Barbarie et droit d’auteur
janvier 7th, 2010 Posted in Les prosLe chanteur Bono, du groupe U2, a publié samedi dernier dans le New York Times une tribune libre assez étrange où il disserte sur le bilan des années 2000 et sur les progrès que l’on peut attendre des années 2010. Il lance entre autres un appel à Barack Obama, qu’il implore de peser de tout son poids politique pour que les automobiles à venir soient plus belles et pour que les « style fascists » (il qualifie ainsi Mark Newson, Steve Jobs, Jonny Ive, Franck Ghery et Jeff Koons — je me demande si tous apprécieront) créent des voitures à contre-courant de la médiocrité générale car, explique le chanteur, « ça me fait mal de dire ça de la démocratie […] mais il est rare que la loi du nombre produise de la beauté »1.
Cette curieuse mention du caractère (évidemment !) non-démocratique de la fabrication du beau serait anecdotique si quelques lignes plus loin, le même Bono ne se mettait pas en tête de parler de la question du droit d’auteur et du piratage. Inquiet pour l’avenir de l’industrie du cinéma, du jeu vidéo, de la télévision et de la musique, le chanteur du groupe le plus riche de l’histoire du rock’n’roll appelle à une surveillance du réseau, serveillance dont on sait qu’elle est techniquement possible puisque, nous rappelle-il, la preuve en est donnée chaque jour par le noble effort des États-Unis pour stopper la pédopornographie et par l’ignoble effort de la Chine pour supprimer la contestation sur Internet2.
Bono s’écoute-t-il bien parler ? donner des leçons à la Chine populaire, dont il qualifie un peu légèrement la politique d’ignoble, pour appeler à ce que l’on s’inspire de ses méthodes de contrôle de l’information au profit d’un secteur économique (4% du PIB américain, précise Bono) est un peu douteux à un moment où les pays prospères et démocratiques, dans leur large majorité, n’hésitent pas à utiliser la pédopornographie, le terrorisme ou encore le droit d’auteur comme prétextes à une limitation générale des libertés sur Internet.
L’excellent blog The Internets a débusqué ce matin une autre tribune libre, de portée un peu plus locale puisque publiée par le quotidien Sud-Ouest et signée par Patrick Hourquebie, président d’Alice Media Store — dont j’avais jusqu’ici ignoré l’existence. Ce monsieur s’insurge contre les mirages du « tout-gratuit » qui, dit-il, relève « du négationnisme de la valeur de la création ». Le mot négationnisme pourrait sembler suffisamment chargé mais l’auteur ressent le besoin de préciser sa pensée en affirmant qu’ « Il faut empêcher l’avancée d’une barbarie culturelle qui précède toujours la barbarie tout court ».
Si Patrick Hourquebie parle de barbarie, c’est en effectuant le calcul suivant : privée de revenus, l’industrie culturelle finira par disparaître, or un monde sans culture, c’est un monde qui tombe dans la barbarie.
On pourra trouver la prédiction légèrement contradictoire : le public serait à ce point boulimique de culture… que la culture va disparaître par défaut de financement ?
Il est par ailleurs possible de se poser des questions sur l’emploi irraisonné de raccourcis historiques dramatiques : la barbarie « tout court » est-elle toujours précédée d’une barbarie culturelle ? Si l’on nous parle du nazisme — référence absolue en matière de recul de la civilisation (qui est je suppose ce que l’auteur oppose à la barbarie) —, il faut bien admettre que ce régime n’a pas été ennemi des arts et qu’il s’en est au contraire sans doute beaucoup trop préoccupé. On pense souvent que la politique culturelle du IIIe Reich a été de brimer les peintres expressionnistes, d’imposer l’art monumental un peu toc d’Arno Breker et d’Albert Speer et de produire un cinéma de propagande lourdaude, mais cela relève de la caricature car le régime hitlérien a au contraire fait tout son possible pour séduire ou du moins employer les artistes les plus talentueux de son époque, parfois avec succès, par exemple Léa Von Harbou, épouse de Fritz Lang, Léni Riefenstahl, Carl Orff, Richard Strauss, mais aussi plusieurs peintres « fauves » : Van Dongen, Vlaminck, Friez et Derain, qui sans avoir adhéré à quoi que ce soit ont accepté d’être instrumentalisés. En fait, la vie culturelle de l’Allemagne nazie a été plutôt active3 et la propagande, généralement indirecte. Le régime nazi a prôné un art qui s’adresse au sentiment et non à l’intelligence (ce sont les termes exacts de Gœbbels dans un discours de 1937 auprès de la chambre du cinéma). Cela, sans doute, est barbare, mais n’est pas bien différent de ce que l’on offre au public de nos jours, notamment à la télévision.
On pourrait aussi citer George Steiner pour son essai Dans le château de Barbe-Bleue (1986), où il rappelle que la barbarie nazie n’est s’est pas développée en opposition à la culture mais qu’elle en est le produit.
Et le piratage des œuvres, aujourd’hui, de quoi est-il le produit ? Bono prétend qu’il est proportionnel à la vitesse du réseau (bientôt, dit-il, on téléchargera une saison de 24 heures chrono en vingt-quatre secondes). Mais à mon humble avis, le piratage est avant tout le produit d’une société de consommation qui sollicite en permanence l’envie et qui ne vend jamais les choses à leur juste prix, qui offre par exemple des téléphones pour quelques euros symboliques puis qui adresse chaque mois à leurs possesseurs des factures de plusieurs centaines d’euros ; qui matraque le public de musique « gratuite » dans les publicités ou dans les émissions de télévision ; où chacun sait pertinemment que ceux à qui rapporte une production (disque ou pomme de terre) ne sont pas ceux qui l’ont produit mais ceux qui savent comment exploiter producteurs et consommateurs.
Patrick Hourquebie propose quelques mesures légales qui pourraient selon lui sauver le droit d’auteur. Sans surprise il appelle de ses vœux une législation plus sévère. Au delà de ça, il aimerait que les versions « immatérielles » des livres soient vendues au même prix que leurs version papier (il vend des livres physiques, on comprend son intérêt…) mais aussi que les versions immatérielles soient offertes aux acheteurs des mêmes livres physiques. L’idée est un peu saugrenue puisqu’on ne voit plus quelle sera la raison d’acheter un livre virtuel, mais passons.
Il propose aussi que les droits d’auteur, passé le délai légal actuel, deviennent la propriété de l’état et servent à financer les médiathèques, la lutte contre l’illettrisme, l’enseignement du français à l’étranger et un réseau de librairies indépendantes « certifiées » (?). Au lieu d’entrer dans le domaine public, les droits d’auteur seraient intégrés au bien public, en somme. Pour un copyright qui dure mille ans ? Victor Hugo n’aurait pas été d’accord, on cite souvent cet extrait d’un discours de 1878 : « Le livre, comme livre, appartient à l’auteur, mais comme pensée, il appartient – le mot n’est pas trop vaste – au genre humain. Toutes les intelligences y ont droit. Si l’un des deux droits, le droit de l’écrivain et le droit de l’esprit humain, devait être sacrifié, ce serait, certes, le droit de l’écrivain, car l’intérêt public est notre préoccupation unique, et tous, je le déclare, doivent passer avant nous ».
Comme me le faisait remarquer ma moitié, un dispositif qui permettrait aux états de transformer l’œuvre de ses « grands hommes » en rente perpétuelle aboutirait à de sordides manœuvres de leur part, pour pousser les artistes importants à se faire naturaliser et à décéder sur leur sol.
Pour finir, Hourquebie propose que la taxe sur la valeur ajoutée qui est appliquée aux livres numériques ne soit pas de 5,5%, comme c’est le cas des livres papier, mais de 19,6%, la différence empochée par l’état devant être allouée au financement des services de police spécialisés dans la lutte contre les infractions au droit d’auteur.
Payer pour obtenir une protection, en somme : peut-être pas barbare, mais très féodal !
à lire ailleurs : La farce du droit d’auteur où le réalisateur Ramdane Issaad raconte comment la société civile des auteurs multimédia lui a versé 9 euros de droits pour les diffusions sur TV5 de sept ses documentaires. L’article était signalé par François Bon dans Scam : arrêter la comédie, où le romancier détaille un courrier qu’a envoyé la Scam à ses sociétaires pour proposer d’instaurer une taxe appliquée aux gros consommateurs de bande passante sur Internet…
- « It hurts me to say this about democracy […] but rarely does majority rule produce something of beauty ». [↩]
- « we know from America’s noble effort to stop child pornography, not to mention China’s ignoble effort to suppress online dissent, that it’s perfectly possible to track content » [↩]
- Ce qu’en dit Lionel Richard, spécialiste de la culture allemande au XXe siècle : Le Troisième Reich a engendré quelque deux mille films, favorisé l’édition de milliers de romans, de centaines d’anthologies de poèmes, organisé des centaines d’expositions de peinture, contribué à l’élaboration de milliers de monuments, de statues, de sculptures, de fresques. Les productions dites artistiques ont proliféré, elles ont envahi la vie quotidienne de millions d’Allemands, elles ont forcé leur intimité. Elles ont été offertes à une contemplation et à une consommation massives comme jamais en Allemagne jusque là.
Lionel Richard, Le Nazisme et la Culture, éd. Complexe, 2006 [↩]
18 Responses to “Barbarie et droit d’auteur”
By bO rivage on Jan 7, 2010
Je suis toujours très agréablement surprise par tes articles et souvent complètement d’accords, ce qui ne gâche rien.
By Jean-no on Jan 7, 2010
@bO : je peux difficilement être contre ce genre de commentaires :-)
By pull on Jan 7, 2010
Contrairement à toi ça ne me semble pas absurde d’offrir une version immatérielle avec un livre en papier. C’est ce qui se passe quand tu achètes un vinyl du label Asmatic Kitty par exemple. On te donne un code pour télécharger le dique en question pendant 24h.
Comme ça tu as le plaisir de posséder un bel objet, d’avoir la qualité du vinyl et le coté pratique des mp3.
Ce qui me semble absurde et dévalorisant c’est que la musique soit un cadeau bonux accompagnant l’achat d’un téléphone ou d’un forfait.
By Jean-no on Jan 7, 2010
Que la version immatérielle accompagne le livre va dans une certaine logique : on acquiert le droit d’user d’une oeuvre, donc pourquoi pas. Sympathique, pratique, pas de problème pour moi.
Mais l’idée du mec va plus loin, il veut que les versions immatérielles soient vendues au prix des livres papier. C’est à dire que si j’achète un livre physique à 20 euros, on me donne la version immatérielle en même temps – ok – mais que si j’achète la version immatérielle, on ne me donne pas le livre physique pour autant, mais en plus j’ai payé 20 euros puisque pour le monsieur il faut que le prix soit strictement le même.
Ce que je me demande c’est : qui achètera un livre immatériel seul dans ces conditions ?
By Bishop on Jan 7, 2010
« Au delà de ça, il aimerait que les versions « immatérielles » des livres soient vendues au même prix que leurs version papier (il vend des livres physiques, on comprend son intérêt…) mais aussi que les versions immatérielles soient offertes aux acheteurs des mêmes livres physiques. L’idée est un peu saugrenue puisqu’on ne voit plus quelle sera la raison d’acheter un livre virtuel, mais passons. »
J’adore. D’un côté il a le fait que le livre immatériel ne vaut rien (le donner en cas d’achat), de l’autre une improbable escroquerie (vendre un livre immatériel, sans coût de fabrication, à différencier du coût de production, sans coût de distribution, sans les marges intermédiaires)… magnifique!
Conservatisme contre barbarie… je vais sortir ma hache.
By Jean-no on Jan 7, 2010
Oui il y a un problème de symétrie. S’il disait que les droits d’auteur doivent être les mêmes pour les livres immatériels et pour les autres, alors ça se tient, mais le même prix de vente final ? Bon le gars a une boutique de produits culturels physiques, hein, c’est plutôt les répercutions du livre immatériel sur son commerce qui l’inquiètent et on peut le comprendre, mais pourquoi faire semblant de pleurer pour les auteurs ?
By cocobeloeil on Jan 7, 2010
ah bon ? vous trouvez vous que la dictature chinoise est pondérée ? Pas moi .
By Jean-no on Jan 7, 2010
@cocobeloeil: Je ne sais pas s’il existe des dictatures « pondérées », mais le contexte chinois mérite un peu plus d’explications et d’informations que des phrases faciles et des gros mots. Pour commencer, c’est un pays en mouvement où pour des raisons historiques et géographiques, les gens ont une peur bleue du désordre, ce qui fait que le régime (indéniablement) autoritaire chinois est en grande partie soutenu par les chinois eux-mêmes, d’autant que ceux-ci sont en ce moment focalisés sur la question de la prospérité, qui est ce dont ils ont toujours manqué. Les libertés publiques, ils remettent ça à plus tard.
Pourtant cette liberté publique s’assouplit sensiblement, et bizarrement c’est du fait de la gestion nouvelle de la liberté d’expression dans la presse et sur Internet. Par exemple les journaux en ligne ont des sortes de « permis à point » et une forme de « riposte graduée » qui rend la censure très différente de ce qu’elle était jusqu’ici.
Enfin ce n’est pas le Pérou, mais les chinois semblent se sentir plus libres qu’il y a vingt ans, tandis que nous connaissons un mouvement inverse : finirons-nous par nous rejoindre ?
Une chose à savoir avec les chinois en général c’est que l’insulte ou les commentaires embarrassants sont le moyen le plus sûr pour les empêcher de progresser car culturellement, tous les sinophiles le disent, ils ne supportent pas de perdre la face. De notre côté, pourquoi en faisons-nous tant sur la Chine ? Je pense qu’il y a une très mauvaise raison qui est notre peur de la croissance économique chinoise, on préfère donc imaginer que le pays n’a pas progressé d’un pouce depuis le « grand bond en avant » et réclamer un peu bêtement que la sanglante théocratie des lamas soit rétablie au Tibet.
By lucasbfr on Jan 7, 2010
J’adore l’idée d’une TVA à 19.6 % sur le numérique pour financer HADOPI.
Je propose une TVA à 19.6 % sur le livre papier, pour donner à l’ex DGCCRF (j’ai oublié le nom du nouveau machin) les moyens de contrôler les libraires comme Monsieur.
A moins que l’idée n’est que d’emmpêcher le livre numérique d’être économiquement viable ?
By pull on Jan 7, 2010
@Jean-no Oui, comme tu as plein de lecteurs je n’arrive jamais à te répondre directement dans les comm.
On est globalement d’accord. Cela dit il me semble que ce brave homme rêve à voix haute plutôt qu’autre chose. Son modèle est absurde.
Les deux textes que tu cites sont deux bons exemples de la mentalité défensive qui a, à mon avis beaucoup favorisé le téléchargement gratuit : plutôt que de chercher de nouveaux modèles commerciaux on cherche à freiner au maximum des pratiques appelées à devenir courantes.
Peu de personnes se souviennent que l’un des premiers lecteurs mp3 portable grand public, le rio pmp300 fut l’objet d’un âpre combat judiciaire entre la firme Diamond et la Recording Industry Association of America. (imagine t-on aujourd’hui chercher à interdire ou du moins fortement taxer les i-pod?)
C’était en 1998, douze ans se sont passés et pourtant les grands vendeurs de disques semblent avoir toujours les mêmes difficultés à penser leur travail autrement.
L’exemple que je te citais illustrait, à mes yeux un positionnement plus ouvert et intelligent. pour la partie mp3 mais aussi pour la partie « objet ». Je crois qu’il y a de plus en plus de personnes qui vont aux concerts, le cinéma n’est pas pénalisé par le téléchargement, les vinyls se vendent bref tant qu’une expérience dépasse le simple achat d’information codables.
By Jean-no on Jan 7, 2010
Mon hypothèse c’est que les producteurs de musique et les éditeurs de livres mais aussi de jeux, en tout cas les plus mauvais, ont bien plus peur du téléchargement légal que du téléchargement illégal : quand le musicien réalise son album dans son home studio et fait sa promo sur Internet, il peut y avoir un moment où il n’a plus besoin d’Universal. Je ne parle pas des musiciens qui sont aussi des produits de consommation de masse dont l’existence est difficilement imaginable hors du circuit actuel mais de tous les autres.
Tout ce monde utilise le mot « téléchargement » en oubliant souvent de préciser « illégal », mais c’est en fait pour une bonne raison… Quand au piratage, il leur permet d’exiger des rentes : la Scam, la Sacem et la Sacd empochent de l’argent via des subventions, des taxes, des forfaits, des dommages et intérêts aussi, sans jamais se donner la peine de les justifier (à quoi bon, puisqu’il est communément admis que ces industries souffrent du piratage…) et dans une certaine opacité.
Maintenant est-ce que les gens ont de moins grosses dépenses culturelles aujourd’hui qu’il y a dix ans ? Je ne parierais pas.
By emoc on Jan 8, 2010
Le mois dernier, c’est un député français qui citait la Chine comme exemple d’une « sécurisation » de l’internet réussie ( Un député ump propose de nationaliser le réseau Internet ), à lire sur son site ( http://www.jacques-myard.org ) il compte bien poursuivre son action et proposer une loi afin de nationaliser internet (sic).
Ce qui est lassant dans ces discussions autour des industries culturelles (avant hier la musique, hier le cinéma, aujourd’hui l’édition) et des échanges pair à pair ou du téléchargement, c’est qu’elles ressassent toujours les mêmes prémices, jamais remis en question, et qu’elles laissent de côté ce qui ne le arrange pas (l’accès gratuit à la culture existait avant internet, dans les bibliothèques et médiathèques, espaces de barbarie?, les ventes de cd ont baissé mais la musique live se porte bien, les « budgets » accordés aux produits culturels se sont probablement fragmentés entre dvd, livres, cd, jeux vidéo, etc., en les regardant partiellement, l’image n’est elle pas faussée?)
By Jean-no on Jan 9, 2010
@Emoc : désolé, tes commentaires passaient pour « indésirables » du point de vue de WordPress, ils ne sont donc pas apparus tout de suite. Tiens, les médiathèques aussi en prennent plein la figure, on en parle peu mais il y a une parano du droit d’auteur qui peut être très paralysante. Dans plusieurs écoles d’art par ex, on n’a pas le droit de diffuser des films pour lesquels l’école n’a pas acquis les droits qui le permettent, et toutes les bibliothèques paient une forme de compensation…
Les ventes de cd sont vraiment une blague : les éditeurs pressent de moins en moins de cd, évidemment que ça ne se vend pas, mais leurs revenus, comme tu dis, sont ailleurs. Tiens, on en parle peu mais les salles de cinéma ont enregistré en 2009 leur meilleure fréquentation depuis 30 ans (dixit les cahiers du cinéma de ce mois ci)
By emoc on Jan 12, 2010
Merci pour l’explication, c’est probablement l’utilisation de balises href que wordpress a interprété comme une tentative indésirable.
Il me semble que la propagande des « défenseurs du droit d’auteur », bien qu’elle soit caricaturale, a quand même réussi à donner une image négative du téléchargement à « l’opinion » – en y associant les technologies du pair à pair qui ont pourtant d’autres usages que de télécharger le catalogue universal – et à alimenter le mythe d’internet comme repaire d’irresponsables sans foi ni loi, cher à certains média et à quelques responsables politiques. C’est quand même un tour de force qu’essayer de faire passer un réseau ouvert à tous pour une menace contre la société!
By Jean-no on Jan 12, 2010
En fait c’est plutôt le fait de faire plusieurs liens, car à part ça WordPress est ok avec la balise href dans les commentaires.
C’est vrai ce que tu dis sur l’opinion publique, il n’y a qu’à voir comment le mot « téléchargement » est souvent utilisé pour « téléchargement illégal ».
Et personne pour relever les contradictions dans les chiffres et les discours, on admet l’existence d’un piratage vaste et totalement inédit, mais personne n’explique comment les 450 000 films téléchargés illégalement chaque année (disait Albanel) n’empêchent pas le cinéma de connaître son plus haut taux de fréquentation depuis trente ans.
By Leila on Juin 9, 2010
Je pense sincéremment que vous n’avez pas conscience du monde dans lequel vous vivez. Ce monsieur est un chef d’entreprise d’une PME, qui vend des disques, et des livres… Il se bat non pas « pour tirer plus d’argent », mais pour que les auteurs, qui heureusement ne sont pas tous mort, puisse obtenir une juste rétribution pour le travail qu’ils nous offrent, une rétribution qui leur est nécessaire pour vivre et pour pouvoir nous offrir ce que leur talent leur apporte… Le débat n’est pas d’abbatre les distributeurs, mais bien de combattre le vol des oeuvres: car ce ne sont pas les auteurs qui mettent leurs oeuvres sur internet mais ce sont bien eux qui sont pillés.
Ce n’est pas de répression dont il parle mais bien de solutions concrètes pour empécher ce pillage. Des solutions concrètes que les politiques n’ont pas le courage de prendre, pression des lobbys ou manque de volonté de sauver la culture française?
Le monde dont le monsieur nous parle est celui de l’honnêteté et non pas du vol.
Dans l’industrie du livre, les classiques, dont vous dites que les recettes sont reversées aux descendants, sont toutefois souvent la propriété des éditeurs, et c’est grâce à eux ainsi qu’aux petit nombre des bestesellers que les éditeurs peuvent financer la publication d’autres auteurs inconnus qui pourtant ont le mérite de l’être…
Alors il faut peut être réfléchir à tous avant de ne pensez qu’à soi: pauvres petits internautes…
By Jean-no on Juin 9, 2010
« Pauvre petits internautes » ? Mais les internautes, c’est vous, c’est moi, c’est tout le monde maintenant !
Les « classiques » tombés dans le domaine public ne sont, par définition, la propriété de personne. Ainsi tout le monde a le droit de publier du Victor Hugo sans payer quoi que ce soit à qui que ce soit (mais la loi interdit malgré tout de saborder ces œuvres ou de se les approprier – un écrivain x ne peut pas signer un livre écrit par un autre il y a deux cent ans). Je ne vois pas en quoi cela constitue un vol. Cela permet à de nombreux éditeurs de gagner de l’argent, et cela permet aussi aux chercheurs de se procurer des textes ou de les citer sans contraintes. Je ne pense pas que vous maîtrisiez bien le sujet, je comprends votre intuition altruiste de départ (toute peine mérite salaire ; les éditeurs gagnent de l’argent pour permettre aux créateurs de produire), mais les choses se passent d’une manière nettement moins caricaturale dans les faits.