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Misère de la super-héroïne au cinéma

mai 16th, 2012 Posted in archétype, Bande dessinée, Les traîtres

Je suis allé voir The Avengers, de Joss Whedon, et je dois dire que je n’ai pas boudé mon plaisir. Enfant, les Vengeurs n’étaient pourtant pas mon équipe de super-héros Marvel favorite1. En revanche, ce que j’ai toujours aimé chez eux, c’était les personnages forts qui composaient l’équipe, dont certains étaient titulaires d’une série individuelle à succès avant de se regrouper (Iron Man, Thor, Hulk, Captain America) et dont d’autres étaient très marquants, comme le Fauve (venu des X-men), Œil-de-Faucon, la sorcière rouge, la Panthère noire, Hercule, la Veuve noire, Gilgamesh, Miss Hulk, Dragon-Lune, Circé,… En fait, cette équipe a constamment vu sa composition changer, accueillant des dizaines de héros Marvel, notamment ceux dont les comic-books se vendaient mal et qui se refaisaient une santé au sein de la prestigieuse équipée, et a même ouvert deux succursales, les « Vengeurs de la côte Ouest » et les « Vengeurs des Grands lacs », et a eu une équipe quasiment jumelle, « les Champions de Los Angeles ».
Parmi les membres fondateurs du groupe se trouvent deux personnages pour l’instant absents des adaptations cinématographiques : Henry Pym « l’homme fourmi » et son épouse Janet Van Dyne, dite « La guêpe », deux héros capables de changer de taille.
Une chose attachante avec les Vengeurs était, je pense, la grande disproportion entre les talents des différents personnages : un dieu nordique, un demi-dieu grec et un dieu sumérien, un colosse colérique capable de détruire un immeuble, un super-soldat, une espionne agile, un milliardaire sans pouvoir particulier mais aidé de son exo-squelette, un géant, une femme microscopique,… Tous ces héros collaborent ensemble mais aussi, se taquinent et parfois même s’affrontent, dans une infinité de combinaisons qui ressemble au jeu Pierre-Papier-Ciseaux puisque chacun est capable de se défendre contre un de ses collègues : la veuve noire peut échapper à la brutalité aveugle de Hulk, Hulk fait peur à Thor, et Thor est bien plus fort que la Veuve Noire, etc.

Quelques couvertures du comic-book Avengers

Je savais que j’aimerais ce film, puisqu’il est de Joss Whedon, auteur qui ne m’a jamais déçu et qui a toujours su exploiter, dans ses propres créations (Buffy, Angel, Firefly, Dr Horrible), ce qu’il y avait de véritablement intéressant dans les comic-books de super-héros. Chaque protagoniste du film est traité avec pertinence, il n’y a personne d’inutile ou de dispensable, et même un héros parfois faiblard comme Œil-de-Faucon (Hawkeye) trouve ici toute sa place. Les rapports entre les personnages sont construits par les scènes d’action, ce qui est exactement la bonne voie à emprunter pour ce genre de film. Le nouveau Bruce Banner (Hulk) m’a bien plu, et l’acteur qui interprète le trickster Loki est parfait. Je ne m’étalerais pas sur le sujet, Avengers n’a aucun besoin de moi pour trouver un public, puisqu’il bat déjà des records en termes de nombre d’entrées.

Depuis la sortie du film est apparue une question intéressante : celle des super-héroïnes, dont la quasi-absence au cinéma est un vrai problème.

Un extrait d’une planche de Daredevil, par Gene Colan, avec Black Widow.

La séduisante Veuve noire/Black Widow était déjà apparue au cinéma sous les traits de Scarlett Johansson dans Iron Man 2, dont j’avais d’ailleurs parlé sur le présent blog. Comme je le disais à l’époque, ce personnage a compté dans ma vie, et c’est même sans doute la première femme dont j’aie été amoureux, avec (mais je ne sais plus laquelle est venue en premier), Catwoman dans Batman. Je lisais ses aventures dans les séries Daredevil et Spiderman, plus que dans Les Vengeurs, équipe dont elle n’est d’ailleurs pas un membre historique.
Dans Iron Man 2, la Veuve Noire ne fait qu’une apparition fugace, mais son potentiel pour une éventuelle suite n’était pas difficile à deviner. Le réalisateur, John Favreau, solide gaillard qui interprétait l’entraîneur sportif de Tony Stark/Iron Man dans son film, prenait un plaisir pervers à se faire démolir le portrait par la fluette Scarlett Johansson, qui mesure une tête de moins que lui et pèse sans doute moins que la moitié de son poids. Dans The Avengers, Black Widow a les honneurs de la scène d’ouverture du film : on la voit ligotée sur une chaise, vêtue d’une petite robe, totalement à la merci de mafieux à l’accent slave qui savent qu’elle est une espionne et qui s’apprêtent à la torturer avant de la tuer. Bien sûr, dès la première image, on se doute que ce n’est pas exactement comme ça que les choses vont se passer. Je ne raconte pas la suite, mais la scène est, une fois de plus, assez jouissive.

Dans la foulée de Avengers, Scarlett Johansson a fait savoir qu’elle n’aurait pas détesté que Black Widow ait son film à elle. Ce vœu pourrait sembler une évidence, du fait de la richesse du personnage (qui a souvent joué le mauvais rôle, a été une espionne pour le KGB et a vécu plusieurs amours complexes — elle est d’ailleurs effectivement veuve), mais les studios renâclent, traumatisés par de mauvaises expériences passées : les films dédiés à une super-héroïne n’attirent pas le public, affirment-ils. Il faut dire que ces films de super-héros ont des budgets pharaoniques (220 millions de dollars pour Avengers) et que de tels investissements ne peuvent être faits de manière hasardeuse.
Mais encore faut-il s’entendre sur ce qu’est un investissement hasardeux, car il n’est pas rare que des films au potentiel évident, et dotés de gros budgets, soient gâchés par l’incapacité névrotique de ceux qui les produisent à accepter de traiter des personnages féminins avec autant de sérieux que leurs homologues masculins.

Si l’on regarde attentivement les films consacrés à des super-héroïnes, on s’aperçoit que leur insuccès auprès du public est dû à leur médiocrité, bien plus qu’au sexe de leur personnage principal. Supergirl (1984) était ridicule, Sheena (1984) était racoleur et sans scénario convaincant, Red Sonja (1985) n’avait pour autre ambition que d’être un sous Conan le barbare à forte poitrine2, Catwoman (2004) était terriblement plat, et Elektra (2005) réussissait l’exploit de gâcher définitivement un des personnages les plus forts de l’univers Marvel.

Enfin, même s’ils ont été rentables, les deux films consacrés à Lara Croft — que l’on peut ranger parmi les super-héroïnes —, étaient terriblement médiocres malgré les qualités du personnage et malgré la personnalité de l’actrice qui l’interprétait, Angelina Jolie. Lara Croft est un personnage à part, bien entendu, puisqu’elle est à l’origine une héroïne de jeu vidéo et non un personnage de comic-book. Et une héroïne sans véritable histoire, que le joueur connait pour l’avoir aidé à courir sans cesse dans des couloirs sombres ou répéter cent fois des gestes très techniques pour monter sur une statue, neutraliser un piège ou échapper à des tigres. Lara Croft, en jeu vidéo, n’est pas le protagoniste d’un récit que l’on découvre passivement, mais un être avec lequel on partage patience et solitude, dont la psychologie ne passe pas par des dialogues ou une trame, mais par les gestes. On peut projeter beaucoup de choses dans un personnage tel que Lara Croft, les scénaristes avaient donc une grande marge de manœuvre, et il est donc très intéressant de voir à quoi ils ont employé leur liberté. Dans les films, Lara Croft est toujours une jeune femme richissime, sportive de haut niveau et un peu suicidaire qui part en quête d’artéfacts archéologiques rares, mais le premier épisode insiste sur sa relation à son père, et le second, sur une histoire d’amour cousue de fil blanc. Au cinéma, apparemment, Lara Croft ne saurait exister sans un homme pour lui donner une raison d’être. La côte d’Adam, quoi3.

Supergirl (Jeannot Szwarc, 1984), portée au cinéma pour récupérer, avec un budget plus modeste, un peu du succès de la série Superman. Si Supergirl avait rencontré le public, on peut supposer que les producteurs auraient osé consacrer un long-métrage à Krypto, le chien extra-terrestre de Superman. Peut-être même qu’ils lui auraient donné plus de personnalité. Un vrai gâchis, car l’actrice Helen Slater avait le physique parfait pour le rôle, et on sent bien que c’est le scénario et non son implication dans le personnage qui est en cause.

Ce n’est pas le seul cas. Sur l’affiche de Red Sonja, par exemple, l’héroïne est montrée en bien plus petit qu’Arnold Schwartzenegger, qui n’est pourtant pas le personnage principal du film. Supergirl, à peine arrivée sur Terre, tombe amoureuse d’un bellâtre qu’elle devra sauver d’une sorcière bouffonne. Du film Elektra, je garde le souvenir d’une déchéance comparable : la tueuse à gages impitoyable devient une midinette geignarde. Dans la série Super Jaimie (1976), la femme bionique avait des ennemis au rabais et, nous expliquait-on de manière peu élégante, coûtait moins cher au gouvernement que son ami L’homme qui valait trois milliards. Le remake de 2008, Bionic Woman, aurait pu fonctionner, mais il est lui aussi assez navrant, principalement car il est très marqué par l’idéologie bushiste.

Jean Grey, des X-Men, finit par devenir Dark Phoenix, un personnage que l’on ne peut pas vraiment qualifier de positif (et qui a inspiré la Willow de la saison 6 de Buffy), que l’étendue de ses pouvoirs fait sortir du genre humain. Dans les comic-books scénarisés par Chris Claremont et dessinés par John Byrne à la fin des années 1970, le destin du Dark Phoenix constituait une tragédie marquante pour ses lecteurs, mais son utilisation dans «X-Men, l’affrontement final» manque beaucoup de relief.

Dans ses adaptations de récits super-héroïques, le cinéma se montre presque invariablement rétrograde, sinon réactionnaire, vis à vis du statut de la femme, et des histoires de couple en général. Dans Spider-man (2002) de Sam Raimi, par exemple, les amours de Peter Parker sont simplifiées au dernier stade : seule Mary Jane Watson compte pour lui alors que dans l’époque du comic-book qui est reprise au cinéma, le jeune homme papillonne et hésite entre Betty Brant, Gwen Stacy et Mary Jane Watson (qu’il épousera finalement), et cela fait même partie des péripéties importantes de la série. Il n’y a pas que dans les films de super-héros qu’on observe un rapport au couple particulièrement fleur-bleue : dans de nombreux films hollywoodiens, l’amour qui naît au premier échange de regards est aussi le seul qui vaille, et le scénario se résume souvent à savoir comment cet amour se concrétisera et à assister à la course d’obstacles plus ou moins laborieuse qui mène à ce but.
Les personnages féminins les plus puissants dans leur version comic-book sont souvent les plus maltraités, je suis assez frappé de la fadeur de Tornade, de Rogue ou de Strange-Girl/Phoenix dans les films de la série X-Men, par exemple, malgré les excellentes actrices qui les interprètent. Les super-méchantes sont peut-être mieux traitées : Catwoman dans le second Batman de Tim Burton, Mystique ou Emma Frost dans les X-Men. Semble-t-il impossible aux scénaristes de créer un personnage féminin à la fois positif et puissant ?

«Les femmes nues n’ont jamais fait de mal à personne», a écrit Louis Scutenaire. Au cinéma ou dans des séries télévisées, il n’est pas rare de voir des personnages de femmes qui se révèlent mortelles précisément dans leur nudité (dépouillées de tout artifice social ?), et qui prennent leur énergie vitale aux hommes (hum…) au cours d’étreintes enflammées. Ci-dessus, Mathilday May dans ‘Lifeforce’ et Natasha Henstridge dans ‘La mutante’.

Dans Babylon A.D., de Mathieu Kassovitz, le personnage d’Aurora, qui personnifie la pureté (bien qu’enceinte de jumeaux, elle est vierge, a vécu toute sa vie dans un couvent, et la mission du héros du film, Toorop, est de la transporter en lui cachant la corruption du monde), était censée se battre à la fin du récit, mais les financiers et les assureurs du film, qui voyaient la production de plus en plus mal engagée, ont eu des doutes au sujet de cette scène, comme le raconte Mélanie Thierry, l’actrice, dans le documentaire Fucking Kassovitz. Que le doute sur le film entier se traduise par l’idée que la jeune fille pure ne doit surtout pas se battre me semble révélateur.
Dans Les Quatre Fantastiques (2005), le traitement du personnage féminin, Susan Storm, est assez conforme à ce qu’elle était quarante ans plus tôt à sa création : une femme à la personnalité si fade que son super-pouvoir est l’invisibilité et la capacité à créer des champs de force4. Susan Storm se définit avant tout comme épouse du génial savant Red Richards, et comme objet de concupiscence de la part de l’ombrageux prince Namor. On ne peut pas accuser les auteurs du film d’avoir trahi le personnage historique, mais on peut leur reprocher de ne pas l’avoir mis à jour. On notera que, dans le comic-book d’origine, Sue Storm finit par devenir un personnage plus fort en devenant mère, résolue à protéger coûte que coûte son enfant contre les menaces cosmiques qui frappent régulièrement la famille Richards.

Susan Storm (Jessica Alba) dans «Les Quatre Fantastiques».

Le traitement très plat de Susan Storm dans les deux films récents est d’autant plus navrant que l’actrice qui l’interprète, Jessica Alba, avait donné toute sa mesure comme super-héroïne dans l’excellente série Dark Angel (2000). C’est d’ailleurs peut-être dans les séries que les super-héroïnes féminines fonctionnent le mieux. L’Emma Peel de la série Chapeau melon et bottes de cuir (un autre « Avengers »), reste une référence du domaine depuis presque cinquante ans. Malgré le jeu inutilement affecté de Jennifer Gardner, le personnage de Sydney Bristow, dans la série Alias, n’était pas sans intérêt. On doit évidemment parler de Buffy (par Joss Whedon, le réalisateur d’Avengers, donc), bien entendu, et des personnages féminins qui traversent la série (outre Buffy Summers : Drusila, Faith, Glory, Willow, Anja ou encore Tara), mais aussi de la série Firefly, du même auteur, avec les personnages de  Zoé, Inna, Kaylee, et surtout River Tam, qui possède des pouvoirs extra-ordinaires. Je ne peux pas parler de sa série Dollhouse, que je n’ai pas vue. Le personnage de Buffy Summers est particulièrement intéressant puisqu’il retourne un cliché : Buffy est une belle blonde fluette, pom-pom girl dont l’existence futile de « Prom Queen » est bouleversée le jour où on lui annonce qu’elle a été choisie par le destin pour combattre les vampires et les démons, responsabilité qu’elle est bien forcée d’accepter.

Quelques images extraites de Buffy contre les vampires : en haut à gauche, la timide Willow, devenue une sorcière dangereuse après le meurtre de sa compagne Tara. À côté, Buffy Summers. En bas à gauche, Faith, la Nemesis de Buffy, et à gauche, la terrifiante Glory, une divinité coincée sur Terre dans une enveloppe charnelle avenante.

En 2005, Joss Whedon s’est fait confier la réalisation d’un film consacré à la plus ancienne des super-héroïnes, ou presque5, Wonder Woman. En 1975, Wonder Woman avait eu droit à une série un peu niaise mais au fond attachante (elle l’est du moins pour moi, mais n’osant confronter mes souvenirs à la réalité, je n’ai pas revu la série Wonder Woman depuis cette époque).

Ce personnage est très important dans l’histoire de la bande dessinée : son auteur, William Moulton Marston était un psychologue réputé, inventeur d’un test de pression sanguine aujourd’hui encore utilisé pour les détecteurs de mensonge6, et un féministe militant qui a créé Wonder Woman dans un but très précis : offrir aux petites filles une héroïne en costume à laquelle s’identifier. Dans la série de comics à grand succès de l’époque, Superman, le principal personnage féminin, Loïs Lane, n’existait que pour être sauvée des situations les plus invraisemblables par le preux kryptonien Kal-el. Dans Wonder Woman, la « demoiselle en détresse » est un homme, Steve Trevor, régulièrement ligoté ou évanoui, un peu comme l’adolescent Robin dans Batman, tandis que la princesse amazone possède une force incroyable et est assimilable à une divinité. Le succès de Wonder Woman a été important puisque c’est un des rares personnages à avoir été publié de manière continue au cours des années 1950, alors que les autres super-héros, hors Batman et Superman, désertaient les kiosques et n’y sont revenus qu’au début des années 1960.

Quelques cases extraites de Wonder Woman. On voit notamment l’héroïne expliquer que le mariage force les femmes à se faire passer pour faibles. Au cours de la campagne anti-comics du milieu des années 1950, Wonder Woman a été une des principales cibles du psychiatre Fredric Wertham, qui voyait en elle une lesbienne fétichiste hostile aux hommes.

Les scénarios fournis par Joss Whedon pour le long-métrage Wonder Woman n’ont finalement jamais convaincu les producteurs et le projet de film a été abandonné. Difficile de dire ce qui a déplu dans ses propositions — on serait curieux de les connaître —, mais il se pourrait bien que ce soit son intérêt pour les personnages féminins forts et indépendants qui n’ait pas convenu aux attentes. À la même époque, je remarque un remake assez réactionnaire, celui des Femmes de Stepford, terrible fable féministe en 1975, devenu un pamphlet contre le travail des femmes en 2004, et une comédie, Ma Super Ex, où G-Girl (Uma Thurman), sorte de Wonder Woman, devient terriblement dangereuse pour son petit ami Matt (Luke Wilson), qui a eu le tort de vouloir la quitter.
Il faut enfin noter que les costumes des super-héroïnes semblent parfois bien peu pratiques pour les activités physiques qu’elles ont à mener, et si cela peut très bien passer sous forme de dessins, cela peut s’avérer ridicule une fois photographié : décolletés pigeonnants, bikinis qui ne permettent pas de sortir l’hiver, sans oublier l’encombrante poitrine de Lara Croft.

Samantha Caine (Geena Davis), est une mère modèle amnésique, qui, après avoir accidentellement tué un petit cerf, retrouve ses réflexes de tueuse impitoyable et qui doit s’en servir pour se défendre contre les ennemis de la femme qu’elle a été, Charly Baltimore. Le même principe a été réutilisé des années plus tard dans la série Jason Bourne. Geena Davis a aussi été une ‘tough girl’ dans ‘L’île aux pirates’ et ‘Thelma et Louise’. Le personnage de Samantha Caine fonctionne très bien, mais l’alternative proposée par le scénario est malgré tout un peu réactionnaire, puisque l’héroïne doit choisir entre une exaltante vie d’aventure, et une sage existence de mère et d’épouse sans ambition particulière qui se contentera de rêver à ce qu’elle a failli être. Le choix entre le fantasme ou le devoir, quoi.

J’espère avoir démontré par l’exemple que le problème des super-héroïnes au cinéma, est surtout que les films qu’on leur a dédiés étaient mauvais, mal écrits, et sans doute profondément phallocrates, ou en tout cas n’osant pas traiter les héroïnes comme des personnages puissants et indépendants. Je pense que c’est la seule raison du manque de succès de ces films, car le public n’a rien contre les « kick-ass girls », comme le prouvent les succès de personnages comme Ripley, dans Alien ; Sarah Connor, dans Terminator ; Charly dans Long Kiss Goodnight ; Yu Jiao Long et Shu Lien dans Tigres et Dragons ; Dizzy et Carmen dans Starship Troopers ; San dans Princesse Mononoke ; Kusanagi dans Ghost in the shell ; Jinx, Elektra King, May Day et bien d’autres « James Bond Girls » ; Starbuck dans Battlestar Gallactica ; Trinity dans Matrix ; Black Mamba, Elle Driver, Gogo Yubari et Vernita Green dans Kill Bill ; Pris dans Blade Runner ; etc.

Yu Jiao Long (Zhang Ziyi) et Shu Lien (Michelle Yeoh) dans le «Tigres et Dragons» d’Ang Lee (2000), s’affrontent pour des raisons qui leur sont extérieures et qui vont mener leurs (belles) histoires d’amour respectives vers la tragédie. Un exemple rare de film d’action sentimental réussi.
La Chine a une importante tradition de personnages féminins combattants, depuis l’histoire de Hua MuLan au Ve siècle. Souvent vengeresses d’un père ou d’un frère, prenant parfois l’habit masculin, ayant parfois des pouvoirs surnaturels (femmes volantes…), mais toujours dignes des valeurs confucéennes. La République puis la Révolution ont perpétué cette mise en exergue de la représentation de la puissance (voire de la violence, mais toujours légitime) féminine, cette fois au service de la cause révolutionnaire.

La dissonance entre les qualités que l’on associe traditionnellement aux femmes (fragilité, douceur, charme, passivité, gentillesse,…) et les qualités réputées viriles (puissance physique, agressivité, volonté, autorité, méchanceté,…) rend naturellement passionnant le principe de la super-héroïne — rien n’est plus fertile en fiction que les conflits entre plusieurs faces d’une même personne, ou la lutte menée par des individus qui confrontent leur personnalité aux attentes de la société.
Dans le même ordre d’idées, en me fiant aux exemples de Hit-Girl dans Kick Ass et de Alia dans Dune, je remarque aussi que la petite fille dangereuse, la petite fille meurtrière, peut être une figure particulièrement intéressante.

Alors si j’étais décideur dans un studio hollywoodien, je dirais qu’il faut absolument et évidemment donner son film à Black Widow, et tant qu’à faire, en confier le scénario ou même la réalisation à quelqu’un comme Joss Whedon, que les personnages féminins forts n’effraient pas.
Mais bon, je suis certain qu’aucune personne concernée ne lira cet article.

(Lire ailleurs : Marché et conservatisme au pays des super-héros par Denis Colombi. The Avengers – Hulk, Buffy et la parité des monstres par Marguerin)

  1. Aux Vengeurs, j’ai infiniment préféré les Quatre Fantastiques, période Kirby, les X-Men de Chris Claremont, les nouveaux mutants, notamment dessinés par Bill Sienkiewicz, ou des équipes plus exotiques comme les canadiens de la Division Alpha, les britanniques d’Excalibur, ou encore les tragiques Morlocks, qui se terrent dans les égouts de Manhattan []
  2. L’actrice qui interprète Red Sonja, Brigitte Nielsen, a participé à la préparation d’un film intitulé Miss Hulk au début des années 1990, mais ce film n’a finalement pas existé. []
  3. Rappelons que dans des récites alternatifs au récit de la Genèse qui se trouve dans l’actuel canon biblique, il est fait allusion à une autre première femme que la naïve Eve, une dénommée Lilith, véritable première femme, créée en même temps qu’Adam et dont elle est égale en droits et sans doute supérieure en intelligence, qui finit par être chassée du jardin d’Eden pour son refus d’avoir des enfants, parce que son goût pour la sexualité rend Adam soupçonneux et jaloux et parce qu’elle refuse de faire l’amour sous son compagnon. []
  4. Entre Sue Storm (1961), Strange Girl (1963), Mary Poppins (1964) et Ma sorcière bien-aimée (1964), je note une nette tendance aux personnages féminins dont les pouvoirs se manifestent de manière modeste : tout ce qu’elle font semble se faire (ou se fait effectivement) par magie et leur plus évident talent est de savoir disparaître ou se montrer discrète, comme on l’attendait des deux archétypes féminins positifs de l’époque : la mère au foyer et la secrétaire. Ce qui nous ramène à un film plus récent, La femme invisible (2009), d’Agathe Teyssier, avec Julie Depardieu, qui traite assez magistralement de la question de l’affirmation de soi chez les femmes. []
  5. Avant Wonder Woman, née en 1942, notons, en 1940 la très étrange Fantomah de Fletcher Hanks, suivie par l’Invisible Scarlet O’Neil, la diabolique Black Widow (par Timely, l’éditeur qui deviendra Marvel), Red Tornado, Phantom Lady, Miss Victory, Catwoman (dans Batman) ou encore Black Cat. []
  6. Certains y ont vu un rapport avec le lasso de Wonder Woman, qui force ceux qu’elle a capturé à dire la vérité. Il y a bien un rapport entre l’héroïne et le détecteur de mensonges, car William Moulton Marston a conclu de l’usage de son invention que les femmes étaient meilleures que les hommes, plus honnêtes et plus fiables dans le travail, et c’est ce qui l’a motivé à créer une héroïne. Il avait une vie privée assez particulière puisqu’il vivait dans un parfait accord avec son épouse et avec une ancienne étudiante devenue sa collaboratrice. Après sa mort en 1947, les deux femmes ont continué à vivre sous le même toit et à élever ensemble leurs quatre enfants — deux chacune. []
  1. 48 Responses to “Misère de la super-héroïne au cinéma”

  2. By Pier-Alexis Vial on Mai 16, 2012

    Pour compléter cette réflexion je ne saurais que trop conseiller la lecture de cet ouvrage : Le héros était une femme… aux éditions Antipodes!

  3. By Jean-no on Mai 16, 2012

    @Pier-Alexis : j’avais oublié ce livre, que je n’ai pas lu ni vu d’ailleurs, mais dont je connais un texte, dû à mon collègue et camarade Fabrice Bourlez, qui parlait du film Catwoman.

  4. By sf on Mai 16, 2012

    Je n’avais pas fait le rapprochement entre Dark Phœnix et Veiny Willow (peut-être parce que la scène finale – scène-du-crayon-jaune – , manquait cruellement de moyens)…

    En revanche je trouve Trinity plutôt fade dès qu’elle trouve son élu. Très vinyl en ouverture du premier film, elle finit en petit tricot informe dans le dernier opus. C’est dommage.

    Quant à Kara Thrace/Starbuck, la fin quasi-improvisée de la série l’a menée dans des impasses scénaristiques que lui ont ôté toute cohérence. Enfin, il me semble.

    Il faudrait voir aussi ce que devient Olivia Dunham de Fringe.

  5. By Jean-no on Mai 16, 2012

    En VO il y a carrément une référence explicite à Dark Phoenix, quelqu’un la compare à Willow. En fait, Willow est inspirée de Dark Phoenix, et le Dark Phoenix du X-Men 3 prend des éléments visuels Willow, notamment ses yeux noirs – dans le comic-book elle n’avait pas les yeux noirs mais totalement blancs.
    Trinity, tu as raison, elle est bien au tout début de Matrix et puis après, elle passe un peu au second plan.
    Starbuck, je ne connais pas son évolution, je n’ai toujours pas été au delà de la première saison (mais je viens d’acheter Caprica, dont je suis curieux). Je ne connais pas non plus Fringe.

  6. By Stanislas Gros on Mai 16, 2012

    Il me semble que derrière Lara Croft, il y a plusieurs adaptations de jeux vidéos avec des personnages de femmes guerrières, et qui ont un certain succès, mais je n’ai pas encore tenté d’en voir un (En revanche j’ai vu et adoré Charlie’s Angels, écrit par le scénariste de Men in Black).

    En tout cas, moi aussi je suis à fond avec Scarlett pour que Black Widow ait son propre film!

  7. By Jean-no on Mai 16, 2012

    @Stanislas : Tu penses à Resident Evil ? C’est malheureusement assez mauvais. Il y a aussi Ultraviolet, toujours avec Mila Jovovich, que je n’ai pas vu, Æon Flux, avec Charlize Theron, et des idées mais un truc sans intérêt à l’arrivée, Underworld dont je n’ai pas de souvenir…
    Charlie’s Angels, le 2 m’a complètement cassé le plaisir du 1. Je crois que c’est à cause des scènes d’action, à vrai dire, que j’ai trouvé très artificielles. J’avais bien aimé le 1, et j’aime la série.

  8. By Vainzou on Mai 16, 2012

    Un ami fan de comics prétend avoir trouvé une allusion a la sorcière rouge pendant The avengers, Les taches de sang au visage de l’agent Hill( Cobie Smulders) après l’affrontement dans le vaisseau du SHIELD aurait la forme du casque de la sorcière rouge…
    Coïncidence…?
    rien trouvé sur le net a ce sujet.

  9. By Wood on Mai 16, 2012

    Quelques liens et réflexions en vrac.
    Cet article de 2007 où le président de Warner Bros déclare : « plus jamais de femmes en personnage principal »

    Ce billet de Todd Alcott qui s’est fait expliquer par une cadre d’un grand studio que les garçons n’iraient pas voir un film dont le personnage principal est une fille, et que les filles n’iraient pas voir un film de science-fiction. Le succès de films tels qu’Alien, Terminator, Pirates des Caraïbes ou The Hunger Games prouve pourtant que c’est faux, mais les mentalités n’évoluent pas tellement.

    – Sur les super-héroïnes en général : C’est vrai qu’elles ne sont souvent pas gâtées au point de vue costumes, sans parler des poses qu’on leur fait prendre (y compris dans les cases de Gene Colan que tu cites, la célèbre pose où l’on voit les seins et les fesses en même temps – et encore là on ne voit qu’un sein)… J’ai repéré ces temps derniers quelques réaction plus ou moins amusées :
    1. Cette image
    2. « The Mile-High Club » par Kate Beaton, Meredith Gran et Carly Monardo.
    3.Aaron Diaz explique pourquoi les décolletés ne sont pas idéaux quand on lutte contre le crime.

  10. By Wood on Mai 16, 2012

    D’autres trucs en vrac :
    – Ca vaut la peine de citer la partenaire de Wonder Woman dans les premiers comics : Etta Candy, une femme qui se fiche bien d’être grosse et qui ne voit pas l’intérêt de se faire belle pour un homme.

    Et si les super-héros masculins posaient comme Wonder Woman ?

    – Même si Black Widow a son propre film, passera-t-il le Bechdel Test ?

  11. By nautilebleu on Mai 17, 2012

    Ahhh Excalibur d’Alan Davis, mon comic préféré !

  12. By Jean-no on Mai 17, 2012

    @nautilebleu : très britannique, quelque part, non pas pour le côté national mais pour la fantaisie des univers potentiels et des fins du monde quotidiennes, qui s’inscrit dans la tradition du Guide du routard galactique, de Dr Who, de Terry Pratchett,…

    @wood : merci de toutes ces super références

  13. By Florence on Mai 17, 2012

    Super Girl est le premier film devant lequel je me suis endormie. Depuis, je m’endors pendant tous les films !

  14. By Jean-no on Mai 17, 2012

    C’est marrant de se souvenir du premier film devant lequel on s’est endormi. Ce n’est pas le dernier, en tout cas, comme tu dis.

  15. By Stéphane Deschamps on Mai 17, 2012

    Au passage, je n’irai pas jusqu’à parler d’exception culturelle française, mais le Adèle Blanc-Sec de Besson fait quand même la part belle à l’héroïne, qui fait la nique aux hommes pendant tout le film.

  16. By Stéphane Deschamps on Mai 17, 2012

    PS : on peut voir les couvertures magnifiques que tu as montrées en plus grand quelque part ?
    (je dirais que tout ça sent le Kirby et le Steranko à plein nez) :)

  17. By Jean-no on Mai 17, 2012

    @Stéphane : ça eût pu être pas mal, ce « Adèle Blanc-Sec » mais ça merde vraiment sur la fin. Dommage, parce que sinon, ben oui.
    Pour trouver des couvertures comme moi, tu vas sur Google image et tu tapes : « Avengers 1963 ebay », puis « Avengers 1964 ebay », etc., ça marche super bien. Le secret c’est « ebay », car c’est là qu’on tombe sur des images de format parfois correct.

  18. By EmmanuelG on Mai 17, 2012

    Un chouette billet comme souvent :)

    Parmi tout ça merci de m’avoir fait découvrir le personnage de Lilith. Comme quoi ça remonte au moins aussi loin, et quand on voit l’influence que peut avoir la religion…

  19. By Sous la poussière on Mai 17, 2012

    The Avengers est le premier des films Marvel m’ayant donné envie de ressortir mes Strange, Nova, RCM du grenier familial (je n’ai pas vu les Spiderman, et les X-Men m’ont déçu). Donc +1puissance10 pour un « Black Widow » par Joss Whedon.
    En matière de super-héroïne rabaissée au cinéma, il y a l’exemple du personnage de Charlize Theron dans Hancock, qui réfrène ses pouvoirs pour ne pas sortir de son rôle de bonne mère de famille.

  20. By audrey gourd on Mai 18, 2012

    Au moins dans la série Misfits, les héros et héroïnes ont tous la même tenue unisexe pour leur travaux d’intérêt général.

  21. By Naryende on Mai 19, 2012

    Sur ce tumblr http://eschergirls.tumblr.com/
    sont récoltées les positions rocambolesques des héroïnes dans les comics.

    Sur http://www.feministfrequency.com
    de nombreuse vidéos sur la place des femmes dans les cultures populaires. Dont plusieurs sur les femmes au cinéma.
    A voir notamment la vidéo sur la manic pixie dream girl, ou celle sur le evil seductress.
    Beaucoup de références à Buffy sur le site. Je me faisais la remarque récemment que je suis tout même bien heureuse d’avoir grandi avec elle plutôt qu’avec Bella Swan…

    Pour la remarque sur les seins de Lara Croft, je m’insurge, avoir de la poitrine ne gêne pas pour être active, je le jure sur mon honneur de pratiquante d’escrime japonaise ! (kendo) :p

  22. By Jean-no on Mai 19, 2012

    @Naryende : j’ai lu quelque part qu’Angelina Jolie avait trouvé sa poitrine handicapante sur le tournage, mais il s’agissait évidemment d’une fausse, ce qui n’est pas pareil.

  23. By Wood on Mai 19, 2012

    Tout est une question de vêtements et surtout de sous-vêtements. Il y a des soutien-gorges prévus spécialement pour faire du sport. Par contre, vu les décolletés que portent certaines super-héroïnes à la poitrine imposante, dans la vraie vie elles risqueraient fort de se choper un oeil au beurre noir en se prenant un sein dans la figure, je vous laisse imaginer la scène…

    (en fait il y avait une BD qui illustrait cette scène, mais je n’arrive plus à remettre la main dessus)

  24. By Wood on Mai 20, 2012

    Et ben c’est pas gagné, pour le film Black Widow, à en croire Joe Quesada de chez Marvel

  25. By antoine bablin on Mai 21, 2012

    Incroyable ! tu as zappé la plus dingue !
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Tank_Girl_(film)

    Incroyable ! tu as zappé la plus sexy !
    http://en.wikipedia.org/wiki/Barb_Wire_(film)

  26. By Jean-no on Mai 21, 2012

    @Antoine : ce sont deux héroïnes de comics, mais je ne parlerais pas de super-héroïnes. J’ai les deux DVDs figure-toi :-)
    Pas des films géniaux, hein. Surtout Tank Girl qui est vraiment en dessous de la bande dessinée.

  27. By Olivier on Mai 22, 2012

    Je me dois de réagir. Vous dites que les films de super héroïnes sont plutôt mauvais en soit et que c’est la raison, plus que le sexe du personnage principal, de leur échec.

    Il faut bien voir que d’un point de vue purement objectifs, la plupart des films de super héros ou de héros ne valent pas mieux. Beaucoup de films n’ont pour seul but que de montrer un héros, peu importe le sujet. En ce sens les films de super héroïnes ne sortent pas du lot. Ni foncièrement plus mauvais, ni foncièrement meilleurs (tous les films de super héros ne sont pas mauvais, mais quand même, beaucoup n’ont qu’un scénario plat ne servant qu’à montrer un tas de testostérone).

    Simplement, pour l’instant, le public visé est le mâle qui veut s’identifier au héros principal.
    De fait, il est plus simple pour un homme de s’identifier à un héros plein de testostérone qu’à une femme, fut-elle un superbe personnage (sans parler de la plastique). C’est un peu comme les James Bond, un phantasme masculin.

    Pour des raisons diverses et variées, probablement en grande partie historiques, les femmes semblent moins se passionner pour ce genre de film (si c’est historique, c’est probablement amené à changer dans les années à venir).

    En revanche, je me demande s’il n’y a pas d’autres types de films où ce sont les femmes qui tiennent le premier rôle car c’est le public visé. Probablement du côté des comédies romantiques… ou des fresques à la Sissi, mais j’admets peu connaître ce genre de films.

  28. By Jean-no on Mai 22, 2012

    @Olivier : cette histoire d’identification est une tarte-à-la-crème, on ne cherche pas à s’identifier, dans ce genre de fictions. Si on devait s’identifier, on ne regarderait que des films dont les protagonistes correspondent à son milieu social, géographique,… Non, on se projette dans un personnage, ou même pas dans le personnage mais dans ses actions, on se projette dans la puissance, dans la force, dans le talent, dans le défoulement, dans la vengeance,… Ce sont des choses que tout le monde peut comprendre, et une femme frêle qui se bat contre une grosse brute, c’est David contre Goliath, tout le monde aime ça. Il existe en revanche toute une idéologie implicite (peut-être inconsciente) qui consiste à faire croire que ces choses sont sexuées, genrées, qui veut le faire croire, dans un but de domination (domination des hommes autant que des femmes, en fait).
    Et les films de super héros ne visent pas les hommes uniquement, beaucoup de femmes aiment ce genre de films lorsqu’ils sont bons. Ma fille de 14 ans est une grande fan de Terminator et je connais de nombreux garçons qui adorent les films de Miyazaki, dont les héros sont des femmes à 95%.
    Non, vraiment, les choses ne se passent pas du tout comme ça.
    Et si Daredevil était un film médiocre, son spin-off Elektra était lamentable. Si Superman n’était pas une série de films géniale, Supergirl était affligeant…
    Quand aux vêtements, ils peuvent être ridicules, mais je note leur succès dans le monde du cosplay…

  29. By Olivier on Mai 22, 2012

    (c’est d’ailleurs probablement la différence de public ciblé qui fait que la protection des costumes féminins est inversement proportionnelle à la quantité de peau recouverte)

  30. By sylasp on Mai 22, 2012

    @Olivier : vous accordez peu de crédit aux femmes ! Si certains continuent en effet à véhiculer les clichés, la plupart du temps pour leur profit (ex. la pub, les émissions tv avec la potiche de service etc.), les « femmes » sont parfaitement disposées à apprécier, aimer, adorer les films de genre, et quel que soit le genre (gore, superhéros, action etc.).
    En tant que femme donc, je me permets de me poser en porte parole : oui, j’aime les histoires de super héros (mâle ou femelle, ou alien), elles me font rêver, vibrer, pleurer (sûrement parce que je suis une nana…).
    Nous ne sommes pas toutes accros aux rom-com, ni à Sissi ;-) (cependant j’avoue avoir un faible pour les films avec Hugh Grant, c’est bon là ?!)
    Et je suis loin d’être un « garçon manqué », je me maquille, je mets des talons vertigineux, des robes, bref je suis une femme normale.

    PS : et si le but de ces films est l’identification, je n’ai aucun problème à m’identifier à un personnage mâle étant donné qu’il est toujours question de sentiments humains (revanche, jalousie, amour, haine, solitude etc.)

  31. By Prose on Mai 22, 2012

    @sylasp Attention à ton choix de vocabulaire. L’expression « femme normale » me met en rage à chaque fois, surtout quand elle est employé en opposition à « femme masculine », « garçon manqué » ou autre.
    D’autant que je ne vois absolument pas pourquoi tu t’es sentie obligée de le préciser dans ce contexte. J’ai l’impression que pour certain(e)s, lorsqu’on est une femme souhaitant avoir le droit d’aimer des choses dites « masculines », il faudrait « compenser » avec des trucs plus féminins ? C’est absurde, sexiste, voire homophobe dans certains argumentaires.

    @Olivier Quand on voit le nombre de films qui se passent de personnages féminins importants, il est clair qu’une spectatrice devra chercher à se projeter/s’indentifier à des personnages masculins. Il serait bon et équitable que l’inverse existe aussi.
    Enfin je préfère de trèèès loin un film d’action à une comédie romantique, et la plupart des filles que je fréquente sont dans ce cas…

  32. By sylasp on Mai 22, 2012

    @Prose j’ai utilisé ce vocabulaire justement pour mettre en avant les clichés, cependant je comprends que cela puisse paraitre maladroit

  33. By Olivier on Mai 23, 2012

    Jean No
    On s’est mal compris. Quand je parle d’identification, c’est ce que vous appelez projection.
    Maintenant oui, on peut se projeter dans des personnes plus éloignées, en utilisant des tas de choses. Mais il y a des différences qu’il est de mauvaise foi de nier. Il y a des messages sexuels. Un homme avec une ou des femmes qui tombent autour de lui. Au niveau inconscient, il y a un message clairement fanstamique. Notons qu’il s’agit surtout des films, non des super héros en général.
    C’est d’ailleurs le même principe que la plupart des signaux sexuels publicitaires.
    Le dernier exemple en date est justement l’affiche de The avengers, on a eu le droit à des héros en poses de combats… et une héroïne qui montre ses fesses.

    Bien sûr que ça n’empêche pas d’aimer ça quand on est une femme. C’est déformer mes propos. D’ailleurs ça serait ridicule de faire un film « tout public » réservé aux mâles hétéro. Le côté action est plaisant, heureusement.

    Sylasp
    lisez-moi mieux, je parle de raisons historiques. Pour des raisons d’éducation, plus on avance en âge, plus la différence de goût sur les héros joue. Il n’y a pas de différence notables avec les gens de mon âge. En revanche, j’ai toujours eu plus de facilité de discuter de ce genre de films avec les collègues/membres de la faille hommes parmi les plus âgés que les femmes.

  34. By Jean-no on Mai 23, 2012

    @Olivier : vous me dites l’idée que vous vous faites des choses, qui colle à l’idée que se font les studios, mais ça ne correspond pas nécessairement à la réalité. En revanche c’est une opinion auto-réalisatrice : si vous avez un a-priori si établi sur la capacité des femmes à apprécier ceci ou cela, vous ne risquez pas de vous retrouver dans une discussion sur le sujet avec une femme. Reste mes exemples : Buffy, ou les héroïnes de Tigres et Dragons, sont des filles, et ça marche, et les gens qui apprécient le font sans s’inquiéter de savoir si les héros/héroïnes sont ou non du même sexe qu’eux/elles.
    Par ailleurs je ne vois pas où tu vois des affiches de Avengers sur lesquelles Black Widow montre ses fesses. C’est un travers courant en comics, poses ridicules, avec les fesses et les seins quasi de face (bonjour les problèmes de colonne vertébrale pour y arriver), mais pas spécialement ici.

  35. By Wood on Mai 27, 2012

    @Jean-no : je pense qu’olivier faisait allusion à cette illustration que j’ai citée dans mon premier commentaire. Je ne suis pas sûr s’il s’agit d’une promo pour le film ou pour le comic (quan un film sort, les personnage du comic tendent à ressembler aux acteurs du film, et à modifier leurs costumes)

  36. By Jean-no on Mai 27, 2012

    @Wood : Effectivement. Ça ressemble à l’affiche du film mais ça ne l’est pas, je penche pour une illustration de promo liée aux comic-books.

  37. By Wood on Mai 27, 2012

    Un peu hors-sujet, mais ça parle de comics et de super-héros : cet article du Wall Street Journal, qui s’interroge sur le fait que les films de super-héros sont aujourd’hui grand public tandis que les comics dont ils sont inspirés, bien que « mainstream » sont réservés à un public « spécialisé ».

  38. By Satyneh on Juin 1, 2012

    Haaaaaaaaaaaaaaaa !!! Quel plaisir de retourner par ici (j’y cherchais un truc que j’ai pas trouvé mais c’est pas grave j’en profite pour déguster ce super billet) !!
    Il y a beaucoup de choses à dire mais je vais être brève : Tigre et Dragon est un film que je revisionne régulièrement justement pour ces deux superbes portraits de femmes -il y en a 3, 3 générations- et la romance (et pour la beauté de l’acteur masculin je l’avoue aussi oups).

    Je me suis marrée en lisant que Wonderwoman offrait un modèle d’identification aux filles, je me suis rappelée quand j’étais pré-ado et qu’entre copines on l’adorait et dansait sur le générique.
    Et du coup, je me suis souvenue aussi d’une autre super héroïne de série TV… la première qui me faisait rêver. Allez, vous pouvez vous moquer, il s’agissait d’une rousse à couettes horizontales qui pouvait porter un cheval à bout de bras sans sourciller, mais oui, Fifi Brindacier. :)

    Merci Jean-No pour cet article, zou, il est passé dans mes favoris. En fait j’attribue pour ma part ce « mono-héroïsme » au modèle patriarcal et centré qui sévit dans les civilisations dominantes depuis quelques milliers d’années. Mais bon, c’est un point de vue.

  39. By triton on Juin 6, 2012

    http://twitpic.com/9i8dcn

    un bon détournement de l’affiche qui ironise sur le rôle de l’héroîne

  40. By Jean-no on Juin 6, 2012

    @Triton : drôle, mais ça n’est pas l’affiche du film, plutôt, je pense, une illustration inspirée du film et utilisée dans les comic-books. L’affiche du film ne fait pas se battre Black Widow de profil :-)

  41. By Jyrille on Août 6, 2012

    Superbe billet ! Je suis en tout points d’accord et milite également pour un Black Widow avec Scarlett.

    Je suis pressé de lire ton analyse de The Dark Knight Rises, maintenant. Y compris en parlant des femmes présentes dans le film…

  42. By Jean-no on Août 6, 2012

    @Jyrille : je suis très curieux de ce Dark Knight Rises. Il y a eu de beaux articles dessus, déjà.

  43. By Jyrille on Août 6, 2012

    Serais-tu ironique avec ce « beaux » …? De toute façon, il faut que tu le voies.

  44. By Jean-no on Août 6, 2012

    @Jyrille : non non, pas ironique, j’ai lu plusieurs articles qui semblent faire un peu le point sur les questions idéologiques de ce Batman. Par exemple celui de Frodon sur Slate, et puis un autre super mais dont j’ai oublié l’auteur et le support – Télérama peut-être.

  45. By Jyrille on Août 6, 2012

    Ah oui d’accord, c’est vrai que j’ai lu de très beaux articles en ce sens (celui de Télérama et celui du Monde se complètent bien), en tout cas, ce film me fascine depuis que je l’ai vu. Il est raté, mais il y a des choses à sauver. Mais – pour moi – ni du côté de l’idéologie ni de celui du scénario ou de la cohérence. Plutôt visuellement, et pour un ou deux personnages.

  46. By Lien Rag on Août 29, 2019

    « Féministe » l’auteur de Wonder Woman?
    Je trouve marrante son idée de promouvoir le BDSM par la BD comme on peut apprécier un bon nanar, mais à l’époque où de vrais mouvements féministes existaient et se battaient, c’est un peu fort de café que de les confondre…

  47. By Jean-no on Oct 3, 2019

    @Lien Rag : il croyait à l’empowerment féminin, en tout cas.

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