Discuter de religion avec des croyants ouverts et disposant d’un haut niveau de connaissances en théologie et en philosophie est toujours assez intéressant, parfois déroutant : mettre autant d’intelligence au service d’une idée du monde qui ne pourra, par définition, jamais être prouvée, force le respect.
Mais toute cette culture et cette astuce ne sont-elles pas qu’un vernis dédié à justifier et à rationaliser une croyance personnelle bien moins sophistiquée, plus enfantine, dont le fondement ne serait pas une foi sincère en une divinité, mais plutôt l’envie de croire en soi, en la famille, la culture, le pays dont on est issu ?
J’aime observer les étranges mélanges de genre, les télescopages qui se créent entre des religions à vocation universelle, telles l’Islam et le Christianisme, et la pratique effective de ceux qui s’en réclament.
L’essence de la religion ne se trouve pas dans les extases mystiques ou les traités de théologie, le fondement de la foi, c’est que des gens pensent que Jésus soutient le Hajduk de Split contre le Dynamo de Belgrade.
Ils ne croient alors en Dieu que parce qu’ils ont besoin d’imaginer qu’une puissance infinie a de la foi et de l’amour pour leur équipe de football, leur armée, eux-mêmes.
- Gardien des biens de l’Église au troisième siècle de notre ère, Saint Laurent a fâché l’empereur du moment, qui réclamait l’intégralité des biens de la papauté, en lui amenant des orphelins et en affirmant qu’il s’agissait là l’unique trésor de l’Église. L’astuce n’a pas fait rire l’empereur, qui a supplicié le saint sur un gril. [↩]