Le Hollywood reporter signale le 8/1/2020 que Warner Bros compte s’équiper d’un système d’IA destiné à automatiser la prise de décisions. La machine donnera le feu vert à telle ou telle production de film en fonction de choix algorithmiques. On sait que les IAs peuvent produire des observations inattendues, comme c’est le cas d’un programme inventé pour prédire l’âge d’une personne sur une photographie, qui a « par lui-même » déterminé que le meilleur critère pour le faire était la forme du lobe de l’oreille, détail qui échappe à notre conscience.
Mais on sait aussi que les IAs qui prennent des décisions ne peuvent déduire le futur qu’en répétant le passé. Or les succès (critiques, publics, patrimoniaux) au cinéma ou en série télévisée concernent régulièrement des œuvres inattendues, tandis les choix trop rebattus, les académismes, les automatismes, finissent par lasser les spectateurs, qui, bien que cherchant souvent à retrouver des émotions passés, constatent par eux-mêmes que l’intensité du plaisir baisse avec la répétition.
Au fond ce choix de Warner (qu’il soit suivi d’effets ou pas) est surtout le symptôme d’une vieille ambition de l’industrie (culturelle ou non) : trouver des recettes, des choses qui fonctionnent à tous les coups… Ou encore faire croire aux investisseurs éventuels que l’on a trouvé une martingale. L’Intelligence artificielle n’est donc pas ici une menace pour la création artistique, c’est plutôt le support d’une rêverie, l’idée qu’il existe un moyen pour échapper à la versatilité du public.