En breton, mell signifie boule, et mel, avec un seul « l », maillet.
Le mell benniguet, qui signifie donc boule bénie est souvent traduit par maillet béni, ce qui n’est pas absurde puisque l’objet semble aussi avoir existé sous la forme d’un marteau (en Angleterre, on connaît un objet similaire, le holy mawle, donc le maillet béni) mais qui a été l’occasion d’un contresens à l’époque romantique — période qui s’est délectée des récits horrifiques de coutumes éloignées dans le temps ou l’espace (païennes, préhistoriques, médiévales, orientales,…), avérées, exagérées ou complètement inventées.
En effet, en s’appuyant sur des descriptions fournies par les Romains — eux aussi toujours prompts à s’offusquer de la sauvagerie des peuples qu’ils envahissaient —, on a longtemps cru que cet objet servait à fracasser le crâne des agonisants afin d’abréger leurs souffrances ou de se débarrasser des vieillards encombrants. On a même parlé de massue sacrée (Cayot-Delandre, 1847).
Cet objet lourd de deux, trois, voire kilos, en granite ou en dolérite (on parle parfois aussi de men benniguet, c’est à dire pierre bénie), utilisé depuis l’époque celtique, très rare et désormais conservé par des particuliers ou des églises du Morbihan, était semble-t-il emprunté à ses propriétaires pour être posé sur le front des agonisants, ou leur était donné à baiser. Il ne s’agissait donc sans doute pas de les tuer mais sans doute juste favoriser leur passage depuis le monde des vivants vers l’au-delà. De tels rituels semblent avoir existé avec d’autres objets eux aussi en pierre, comme des haches, dès le Néolithique et jusqu’au XIXe siècle.