Petit pas
juillet 21st, 2009 Posted in Images, Sciences, Vintage(publié à la minute exacte du quarante-quatrième anniversaire de l’évènement…)
Mon père était ingénieur à la Thomson (à présent Thales), fleuron de l’industrie française, à Gennevilliers. Lorsqu’il en avait le temps, il faisait un tour à la médiathèque de l’entreprise pour emprunter des livres, des disques ou des films. À l’époque, c’est à dire pendant les années 1970, les films ne s’empruntaient pas en vidéo mais sur pellicule super-8. Ils duraient quelques minutes seulement. On aimait surtout regarder des Disney (des Donald Duck, des documentaires animaliers ou des vues de Disneyland) , des Tom et Jerry, des Chaplin, des films du commandant Cousteau, et puis le film, qu’on a emprunté très souvent, celui des premiers pas de l’homme sur la lune.
Puisque c’était une projection, il y avait toujours un peu de cérémonie dans ces visionnages : l’écran perlé qu’il fallait installer et dont je me rappelle distinctement et l’odeur et le bruit, le projecteur qu’il fallait sortir et surélever… C’était toujours un peu la fête.
Voir les images muettes de ces bonshommes prudemment sautillants avait quelque chose d’un peu magique. Même petit, je pense que j’avais conscience que c’était un évènement, un vrai, et un évènement de portée universelle. Et même si j’y ai assisté avec quelque chose comme dix ans de retard, j’avais l’impression de le voir en direct.
Aujourd’hui, on parle de retourner sur la lune, il y aurait 180 bonnes raisons à ça. Mais l’envie véritable, la motivation, ne semble plus être là, et cette résignation ne concerne à mon avis pas que l’exploit technique et humain de l’alunissage, c’est toute une croyance dans un futur meilleur qui, à mon avis, fait défaut.
Lire ailleurs : La lune est pour demain. La promesse des images (André Gunthert)
6 Responses to “Petit pas”
By Antoine Bablin on Juil 21, 2009
Combien d’enfants rêvent d’être cosmonaute, pompier, policier, infirmière, vétérinaire, maîtresse d’école… Quand je demande à mes neveux ou nièce la réponse est presque systématique : ‘Paris Hilton’ pour les filles et ‘riche’ pour les gars..
-« Ya plus de jeunesse mon pauvre monsieur !! »
By Jean-no on Juil 21, 2009
Tiens je connais une infirmière qui vient d’avoir un bébé avec un pompier. On les appelle les playmobils parce qu’ils ont des métiers de playmobils :-)
Je connais plein de petites filles qui rêvent d’être stylistes mais en même temps elles se connaissent, elles sont filles de graphistes, peut-être qu’elles se sont montées la tête encouragées par leurs mamans.
Les garçons ont effectivement l’air un peu perdus dans leurs ambitions, et le moyen (l’argent) me semble souvent être devenu le but, ce qui est triste.
By Antoine Bablin on Juil 21, 2009
à nous avoir trop promis la lune on se retrouve comme des imbéciles à regarder le doigt !
By André Gunthert on Juil 22, 2009
La motivation de la conquête de la Lune était la course des deux superpuissances. Depuis que le match a été gagné, il n’existe plus de motivation suffisamment forte pour peser sur les choix politiques (mis à part la Chine, si son rêve impérial se poursuit assez longtemps pour arriver n° 2). Si l’on considère que la conquête spatiale fut l’une des principales modalités d’expression de la guerre froide, il est peut-être heureux de constater que nous n’avons plus de raisons de retourner sur la Lune.
By Jean-no on Juil 22, 2009
La seconde guerre mondiale puis la guerre froide ont été des moteurs de progrès scientifique incroyables (atome, balistique, aviation, informatique), mais quel dommage d’imaginer qu’aucune autre forme d’urgence n’arrive à motiver le progrès !
By Emmanuel on Juil 24, 2009
La projection d’un film Super 8 est en effet un cérémonial irremplaçable. Je continue à faire des projections depuis ma fenêtre sur l’immeuble d’en face : un combat de Cassius Clay, la visite des jardins de Versailles vue d’avion, Shaft, un Orson Welles réduit à une pellicule de 15 min etc.
J’imagine très bien ce que doit provoquer la projection des premiers pas sur la Lune sur un écran qui ressemble d’ailleurs à la surface du satellite…
Bien à vous.