Sunshine
mai 3rd, 2009 Posted in Interactivité au cinéma, Ordinateur au cinémaAvant Slumdog Millionnaire (2008) et après 28 days Later (2002) et Millions (2004), le réalisateur Danny Boyle a réalisé le film de science-fiction Sunshine (2007). Je ne pense pas en avoir entendu parler à sa sortie et je ne dois pas être le seul car il semble que les foules ne se sont pas déplacées en masse pour le voir.
L’action se déroule en 2057. La terre est en train de geler car le soleil s’éteint et il n’y a sans doute rien à y faire. Sept ans plus tôt, un équipage a été envoyé vers notre étoile. Son vaisseau, Icarus, poussait devant lui une bombe atomique apte à provoquer un mini-big bang, à supprimer la cause de la mort rapide du soleil et à relancer son activité. Quand il est devenu évident que la mission avait échoué, un second vaisseau, l’Icarus II, a été envoyé dans le même but que son prédécesseur. La charge atomique qu’il mène vers le soleil est, nous dit-on, de la taille de l’ïle de Manhattan.
Le film commence lorsque Icarus II s’est trop approché du soleil pour pouvoir communiquer avec la terre. Les huit membres de l’équipage, dont chacun est sans doute le meilleur au monde dans sa spécialité, connaissent leurs faibles chances de revoir leur planète natale et sont focalisés par une seule tâche : achever leur mission. Ils sont cependant distraits, alors qu’ils passent à proximité de la planète Mercure, par l’interception d’un message de détresse qui émane d’Icarus I.
Dans leur situation, il serait irrationnel de compromettre les dernières chances de survie de l’humanité en modifiant le plan de vol pour secourir d’éventuels rescapés d’Icarus I, mais les passagers d’Icarus II ont une motivation forte de le faire malgré tout : un second vaisseau leur permettra de disposer de deux charges nucléaires au lieu d’une seule ainsi que d’augmenter leurs réserves d’oxygène, ce qui constitue peut-être leur unique espoir de succès. La décision est donc finalement prise d’aller à la rencontre d’Icarus I.
À la suite d’une infime erreur de calcul du navigateur Trey, la trajectoire du vaisseau est faussée et son bouclier contre la lumière du soleil est mal orienté. La catastophe n’est pas loin et il faut que Kaneda, le commandant, et Capa, le physicien, effectuent une sortie dans l’espace. Cela se passe très mal, et Kaneda doit se sacrifier au profit de Capa, car ce dernier sera le seul membre de l’équipage à savoir manipuler la bombe en cas de défaillance des instruments de bord. Mais il y a plus grave. L’absence temporaire de protection contre le feu solaire aboutit à un incendie dramatique à l’intérieur de la ferme d’Icarus II. Cette serre constituait l’unique source de renouvellement d’oxygène et de nourriture du vaisseau.
Aborder et visiter Icarus I est alors devenu une question vitale.
Icarus I est retrouvé en assez bon état de marche, ses serres abandonnées sont luxuriantes et son électronique semble fonctionner, à l’exception notable de l’ordinateur de bord. L’équipage, par contre, est retrouvé en poussière dans une attitude appaisée qui évoque un suicide collectif par exposition directe à la lumière solaire. Dans une vidéo testament retrouvée sur le vaisseau, le commandant d’Icarus I, Pinbacker, tient des propos incohérents, des propos d’illuminé, au propre comme au figuré. Il fustige la vanité des humains qui osent vouloir contrarier la marche de l’univers.
Les deux vaisseaux sont désolidarisés par un accident inattendu et Icarus I est victime d’une fuite d’oxygène. Les quatre hommes qui étaient montés à son bord doivent se projeter vers leur vaisseau. Deux d’entre eux n’y parviennent pas. La catastrophe s’avère avoir été causée par un sabotage dont le seul suspect possible est Trey, devenu dépressif et suicidaire. L’équipage décide d’assassiner Trey, autant pour les soupçons qui pèsent sur lui que parce que l’oxygène se raréfie dangereusement. Mais au moment de l’éxécuter, l’ingénieur Mace découvre que Trey s’était déjà donné la mort depuis longtemps, ce qui le disculpe de tout soupçon de sabotage. Juste avant d’être lui-même victime d’un sabotage, l’ordinateur de bord informe Capa qu’il reste cinq passagers en vie sur le vaisseau et non quatre, comme le voudraient les lois de l’arithmétique…
Je ne raconte pas la fin.
Extrèmement bien réalisé, ce film constitue l’improbable synthèse du classique 2001: A Space Odyssey, par Stanley Kubrick et du comique Dark Star, de John Carpenter. On pense logiquement aussi un peu à Alien le huitième passager — qui est la version sérieuse de Dark Star — ainsi qu’à Solaris, d’Andrei Tarkovski. Quelques petites choses ont sans doute été prises aussi à Space: 1999 (en français, Cosmos 1999), une série télévisée britannique de 1975, dans laquelle les occupants d’une base lunaire dérivent dans l’espace, le satellite naturel de la terre ayant quitté son orbite à la suite d’un accident nucléaire. Certains détails, comme l’écoute du « son de l’espace » (intelligemment figuré par un bain de lumière verte) de l’officier des communications Harvey rappellent furieusement les récits qui se déroulent dans un sous-marin, comme Das Boot ou À la poursuite d’octobre rouge.
Tout au long du film, on redoute de voir le récit parasité par des péoccupations métaphysiques de supermarché, mais l’action parvient à prendre le pas sur toute autre considération et peu importe, au fond, de savoir si le commandant Pinbacker et son équipage ont vu Dieu en face ou non, l’essentiel est d’achever la mission. La distribution est plutôt une réussite, avec notamment Michelle Yeoh, toute en retenue (et sans kung-fu), Cillian Murphy et Rose Byrne (le premier vu dans 28 jours plus tard, la seconde dans la suite 28 semaines plus tard). Aucun rôle n’est médiocrement écrit, on ne peut pas dire d’entrée quels personnages ont vocation à atteindre la fin du film et quels autres ne sont là que pour mourir.
Sunshine n’est jamais un film drôle, il ne contient quasiment aucun gag, aucun bon mot, aucun sourire ni même le moindre détail ironique, et le seules paroles qui contiennent un semblant d’humour visent en quelque sorte à punir les défaillances passagères d’Harvey, l’uniquel membre de l’équipage qui pense de temps à autres à sa survie propre. C’est au contraire un film à la logique implacable où les sacrifices sont consentis sans effusions exagérées, sans regrets, et où personne ne peut se permettre d’avoir d’espoirs pour lui-même, connaissant l’absolue importance de ce qui est en jeu : la survie de la planète terre. Le courage des protagonistes n’est même plus un enjeu ici, il est tacitement acquis dès le départ et n’empêche d’ailleurs pas les arrières-pensées. La marche inéluctable du destin rappelle les meilleurs films catastrophe, comme La Tour Infernale (1975), où le professionalisme du chef des pompiers (Steve McQueen) et de l’architecte (Paul Newman) s’exercent avec pragmatisme parce que c’est, au fond, l’unique attitude possible. La grande différence entre La Tour Infernale, c’est qu’ici, tout se déroule à huis-clos, qu’il n’y a aucune fuite possible. Par ailleurs l’équipage, qui s’approche au plus près de phénomènes aux proportions titanesques vit dans une constante fascination du déchaînement des éléments. Dans une jolie scène, Corazon (Michelle Yeoh), la biologiste du bord, découvre une minuscule plante rescapée de l’incendie de la serre. Cette force vitale, qui résume bien l’action désespérée de l’équipage, est un autre motif d’émerveillement.
Au chapitre informatique, je remarque l’omniprésence de l’ordinateur de bord, qui ne se distingue pas du vaisseau puisque tout le monde l’appelle «Icarus», du nom du navire, qui est bien entendu une référence à Icare, le fils de l’ingénieur Dédale, mort de s’être trop approché du soleil. Comme Hal 9000 (2001), Mother (Dark Star, Alien) et bien d’autres ordinateurs de bord de la science-fiction, l’interface principale d’Icarus est la parole. Dotée de la voix douce et agréable de l’actrice sino-zimbabwéenne Chipo Chung, Icarus est extrèmement fiable et comprend très bien les ordres qui lui sont donnés selon le contexte, elle ne demande pas «quelle porte dois-je fermer ?» lorsqu’on lui demande de couper l’accès à un lieu ravagé par un incendie. Son autonomie décisionnaire est limitée mais elle peut émettre spontanément des suggestions, et même refuser d’exécuter un ordre qui lui semblerait apte à mettre en péril la mission entière, à moins que l’ordre soit confirmé par un nombre suffisant de membres de l’équipage. C’est, finalement, un ordinateur de bord plutôt classique.
The earth room
On croise des écrans et des objets futuristes divers, tous relevant des technologies qui nous sont familières et qui sont ici à peine améliorées. Ce qui m’a le plus intéressé, c’est la salle « terre » (earth room), une pièce de base carrée dont chaque paroi interne est un écran et qui permet d’offrir à celui qui se trouve à l’intérieur un spectacle immersif complet. En le voyant fonctionner dans le film j’ai pensé au système de projection de panoramas vu au ZKM dernièrement.
La salle « terre » est utilisée à trois moments importants du film. Tout d’abord, son usage est prescrit à titre thérapeutique à Mace par le psychologue du bord, Searle. L’ingénieur Mace a eu quelques heures plus tôt un coup de sang en réalisant que Capa avait épuisé les dernières minutes de communication avec la terre et s’était, pour cette raison, brièvement battu avec lui. Afin d’apaiser son humeur, il est immergé dans des images terrestres fortement dépaysantes : mer, forêt.
La même salle est utilisée par Capa pour visualiser une simulation informatique du possible arrimage d’Icarus I par Icarus II.
Enfin, c’est dans la salle « terre » qu’est retrouvé le corps de Trey, qui s’est suicidé. Aux murs, pas de paysages terrestres mais juste un vol d’oiseaux noirs sur les parois blanches.
Exactitude scientifique
Je ne pense pas que Sunshine soit un film appelé à marquer à jamais l’histoire de la science-fiction, puisqu’il est la perpétuation d’une tradition plutôt que l’invention de quelque chose de véritablement neuf, mais sa qualité visuelle et l’angoisse froide qui le parcourt tiennent le spectateur en alerte, sans pour autant l’exténuer, tout au long du récit. Ce ne sont pas les rebondissements et les surprises qui priment, mais une question unique, qui est de savoir si les forces des survivants seront suffisantes pour mener la mission à son terme.
La fascination du scénariste et du réalisateur pour l’immensité vertigineuse des forces du cosmos est évidente à l’image, elle l’est même plus que dans aucun film d’exploration spatiale — de ceux dont j’ai le souvenir en tout cas. Les effets visuels, exclusivement informatiques, d’une grande sobriété et d’une rare qualité artistique, sont l’œuvre de The Moving Picture Co (MPC), une société londonienne à qui l’on doit aussi les effets de Watchmen, Narnia, Le seigneur des anneaux, Kingdom of heaven, Harry Potter et bien d’autres films.
Afin d’être conseillé tout au long du tournage et même dès l’écriture du scénario, Danny Boyle a embauché un authentique physicien, le docteur Brian Cox, de l’université de Manchester, qu’il avait aperçu dans un documentaire de la BBC. Cox sert en partie de modèle au personnage de Capa. Il partage avec lui la jeunesse, le talent et même le champ de recherches puisque le savant britannique fait partie de l’équipe du « Large Hadron Collider », au Cern, projet qui se trouve au centre des recherches en physique fondamentale. Dans la section bonus du DVD, on peut entendre le commentaire du jeune scientifique sur Sunshine. Bien que le film contienne quelques erreurs et de nombreux choix qui relèvent de la licence artistique, le témoignage de Brian Cox montre que le film a été scénarisé et réalisé de manière scientifiquement plausible, dans la tradition du 2001 de Kubrick. Le scientifique a apporté sa touche personnelle sur un plan supérieur, celui de la conscience même du fonctionnement de l’univers et de sa vertigineuse puissance. Alors que (pour résumer caricaturalement) 2001: a Space Odyssey se questionnait sur l’existence de l’intelligence, que Solaris s’émouvait de l’existence de l’amour et qu’Alien le huitième passager s’étonnait de l’existence de la vie (et de son moteur, la survie), Sunshine parle du miracle que constitue l’existence même de la matière, du fait qu’il y ait quelque chose plutôt que rien.
Pour résumer, Sunshine est un film hautement regardable.
29 Responses to “Sunshine”
By Wood on Mai 3, 2009
Ah ben moi je l’avais vu au cinéma à sa sortie. Danny Boyle qui fait de la science fiction « sérieuse », il fallait que je voie ça.
By Wood on Mai 3, 2009
D’ailleurs c’est un film qui gagne vraiment à être vu sur grand écran.
By Jean-no on Mai 3, 2009
@Wood : ça ne m’étonne pas du tout qu’il faille le voir au cinéma. Et le son (j’ai une petite télé, mais un très bon son) est extrêmement réussi aussi je n’en n’ai pas parlé.
Je ne vais pas souvent en salle mais là je dois dire que j’ignorais totalement l’existence du film. À la rigueur l’affiche me dit vaguement…
C’est de la sf classique oui, jusque dans le respect des conventions (première séquence lente…) et dans la bande originale, somptueuse et qui pour une fois n’est pas très « électro ».
By antoine on Mai 3, 2009
J’aime beaucoup le sentiment général que donne le film avec le coté « devoir de sauver l’humanité ». De plus le « dénouement » et plutôt intéressant et rapelle bien que nous sommes avant tout des humains avec nos forces et nos démences …
A voir.
By Bishop on Mai 3, 2009
Jean-No c’est bien la première fois que je suis en total désaccord avec vous sur un film. Sunshine je l’ai vu au cinéma, dans des conditions optimales (qui plus est le Max Linder salle que j’adore) et j’en suis sorti atterré. les volontés esthétiques de Boyle ne cache que difficilement un scénario un peu, beaucoup, benêt avec un manque flagrant de thèse à soutenir. Il semblerait que l’ambiance et l’action ait suffit pour vous combler, le bavardage métaphysique catastrophique et l’absence totale de perspective ont malheureusement plus retenus mon attention.
La science est ici comme un objet uniquement tape à l’œil évacuant quelques questions problématiques quant à l’horizon du film (quid de la gravité?…)
Dans le genre, film d’action horreur j’ai amplement préféré le nanar Event Horizon de Paul Anderson (sisi, vous m’aviez bien, cela doit être son seul film potable). Le tout « n’importe pas avec des gens qui deviennent fous » ne se cache pas derrière des réflexions philosophiques du pauvre.
Après 28 jours que j’avais vraiment aimé, les tentatives esthétiques et de « climax » de ce film m’ont véritable déçu.
Dommage.
By Carlo on Mai 3, 2009
Merci bien pour ce billet.
Je pensais que ce film était un navet, ne connaissant en gros que le synopsis et l’affiche.
Mais en effet il a l’air hautement regardable. Si l’occasion se présente je le regarderais peut-être.
By Jean-no on Mai 3, 2009
J’ai pas mal aimé 28 jours plus tard aussi, mais c’est très différent (même si le réalisateur, le scénariste et plusieurs acteurs sont en commun).
Je suis sorti de mon visionnage de Sunshine franchement remué, non à un niveau philosophique mais au simple niveau des sensations. Je ne pense pas pour autant que c’est un chef d’oeuvre mais je parie que tu ne perdrais rien à réessayer.
Je n’avais jamais entendu parler d’Event Horizon, qui, sur le papier, a un rapport avec Sunshine (ça se passe au même moment et il y a aussi un vaisseau disparu depuis sept ans). Je mets ça sur ma liste ! De Paul Anderson j’ai bien aimé Alien contre Predator, c’était complètement idiot mais ça respectait le cahier des charges contenu dans le titre.
By Jean-no on Mai 4, 2009
Et hop, Event Horizon, commandé (90 centimes sur Priceminister).
Ce soir, vu Van Helsing. Complètement raté, le rythme est frénétique. Dommage, même si c’est kitsch, il y a de belles images, c’est bourré de références amusantes, les acteurs sont ok, mais c’est loin d’arriver à la cheville d’un épisode de Buffy contre les vampires.
By jukurpa on Mai 4, 2009
Intéressant, comme Carlo, j’ai toujours pensé que Sunshine ne valait pas le coup, d’ailleurs je confond souvent Solaris et Sunshine. Pour Event Horizon, je le classe dans la catégorie Nanars, pas désagréable à regarder mais plus amusant qu’effrayant au final.
Et pour finir sur Van Helsing, Stephan Sommers n’a malheureusement pas réussi le crescendo d’action qu’il avait réussi sur le retour de la momie (rhaa, bave…) mais toute la première partie du film est quand même agréable à regarder (si on s’arrète à la fuite à budapest)
By Alex' on Mai 4, 2009
« Je suis sorti de mon visionnage de Sunshine franchement remué, non à un niveau philosophique mais au simple niveau des sensations. Je ne pense pas pour autant que c’est un chef d’oeuvre mais je parie que tu ne perdrais rien à réessayer. »
Entièrement d’accord.
Pour ma part, j’étais allé le voir en pensant voir la fin de la carrière de Boyle, qui se serait fourvoyé dans un nième La Plage, version Armageddon.
Et j’ai été plus que surpris de trouver un lointain cousin de 2001.
C’est définitivement un film « émotionnel », qui fait le parallèle entre le voyage spatial que fait la navette et le voyage intérieur que font les spectateurs et l’équipage d’Icarus.
Et c’est surtout un des rares films dignes de ce nom sur le Soleil, et sa dimension presque mystique.
C’est quand même la condition de possibilité de presque toute forme de vie – et par là-même ce qui interroge directement sur la notion de Dieu créateur. Pas pour rien que des civilisations entière l’ont vénéré.
Voilà pour moi la vraie star du film, avec à son service une chouette BO, de bons acteurs, et une trame convenue mais efficace.
By Jean-no on Mai 4, 2009
@Jukurpa : attention, Solaris, il y en a deux. Un très chiant par Steven Soderbergh et un classique du cinéma mondial par Andreï Tarkovski. Le bon c’est le second, malheureusement il est trusté par MK2, donc impossible d’obtenir le DVD à moins de vendre un rein.
J’ai trouvé bien plus de bonnes choses à l’image dans Van Helsing que dans Underworld par ex., mais au final j’ai surtout regardé ma montre.
By Jean-no on Mai 4, 2009
Je remarque que je n’ai pas parlé des images subliminales. C’est encore un détail qui aurait pu m’énerver mais ça fonctionne vraiment bien ici.
By Alex' on Mai 5, 2009
Oui, c’est un peu comme dans Fight Club: ça reste discret… et surtout ça se justifie du point de vue du scénario.
Un peu l’inverse d’un Tueurs Nés, où ça faisait faussement subversif, et un peu genre « j’étale mes compétences de réal’ « .
By Hobopok on Mai 5, 2009
Alors piqué par ce billet j’ai vu. Et plutôt d’accord avec Bishop. Beaucoup de maniérismes visuels qui masquent la maigreur et une certaine prétention du scénario, beaucoup trop de musique et de sons pour un film qui se voudrait cautionné par la vraie science. La gravité inexpliquée, jusque sur le vaisseau abandonné… les bruits de moteur et autres dans l’espace, les explosions et gerbes de flammes. Moi qui croyait que pour le son il fallait de l’air, que pour les flammes il fallait de l’oxygène. Les écrans d’ordinateurs qui font tut tut bip bip au moindre pixel affiché, ce qui rendrait hystérique le premier blogueur venu au bout de moins d’une minute. Et si vous avez chez vous des néons qui font tchakaboum chaque fois que vous les éteignez et les allumez, je peux me charger moi-même de vous les changer. Bon je galèje, mais on est loin de 2001, de Solaris, d’Alien, autant de film cités sans être et de beaucoup égalés. D’où l’arrière-goût un peu nanar à deux pounds. Tout au plus un galop d’essai avant le chef d’œuvre indien…
Et effectivement je n’ai aucun souvenir d’une sortie en salle en France. A-t-elle seulement eu lieu ?
By Alex' on Mai 5, 2009
@Hobopok: à moins que je ne me sois rêvé dans une salle, elle a eu lieu ;)
Sinon, il est certain que jugé sur le fil du rasoir scientifique, Sunshine fait long feu.
Mais comme, il me semble, l’a très bien expliqué Jean-no: l’intérêt est ailleurs.
Et puis point de vue « vraisemblance », Alien est loin d’être un modèle du genre. 2001 déjà un peu plus – mais ce n’est pas non plus la panacée.
Et personne ne s’est jamais offusqué que, dans les anciens Star Wars (ne lançons pas le débat sur les nouveaux !), Lucas ait eu l’idée de filmer les combats spatiaux comme les combats d’avions des films de la WW2, avec des sons approchants.
By Jean-no on Mai 5, 2009
@Hobopok : la version commentée par le conseiller scientifique est très drôle car le garçon semble sortir de « the big bang theory » et il pointe toutes les erreurs. Ceci dit on apprend au passage que certains trucs sont possibles, comme la sortie dans l’espace sans combinaison appropriée (il n’y a même pas de problème de température à -270° car dans le vide, la chaleur ne se diffuse pas). Le même nous apprend qu’on peut sans doute se rendre aussi près du soleil que le fait le « Icarus ». Par contre il trouvait abusif de couper les communications entre la terre et l’espace au niveau de Mercure, car si le soleil perturbe forcément les transmissions à un certain moment, on a déjà envoyé des tas de choses vers Mercure sans que la liaison ne s’interrompe.
Beaucoup des sons utilisés sont justement des « sons de l’espace », me demande pas ce que c’est.
La musique et bien d’autres détails (rythme du film,…) me semble plutôt payer leur tribut au genre « exploration spatiale »
By Hobopok on Mai 5, 2009
Non bien sûr on ne demande pas à une SF de nous plonger dans l’ennui intersidéral en même temps que la vérité scientifique, mais ici on voit simplement recyclés beaucoup de tics du genre sans qu’ils soient sublimés par un quelconque souffle scénaristique. D’une façon un peu réductrice, j’ai l’impression que les effets spéciaux, sonores et visuels, font le film davantage que Boyle ou ses acteurs.
Par contre j’ai apprécié la version donnée ici de la sortie dans l’espace dépressurisée, et la congélation qui s’ensuit, à comparer à d’autres visions plus fanataisistes comme celle de Total Recall. Ça m’a fait penser au dernier opus de Chris Ware qui se passe en partie sur Mars.
By Alex' on Mai 5, 2009
@Hobopok: je crois, même si je n’aime guère employer ce genre de ton péremptoire, que tu es peut-être passé un peu à côté de ce qui fait le cœur du film.
Le scénario est plutôt convenu, comme le dit Jean-no. Mais il est mené de manière efficace, avec en particulier un sentiment d’inéluctabilité particulièrement bien rendu.
Et c’est ça qui – avec le « trip » un peu mystique, mais heureusement pas trop, autour du soleil; et le voyage intérieur autant que spatial – fait une bonne partie du charme du film, qui est avant tout émotionnel.
Passée la 5ème minute, une certaine gravité s’installe. Mais pas celle du film catastrophe, prévisible de bout en bout, avec ses protagonistes destinés à mourir les uns après les autres.
Il y a vraiment quelque chose de beaucoup plus tragique, qui pour ma part m’a un peu rappelé l’Antigone d’Anouilh. Ainsi, à la rigueur froide d’une logique implacable – on fait ce qu’on doit faire (par devoir moral; ici, envers le reste de l’humanité – chez Anouilh envers la mémoire de son frère) – s’oppose un déluge d’émotions diverses et variées liées à la fascination suscitée par l’astre solaire.
Pour ma part, c’est ce contraste qui m’a pris aux tripes – comme Jean-no, j’ai l’impression.
Et le personnage de Searle (le psychologue) en est assez emblématique. Il est complètement subjugué par le Soleil (cf. son message à Kaneda en train de mourir, son discours au début sur le bain de lumière VS le vide englobant). Un peu comme un gosse. Mais par ailleurs, il est parfaitement conscient de son devoir envers le reste de l’équipage (et plus largement de ses semblables)… au point de se sacrifier.
Alors certes, ce n’est sans doute pas le plus réaliste d’un point de vue psychologie des personnages – quoique l’homme soit souvent bourré de paradoxes, qui sont peut être susceptibles de s’accentuer dans ce type de situations extrêmes.
Mais il n’empêche que cela construit des personnalités intéressantes pour le spectateur.
By Bishop on Mai 5, 2009
Je ne sais si le revoir m’aidera beaucoup jean No. En conditions optimales je ne pouvais guère faire mieux qu’être au milieu du Max Linder, au premier étage les jambes sur les rambardes face au fameux écran THX. Puis il y n’y avait pas l’histoire d’un indien qui gagnait des millions à ce moment là…
Je suis content de point être seul, merci Hobopok, je crois que j’aurai du mal à réviser mon jugement. Si je comprends et que je perçois, au moins un peu, la magnificence et la puissance que Boyle a voulu restituer, je continue de trouver tout le reste faible et le ton, justement, trop pédant.
Par contre il faudrait que j’observe les bonus, il semblerait que l’interview du physicien se révèle elle beaucoup plus intéressante.
D’ailleurs je ne savais pas pour la chaleur dans l’espace, c’est pourtant un lieu commun la congélation dans les films…
Ce n’est pas au hasard que j’ai cité Event Horizon, c’est un film mineur mais qui a conscience de lui-même quelque part et du coup je l’avais trouvé agréable.
By Jean-no on Mai 5, 2009
Peut-être que le Max Linder était une condition trop bonne ! Dans les films pleins de 3D, l’image peut être insoutenable dans une super salle (et ne parlons pas du son) alors que sur DVD ou dans une petite salle ça passe mieux.
By lapin féroce on Mai 5, 2009
(note du jn : commentaire perdu/retrouvé)
Moi aussi je l’ai vu, hier soir! Gino, tu es le roi de la critique qui me donne envie de voir des films. Alors je suis beaucoup moins calée que vous, parce que les films de SF, ça me gonfle. Je n’ai vu que 2001 parmi tous les films que vous citez tous, mais je ne sais pas – comme ici – si c’est vraiment de la SF.
En tout cas, j’ai trouvé ça très chouette, moi, sur mon écran d’ordinateur (ordi qui souffle comme une hotte, voilà pour mes conditions optimales, ceci expliquerait-il cela?). Comme Alex, j’ai ressenti ce sentiment d’inéluctabilité, une espèce de fatalisme sensible, qui me touche beaucoup.
La fascination exercée par le Soleil sur tout l’équipage m’a gagnée moi aussi, et puis j’ai trouvé que c’était très beau, toutes ces images de l’espace, les panneaux solaire dorés, ça m’a vraiment emballée.
Par contre, gros bémol sur la fin. Je ne comprends pas bien l’intervention d’un illuminé, pour le coup, c’est là que les invraisemblances m’ont dérangée. Qu’est-ce que c’est que ce type qui attrape les gens par le cou pour les soulever à bout de bras, bras qu’il se fait dépiauter cinq minutes après? Et puis le flou à l’apparition du personnage, moi ça me fait mal aux yeux.
En un mot, les avaries techniques et humaines étaient bien suffisantes pour faire tenir le film jusqu’au bout, à mon humble avis.
EN tout cas, merci de m’avoir fait découvrir ça, que je n’aurais jamais vu sans toi.
(euh, mais SLumdog Millionnaire, vous avez vraiment trouvé ça bien??? Ça m’a souléeeeeee! Et le montage, dans le genre qui fait mal aux yeux, ben… il fait encore plus mal aux yeux. Voilà…)
PS: gino, t’as vu ça? http://next.liberation.fr/article/saint-cyr-les-codes
Ça m’a fait penser à ton copain Charles.
By lapin féroce on Mai 5, 2009
rhooo, je venais de faire le plus long commentaire de ma vie et il est pas passé :(
Bon, du coup, je la fais courte:
je l’ai vu, grâce à tes conseils et j’ai trouvé ça très bien sauf la fin.
Quant à Slumdog Millionnaire, voilà bien le genre de film qui m’échappe (et what mille Oscars pour ça, purée…!)
By Jean-no on Mai 5, 2009
Un commentaire pas passé ? Bigre ! Défaillance du serveur ?
By lapin féroce on Mai 6, 2009
(note du jn : commentaire perdu/retrouvé 2)
Je n’en sais rien.
J’ai cliqué sur submit, et puis rien. Plus de texte dans la fenêtre des coms, et rien de plus en actualisant.
J’en profite pour ajouter ça:
http://next.liberation.fr/article/saint-cyr-les-codes
qui, comme je le disais dans mon premier message, m’a fait penser à ton ami Charles.
By lapin féroce on Mai 6, 2009
Et hop, j’essaie sans lien
By lapin féroce on Mai 6, 2009
Ça passe.
Maintenant, avec un lien trop bien:
http://whatthemovie.com
By lapin féroce on Mai 6, 2009
bon. C’est pas une histoire de lien, alors…
le mystère reste entier
By Jean-no on Mai 6, 2009
@Julie : pas vu Slumdog Millionnaire encore.
L’illuminé de Sunshine, ce n’est pas forcément la réussite du film, mais à ma grande surprise je l’ai très bien supporté, peut-être parce qu’il n’est pas énormément expliqué… Je ne sais pas. Mais je te rejoins, le reste aurait très bien suffi.
By Alex' on Mai 6, 2009
Pinbacker (l’illuminé, et ancien capitaine de l’Icarus I) était peut-être dispensable, en effet. Mais il sait rester discret.
Il semble surtout avoir été mis ici pour ajouter une petite touche de frisson à l’ensemble. Et aussi pour souligner un peu lourdement – pour ceux qui ne l’auraient pas encore senti – les vagues prétentions métaphysiques du film.
Pas si inutile, donc – mais pas forcément clé :)