Une bombe atomique américaine explose dans un désert sibérien, ne faisant aucun mort. Les États-Unis nient leur implication (à se demander comment ils savent que la bombe est américaine) mais ça ne suffit pas aux soviétiques qui lancent la troisième guerre mondiale. Le gouvernement américain en profite pour décréter l’état d’urgence et pour suspendre l’application de tous les droits constitutionnels : déplacement, manifestation, etc.
Jack Tillman, un « survivaliste »1, était prêt à tout cela. Sa maison contient un arsenal impressionnant. Son obsession est de réunir et de protéger sa famille mais ça ne fonctionne pas très bien, car lorsqu’il laisse son épouse et sa fille seules pour aller chercher quelque chose à la banque, celles-ci se font assassiner (et sans doute pire) par trois rôdeurs. Tillman ne sombre pas pour autant dans le désespoir et passe à la suite de son plan : sauver son fils, qui a quitté son camp de vacances pour aller se réfugier dans une grotte du désert, ainsi que son père lui avait appris à le faire.
Armé jusqu’aux dents, équipé de couteaux dans ses bottes et de shurikens dans les poches, Tillman quitte sa maison avec un couple d’amis, un médecin et une infirmière qui se moquaient un peu de sa paranoïa mais qui doivent bien admettre, ironie du sort, qu’ils peuvent difficilement survivre autrement que sous sa protection. Tout de même un peu jaloux de voir que sa femme n’obéit qu’aux ordres de Tillman, le médecin finit par décider de tenter sa chance de son côté. Trop confiant dans l’espèce humaine, il se fera égorger par un couple d’auto stoppeurs, au moment même où son épouse succombe aux charmes de Tillman, veuf depuis quelques heures mais apparemment déjà en manque de tendresse.
À Spring Wells, au Texas, où il vit, Tillman a un ennemi de toujours, un membre de la garde nationale avec qui il a un contentieux depuis la guerre du Viêt-nam. Cette vieille inimitié dont on ne nous dit rien est apparemment une raison suffisante pour que tous les militaires de la région soient aux trousses du survivaliste, dans le but de le tuer.
Mais le bonhomme est un dur à cuire et zigouille ses ennemis un par un. Il s’enfuit finalement dans l’hélicoptère de l’armée avec son fils, retrouvé, et sa nouvelle compagne. Fin du film.
The Survivalist (Opération survie, en France) date de 1987. Mal réalisé, mal scénarisé, mal interprété, ce film propose une vision très angoissante de la société où la moindre tension peut faire basculer en quelques heures un pays civilisé dans un état de chaos total où l’on ne peut plus avoir confiance en personne, ou presque2.
Ce film relève de la propagande médiocre pour la National Rifle Association, mais il induit à l’insu de ses auteurs une question grave : Et si les gens les plus aptes à la survie, les mieux préparés, étaient précisément ceux avec qui nous avons le moins envie de vivre ?
- Voir ce mot sur la page « définitions« . [↩]
- Comme dans Ravage, de Barjavel, les seules personnes valables et dignes de confiance sont des paysans aux pieds sur terre qui vivent plus ou moins hors de la société. [↩]
La fin est amusante pour illustrer le problème de la persistance de la technologie : l’hélicoptère est une machine fragile, gourmande en carburant et très tributaire de pièces détachées. Si le cavalier peut entretenir son cheval tout seul, si certains motards ou automobilistes pourraient maintenir leur machine en ordre de marche au moins un certain temps (à condition d’avoir le carburant), le déploiement d’un hélicoptère exige des dizaines de techniciens, des grues, des camions-citernes, des ateliers…
On imagine bien qu’hors écran, l’hélicoptère du héros va se poser en catastrophe cinq minutes après la fin du générique et qu’ils continueront à pied. Mais il y a une certaine ironie à ce que la dernière image soit celle d’une machine qui incarne autant les limites du modèle individualiste et rustique qui semble sous-tendre le film.
PS: pour ce qui est de l’origine de la bombe, il semble qu’on puisse déterminer la provenance des matières fissiles en analysant finement le rapport des isotopes.
http://www.homelandsecuritynewswire.com
@Rama : oui ça ne m’étonne pas qu’on puisse dire la provenance de la bombe, mais dans le film ça ne colle pas pour une simple question de temps : la bombe vient à peine d’exploser que le porte-parole de la maison blanche dit 1) une de _nos_ bombes a explosé et 2) nous nions toute implication. C’est un film complètement débile en fait 🙂