Bien que n’ayant pas été prix de Rome, Hubert Robert (1733-1808) a effectué un long séjour en Italie, où son père était ambassadeur de France. Ayant visité les fouilles de Pompéi, il s’est passionné pour la qualité esthétique des ruines.
L’artiste aimait notamment télescoper les époques : on voit des lavandières ou des paysans installés parmi des bâtiments témoignant de la grandeur passée de Rome. La ruine est à la fois le témoin du passé et la preuve anachronique de la vanité de la puissance.
Le tableau suivant est particulièrement intéressant. Il s’agit d’une vue imaginaire de la grande galerie du Palais du Louvre, qui était alors en cours d’aménagement, tel qu’il pourrait devenir après des siècles d’abandon. Ce cappricio (paysage de fantaisie) relève, avant la lettre, de la science-fiction :
Le travail d’Hubert Robert sur la qualité poétique des ruines a notamment marqué Denis Diderot (cf. le Salon de 1767, où Diderot reproche tout de même à Hubert Robert de mettre bien trop de personnages dans ses ruines, qu’il aimerait exclusivement dédiées « à la solitude et au silence ») et participé à la mode de la « ruine romantique » qui a tant inspiré des poètes tels que Stendhal, Hugo, Chateaubriand ou Lamartine un demi-siècle plus tard. Marcel Proust, lui aussi, appréciait beaucoup les ruines d’Hubert Robert.
Peut-être a-t-il aussi inspiré les premiers récits de science-fiction tels que Le dernier homme (1805), par Jean-Baptiste Cousin de Grainville.