Frank Fenner (1914-2010) fut un microbiologiste et un spécialiste de l’écologie. En 1980, c’est lui qui a annoncé officiellement devant l’Assemblée mondiale de la Santé que le virus de la variole avait été éradiqué de la surface de la terre (à l’exception, comme chacun sait, d’un échantillon conservé par les États-Unis, d’un autre conservé par la Russie, et d’un troisième retrouvé par hasard dans un livre datant de la guerre de Sécéssion), processus dont il avait supervisé l’observation. La disparition de cette maladie particulièrement virulente est un des plus grands succès de la médecine du XXe siècle et sans aucun doute la plus spectaculaire réalisation de l’Organisation mondiale de la santé.
Le même Frank Fenner s’était fait remarquer, dans les années 1950, par ses travaux sur la myxomatose, maladie qu’il a proposé d’inoculer volontairement aux lapins, car la prolifération de ces derniers en Australie était devenue une véritable catastrophe. Ses prévisions sur l’évolution de l’espèce à la suite de l’introduction du virus s’étaient ensuite révélées exactes. Avec ses collègues, Fenner s’était inoculé la maladie pour prouver qu’elle n’était pas nocive pour l’homme. On lui doit, enfin, des articles scientifiques très précoces sur le sujet de l’écologie. Peu avant son décès, l’an dernier, à près de 96 ans, il a donné une interview terriblement pessimiste à The Australian.
Pour lui, l’humanité disparaîtra dans un siècle environ.
« Nous subirons la même destinée que les habitants de l’île de Pâques. Le changement climatique ne fait que commencer mais on en voit déjà les effets spectaculaires sur les phénomènes météorologiques. »
« L’homo sapiens aura peut-être disparu d’ici cent ans. Beaucoup d’autres animaux disparaîtront, c’est une situation irréversible, je pense qu’il est trop tard. J’essaie de ne pas trop le dire parce que des gens tentent de faire des choses mais ils ne font que repousser l’inévitable. »
Pour Fenner, les effets du dioxyde de carbone, la consommation débridée et l’augmentation régulière de la population humaine rendent notre présence intenable pour la terre, à très court terme, y compris pour nous-mêmes :
« La population continue d’augmenter à sept, et bientôt huit et neuf milliards. Il y aura de plus en plus de guerres liées à la nourriture.
Les petits-enfants des générations actuelles vont vivre dans un monde bien plus dur. »
Toujours dans l’article de The Australian, le spécialiste de l’écologie Stephen Boyden, ami et collègue de Fenner, est plus positif :
« Frank peut avoir raison mais certains de nous conservent l’espoir d’une prise de conscience qui aboutirait aux changements révolutionnaires qu’impose la situation. »
« J’ai la même analyse que Frank de la gravité de la situation mais je n’accepte pas l’idée qu’il est trop tard. Tant qu’il reste une lueur d’espoir, ça vaut le coup de travailler à régler le problème. La connaissance scientifique est là, mais pas encore la volonté politique. »
De par la fragilité écologique de leur pays-continent, les Australiens sont particulièrement sensibles à ces questions. Tout cela n’est malgré tout pas très rassurant et de nombreux scientifiques considèrent l’époque actuelle, l’ère Anthropocène (l’avènement industriel, à partir de la fin du XVIIIe siècle) comme le déclencheur d’une inévitable sixième extinction massive des espèces vivantes, après celles de la fin de l’Ordovicien (-440 millions d’années), de la fin du Dévonien (-370 millions), de la fin du Permien (-250 millions), du début du Jurassique (-215 millions) et enfin du début de l’ère Tertiaire (-65 millions d’années) qui avait vu la fin du règne des dinosaures.
(Images : Frank Fenner pratiquant une injection de virus sur des œufs, photo Walter and Eliza Hall Institute ; Frank Fenner, photo Université de Sydney ; Stephen Boyden, photo Australian Academy of science)
On y repensera quand cet article sera correctement orthographié.
@Hop : je veux bien une indication des fautes d’orthographe alors.
« […] parce que des gens tentent de faire des choses […] » (fin de la première citation)
@abelthorne : ah merci, je ne le voyais pas du tout. C’était pourtant une belle faute, effectivement.
une autre, dans une citation toutefois :
« certains de nous conservent l’espoir qu’une prise de conscience peut advenir »
ne serait-ce pas *puisse* advenir ?
hyperbate, le blog plus châtié encore que ses sources ! 8-B
@bituur esztreym : La traduction est de moi donc la faute aussi 🙂
Merci pour ce commentaire très instructif… sinon merci pour cet article, et ce blog toujours très « instructionnant » 😉
Ecrire de belles phrases sans fautes d’orthographe ne nous sauvera en rien , il ne s’agit pas d’un roman de science fiction mais de la réalité , une réalité on ne peu plus optimiste de surcroix …
«Frank peut avoir raison mais certains de nous conservent l’espoir d’une prise de conscience qui aboutirait aux changements révolutionnaires qu’impose la situation.»
Pensée magique ! A-t-on jamais vu une population entière (encore moins toute l’humanité) avoir « une prise de conscience » qui aboutissent à des « changements révolutionnaires qu’impose la situation » ?
A moins que par « changements révolutionnaires » on entende « bain de sang », parce que ça c’est assez facile à obtenir et on trouve toujours des foules prêtes à s’y engager. Mais à part ça je n’y crois pas. L’espèce humaine causera sa propre extinction, et ça vaudra bien mieux pour le reste de la planète.
@Wood : mais d’ici à l’extinction, que de dégâts ! Pour moi on peut imaginer des politiques courageuses, mais tant que ça concernera des pays comme la Suisse, la Norvège ou encore plus petit, l’impact rester faible.
Oh oui, l’espèce humaine en entrainera bien d’autres avec elles, mais pas toutes. Les rats, les cafards… Il en restera toujours suffisamment pour que la vie se perpétue. Ca ne sera pas pire que la grande extinction du Permien.
Les scolopendres, les scorpions, les reptiles et les sauriens ‘gros et petits’, qui ont déjà survécu à d’autres extinctions massives. Une fois la vermine humaine éliminée, la nature va très certainement créer de nouvelles espèces toutes plus extravagantes de beauté les unes que les autres…..et pendant longtemps encore. L’homme n’a pas compris ( certains ) que s’ils ont besoin de la nature pour vivre, la nature peut se passer d’eux sans états « d’âme ». ( …. Maître et possesseur de la nature : nous sommes bien sur le point d’arriver au bout d’un délire schizophrénique qui conduira à nous effacer bêtement…. KRA KRA KRA !!!)
A bien y réfléchir, il y a probablement des dirigeants qui ont considéré l’option « bain de sang »
Diviser la population humaine par 100, par 1000, résoudrait un grand nombre de problèmes pour les survivants. C’est tentant et bien plus facile à mettre en oeuvre que n’importe quelle autre solution.
Dans l’épisode 12 du comic « Global Frequency » par Warren Ellis, il est question d’un programme du gouvernement américain nommé « die back » visant à réduire la population de 88% en utilisant des « harpons cinétiques » : de grandes tiges de carbones très dures et très denses lancées depuis des satellites : en entrant dans l’atmosphère, elles chauffent sans se désagréger, et causent à l’impact l’équivalent d’une explosion nucléaire sans les retombées radioactive. Pointez les sur les plus grandes villes du monde et le tour est joué.
Pendant la grippe H1N1 quelqu’un a essayé de me convaincre que le vaccin avait pour but de diviser la population mondiale par dix.
Sinon, reste la guerre.
La guerre est toujours l’option préférée du genre humain pour régler les problèmes qui le dépassent.
Merci pour cet article.
Ce qui m’inquiète c’est que les prédictions de ce monsieur sont rarement farfelues, et finissent par se révéler exactes. Une chance bien triste : nos enfants seront peut-être eux aussi morts d’ici-là.
Ce ne sont « que » des prédictions, pas la réalité. En attendant c’est la fin réelle du monde pour de nombreuses personnes qui n’ont rien demandé, chaque jour, très près de nous même, et on s’en émeut beaucoup moins. C’est plus rigolo de se faire des frayeurs en parlant de l’humanité entière d’ici 100 ans.
A lire le 1er commentaire, qui s’accroche désespérément à la forme : des fautes d’orthographe pour refuser le fond (c’est le cas de le dire !), un parfait exemple du syndrome de Cassandre, on comprend que la prévision de Frank Fenner est parfaitement exacte.
Les ploutocrates sont persuadés que cette prévision, et non « prédiction » est parfaitement exacte et inévitable.
Alors, ils sont les seuls à profiter des liseurs de fautes d’orthographe pour tirer les derniers marrons du feu pendant qu’ils le peuvent encore.
Ceci explique aussi pourquoi personne ne cherche plus à lutter contre la corruption destructrice, c’est devenu inutile.
Toutes les infos apportées par l’actualité confirment années après années la prévision.
Stephen Boyden n’a pas réussi à convaincre les politiques, il faudrait que TOUS les gouvernements s’entendent, en quelques courtes années. Impossible.
Patrice Hénin
Ave Ploutocrates, moritori te salutant
Eh oui que l’être humain disparaisse bon débarras comme disait un auteur écolo
On fait semblant d’essayer de protéger la planète hors il n’en est rien; on ralentit juste sa destruction ,nous sommes de plus en plus nombreux ; ainsi on détruit donc de plus en plus , il en est de la survie de notre propre espece et de la vie sur terre et tout le monde s’enfou
au lieu de se prendre en main ; les hommes passent leur temps a espérer et a croire
Les gens continuent de faire des enfants alors qu’eux même donneraient tout pour ne pas naître à une époque comme la notre, dans laquelle il n’y a déjà plus de place pour notre génération.
Penser un seul instant qu’il y en aura pour ceux qui viennent de naitre est d’une naïveté sans nom.
Dans un monde où l’on fait semblant de s’intéresser à ce qui peut pousser les gens au désespoir et au suicide, alors que l’on fait tout chaque jour qui passe pour leur rendre la vie infernale et insupportable, que l’on ne vienne pas nous faire croire que ceux qui ne sont pas concernés, ont la moindre sensibilité au sort d’autrui et encore moins à celui de cette planète détruite.
Quand on voit que l’espèce humaine, qui n’a nullement besoin de produits d’origine animale pour vivre, refuse de s’en passer alors qu’on sait pertinemment que leur production est une des causes majeures du dérèglement climatique, on comprend que son niveau inégalé de stupidité précipitera nécessairement sa fin. Même constat quant à son incapacité de s’autodiscipliner sur le plan numérique… Faire des enfants sur une planète surpeuplée n’est pas un droit : c’est un crime.