La villa intelligente

Une troisième villa des Balkany vient d’être saisie par la justice, nous apprend la presse. Pour l’instant, les intéressés ne disent rien, mais au bout d’une trentaine de villas, leurs avocats pourront légitimement dénoncer un certain acharnement des juges : les migrants de La Chapelle, on saisit leurs villas ? Ça se saurait !
C’est un peu du deux-poids-deux-mesures, tout ça.
Et puis on voit très bien comment la spirale infernale a pu se mettre en place : on achète une villa, on ne la déclare pas parce que c’est sous les tropiques, mais du coup sans papiers, on ne se souvient plus de l’adresse et on doit acheter une nouvelle villa. Et ainsi de suite. Quelque part, les juges rendent service, en retrouvant toutes ces maisons. Un peu comme les cambrioleurs qui aident les gens à trouver où ils avaient trop bien caché leurs bijoux, mais c’est une aide à double-tranchant parce qu’ils font disparaître les objets sitôt qu’ils ont mis la main dessus.

La villa Pamplemousse
La villa Pamplemousse, sur l’île batavofranchouillarde Saint-Martin, dans les Antilles. Quel juge est assez inhumain pour saisir un logement ? Et après, on se plaint que des gens dorment à la rue !

Mais une chose est certaine : les technologies numériques le permettent et les articles de la grande presse nous le promettent : nous allons vers la « maison intelligente ».
Je vois très clairement ce que sera une villa « intelligente » appartenant aux époux Balkany : ce sera une maison pétrie de honte, qui n’ouvrira jamais ses volets, qui vivra dans le noir, comme cette dame que j’ai connue et dont les deux fils étaient en prison depuis les années disco pour avoir écrasé une gosse avec une voiture volée un vendredi soir de désespoir et d’ivresse.
Ou bien ce sera le contraire, ça sera une villa « intelligente » décomplexée, malhonnête, corrompue, pleine de cachettes et de cachotteries, capable de tuer un mammifère de taille respectable — un être humain par exemple —, et d’en faire disparaître le cadavre ou de maquiller habilement l’affaire en accident. Une villa « intelligente » capable de prendre de haut les enquêteurs en leur disant connaître très bien leurs supérieurs, en leur promettant que leur carrière est finie, en tentant de leur glisser un gros billet, en leur faisant remarquer qu’ils n’ont pas de piscine et que leur salaire mensuel à eux n’atteint pas le prix de la plus modeste de ses poignées de porte à elle.
Enfin la maison intelligente, c’est l’avenir, quoi.

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