« Je suis Charlie »

J’ai passé l’après-midi la tête vide, incapable de travailler vraiment (j’étais en cours, pourtant), regardant défiler sur Twitter, Facebook et Google news les nouvelles, les morts, pas confirmés, confirmés. Charb d’abord, puis Cabu, puis Wolinski, puis Tignous. Et plus tard encore, Honoré et Onc’Bernard. Et les autres, qu’on ne connait pas.
Sentiment d’irréalité : Cabu et Wolinski ! J’ai appris à lire dans le recueil 1975 d’Hara Kiri Hebdo. J’ai lu le Grand Duduche, et plus grand, Paulette. Je voyais Cabu dessiner le long nez de Dorothée tous les mercredis dans RécréA2. J’ai lu la Grosse Bertha, où est « né » Charb, qui était d’ailleurs pion dans le lycée de mon frère. J’ai été abonné à Charlie Hebdo. Même si je ne lisais plus Charlie qu’en vacances, épisodiquement, j’ai une histoire avec ces gens. Je ne suis pas le seul :

Je_suis_charlie_Republique

Alors moi qui hais pourtant les manifestations, qui crains l’imbécilité de la foule, je suis allé place de la République, ce soir, et je l’ai fait sans douter une seconde de ce que j’y trouverais : des gens tristes, consternés, calmes, amicaux, qui veulent juste se tenir ensemble pour dire qu’ils sont nombreux face aux fascistes de tout poil qui rêvent de guerre civile.

En faisant un massacre dans les locaux de Charlie, ces gens, quels qu’ils soient, ont montré leur faiblesse : ils craignent qu’on rie d’eux, car ils sont ridicules. Ils demandent jour après jour qu’on respecte leurs divinités, leurs emblèmes, leurs drapeaux, leurs mythologies, leurs légendes idiotes, parce qu’ils s’abritent derrière ces gri-gris pour se faire croire à leur propre importance.
Continuons de les railler.

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