment ce qu’ils croient.

            Mais ça n’est pas ce dont vous parlier. 🙂

            . Sur la fin, vous omettez que le point important pour analyser ces actes et leurs motivations, n’est pas de savoir si dieu leur a réellement ou non demandé cela. Mais de savoir si cela correspond avec ce qu’ils affirment sur leur dieu et ses demandes.

            Et des gens parviennent à avoir le cœur à zigouiller d’autres gens sous un tas de motivations.

            Là, attention, vous n’êtes pas très loin de me sortir (autre lieu commun) que quasiment toutes les guerres sont religieuses, ou qu’il y aurait la paix dans le monde si les religions disparaissaient.

            Or, je ne suis même pas certain que la foi en un dieu soit la motivation la plus puissante pour massacrer ses semblables. (d’ailleurs pour certains c’est la certitude que les religions sont un résidu dangereux du passé, qui leur a fourni la motivation à massacrer leurs semblables, ça marche aussi).

            On a en tête les Guerres de religion, évidemment, et c’est pourquoi on croit d’abord cela ; mais les Guerres de religion ne résument pas à elles seules toutes les guerres du monde.

            Je pense que vous devriez fréquenter un peu plus de croyants. Et analyser un peu plus la question avant d’écrire sur le sujet.

            Honnêtement, et sans vouloir paraître docte ou méprisant.

          2. @Armel : Avec le temps, j’ai appris à respecter la folie de chacun, on ne peut pas empêcher les gens de croire, mais on ne peut pas non plus forcer les sceptiques à croire. La neurologie s’est penchée sur ces questions et elle voit une différence entre le cerveau des croyants et celui de ceux qui ne le sont pas. Comme toujours avec ces questions on ne peut pas savoir si c’est la croyance qui fait le cerveau ou le cerveau qui fait l’inclination vers cet état d’esprit. L’incompréhension restera donc irréconciliable. Bonne nouvelle : la foi allonge l’existence d’un an et demi en moyenne. C’est un peu injuste mais c’est ainsi.

            Je suis devenu plus tolérant et j’ai renoncé au projet finalement absurde de convaincre, mais je n’ai besoin d’aucun conseil quant à ce que je peux m’autoriser à écrire ou pas sur le sujet.

            Utiliser les mots liberté, féminisme et laïcité pour rejeter les musulmans est effectivement à la mode, mais ça n’a rien à voir avec la religion qui n’est pas une opinion (un credo n’est pas une opinion), c’est un système (si on parle bien de religion et non de ce que les gens appellent spiritualité), et j’ajoute que quand je parle de pouvoir ce n’est pas seulement de pouvoir d’un petit nombre sur un grand nombre, ça peut être aussi le pouvoir d’une personne sur elle-même (s’imposer une discipline), et surtout, le pouvoir du nombre sur le nombre : un moyen de souder la société en s’imposant des croyances collectives.
            Croire soi-même n’empêche pas d’aller vers son intérêt, et c’est même le meilleur moyen pour convaincre. Pas besoin d’être hypocrite pour manipuler !
            Quand je dis que 99% des croyants ne croient pas, je dirais pour préciser que leur croyance ne se situe pas sur un plan actuel. Une personne qui croirait vraiment qu’il existe un dieu puissant n’en déduirait pas qu’il faut le vénérer ou suivre ce que l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours dit que cette divinité souhaite. Au contraire, certains iraient à la recherche de ce que veut cette divinité, d’autres voudraient l’étudier, d’autres se rebeller ou comprendre sa nature, ou chercheraient à faire la part du vrai et du faux. Or rien de tout ça, la foi est à prendre ou à laisser. Le fait qu’on puisse s’entretuer pour la foi me semble une bonne preuve de sa fragilité, aussi. Personne n’aurait l’idée de tuer quelqu’un qui dit « les carottes n’existent pas » ou même « les lamantins n’existent pas » – or la croyance en l’existence des lamantins est bien une affaire de conviction puisque la plupart d’entre nous n’en a jamais vu.
            (la suite plus tard)

          3. @Armel : Il existe évidemment moult causes au guerres. La religion n’est pas une cause de guerre mais peut être un de ses outils. La foi patriote en est un beau aussi (et quand les deux vont ensemble…). La foi en un dieu ne motive pas le massacre (sauf cas particulier et généralement local dans le temps où l’existence des non-croyants déclenche la furie), mais elle donne des forces. Elle donne même des forces pour des choses positives ou apparemment sans importance, mais quand je vois les gens d’un petit village croate qui pensent que Jésus est du côté de leur équipe de foot, contre celle du village d’à côté, je me dis que la foi sert beaucoup à croire en soi-même.
            C’est aussi une croyance auto-réalisatrice, puisque c’est la foi qui fait exister Dieu et lui donne un pouvoir
            Je connais des croyants, j’ai fait mon catéchisme (mes parents, très permissifs – c’étaient les années 1970 – m’ont laissé le faire quoique pas spécialement croyants eux-mêmes), j’ai une certaine connaissance des religions monothéistes et j’appartiens même à une lignée de pasteurs.

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