Certains croyants disent « Dieu va vous châtier ». Par impatience, peut-être, les mêmes n’hésitent parfois pas à se charger eux-mêmes de l’exécution du jugement divin. D’autres encore expliquent quels livres saints sont les seuls bons, expliquent ce qu’il faut comprendre aux phrases obscures des textes sacrés et s’efforcent de trouver un sens obscurs aux pensées les plus claires. Ils n’hésitent pas à jurer qu’il n’y aura jamais de nouveau livre, de révision, et donc que l’éternel ne changera plus jamais d’avis sur rien.
En affirmant savoir ce que l’entité divine pense, veut, va penser, voudra, fera, c’est à dire en dictant à Dieu sa conduite, ne sont-ils pas les plus grands blasphémateurs qui puissent être ? Ou plutôt, ne trahissent-ils pas le fond de leur pensée, consciente ou non, qui est qu’il n’est aucun Dieu, et que le mot « Dieu » n’est jamais qu’une manière de parler de soi ? « Dieu veut », « Dieu aime », « Dieu n’aime pas », sont autant de manières de dire « Je veux », « J’aime », « Je n’aime pas ». Ils n’exécutent pas la volonté de Dieu, ce qu’ils nomment Dieu n’a jamais été rien d’autre que le produit de leur volonté, et ce n’est donc pas un hasard si les ordres divins ne sont transmis qu’à un ou deux prophètes choisis, sans témoins.