Profitez-en, après celui là c'est fini

Version originale

août 22nd, 2013 Posted in Au cinéma, Les pros

singing_in_the_rainAvant-hier, je suis allé au cinéma à Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées. Plusieurs films m’intéressaient, notamment Insaisissables et, surtout, Elysium, le nouveau film du Neil Blomkamp, auteur il y a quatre ans du brillant film sud-africain de science-fiction District 9. Mais voilà, ces films anglophones étaient projetés en version française doublée. Il semble que dans la plupart des villes de province, et notamment les villes de taille moyenne où une unique société d’exploitation grand public monopolise la diffusion cinématographique, il soit impossible de voir des films étrangers dans leur langue d’origine. L’unique cinéma de Tarbes est un multiplexe du « Circuit Georges Raymond » (Méga CGR), ouvert il y a quelques années en périphérie de la ville, équipé pour la projection numérique, la 3D et la vente de pop-corn.
La projection numérique, pour moi, devrait surtout signifier une énorme souplesse. Autrefois, projeter un film imposait d’en recevoir une copie argentique, et si l’on voulait projeter le même film dans deux langues différentes, il fallait s’être fait livrer deux copies différentes. Chaque copie était coûteuse à réaliser, et il n’était pas possible d’en fournir pour toutes les salles en même temps. Les copies tournaient, étaient d’abord montrées dans les grandes salles puis atterrissaient dans les salles communales peu rémunératrices. Les « blockbusters », pour lesquels était réalisé le plus grand nombre de copies, ciblaient par définition une audience rétive aux projections en version originale sous-titrée, donc plus un film visait un public large et moins on avait de chances de le voir dans sa langue d’origine.

Dans

Dans le très beau True Grit, des frères Coen, Mattie Ross, une adolescente circule en territoire indien à la poursuite du meurtrier de son père, accompagnée de deux hommes : un U.S. Marshall âgé et alcoolique, Rooster Cogburn, et un Texas Ranger plus jeune, LaBoeuf. Le contraste entre la manière de s’exprimer des deux hommes est un élément important du film. Dans la version doublée en français, on peine à distinguer les voix et le langage des deux hommes, et c’est particulièrement vrai de la scène ci-dessus, où le personnage interprété par Matt Damon s’exprime dans l’anglais à la fois pompeux et rustique d’un Texas ranger, malgré une blessure à la langue, tandis que son partenaire-rival, interprété parJeff Bridges, essaie de faire la démonstration de son habileté au tir malgré (ou à cause de) son éthylisme. Inutile de préciser que l’adolescente vengeresse, Mattie (Hailee Steinfield), prend dans la version française une voix un peu niaise (les enfants et les adolescents sont doublés par des adultes qui imitent une voix plus jeune) qui affadit considérablement son personnage. On peut comparer les versions sur le site du magazine Première.

À présent, les copies sont numériques, elles sont transportées sur de bêtes disques durs, ou même, transmises par Internet, et sont duplicables à l’infini — ce qui permet de s’assurer que la diffusion reste sous contrôle n’est plus la circulation du support matériel du film, mais la clé qui permet de le décoder. Je ne sais pas si, comme avec les DVDs, ces fichiers contiennent les pistes-son de plusieurs langues et embarquent des sous-titres en option1, mais il me semble qu’il devrait être très facile, pour un même film, de programmer2 des séances en version originale sous-titrée et d’autres en version doublée.
L’habitude et la certitude que le public désertera les salles qui diffusent des films sous-titrés font que, de fait, il faut être parisien pour accéder aux versions originales de tous les films. On m’a dit (mais j’ignore si c’est exact, je n’ai pas trouvé de loi à ce sujet) qu’il n’était pas légalement possible de sortir un film en salles en France sans réaliser sa version doublée3. Il est vrai que même les plus petits films étrangers qui sortent ici se voient gratifiés de versions doublées, et j’imagine que si certains films ne sortent pas, ou ne sortent qu’en DVD, c’est parce que leur version française coûte trop cher à réaliser : si c’est le cas, cette acclimatation forcée pénalise le film d’auteur étranger4. En fait, c’est la loi contraire que je trouverais normal de voter : qu’il soit toujours possible d’accéder au film dans sa version d’origine. Les impératifs d’accessibilité imposent en tout cas la réalisation de sous-titres pour tous les films.

Hier, j'ai demandé

Hier, j’ai fait un rapide sondage sur Twitter, en demandant à la cantonade si la version doublée était un désagrément ou non. Les parisiens ont répondu qu’ils n’en souffraient pas puisqu’ils pouvaient voir tous les films en version originale. Les provinciaux et certains banlieusards, ont fait connaître leur frustration (merci à tous ceux qui m’ont répondu, bien plus nombreux que cet échantillon).

Quand je me plains de la généralisation de la version française doublée, on m’objecte souvent que c’est ce que les gens veulent, parce qu’en regardant un film en version originale dans une langue que l’on ne maîtrise pas on perd des choses, et qu’il est fatiguant de lire les sous-titres tout en regardant l’image sur laquelle ils sont imprimés.
Personnellement, je fais en sorte de regarder tous les films5 dans leur version originale, qu’ils soient en français — la langue que je parle depuis que je parle ; en anglais — une langue que je comprends assez bien ; en espagnol, en norvégien, en suédois — des langues dont je n’ai que quelques rudiments ; ou encore en portugais, russe, italien, allemand, arabe, persan ou chinois, autant de langues dans lesquelles je sais au mieux dire bonjour ou merci, et au pire, rien du tout. J’essaie de voir aussi les séries télévisées dans leur langue d’origine, ce qui est plus facile depuis la télévision numérique terrestre, dont les chaînes offrent souvent le choix des langues et des sous-titres pour les programmes récents.

En 1964, le groupe

On pourrait parler de musique, aussi. En 1964, le groupe The Animals fait une adaptation mémorable d’une vieille chanson américaine, The House of the Rising Sun. Le public français de l’époque a surtout profité d’une version française, écrite par Hugues Auffray pour Johnny Halliday et qui, malgré une orchestration identique, n’a plus rien de la force de la version des Animals. J’imagine qu’à l’époque on se disait que le public français n’avait pas envie d’entendre des chansons chantées dans une langue étrangère.

Voir les films avec des sous-titres ne me pèse jamais, et la plupart du temps, je ne me rends même pas compte que je lis. L’habitude se prend très vite. J’y gagne la sonorité de la langue d’origine et une justesse d’intonation dans le jeu des acteurs. Certains doublages nuisent non seulement à la voix, mais à toute la piste sonore, puisqu’ils imposent de couper le son (musique, ambiance) le temps de la phrase. D’autres doublages créent des contresens : les acteurs noirs américains sont affublés d’un incompréhensible accent antillais, et ne parlons pas du cas des moyen-orientaux ou des asiatiques qui écopent souvent de doublages aux limites du racisme. Certains acteurs pâtissent d’un doublage complètement inadapté, comme le malheureux Léonardo DiCaprio, qui a dû atteindre l’âge de trente-cinq ans pour qu’on cesse de lui donner, en France, une voix d’adolescent pré-pubère. D’autres acteurs ou actrices aux voix chaudes et graves s’entendent infliger des voix aiguës et des intonations chantantes et comiques qui, dès qu’on compare aux voix d’origine, semblent un peu ridicules.

...

En 1966, le monde entier danse sur Reach out (till I be there) des Four Tops. Le monde entier, mais pas la France, où on connaît surtout J’attendrai, la version française, par Claude François. En 1971, Claude François rencontrera un énorme succès avec une autre chanson des Four Tops, C’est la même chanson, d’après It’s the same old song. Au total, Claude François aura repris au moins douze chansons issues du label Motown (surtout des Four Tops, mais aussi de Smokey Robinson, des Supremes et même de Stevie Wonder), chansons dont le public n’a connu les originaux – infiniment supérieurs – que des années plus tard. Le meilleur de la musique noire américaine a ainsi été connu du public français par ses pires chanteurs yé-yé

Le texte qui est dit, quand à lui, perd souvent au doublage6. C’est, bien entendu, quelque chose que l’on ne perçoit que si l’on parle un peu la langue d’origine et que l’on peut comparer. Dans des séries saturées en références culturelles et en bons mots, comme les Simpson ou Buffy contre les vampires, certaines phrases intraduisibles ne sont tout bêtement pas traduites du tout, ou remplacées par des bons mots qui n’ont pas le moindre rapport avec les dialogues adaptés. Il arrive aussi que les références culturelles soient adaptées de manière plus ou moins heureuse : les noms des sports changent, « Liberace » devient « Michou », etc. Parfois, les sous-titres font l’impasse aussi, tout simplement parce que ceux qui les ont rédigés ne parviennent pas à traduire certaines phrases. N’y parviennent pas, ou ne le veulent pas : on se rappellera d’un épisode où de la série House M.D. où le docteur Gregory House conseillait à un de ses patients de fumer une cigarette par jour pour régler ses problèmes de colons, prescription qui, en français, a été remplacée par la consommation de riz complet. Pour ne pas perdre ce qui est intraduisible, j’aime souvent regarder les séries américaines ou britanniques avec leurs sous-titres anglophones. Évidemment, je ne peux pas faire ça dans toutes les langues.
Parmi les éléments difficiles à traduire, ou qui forcent les traducteurs (même bons) à perdre en finesse, il y a le niveau de langage, les argots, mais aussi, par exemple en anglais, la question du voussoiement : quand faut-il que les personnages se tutoient ? Parfois, c’est facile, mais parfois beaucoup moins.

exciters

Le groupe The Exciters a connu le succès avec la chanson Tell Him, d’ailleurs sorti en France et gratifié d’un scopitone en son temps. Sa chanson He’s got the power, est celle d’une adolescente qui ne peut rien refuser à l’homme qu’elle aime et qui l’exprime de manière presque tragique. En France, le groupe Les Gam’s – quatre choristes de Gilbert Bécaud – transforme « He’s got the power » en « Il a le truc ». Pour un disque français de l’époque, les voix sont plutôt bonnes et énergiques, mais n’ont rien à voir avec la puissance et l’agressivité de Brenda Reid, la chanteuse principale des Exciters. Toute la charge sexuelle désespérée de la chanson d’origine disparaît dans les paroles. « He makes me do things I don’t wanna do. He makes me say things I don’t wanna say » devient « Lorsque je rêve d´aller aux sports d’ hiver. Je me retrouve toujours au bord de mer ».

J’ai remarqué que beaucoup de gens en France regardent des séries comme Game of thrones, Mad Men ou Breaking Bad dans leur langue d’origine, parce qu’ils n’ont pas la patience d’attendre un an ou deux pour voir la suite de leur série favorite, et que la version qu’ils parviennent à se procurer n’est ni doublée ni sous-titrée. Il faut dire que la série télévisée se prête à ça, car le spectateur prend vite l’habitude des voix, des expressions ou même du vocabulaire spécifique à tel ou tel univers : les dealers de Baltimore, les anti-terroristes de Los Angeles, etc.
L’habitude de la version originale s’installe donc, grâce au DVD, grâce au piratage, grâce aux extraits qui se trouvent sur Youtube,…
Un jour, j’ai découvert que ma fille aînée transcrivait phonétiquement les dialogues de Kiki’s Delivery service (Hayao Miyazaki) dans un grand cahier. Par déduction et en s’aidant des sous-titre, elle avait réussi à comprendre de nombreux mots du vocabulaire usuel japonais. Quelques années plus tard (et avec l’aide d’une voisine nippone), elle passait le japonais au bac, elle a eu quinze sur vingt. Comme mes deux plus jeunes enfants, elle est à l’aise avec l’anglais aussi, puisqu’elle regarde les films dans leur langue d’origine depuis qu’elle a l’âge de lire. Une langue, ça s’apprend à l’oreille, pas en commençant par la grammaire comme on le fait à l’école — si vous aviez dû connaître la grammaire de votre langue maternelle avant de dire vos premiers mots, vous ne parleriez toujours pas aujourd’hui7.
L’approche que les français ont des langues évolue un peu, mais les pratiques des distributeurs de films, non.
Quelqu’un me disait sur Twitter que si les distributeurs ne veulent pas diffuser les films en version originale sous-titrée, c’est qu’on ne le leur demande pas. Je n’y crois pas trop, je pense au contraire qu’une part non-négligeable du public aimerait pouvoir avoir le choix, et je ne vois pas ce qui empêche les exploitants de salles de proposer une séance en version originale de temps en temps. J’ai certes déjà vu un spectateur agresser verbalement la guichetière d’un cinéma parce qu’il était entré, par distraction, dans une salle qui projetait un film dans sa langue d’origine. Je suppose que ce genre de réactions hostiles est plus courante que le contraire, mais pour les éviter, il suffit de bien signaler les choses.

///

Amusante coïncidence, Florian Duchesne a posté ce message sur Facebook alors que j’étais en train de rédiger mon article. Il est allé voir Insaisissables en version doublée…

On me dit parfois que le doublage en version française a son charme. C’est vrai. La voix de Nick Nolte ou de Sylvester Stallone par Alain Dorval est assez impayable. Et l’argot réinventé de manière créative pour des films tels que 48 heures, justement avec Nick Nolte, est aussi absurde que savoureux. Certaines voix françaises de spécialistes de la post-synchro8 sont mémorables (Jean Topart, Guy Piérlaud, Roger Carel, Francis Lax,…) ou, si on y est habitué, difficiles à séparer du rôle (Pierre Arditi dans le Superman de 1978, par exemple). J’ai un faible pour les doublages québécois des séries des années 1960-1970, comme Cosmos 1999 ou Star Trek, non parce qu’ils sont bons, mais parce que c’est sous cette forme que j’ai connu ces programmes. Je me demande si ce « charme » que l’on trouve à certains doublages n’est pas une variante du syndrome de Stockholm, qui fait qu’un prisonnier finit par éprouver de la sympathie pour ses geôliers. Cependant, on trouve toujours pire, comme les post-synchronisations de certains pays slaves (Pologne et Russie en tout cas) où un homme seul, d’une voix monocorde, assume l’intégralité des doublages du film. En France, à peine moins pénible, certaines émissions sont adaptées à la hussarde (télé-réalité, documentaires), avec deux ou trois voix différentes qui s’alternent pour couvrir les voix de la bande son originale, qui reste malgré tout audible. C’est désagréable avec une émission comme Cauchemar en cuisine, mais ça devient franchement pénible lorsqu’il s’agit d’un documentaire projeté sur la chaîne censément culturelle Arte.

Une

Paris à tout prix :Une hipster parisienne, qui avait oublié qu’elle n’était pas de nationalité française, est expulsée vers le Maroc, pays avec lequel elle avait coupé les ponts, à un mois d’un défilé de haute-couture pour lequel elle doit confectionner une robe. Le film est léger mais sympathique et retourne les clichés culturels de manière intéressante. Pas le genre de film qui perd beaucoup à être regardé sur un petit écran.

Pour finir, je suis bien allé au cinéma. Je n’ai pas vu un film que j’aurais voulu voir, j’ai vu l’unique film en français, Paris à tout prix, de et avec Reem Kherici. Une comédie tout à fait regardable, mais qui ne marquera sans doute pas durablement l’histoire du cinéma et qui n’est pas vraiment le genre de film que je vais voir en salle : j’attends plutôt une diffusion à la télévision. L’absence d’autres films en version originale m’a fait découvrir un sympathique petit film français9 à sa sortie, mais ne m’a pas donné envie de retourner dans ce genre de cinéma de sitôt.

  1. Les films pour salles numériques sont des fichiers complexes, avec de nombreuses pistes sonores. L’image est en 2048×1080 ou 4096×2160 pixels, et le cadence de projection varie de 24 à 60 images par seconde. []
  2. Les projectionnistes actuels ne manipulent plus de bobines et surveillent à peine la projection, leur métier consiste à présent à indiquer au logiciel quels films ou quelles publicités doivent être projetés à telle ou telle heure. []
  3. Hors festivals ou ciné-club, je suppose. []
  4. Mise à jour : on me signale sur Twitter qu’il est bien interdit de sortir un film étranger sans version française, mais que les sous-titres seuls peuvent suffire. []
  5. Une exception toutefois : je regarde souvent les dessins animés en version doublée en français. Il faut dire qu’un dessin animé est, par essence, toujours doublé. Par ailleurs, mes enfants ont commencé à visionner les films sous-titrés vers huit ou neuf ans — une fois que la lecture était devenue une opération fluide pour eux —, pas avant. Faire accepter les films sous-titrés aux enfants n’est pas une chose évidente au début, bien entendu, mais ils cessent rapidement d’y voir un effort ou un désagrément. Les films que j’ai vu avec des enfants sont donc souvent des films que je n’ai vu qu’avec un doublage français. L’adaptation des films d’animation à d’autres langues que celle d’origine est souvent prévu en amont : les pistes (voix, bruitage, musique) sont séparées dans ce but, et on sait par exemple que la société Disney/Pixar réalise le doublage de ses propres films, afin de s’assurer de leur qualité. Certains doublages français de films d’animation me semblent même objectivement meilleurs que les doublages américains, je pense par exemple au film Disney Mulan.
    Pour l’anecdote, le théâtre de ma ville a programmé une séance du film Arietty – le petit monde des chapardeurs (studio Ghibli) en marge d’un concert de la harpiste Cécile Corbel, qui avait réalisé la bande-originale du film. Par erreur, la copie livrée était en japonais sous-titré. Quelques adultes ont râlé, mais la plupart des enfants a réussi à regarder le film avec plaisir. []
  6. On peut aussi parler des absurdes traductions de titres de films, que j’avais évoqué dans le billet Traducteur, racoleur. []
  7. Il existe un étrange fossé entre le vœu affirmé par les décideurs politiques de voir les français apprendre l’anglais, et le mépris avec lequel cette langue est traitée par l’éducation nationale, qui refuse notamment que les élèves découvrent la littérature anglo-saxonne et qui impose, sauf initiative personnelle des enseignants, l’utilisation d’articles de presse, de sketchs absurdes ou de chansons comme support d’apprentissage. []
  8. Mise à jour : on me signale en commentaire que l’usage du mot « post-synchro » n’est pas synonyme de « doublage » et que je l’utilise donc ici abusivement. La post-synchro, c’est un doublage réalisé par les acteurs eux-mêmes, qui répètent les mêmes dialogues, pour palier à de mauvaises conditions de prise de son. []
  9. Peut-être est-ce que le doublage en français a une utilité historique dans le cadre d’une forme de protectionnisme culturel ? Après la seconde guerre mondiale, la France a été forcée d’accepter de doubler le nombre de films américains projetés sur ses écrans. Ce genre d’accords régulièrement passés par les États-Unis et les pays vaincus, reconstruits ou endettés, a permis et continue de permettre aux productions hollywoodiennes de s’établir en tant que standard mondial et de bâtir l’industrie du cinéma la plus riche du monde. Déjà, le passage au film parlant avait fait du tort aux pays de cinéma ayant peu de locuteurs, comme le Danemark, dont les films remportaient un immense succès du temps du muet mais qui ne représente presque plus rien aujourd’hui (des pays comme la France ou l’Allemagne ont pratiqué un système intéressant entre les deux guerres pour éviter que leur particularisme linguistique ne nuise à leur capacité à s’exporter : tourner chaque scène dans plusieurs langues). On peut imaginer que les doublages français servent (pas forcément sciemment) à contrebalancer la diffusion d’une vision du monde américaine telle qu’elle s’exprime dans le cinéma hollywoodien, et plus consciemment, à rémunérer des acteurs français grâce au cinéma étranger. []
  1. 36 Responses to “Version originale”

  2. By Samuel on Août 22, 2013

    La préférence des spectateurs pour le doublage ou le sous-titrage vient souvent (par pays) d’une question d’habitude. Lire par exemple ceci, « Dubbing as an Expression of Nationalism » : http://www.erudit.org/revue/meta/1991/v36/n4/002446ar.pdf

  3. By Loïc on Août 22, 2013

    Je crois me souvenir que le doublage français des Simpsons avait eu une influence sur le doublage américain (notamment la voix de Marge, doublée par Véronique Augereau).
    Mais c’est vraiment un cas à part, concernant l’obligation de traduction, je me demande si ça ne vient pas des lois Toubon concernant la langue française.

  4. By Jean-no on Août 22, 2013

    @Loïc : le doublage français des Simpsons est bien c’est vrai, mais on perd plein de vannes.

  5. By stephane on Août 22, 2013

    Il y a un autre aspect du doublage en France, economique, qui permet à un bon nombre d’acteurs de (sur)vivre.

  6. By Zgur_ on Août 22, 2013

    Bonjour,

    A Paris, nous avons la chance de pouvoir choisir entre VO et VF, même si parfois cela oblige à aller voir le film à certains horaires spécifiques. Mais on ne va pas se plaindre quand on connait la misère des sous-titres en province.

    Pour ce qui est des films passés à la télé, l’augmentation de la taille moyenne des écrans du parc de télés a du faciliter l’acceptation des sous-titres (pas facile de lire les ST sur un 36cm de diagonale).

    Ce dont tu ne parles pas, c’est le manque de traduction/sous titrage des chansons choisies par le metteur en scène pour son film. Or bien souvent, les paroles des chansons participent à l’action, les extraits n’ont donc surement pas été choisis au hasard et généralement RIEN, pas de traduction sous titrée des chansons dans les VF et souvent même dans les VO.
    A noter que Arte a fait des efforts à ce sujet et « Shaft » diffusé dernièrement, avait bien ses chansons sous titrées en VF comme en VO.

    Un autre scandale de sous-titres existe aussi chez des éditeurs français de DVD/BlueRay qui oublient les sous-titres en langue originale, même dans des coffrets « prestige ».
    Quelques exemples : Les rééditions de « La nuit du chasseur » ou de « Citizen Kane » sans les STVO !! Ou les DVD des films d’Altman, pareil. Je ne les ai pas achetés à cause de cet « oubli » scandaleux.

    Et après, ils accusent le piratage d’ête seul responsable de la baisse de leurs ventes. ;0)

    Arf !

    Zgur_
    https://twitter.com/Zgur_

  7. By Jean-no on Août 22, 2013

    @Zgur_ : j’ai déjà vu des comédies musicales où les chansons n’étaient pas sous-titrées ! Il y a une vielle idée, en France, que les chansons anglo-saxonnes racontent n’importe quoi…
    Sur ce point, Disney ne se moque pas du monde, les chansons de ses films d’animation sont toujours re-chantées en français, et souvent, les traductions se tiennent vraiment bien.

  8. By Les piles on Août 22, 2013

    Pardon de réintervenir, mais…

    >> Cependant, on trouve toujours pire,
    >> comme les post-synchronisations de
    >> certains pays slaves (Pologne et Russie
    >> en tout cas) où un homme seul, d’une voix
    >> monocorde, assume l’intégralité des
    >> doublages du film.

    Ce que vous appelez ici postsynchronisation porte en fait le nom (en « français », hem) de « voice-over ». C’est une technique différente du doublage (pas de détection, pas de synchro labiale).

    La postsynchronisation, c’est encore autre chose, ça se fait en cours de production d’une oeuvre (par opposition au doublage, voice-over et sous-titrage qui se font en phase de post-production), et ça n’a pas le même rôle : http://fr.wikipedia.org/wiki/Postsynchronisation

    >> En France, à peine moins pénible,
    >> certaines émissions sont adaptées à la
    >> hussarde (télé-réalité, documentaires),
    >> avec deux ou trois voix différentes qui
    >> s’alternent pour couvrir les voix de la
    >> bande son originale, qui reste malgré
    >> tout audible.

    Idem, c’est du voice-over. Pas un mauvais doublage, simplement une autre technique héritée de la traduction des propos à la radio. Il peut aussi y avoir de mauvais voice-overs, hein :-), mais à la base, c’est autre chose, il serait donc vain d’y chercher la même chose que dans un doublage dit synchrone, qui remplace intégralement les voix.

    Pour en savoir plus sur le voice-over : http://ataa.fr/index.php/nos-metiers/narration-et-voice-over.html

  9. By Jean-no on Août 22, 2013

    @Les Piles : je connais une actrice qui fait du doublage, et elle parle de post-synchro. Je ne dis pas que le mot est le bon, mais apparemment il est utilisé par des professionnels. Je comprends le concept de « voice-over », je vois bien la différence, mais dans un sens ce n’est qu’un degré de plus dans le sabotage.

  10. By Stephane on Août 22, 2013

    http://www.slate.fr/story/18195/pourquoi-la-france-double-t-elle-tout-le-monde

  11. By DJAÚSÐR on Août 22, 2013

    Ravi de voir que je ne suis pas le seuls à ne pas supporter les doublages foireux dans les documentaires.

    Je me souviens d’un couple d’anglais qui étaient restés en France pendant quelques semaines et qui s’étaient plaints de ça, justement. Ils disaient qu’ils étaient dans l’incapacité de comprendre les documentaires qu’ils regardaient puisqu’ils n’entendaient pas la voix -anglophone- du présentateur sous la voix du comédien de doublage apathique qui « l’incarnait ». Ils m’ont expliqué qu’au royaume uni, ils se contentent de sous-titres et que ça marche très bien…

    Je crois que le pire exemple reste les doublages dans les jeux vidéos, cela dit. Je me souviens d’une scène dans un jeu futuriste se passant aux états unis -il me semble- où le responsable du pôle scientifique était affublé d’un accent marseillais surjoué cassant d’un coup toute l’ambiance du jeu.
    Bravo.

  12. By florian D on Août 22, 2013

    Wahou, l’extrait VF de True Grit est incroyable…
    A propos des goûts des uns et des autres, j’ai le souvenir d’une fois, en terminale, où le prof de philo nous a présentés le film « Un jour sans fin », nous proposant de faire un vote pour regarder le film soit en v.o soit en v.f. Je ne sais plus si j’ai été le seul à voter pour la v.o, mais les partisans de la v.f ont très largement gagné… J’en ai beaucoup voulu à mon prof d’avoir choisi l’option démocratique pour décider (d’autant plus qu’il était d’accord avec moi sur le fond : « la v.o c’est mieux »). La v.f est un choix de confort et d’habitude, et ce souvenir me fait supposer qu’au-delà des grandes villes, la plupart des gens, estimant le fait de regarder un film en v.o comme un effort, sont bien contents que les choses soient ainsi… Ou, au mieux, indifférents.
    Pour ce qui est d’ « Insaisissables » hier, les amis d’Hannah avec qui nous sommes allés au cinéma, refusaient pour diverses raisons (respectables) d’aller dans un cinéma parisien (à mon grand dépit). Ils avaient prévus que nous allions dans un UGC à Cergy… qui ne proposait que des films en v.f ! (sauf Jobs, dont les séances étaient plus rares). Les UGC sont connus pour proposer à la fois v.o et v.f… Pour qu’un UGC en vienne à faire ce choix, est-il possible que les habitants de Cergy snobent à ce point-là la v.o ?…

    Dernière chose : depuis plus ou moins l’apparition de la TNT, Arte, qui avait toujours passé ses films en version originale sous-titrée, a changé sa politique pour se mettre, soit-disant, à la version variable. Je n’ai jamais, depuis, réussi à mettre un film d’Arte en v.o s’il m’apparaissait en v.f : au mieux, j’arrivais à regarder le film en allemand… C’est ainsi que j’ai complètement abandonné la télévision, excepté les services internet tels qu’arte+7.
    Hier soir, Arte diffusait un film en v.o par défaut… Ils ont peut-être commencés à se remettre dans le bon chemin…

  13. By nicolas on Août 22, 2013

    Il y a aussi le journal télévisé. Quand j’étais encore en France, cela me frappait de voir qu’il y avait toujours un doublage et non un sous-titrage… notamment pour le présentateur allemand sur Arte!

    Dans la même veine, je suis aussi surpris de voir que sur les médias francophones, les mots d’autres langues sont toujours francisés; comme si c’était pédant que de dire « Microsoft » ou « Nietzche » correctement. Alors que ce n’est pas forcément le cas ailleurs, en tout cas en Europe (aux USA c’est différent…).

  14. By Sandrine on Août 22, 2013

    Une des raisons pour lesquelles je préfère visionner les films/séries en VO en anglais, c’est qu’ainsi on profite mieux des références culturelles (blagues, humour), mais aussi de la richesse des accents anglo-saxons ou américains (écossais, irlandais, texans, bas fonds de Baltimore, etc). Tout ceci se perd malheureusement au doublage. Un exemple: le doublage de la série The Big Bang Theory, où la voix française de Raj n’a pas du tout un accent indien contrairement à l’acteur original. J’avais l’impression justement que l’accent faisait partie du personnage et de son potentiel comique…

    Un autre cas où je trouve le doublage problématique : Inglourious Basterds, de Tarantino. L’ayant visionné en VO, j’ai pu constater que la langue est un élément essentiel de l’intrigue, que les dialogues sont vraiment centraux, les personnages passant de l’anglais, au français, à l’allemand… Par curiosité, j’ai testé la VF du DVD et presque tous les dialogues avaient été traduits en français… on ne saisit plus du tout ce jeu sur la langue.

    Par contre je trouve en général la VF des films d’animations (pixar, les simpsons) beaucoup plus acceptable, allez savoir pourquoi…

  15. By Jean-no on Août 23, 2013

    @Sandrine : Quelle que soit la bonne volonté des traducteurs, je ne vois pas comment certaines scènes d’Inglourious Basterds pourraient être traduites, effectivement ! Je comparerai, à l’occasion, par curiosité.

  16. By Ouam on Août 22, 2013

    deux petites choses :
    a) l’idéal, pour les œuvres anglo-saxonnes au moins, reste à mon sens le sous-titre en VO, qui permet au cerveau de comprendre ce qui lui a échappé à l’oral.
    b) concernant les séries regardées en vo parce que l’on est pressé, il faut souligner l’énorme travail de codage et de traduction des équipes de sous-titreurs (type : addic7ed.com) qui rendent des sous-titres disponibles au téléchargement parfois quelques heures seulement après la diffusion. Bon, ça n’empêche pas les contre-sens (souvent) ni les approximations (d’où aussi : le sous-titrage en vo).

  17. By kuranes on Août 22, 2013

    Pour les cinéma, la solution est simple: VO/VF à la demande, vote en ligne, etc.
    Mettre en place un site de réservation groupé de salle en ligne, avec vote pour VO/VF, accessible en ligne.

    En passant on pourrait voter aussi pour le réglages du son en salle, parce qu’il m’est arrivé de ne pas être loin d’y laisser un tympan…

    Recommander des séries US et se voir reprocher que c’est nul… en VF, un classique.
    Au moins la TNT permets de passer en VO sur quelques séries de temps en temps.

  18. By 10cre on Août 22, 2013

    C’est quand je regarde la télé espagnole et que je tombe sur des séries américaines que l’absurdité du doublage frappe encore plus.

  19. By r on Août 22, 2013

    http://www.nanarland.com/glossaire-definition-64-D-comme-doublage-nanar.html

    Mais n’oublions pas que l’exercice du doublage a permis de transcender totalement des films. Donc au final on est peut être mauvais en langues mais on a au moins été formé au cinéma surréaliste où les dialogues sont totalement déconnectés de l’action. Ca a pu donner en France un truc comme « le grand détournement », qu’on aime ou non mais qui a tout de même ces qualités et qui a surement peu d’équivalents dans les pays qui ne connaissent pas le doublage.

  20. By Wood on Août 22, 2013

    Le cinéma « multiplexe » de ma ville semble avoir senti le vent tourner : Depuis cette année il projette désormais certains films en VOST en plus de la VF (mais pas plus de 2 ou 3 titres sur la douzaine à l’affiche et uniquement les lundis et jeudis à certains horaires). Quand au cinéma « arts et essais », il projette occasionnellement un film « grand public » en VOST. Par exemple à Noël dernier on pouvait voir The hobbit en 3D et en VF au « multiplexe » et en 2D et VOST au ciné « arts et essais »

    Il me semble qu’il y a une nouvelle génération de consommateurs de « culture de masse » qui s’est habitué à la VO grâce aux téléchargements et aux DVD et qui supporte de moins en moins qu’on lui inflige la VF.

    Quand à la Télé, je me demande combien de chaînes font usage de cette fonction du format TNT qui permet la diffusion de plusieurs pistes audio et sous-titres. Arte le fait quasi-systématiquement maintenant, mais je ne regarde pas assez la télé pour savoir ce qu’il en est des autres chaînes.

  21. By peheu on Août 22, 2013

    Je peux vous confirmer qu’il est possible (et certains distributeurs le font avec certains titres) de mettre une version vostf et une vf sur une copie numérique.

  22. By El Gato on Août 22, 2013

    L’anglais, l’allemand, l’italien, l’espagnol, le polonais, l’arabe, le russe, le japonais, le chinois, le coréen, l’hébreu j’aime la VO sous titrée.
    Bon les polards suédois, je peux pas. La langue m’agresse. Je passe en VF. Mais j’ai honte. Surtout que j’aime bien la Suède et les suédois.

  23. By Un Œil on Août 22, 2013

    Je pensais au moins que Johnny avait écrit les paroles françaises du Pénitencier, mais même pas !
    Difficile de savoir si le doublage détruit vraiment quelque chose ou si ce n’est pas là encore une question d’habitude : parce qu’on aime la VO, la VF nous paraît catastrophique alors qu’elle ne l’est pas tant que ça… En tout cas le DVD permet d’en prendre la mesure : je ne résiste jamais, lorsque je regarde un « grand film », à repasser les scènes clés en version française à la fin de ma séance. Les vannes d’un Sergio Leone, la scène culte d’un Kubrick… Et la plupart du temps, c’est vrai, c’est désastreux !

  24. By Thierry on Août 22, 2013

    Deux vidéos incontournables sur le sujet:

    Sur la VO/VF/Sous-titre: « La dialectique peut-elle casser des briques » http://www.youtube.com/watch?v=Anr2d_Tuakg La copie que j’ai trouvée sur le net est assez mauvaise, mais j’ai gardé un souvenir ému d’une projection dans une petite salle du quartier latin dans les années 70.

    Et sur les sous-titres en VO dans les journaux télévisés une vidéo plus récente (et beaucoup plus courte) http://www.toppeo.com/video-irakien-polyglotte-6320.html

  25. By s427 on Août 23, 2013

    Même si j’ai moi aussi mes exceptions (p.ex. j’adore Porco Rosso, mais je crois que je n’ai jamais réussi à le voir entièrement en VO; le Géant de Fer est un autre exemple où je trouve la VF quasiment supérieure à la VO), je reste quand même relativement intransigeant pour les dessins animés également.

    Même s’il est vrai qu’un DA en VO est doublé lui aussi, je considère qu’il y a généralement plus de travail du côté des acteurs, qui ont préparé leur rôle pendant des semaines, discuté avec le réalisateur, scénariste, etc, sur la manière d’aborder les différentes scènes, etc, de sorte que la VO possède à mon avis un avantage déterminant sur n’importe quelle adaptation. Ceci en plus des autres qualités inhérentes au texte ou à la langue, qui se perdent presque inévitablement à la traduction (jeux de mots, expressions, accents, etc).

  26. By Deborah on Août 23, 2013

    C’est drôle, ça rejoint justement une réflexion que je me faisais suite au visionnage du film « Le tigre et la neige » en VF… avec une voix extraordinairement plate comparée au jeu surexcité de Benigni. Je trouvais ça snob d’être « VO only », mais là il faut avouer que c’était franchement horripilant, tout le film résidant dans le jeu du personnage !

  27. By ben on Août 23, 2013

    Idem dans ma ville ! C’est en 3D fr et rarement en 2D vost.
    Pour les films d’animation plusieurs acteurs passent le casting ça doit limiter la casse ; ce qui m’amuse c’est le générique qui met en avant des acteurs américains pour les voix et à la fin du générique (de fin) les noms des doublages.
    @jean_no il manque le cas des doublages québecois, le Bruce Willis du Québec est incroyable !

  28. By Jean-no on Août 24, 2013

    @ben : apparemment, les acteurs français du doublage ont obtenu que les doublages québécois ne traversent jamais l’océan Atlantique !

  29. By mureau on Août 24, 2013

    à Tours (37) nous avons la chance d’avoir les cinémas Studio http://www.studiocine.com/index.php#.Uhhil4UmiL8 qui diffuse les films en VO sans mais cuit pour la satisfaction de son large public. Ceux qui n’aiment pas peuvent aller manger du PopCorn chez CGR !

  30. By Samuel on Août 24, 2013

    Sur le doublage d' »Inglourious Basterds », on peut lire ces deux textes :

    http://www.ataa.fr/blog/retour-sur-inglourious-basterds-2-le-doublage-de-la-premiere-scene/

    http://www.ataa.fr/blog/retour-sur-inglourious-basterds-3-a-la-recherche-de-la-coherence-perdue/

  31. By nicolas on Août 24, 2013

    En Province également, et si quelques petits cinémas n’étaient pas là, je n’irais jamais. C’est un peu le problème culturel numéro un, je n’arrive pas à comprendre comment on est arrivé là.

    Je viens de passer six mois au Danemark, et une des questions récurrentes lorsque je mentionnais que je vivais en France était si c’était vrai que les films y étaient doublés. Tout le monde trouvait ça absurde.

    Voir : la carte du doublage sur Commons http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Dubbing_films_in_Europe1.png

    Dans un monde idéal, le doublage est une expérimentation d’art contemporain en installation vidéo. Prendre un film, traduire le script, engager des acteurs pour rejouer le texte dans cette nouvelle langue, et minutieusement remplacer le son original par l’enregistrement de ces gens différents : c’est tellement bizarre et expérimental ! J’aimerais beaucoup voir ça dans un musée.

    Les sous-titres en langue originale, j’aime beaucoup également. C’est une expérience encore plus transparente que les sous-titres traduits, je n’en suis même pas capable de dire si il y avait des sous-titres dans un film que viens de voir.

    Pour les films d’animation, on ne peut pas vraiment considérer que l’original est du doublage ! Les acteurs jouent en amont de toute animation, et l’audio (voire rarement certains enregistrements des acteurs en vidéo) sert de référence aux animateurs ! Le jeu des acteurs a totale influence sur les personnages animés. Le doublage y est presque autant problématique.

    Pour le métier de projectionniste numérique, il y a ce site qui est pas mal pour voir en quoi ça consiste : http://manice.org

    Une pratique intéressante du doublage cependant, la VF de “The We and the I” de Michel Gondry, au doublage en partie improvisé par des autant-non-acteurs que les acteurs du film original : http://facebook.com/photo.php?v=10151491206646004

  32. By Stanislas Gros on Août 25, 2013

    Je pense que tu as bien fait d’attendre de voir Elysium en VO, à Orléans j’ai dû, comme d’habitude pour les blockbusters, me contenter de la vf et elle est désastreuse ; en plus il est très probable que la vo joue avec les accents (j’imagine que Kruger a un gros accent afrikaans par exemple).

  33. By Bastien on Août 28, 2013

    Il est possible de voir tous les films en VOST à Lyon, au Pathé Bellecour, ainsi qu’au CNP.

    J’imagine qu’il en va de même pour les autres « grandes » villes comme Marseille ou Bordeaux.

  34. By Sarugaku on Août 30, 2013

    Le doublage peut également totalement changer le sens d’un film, d’une unique réplique traitreusement placée.
    La VF (parmi d’autres versions doublées à ce qu’il semble) de L’Homme des hautes plaines de Clint Eastwood est à ce titre une belle hérésie.
    Une réplique (absente de la VO) placée sur un contre-champ à la toute fin du film élimine ainsi tout l’aspect fantastique de l’intrigue, et toute la beauté de la disparition progressive de l’étranger dans les brumes de chaleur qui couvrent la plaine.

    Je vous renvoie à la fiche Wikipedia pour éviter de spoiler dans les commentaires (rubrique « énigme de la dernière scène »).

  35. By Yannick on Sep 26, 2013

    Excellent article, qui, malgré quelques imprécisions, a le mérite de poser clairement le problème, notamment sur le problème des exploitants peu désireux de prendre le risque de passer à la VO en province, avant de découvrir presque vexés que ça les faisait passer à côté d’un public qu’ils ne pensaient pas susceptibles d’attirer hors des cinémas A&E.

    Ce qui m’amène à soulever une première question, celle de la pertinence de la programmation de l’offre VO « commerciale », c’est-à-dire, concernant les « blockbusters » et autres films grand public. A Marseille, par exemple, cette offre fut, un temps, prise en charge de manière sporadique par un cinéma A&E du réseau CinéMétro Art. J’ai ainsi pu, ô joie, y découvrir Shrek 2, les Harry Potter et les longs-métrages d’animation japonais sortis ou repris à cette époque-là (Summer Wars, Toki wo Kakeru Shoujo, Majo no takkyūbin, pour ne citer que ceux-là). Par la suite, alors que ces films pouvaient à certaines heures remplir totalement la grande salle de l’établissement (souvenir d’une séance surpeuplée d’une projection de « Zodiac » quelques jours après sa sortie), cette programmation fut progressivement retirée, le cinéma semblant préférer (pour des raisons liées à une subvention ? ou des problèmes liés au nombre élevé de copies 35 qu’impliquait la programmation très riche du site ? ) se recentrer sur son coeur de cible, avec une programmation A&E plus exigeante qui m’a conduit purement et simplement à ne plus m’y rendre que lorsque, fait rarissime, un film dans mes goûts y était programmé. Cette offre que je qualifierais de « VO Porteuse » a été reprise après un temps de latence par un cinéma d’Aix-en-Provence, à une demi-heure de là. Les films « porteurs » sont programmés dans la grande salle (en VO3D, depuis « Hugo ») ce qui laisse les deux petites salles du sous-sol dévolues à une programmation A&E pure et simple.

    L’établissement en question évoquant davantage le cinéma commercial (on y vend d’ailleurs du popcorn) que le plus austère cinéma A&E marseillais, j’en suis venu à remettre en question l’image que je me faisais des salles A&E, par opposition aux salles commerciales pas ou très peu subventionnées, et doivent donc attirer le plus grand monde pour rester viables.

    Quelle est la place de la VO « commerciale » ? Dans les cinémas A&E, dont la raison d’être est avant tout plutôt de programmer des films pour assurer la diversité d’une offre cinématographique et permettre aux petits films d’importance médiatique nulle ou quasi-nulle d’être vus, quoique par un public souvent captif de ce genre de programmation ?
    Dans les cinémas commerciaux vendeurs de popcorn, fût-ce moins par respect de l’oeuvre originale que par pur opportunisme commercial devant la présence d’une demande dépassant de plus en plus volontiers le simple « marché de niche » ? Lorsque je me rends à Aix voir certains films en VO, il n’est en effet pas rare d’entendre, dans la salle, certains spectateurs parlant d’autres langues que le Français. Etudiants Erasmus, peut-être, mais aussi, à la haute saison, touristes de passage venus s’abriter de la canicule dans un lieu climatisé. Ce qui rendrait alors logique la présence, à Paris la cosmopolite, d’une offre VO commerciale si riche.

    Cette question de la « place de la VO » écartelée entre programmations « puristes » et le cynisme d’une offre commerciale me semble d’autant plus pertinente qu’on rappellera que, le cas d’Arte mis à part à cause de son statut bilingue par nature, l’offre VM sur les ondes de la TNT a d’abord été inaugurée par une chaîne commerciale:TF1, et pour une série télévisée très attendue à l’époque : Heroes, à partir de l’été 2006 si ma mémoire ne me fait pas défaut. L’offre VM pour des films viendra quelques années plus tard d’une autre chaîne commerciale : M6, lors de la diffusion sérielle de cinq des six opus de la saga Star Wars, de George Lucas. Il faudra attendre encore de nombreux mois, avant de voir France 2 se mettre à son tour enfin à la VM, avec des séries télévisées, mais, à ma connaissance, toujours pas pour des films, l’audiodescription lui étant systématiquement préférée.

    Je préciserai enfin que, du temps du 35mm, les salles équipées en DTS pouvaient, moyennant l’investissement (optionnel) dans un système de surtitrage vidéo, proposer VO et VF à partir d’une seule et même copie film : il suffisait de changer les disques dans les lecteurs CD diffusant le son, le sous-titrage étant lui aussi piloté par le time-code inscrit sur la copie. Cette double offre de bande son audio était également, pour la petite histoire, présente sur certaines copies Super 8 de prestige, dotées d’un double pistage magnétique, permettant donc de proposer le film dans deux langues différentes, sélectionnables en actionnant un poussoir sur le côté des projecteurs équipés.

    Toujours sur le plan technique, précisons qu’à chaque évolution sur le plan des équipements sonores des salles, il y a eu un temps de latence entre l’apparition d’un nouveau format son en VO, et les premières versions doublées dans ce même format. Pour la petite histoire, il est probable qu’en l’absence de version locale doublée dans ce format, le premier opus de la Saga Star Wars (1977) qu’on cite souvent comme un des pionniers de l’histoire du son multipiste, ne fut exploité en Dolby Stereo qu’en version originale. Aujourd’hui, il y a encore une confusion sur certains doublages VF de films en Dolby ATMOS, notamment pour les films sortis la première année, à commencer par « Brave » (Pixar), et « The Hobbit : An Unexpected Journey ».

    J’en profite d’ailleurs pour préciser que, progrès de la post-production numérique obligent, pratiquement TOUS les films commerciaux destinés à une exploitation internationale (et pas seulement les films d’animation, donc), existent dans une version internationale, c’est-à-dire dépourvue de dialogues, mais aussi, dans certains cas, de titrage afin de permettre une localisation optimale du film dans chacun des différents marchés où il sera exploité. Cette pratique était cependant évidemment préexistante, on citera à cet effet le film « The Hunt for Red October », dont la première édition DVD Zone 2 comporte, par la magie du multi-angles, pas moins de quatre ou cinq versions différentes du générique, des titrages et, bien sûr, des sous-titres pour les passages dialogués en russe. Pour la bande-son des films en canaux discrets, les versions locales les moins élaborées, notamment pour les séries télévisées en 5.1, consistent à remplacer le contenu de la piste centrale dévolue aux voix. Lors de la télédiffusion en VM, seule la piste centrale semble véritablement différente d’une version à l’autre, ce qui n’est pas sans soulever un problème à ce jour non résolu. En effet, à l’exception de Canal + qui continue à proposer des mixages souvent assez proches de ceux présents sur les supports home vidéo, les chaînes de télévision commerciales en clair ont tendance à « booster » les voix pour plus d’intelligibilité des dialogues, ce qui implique parfois que, pour respecter l’équilibre, il faille monter le son des autres pistes, notamment les pistes gauches et droites pour une série comme Glee où la musique occupe une place prépondérante. Or, la piste audio VO ne bénéficie pas, elle, de ce « toilettage de confort », ce qui rend la VO, déjà peu agréable du fait de la piètre qualité de certains sous-titres comparés à bien des fansubs, encore moins attirante pour le spectateur pourtant au départ venu justement pour cette offre. D’où, l’hypothèse que j’émettais tout-à-l’heure, de l’aspect opportuniste de la programmation VO commerciale, parfois, comme ici, au détriment même de l’offre proposée.

    Enfin, j’émettrais quelques réserves personnelles quant à la comparaison avec les pratiques en vigueur dans la variété. Celles-ci me semblent en effet plutôt comparables à la pratique du remake et/ou du tournage de substitution destiné à un marché local (dans les années 1925-1930, les cas sont nombreux et ont largement contribué à l’époque à faire vivre les Studios de Joinville) l’oeuvre ainsi réalisée étant alors placée en situation de quasi-monopole sur le marché concerné.

    Je terminerai sur une note plus personnelle, en signalant que, qualitativement, les meilleures versions locales semblent celles issues de co-productions, symptômes peut-être d’une implication de l’équipe créative originelle dans le versionnement du film, à l’instar d’un James Cameron n’hésitant pas s’impliquer dans ce qu’il faut bien appeler un processus de personnalisation des films à l’intention des différents publics qu’ils sont susceptibles de toucher, que ce soit pour des raisons techniques, ou, comme ici, linguistiques.

  36. By Jean-no on Sep 26, 2013

    @Yannick : merci pour ces éléments de réflexion, j’apprends beaucoup de choses.

  37. By Laurent on Déc 7, 2013

    Pour compléter les exemples de House MD et L’homme des hautes plaines, je signale celui de Pick-up on South Street / Le port de la drogue de Samuel Fuller. Alors que dans la version originale, Richard Widmark est confronté à des espions soviétiques, la version française (y compris dans les sous-titres) remplace ces derniers par un réseau de trafiquants de drogue, histoire de ne pas rebuter une partie importante des spectateurs français (le PC faisait alors – en 1953 – plus recette que maintenant).

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