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Flatland

novembre 5th, 2012 Posted in Lecture, Sciences

Le britannique Edwin Abbott Abbott (1838-1926) était célèbre en son temps comme directeur d’école et comme théologien, mais son Flatland: a romance of many dimensions (1884), d’abord publié sous pseudonyme, a dû attendre des années avant de devenir le classique qu’il est à présent. On peut dire qu’il s’agit d’un conte de science-fiction ou plus exactement d’une fiction scientifique, voire même d’une fiction géométrique, puisqu’il décrit un monde à zéro, une et deux dimensions, où les points, les lignes et les polygones vivent leur petite vie sur un plan, sans être le moins du monde capables de concevoir l’existence d’une troisième dimension, le volume.
Mais un simple carré finit par en avoir l’intuition…

En plus d’être une réflexion sur les dimensions, Flatland est une satire sur l’autorité hiérarchique en tant que frein à l’imagination et à l’intelligence, puisque les dirigeants de Flatland, qui se prétendent géométriquement parfaits, n’hésitent pas à tuer ceux qui portent des idées inédites. Flatland peut donc sans doute être aussi rattaché à la tradition dystopique.

Enfin je raconte le livre, mais je ne l’ai pas encore lu1, je sais que c’est un grand classique, souvent rapporté à l’allégorie de la caverne, de Platon, autant qu’à la théorie de la Relativité, d’Albert Einstein, mais je n’en avais jamais vu d’édition jusque aujourd’hui2.
Le jeune éditeur bruxellois Zones Sensibles, dont j’avais déjà salué l’excellent Yucca Mountain, vient de publier Flatland, traduit en français par Philippe Blanchard et sous-titré Fantaisie en plusieurs dimensions. Les dernières éditions en français de Flatland, chez 10/18 ou chez Denoël/Présence du Futur, datent respectivement de quinze et vingt-cinq ans, et sont totalement épuisées. La traduction retenue ici est celle qu’avait publié 10/18.

Le livre est doté d’une mise en page variée mais cohérente, en adéquation avec le propos puisque la composition du texte joue sur les formes géométriques et que l’ouvrage est illustré avec de nombreux schémas. La couverture est elle-même travaillée de manière plutôt sophistiquée, avec des découpes et du vernis. En ouverture, juste après une préface de Ray Bradbury, on trouve un portrait d’Edwin Abbott réalisé par le studio The Theater of operations en utilisant un logiciel que j’ai eu le plaisir de programmer à l’aide du langage Processing. Il y a donc un tout petit peu de moi dans cet ouvrage.

  1. On peut lire ce que dit Gulzar Joby de Flatland sur son blog, 36 quai du futur. []
  2. Je n’ai pas lu non plus un autre classique du registre, plus fantaisiste sans doute en termes de vulgarisation scientifique, le Voyage au pays de la quatrième dimension (1912) de Gaston de Pawlowski (1874-1933). En revanche, j’ai lu, apprécié, et je conseille l’Origine, une bande dessinée de Marc-Antoine Mathieu dont le protagoniste principal découvre l’existence de la troisième dimension. []
  1. 6 Responses to “Flatland”

  2. By Wood on Nov 5, 2012

    Je suis un peu sceptique face à cette mise en page. Ca ne gêne pas la lecture ?

  3. By Jean-no on Nov 5, 2012

    @Wood : je n’ai pas mis assez de photos pour qu’on voie que c’est vraiment varié, et à mon avis, très lisible, car bien composé, le confort de lecture n’est pas sacrifié à un gadget. Tu peux voir d’autres images sur le site de l’éditeur

  4. By Bishop on Nov 5, 2012

    Marrant je lisais des choses à propos de Flatland il y a quelque temps sur la difficulté d’appréhender un autre monde. Chez… mince chez qui… chez les psychologues dont on parlait il y a quelques semaines…

  5. By ianux on Nov 5, 2012

    Je disais, on pourrait même conseiller l’ensemble des aventures de Julius Corentin Acquefacques dont l’Origine n’est que le premier tome. L’univers est délicieusement kafkaïen, et le récit à la fois drôle et intelligent. Même la forme est brillante, avec des trouvailles comme l’anti-case, ou encore le tome où 2 récits se lisent par le début et par la fin et se rejoignent au milieu de la BD.

  6. By Jean-no on Nov 5, 2012

    @ianux : ok pour tout JC Acquefacques, mais l’astuce de l’Origine est tout de même assez exceptionnelle, même pas artificielle, et vraiment en rapport avec Flatland… (note : j’ai supprimé ton premier post et modifié le suivant)

  7. By Bobby on Nov 6, 2012

    Oh mince, tu viens de me « voler » ma référence ultime de l’an passée ! Elle a sauvé quelques projets d’étudiants du reste, car c’est un texte aux multiples lectures. Et l’une d’elle va même être récupérée pour relire et remonter ma dernière vidéo exposée (à « leurs lumière »).
    Et +1 pour Julius Corentin Acquefacques.
    Voire +2 pour les FAELLS, une de mes références has-been vis à vis des élèves, mais j’assume !

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