When Worlds Collide

When Worlds Collide (Le choc des mondes) est un film américain sorti en 1951, qui est l’adaptation du roman du même nom qu’avaient publié Philip Wylie et Edwin Balmer en 1932 dans The Blue Book Magazine. C’est un des premiers classiques du récit de catastrophe planétaire et ses effets spéciaux ont énormément impressionné le public de l’époque.

Le film s’ouvre sur un plan montrant la couverture de la Bible, et sur une citation tirée de l’épisode du Déluge : « Alors Dieu dit à Noé: La fin de toute chair est arrêtée par devers moi; car ils ont rempli la terre de violence; voici, je vais les détruire avec la terre ».
Le récit commence en Afrique du Sud, dans l’observatoire de Mount Kenna (qui n’existe pas), où des scientifiques confient une mysérieuse valise noire à David Randall, un pilote d’avion. L’objet contient les preuves qu’une catastrophe fatale va s’abattre sur la terre.

Une planète, que l’on baptise Zyra, et son soleil, nommé Bellus, foncent à vive allure vers notre système solaire. On sait quand Zyra passera à proximité de la terre, causant un désastre épouvantable, et on sait aussi que, dix-neuf jours plus tard, Bellus entrera en collision avec la terre, et que celle-ci ne s’en remettra pas et tous ses habitants sont certains de périr. Dans le roman, ce sont deux planètes qui approchent de la terre, Bronson Alpha et Bronson Beta. Le roman fait d’ailleurs partie du cycle dit « Bronson Beta » car il est suivi d’un autre, After Worlds Collide (1934), qui évoque la vie des survivants.

Les scientifiques décident de tout révéler à la presse et au monde. Une grande réunion internationale est organisée, mais la plupart des gens prennent l’affaire comme une plaisanterie. Une partie des journaux surenchérissent tandis que les autres parlent d’un canular. Sydney Stanton, un milliardaire antipathique, ne rit pas du tout et donne sa fortune pour que l’on construise une fusée capable d’emmener quelques humains (et surtout lui) sur la planète Zyra où l’on pense (mais ce n’est pas certain), que la vie est possible.
Stanton pense tout de suite à s’équiper d’armes à feu : il considère que l’homme est par nature égoïste et que certains chercheront à embarquer sans avoir été choisis.

Pendant la préparation de la fusée, Joyce Hendron (la fille du scientifique qui organise tout) délaisse son fiancé le médecin Tony pour le viril pilote David. C’est clairement l’imminence de la fin du monde qui lui fait choisir les sentiments (voire les sens) contre les épousailles de raison auxquelles elle se destinait depuis longtemps : Carpe diem. Dans une scène, on voit Joyce et David allumer leurs cigarettes avec un billet enflammé.
Ce récit secondaire est, d’une certaine manière, l’élément le plus subversif du scénario, mais sa logique n’est pas poussée très loin car le choix de Joyce est assumé sans douleur, avec la bénédiction de Tony autant que celle de Cole Hendron, le père de Joyce.
Le film contient une autre histoire d’amour : deux jeunes gens éperdument attachés, séparés par le tirage au sort, qui décident de rester tous deux sur terre : mourir ensemble plutôt que de se quitter.

En effet, si six cent personnes travaillent à la construction de la fusée, seules quarante (chiffre biblique s’il en est) auront le droit d’embarquer et pour qu’il n’y ait pas de jaloux, les survivants sont tirés au sort. Les organisateurs se sont décrétés élus d’office : Cole Hendron, sa fille, Stanton et quelques autres. Mis sur la liste des VIP lui aussi, le pilote David a des scrupules puisqu’il n’est ni savant, ni mécanicien, ni agriculteur. On le rassure facilement en lui faisant valoir qu’il faut un co-pilote au vaisseau. En fait, il ne doit sa place qu’à l’attraction qu’il exerce sur Joyce (et sur les femmes en général, ainsi qu’on le comprend au tout début du film). On notera que de leur côté, les femmes ne sont pas non plus embarquées pour leurs utilité professionnelle, mais exclusivement car elles sont des femmes jeunes et jolies.

Lorsque Zyra frôle la terre, les océans se déchaînent, des séismes et des éruptions ont lieu, New York est noyée,… David et Éric prennent le temps d’aller jeter des médicaments aux blessés ou de secourir un enfant. « Jamais l’humanité ne s’est sentie si proche de Dieu », nous dit le commentaire.
On achève de remplir l’arche d’animaux utiles à l’homme, et des jeunes femmes photographient méticuleusement sur microfilms tous le patrimoine littéraire que l’on juge important d’emmener : La Bible, un manuel d’anatomie humaine, un manuel d’agronomie, les œuvres de Shakespeare.
Le grand jour arrive. Ceux qui ne font pas partie des quarante élus tentent de se rebeller (avec les armes de Stanton, qui les leur avait laissées), en pure perte. À la dernière minute, Cole Hendron décide de ne pas partir, car le vaisseau manque de carburant, et conserve avec lui Sydney Stanton qui, miracle, retrouve l’usage de ses jambes et quitte son fauteuil roulant, mais trop tard.

Une fois le vaisseau posé sur Zyra, les quarante rescapés découvrent une planète fertile où l’air est respirable. Le film se termine sur la phrase : « et le premier jour du nouveau monde commença ». Un monde où les femmes sont uniquement des reproductrices, et qui n’est peuplé que d’américains bigots et blancs.

Avec When Worlds Collide, produit par George Pal (décidément inspiré par le thème de la fin du monde, puisqu’on lui doit aussi War of the Worlds, The Time Machine et Atlantis, the Lost Continent), nous avons donc un film emprunt des angoisses de l’immédiat après-guerre, mais incroyablement phallo et ethno-centré, bien moins intéressant que des films de la même année tels que The day the earth stood still, 5ive ou The Thing from another world, et qui fait facilement passer ses presque-remakes 2012 et Deep Impact pour des chefs d’œuvre de subtilité.

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