Valentine Godé-Darel était la maîtresse du peintre suisse Ferdinand Hodler (1853-1918), âgé de vingt ans de plus qu’elle. Quelque mois après la naissance de leur petite fille1, Valentine apprend qu’elle souffre d’un cancer des ovaires.
Entre janvier 1914 et janvier 1915, l’artiste dessine et peint jour après jour la maladie puis l’agonie de la femme qu’il aime, avec une précision clinique doublée d’une véritable tendresse.
Hodler sera profondément affecté par la disparition de Valentine et mourra trois ans plus tard. Selon une légende véhiculée par lui-même, mais contestée par les historiens de l’art2, c’est juste après cet épisode que Ferdinand Hodler changera sa manière de construire les paysages, en peignant de manière de plus en plus abstraite le lac Léman tel qu’il le voyait depuis la fenêtre de la pièce où Valentine est morte.
On peut rapprocher cette série de Intra-Venus, l’ultime œuvre de l’artiste Hannah Wilke (1940-1993), qui avait fait de son propre corps la matière première de son œuvre (elle était, selon tous les critères, une très belle femme) et qui en a enregistré la déchéance, avec l’aide de son époux Daniel Goddard, alors qu’elle était en train de mourir d’un lymphome.
voir aussi : Camille sur son lit de mort, par Claude Monet
- Pauline ou Paulette Hodler, née le 13/11/1913 et décédée le 30/11/1999, a été aquarelliste et caricaturiste. [↩]
- Lire l’article Mon amante se meurt, mon amante est morte, sur le blog Amateur d’art/lunettes rouges. [↩]
Andres Serrano – The Morgue