Anne-Marie est née à Sainte-adresse en 1984, elle a grandi dans la partie haute du Havre, le quartier était paisible et l’école, juste derrière chez elle. Elle a toujours aimé dessiner, sa mère est une couturière très douée, son père peignait, ses sœurs dessinaient aussi, et comme cadeau, elle préférait une boite de feutres à une poupée Barbie. Après un bac scientifique (option arts plastiques), elle entame des études de biologie à l’université. Elle s’intéresse à la cartographie, parce que l’on y dessine, mais en dehors de cela, le manque d’encadrement de fac ne lui réussit pas et l’année est un échec, malgré son intérêt persistant pour la science, qui lui a d’ailleurs servi plus tard. Une camarade de lycée, qui elle aussi avait fait un bac scientifique avec option arts plastiques, lui parle de ce qu’elle fait à l’école d’art.
Anne-Marie intègre l’école d’art du Havre en 2004. Au concours d’entrée, elle avait présenté des peintures. Cette fois encore, la liberté ne lui profite pas, et Anne-Marie redouble sa première année. Il faut dire qu’à la même époque, elle faisait dix heures de danse par semaine, et avait entamé ses études avec une certaine désinvolture. Sa mère la pousse à persévérer dans les études, et l’année de redoublement s’avère bien différente. À cette époque, elle s’engage dans une activité qu’elle n’a jamais abandonné depuis : le chant gospel. Remotivée, Anne-Marie aura ensuite un parcours impeccable, où chaque année sera meilleure que la précédente jusqu’à son diplôme de DNSEP qu’elle obtient avec des félicitations amplement méritées.
En 2008, parallèlement à ses études, Anne-Marie est à la fois prof de danse, chanteuse au sein de la chorale Sweet Moma’s, et dans un groupe de Metal.
En quatrième année, elle avait connu une période de doute — ce qui est traditionnel avec ce niveau. Je me souviens que j’étais parti, avec quelques autres étudiants de sa promotion, mon collègue Bruno Affagard et mon ami Olivier Lefebvre, du Volcan1, à Karlsruhe puis à Eindhoven, pour visiter le ZKM et le festival STRP, deux hauts lieux de la création numérique. Le voyage a beaucoup marqué cette promotion, dont plusieurs étudiants ont fait des propositions très orientées vers les nouveaux médias. Pour Anne-Marie, ça a été un moment-clé. Pendant l’été qui a suivi, elle a eu le projet de s’orienter vers le son, et notamment vers la production d’images animées en réaction au son, alliant ses deux passions : le chant polyphonique/harmonique, et le graphisme.
Cette année a été celle de l’arrivée de deux nouveaux enseignants, qui ont suivi très attentivement les travaux d’Anne-Marie : Vanina Pinter et Jean-Michel Géridan.
À peine diplômée, Anne-Marie se voit proposer d’aller enseigner le graphisme en Chine (où l’école d’art du Havre a ouvert un département), mais cela peine à se concrétiser, et elle accepte un contrat de graphiste pour une société qui vend des chaussures. Elle ne s’y amuse pas beaucoup. Avec sa première paie, elle achète un piano. Elle travaille ensuite à droite et à gauche, dans l’animation, notamment.
En octobre 2012, enfin, elle part pour X’Ian, où elle passera six mois, donnant cours à deux classes, accompagnée d’une interprète, et logée sur le campus d’une université. Peu à peu, elle s’y fait des amis qui la guident dans la ville.
En rentrant, elle prépare sa candidature pour un emploi de prof d’art dans l’enseignement catholique. Mais un vieil ami lui propose de postuler pour une boite de communication, dbcom. Elle y est aujourd’hui en contrat à durée indéterminée.
Même si en agence on s’éloigne des processus de création artistique, elle y apprend tous les jours, et si certains projets ne l’intéressent pas beaucoup graphiquement, d’autres sont plus enthousiasmants, attisent sa curiosité et ses envies créatives. Pour elle, être graphiste dans cette société, c’est être un boulon important dans cette machine bien huilée, les interactions entres collègues graphistes ou chargés de communication ou commerciaux sont très enrichissants, et c’est agréable de contribuer à la pérennité de cette petite famille bien soudée.
L’échelle temporelle est bien différente, parfois frustrante, mais cela lui a appris la rapidité et l’efficacité. Elle apprécie beaucoup l’ambiance de travail, son équipe de quatre créatifs qui fonctionnent en interaction constante, les séances de « brainstorming », les défis, le babyfoot, et Tobby, un chien orange en plastique qui fait office d’animal de compagnie.
Même si ça semble difficile d’un point de vue pratique, Anne-Marie s’imaginerait bien reprendre des études, un jour, car elle est, je pense, un peu nostalgique de ce que ces années lui ont apporté en termes, notamment, d’ouverture d’esprit.
Son site internet : annemariebouille.com | la page Facebook des Sweet Moma’s.
- Le Volcan est la maison de la culture du Havre, et tire son nom (et son surnom de « pot de yaourt ») de la forme caractéristique de son bâtiment, créé par Oscar Niemeyer. [↩]