Le Havre<>Paris, mercredi dernier, vers dix-huit heures.
Un jeune homme avec des dreadlocks se rend aux toilettes avec un sac à dos à la main. Il porte un tee-shirt gris et un short de sport.
Il passe un très long temps enfermé, un quart d’heure, peut-être. Lorsqu’il sort, il titube, semble chercher son équilibre en se tenant aux parois et aux barres. Le train est pourtant plutôt stable. D’une main il tient son sac, et de l’autre, le bras bien levé comme on le ferait pour éviter que ce qu’on tient ne soit mouillé lorsque l’on a de l’eau jusqu’à la taille, il tient une feuille au format A4 qui, de loin, m’a semblé être une partition, à moins que ça n’ait été un texte avec de grands interlignes.
Plus tard, une jeune femme plantureuse vêtue d’un débardeur et d’un short blancs part à son tour aux toilettes avec un énorme sac de sport. Je ne surveille pas spécialement les gens qui vont aux toilettes dans les trains, mais je ne parviens pas à ignorer qu’elle aussi y passe beaucoup de temps. Une autre jeune femme cherche d’ailleurs à utiliser le lieu, patiente un peu derrière la porte, puis finit par renoncer et change de wagon.
Lorsque l’occupante de la cabine sort enfin, elle a changé de vêtements. Elle porte un jean’s, un tee-shirts sombre à manches longues et ses cheveux sont enfermés dans un foulard lui même couvert d’une casquette. Elle est donc plus habillée pour Paris qu’elle ne l’était au Havre, où il faisait pourtant plus frais. Je la retrouve sur le quai à la sortie du train, elle appelle « bébé » quelqu’un au téléphone et annonce qu’elle est arrivée à la gare Saint-Lazare.
Maintenant que je m’apprête à cliquer sur « publier », je me rends compte que cette aventure, quoique parfaitement authentique, n’est pas vraiment palpitante.
Cette fois encore, je me suis fait avoir, alléché par le titre qui promettait un suspens à la Conan Doyle. Ne me restent qu’une très légère frustration, voire une ombre de ressentiment, pas contre l’auteur, non, qui ne promettait que le mystère, pas sa résolution, mais contre moi, d’avoir eu le bref espoir d’une histoire invraisemblable que j’aurais racontée autour de moi dans les dîners.
Je reviendrai quand même, incorrigible naïf.
@Fred : ben tant qu’y’a des gogos, moi j’en profite hein, on peut pas m’le reprocher, faut pas être naïf non plus hein non mais bon, hein. Si c’était pas moi ça serait un autre de toute façon alors je vois pas la différence sauf pour moi, quoi.
Si ça se trouve, la fille qui s’est changé aux toilettes, c’était Chloé F !