Profitez-en, après celui là c'est fini

Un cadreur au Rayon bonbons

novembre 15th, 2009 Posted in Filmer autrement, indices, Les pros, Parano

Reconstitution de/pour mémoire d’une scène à laquelle j’ai assisté hier dans la supérette de ma ville.
Deux adultes qui je pense sont des Rroms, se trouvent très occupés au rayon bonbon, ils ont l’air de trier les sachets de chamallows et autres confiseries et ils en remplissent leurs paniers. À un mètre d’eux, le vigile du supermarché se tient immobile et silencieux, un téléphone collé sur l’oreille.

rayonBonbons

Je ne pense pas me tromper en supposant qu’il fait semblant de téléphoner — couverture classique — mais aussi qu’il est en train de filmer ce qui se passe juste à côté de lui. L’immobilité et le mutisme absolu du vigile trahissent son activité de surveillance, mais ses yeux ne fixent pas les personnes qu’il surveille, ils regardent même partout ailleurs que dans leur direction. En revanche, l’œil de la caméra du téléphone est bien dégagé et précisément orienté vers les deux clients. J’ai fait des allers et retours dans le rayon pour observer l’observant et les observés, cela a bien duré cinq minutes.

L’utilisation de moyens de surveillance mobiles et discrets n’est pas très souvent mentionnée dans les débats qui entourent la question de l’augmentation des caméras de surveillance fixes. Pourtant la technologie est massivement disponible, puisque sans parler des dispositifs espions comme les lunettes caméras, presque tout le monde a dans la poche un dispositif de prises de vues fixes ou même, de plus en plus souvent, animées : le téléphone portable.

  1. 5 Responses to “Un cadreur au Rayon bonbons”

  2. By ab on Nov 15, 2009

    Il y a deux ans sur Inter, j’avais entendu dire Alain Fleischer, à propos d’un film qu’il venait de réaliser avec un téléphone mobile, qu’il filmait, je cite, « avec ses oreilles ».
    Cette expression m’a beaucoup fait rire – je l’ai trouvé ridicule – et je la ressort souvent à mes étudiants : car pour ma part, je trouve plutôt qu’il filme comme un pied, le Fleischer.
    Mais ça, c’est un autre débat.

    (Joli dessin)

  3. By Jean-no on Nov 15, 2009

    Wouhah, quel méchant persifleur tu fais :-)
    On pourrait faire une anatomie organologique du cinéma : il y a ceux qui filment avec les oreilles, ceux qui se vantent de filmer avec le cœur ou avec leurs tripes, ceux qui filment à l’épaule, au poing, il y a eu le cinéma-œil de Vertov et, comme tu le dis, il y a ceux qui filment avec les pieds.

  4. By ab on Nov 15, 2009

    :-)
    Depuis deux heures que ton vigile me hante sans savoir pourquoi.
    Enfin trouvé : Fantômas !

  5. By Jean-no on Nov 15, 2009

    Maintenant que tu le dis, j’entends les orgues.

  6. By vigilambule on Nov 16, 2009

    Le cas Fleisher : filmer en parlant, c’était une idée de dispositif, mais une idée seulement car le téléphone qu’il utilisait ne permettait pas de faire ça simultanément. Le film « performé » dans le quartier Dazhalan à Pékin était en fin de compte prétentieux et inutilement exotique.

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