Puisque c’est comme ça je m’en vais, n’essayez pas de me retenir
août 3rd, 2009 Posted in Brève, Mémoire, Personnel
Il fallait que ça arrive, je prends des vacances, je pars pour un séjour de quelques semaines dans un petit port de pêche de l’Adriatique où de fiers insulaires risquent leur vie sur des bateaux minuscules pour ramener des thons, comme l’ont fait leurs pères et les pères de leurs pères pendant des milliers d’années, bravant la mer à l’aller et affrontant à présent lorsqu’ils rentrent au port les regards sombres et culpabilisateurs des écologistes. Je ne me hasarderais pour ma part sans doute pas à causer là-bas du thon rouge, victime de surpêche et dont on annonce la disparition en 2012.
Là-bas, je n’aurai pas de connexion Internet. Certains aiment ces épisodes déconnectés, pour ma part j’ai plus de mal.
Donc je disparais du réseau. Juste avant cela, puisque l’on parle de réseau, j’emporte un petit souvenir, cette communication de Serge Soudplatoff, signalée par Read Write Web.
Sur les trois quarts d’heure que dure l’intervention, je n’ai strictement rien appris, je connais l’histoire et le fonctionnement du réseau, comme une grande partie du public du reste. Je n’ai pas non plus été surpris par les visions prospectives développées ou par les anecdotes relatées (cliquez sur l’image pour voir et entendre).
Par contre j’ai été quelque part assez ému. Non pas ému par l’évocation du passé du réseau (ce qui serait bien mon genre) mais ému de voir que quelqu’un de renseigné pouvait, aujourd’hui encore, se montrer positif voire même franchement optimiste en pensant à la manière dont le réseau modifie peu à peu l’économie, la politique, et la société toute entière. Pour moi qui ai vu naître l’Internet grand public1, l’histoire récente du réseau est plus désespérante qu’autre chose : verrouillages politiques et légaux divers, captation de l’énergie (créative notamment) des internautes par de grosses sociétés… Et je ne parle pas des services qui n’ont jamais si mal fonctionné qu’à présent, comme l’e-mail, gangréné par le spam et négligé par les opérateurs, ou les forums usenet, eux aussi délaissés par les fournisseurs d’accès. Le mail et Usenet sont deux services qui appartiennent pourtant à l’épine dorsale du réseau d’origine.
Ce que Serge Soudplatoff, acteur de l’industrie de l’informatique et du réseau, rappelle ici, c’est qu’Internet a moins changé au contact du monde extérieur, du monde séculaire disons (car ça a été un sanctuaire, Internet), que le monde n’a changé au contact du réseau. Au fond, même si je n’y crois qu’à moitié (j’ai un verre à demi-vide à opposer à chaque verre à demi-plein du conférencier), ça fait plaisir à entendre et du reste, c’est bien dit.
Vague impression d’avoir retrouvé ici quelque chose que j’avais perdu en route sans même en avoir conscience.
Bon, sur ce, je pars au soleil et au bord d’une mer tiède dans le but précis de m’enfermer pour lire toute la journée.
- Je dis bien grand public — j’ai connu le réseau avec l’arrivée de Compuserve en France au milieu des années 1990. Un jour je parlerai de ce temps au moins de vingt ans qui ne peuvent pas le connaître, le temps des pages sans images sur fond gris, avec des textes invariablement noirs et des liens bleu électrique, l’époque où le seul fait d’avoir un site personnel permettait de se faire embaucher par Lagardère… [↩]
11 Responses to “Puisque c’est comme ça je m’en vais, n’essayez pas de me retenir”
By Jukurpa on Août 3, 2009
Hé bien bonnes vacances! Pour ma part j’adore cette coupure du monde. Les moments, où au bout de 2 jours, on ne se demande même plus où on a bien pu ranger son téléphone… D’ailleurs cette année, je suis bien aise d’avoir pu échapper au malaise de notre président.
By Jean-no on Août 3, 2009
Je vois bien le plaisir d’être loin de tout, mais l’idée m’angoisse. Le malaise du président, c’était intéressant malgré tout. D’abord j’ai été étonné du nombre de gens apparemment raisonnables et posés qui m’ont dit des choses telles que « j’espère qu’il va crever ». La dernière fois que j’ai perçu autant de férocité à l’égard d’un politique mal en point, c’est à la mort de Jean-Pierre Stirbois, le bras droit de Le Pen à la fin des années 1980 : la mort est généralement une question un peu taboue, rassembleuse, qui fait qu’on se met presque à aimer le défunt qu’on avait tant détesté de son vivant. Bon il faut dire que le cas est un peu différent car même s’il a fallu deux hélicoptères pour le ramener (?), il n’est pas mort. Je ne pense pas qu’il y ait eu beaucoup de présidents autant haïs (et en même temps majoritairement appréciés puisqu’il sera réélu à mon avis sans problème). Tu peux rattraper ton retard en matière d’actualité chez blogueur influent.
By Bishop on Août 3, 2009
Si le problème ne venait que de Sarkozy… bref. Profite bien de tes vacances, le dernier blog va nous manquer ces quelques semaines mais on attendra.
Sinon ce n’est pas si mauvais d’y croire encore un peu, la manière dont les internautes réagissent à Hadopi, l’Iran, les centaines de blogs agréables à lire comme celui-ci.
Il y a de quoi flipper mais tout reste possible.
Bon voyage.
By Jukurpa on Août 3, 2009
Être déconnecté pendant quelques jours me permet de remettre à leur place toute cette technologie envahissante qui nous semble indispensable le reste de l’année, on sent un léger picotement les premiers jours à l’idée de ne pas consulter les mails, de ne pas suivre sa Timeline sur Twitter, puis on se coule dans un hédonisme simple et naturel (voir très terre à terre) et par ce biais, l’addiction à toute ces technologies s’efface pour quelques temps, ce n’est absolument pas forcé, la 3G passe, l’ordi n’est pas loin mais l’envie (dirais on le besoin) n’est pas là et au bout de quelques jours, on se dit qu’on pourrait bien s’en passé complètement le restant de l’année. A tel point qu’au retour des vacances, il y a toujours une latence d’un jour ou deux avant d’enfourcher la souris et le clavier et de plonger dans cette nébuleuse numérique.
Et puis quel calme de ne pas être saturé d’infos…
By Guigui on Août 3, 2009
Bonne vacances! Que ton verre à demi-plein (ou vide (enfin bref)) soit bien rafraichissant!
By Guigui on Août 3, 2009
zut, bonne avec un ‘s’…et l’accent circonflex…raaaa…moi aussi je devrais prendre des vacances…
By Tom Roud on Août 3, 2009
Bonnes vacances (sans doute trop tard).
Personnellement, j’adore me déconnecter. L’ordinateur et internet sont en effet synonymes immédiat de boulot pour moi, si j’ai un ordinateur, je ne peux pas m’empêcher de faire quelques simulations, etc…
By Jean-no on Août 3, 2009
@Tom : Non non, je ne suis pas encore parti et contrairement à mes prévisions, tout est déjà archi-près.
J’emmène un netbook même s’il ne sera connecté à rien.
@Guigui : Ce sera en tout cas un verre d’eau car s’il paraît qu’il existe d’excellents vins croates, je n’ai rencontré jusqu’ici que des fermentations maison sans doute dangereuses.
@Jukurpa : je me connais… Je vais angoisser, je vais prendre un bateau pour aller dans la grande ville du coin et y chercher un cybercafé… Ce n’est ni Twitter, ni le mail qui me poussent à ça, c’est l’état de mon serveur. J’ai besoin d’être sûr qu’il fonctionne.
@Bishop : merci. Ce sera un assez long voyage : trois trains dont un couchettes et deux bateaux dont un de nuit. Mais c’est comme ça que j’aime voyager finalement.
By sf on Août 3, 2009
> »Ce sera un assez long voyage : trois trains dont un couchettes et deux bateaux dont un de nuit »
Mais à quand la téléportation ?!
…avec l’i-phone.
By Jukurpa on Août 3, 2009
@SF Au contraire le voyage fait partie intégrante des vacances et le train est une des plus belle manière de se déplacer en Europe. Se coucher à Vintimille et se réveiller à Venise, c’est un bonheur :)
By Jean-no on Août 3, 2009
Pour moi la téléportation c’est pour les voyages très longs ou plus courts. Passer deux heures entre Le Havre et Paris une fois par semaine ça m’embête. Par contre voir du pays, j’aime bien. Je n’aime pas l’avion, par ailleurs, car aucun scientifique ne sait comment ça tient en l’air alors qu’il n’y a aucun fil pour le tenir (il faut que j’écrive un article pour dévoiler ce mystère). Bon je ne cracherais pas sur un iPhone dans lequel on pourrait dire Scotty! Teleportation