Google images et les licences Creative Commons
juillet 10th, 2009 Posted in Brève, ImagesUne nouvelle fonctionnalité de Google qui risque de changer la vie de pas mal de gens : depuis hier, le moteur de recherche d’images de Google contient une nouvelle option, on peut choisir de n’afficher que les images soumises à une licence «libre» de type Creative Commons :
Il existe déjà sur Internet de nombreux moteurs de recherche d’images par licence d’utilisation (à commencer par FlickR), mais additionné à la qualité et à l’étendue de la base de données de Google images, je pense que cette nouveauté n’est pas un fait annodin.
6 Responses to “Google images et les licences Creative Commons”
By ben on Juil 11, 2009
cool :)
moi je viens de voir des nouveautés dans google streetview (zoom et plan) :)
By Jean-no on Juil 11, 2009
Ce qui ne fonctionne pas encore bien mais qui devrait être une sacrée révolution pour l’iconographie c’est Google labs similar images
By Vandermeulen on Juil 12, 2009
C’est amusant ça. Car le premier réflexe a été pour moi de taper mon nom dans Google images, bien entendu. Et que vois-je dans les propositions faites avec la mention réutilisation à des fins commerciales autorisée ? Une photographie d’une de mes fresques à Bruxelles…
Ceci ne me choque aucunement, mais cela soulève peut-être une difficulté : lorsque, comme moi, les auteurs découvriront par Google quelques reproductions de leurs œuvres offertes au commerce.
Je ne sais pas qui a établi que les photos des fresques bruxelloises étaient réutilisables à des fins commerciales, et ce choix paraît tout à fait normal puisque ce sont des œuvres présentées en rue, mais connaissant la parano de certains quant à la notion de propriété intellectuelle, Google images risque de devenir un petit jeu amusant… Faudra-t-il encore que la photographie soit positive et mette correctement en valeur l’œuvre ; sur les photos de ma fresque, on aperçoit des souillures et des tags, par exemple… Et si je voulais m’opposer à cela, considérant que la photographie, trop sombre, mal cadrée, ne vante pas assez bien « mon œuvre » ? (Œuvre collective, qui plus est, réalisée avec une douzaine d’enfants).
Je me souviens fort bien de la polémique effarante qui était née lors de la conception d’une couverture d’un des derniers Black & Mortimer. L’illustration devait représenter l’Atomium attaquée et dont l’une des boules explosait. Cette couverture d’album BD avait été finalement interdite par les ayants-droits du monument, sous le prétexte – apparemment retenu – que ce type d’image « pourrait donner des idées terroristes ».
By Jean-no on Juil 12, 2009
Google se défausse assez logiquement sur ce point : ils ne vérifient pas la validité de ces licences. Ici, c’est FlickR qui prétend que ton image est libre. Tu remarqueras que l’auteur de la photo a été honnête puisqu’il te crédite. Cette précision peut se retourner contre lui d’ailleurs puisque, en attendant que le moteur d’identification d’images de Google fonctionne, ce sont les titres et les mots-clés qui permettent d’identifier des images.
Dans ton cas, tu as tout à fait ton mot à dire car le droit européen en matière de paternité d’&oecirc;uvres est assez clair : à moins que l’image ne représente un fait d’actualité (si la fresque avait moins de trois mois et que l’image servait à illustrer un article au sujet de son inauguration par ex.), sa publication est soumise aux conditions de nombreux auteurs. Dans une photo de fresque par exemple, l’image est soumise à plusieurs droits d’auteur : le photographe, l’artiste, les exécutants de l’&oecirc;uvre s’ils sont distincts, l’architecte du bâtiment s’il est en vie ou décédé il y a moins de 75 ans, sans compter les éventuels passants reconnaissables qui ont eux aussi leur mot à dire. On ne peut pas être complètement catégorique car le droit concernant les monuments ou les images situées sur la voie publique change un peu selon les pays mais aussi suivant leur utilisation : on a le droit de photographier quasiment ce qu’on veut, mais pas de publier ce qu’on veut. Une image sur FlickR est-elle publique ou personnelle ?
Il est évident que peu de monuments rapportent suffisamment d’argent par la simple exploitation de leur image : la pyramide du Louvre, l’éclairage de la tour Eiffel et autres cartes postales ont un poids financier certain mais la plupart du temps, lorsque quelqu’un fait jouer le droit à l’image pour interdire une reproduction qui le concerne, c’est pour d’autres raisons, comme par exemple quand la fondation Moulinsart fait pilonner un livre qui parle de l’alcool chez Hergé mais se montre clémente avec d’autres essais aux sujets plus légers. Aux États-Unis, ils n’auraient pas gain de cause, car la loi dite « fair-use » permet à l’auteur d’un essai d’illustrer un texte de cette manière, tant qu’il n’y a pas d’abus et que le texte n’est pas un prétexte à utiliser des images soumises à droit d’auteur.
Je commence à connaître tout ça car sur Wikipédia, la politique est de se couvrir au maximum : chaque jour des images sont effacées pour ces raisons.
Dans les faits, les artistes ne sont généralement pas des chiens (leurs ayant-droits c’est moins sûr) et peuvent même être flattés que l’on montre leurs &oecirc;uvres : il est rare que, hors d’une utilisation abusive, ils trouvent l’énergie ou aient l’envie de se battre.
Je connais un artiste qui en avait tellement marre des scans moches et des photos ratées utilisées par la presse pour montrer son travail qu’il diffuse lui-même, à titre gracieux (mais à ses conditions, pas question de changer les crédits par ex.) des images « officielles » en haute définition et en bonne qualité.
By Vandermeulen on Juil 12, 2009
Sur ces questions, tu ne cesseras de m’impressionner, Jean-No.
By Jean-no on Juil 12, 2009
En termes de droit d’auteur, Wikipédia est une assez bonne école. L’encyclopédie attend toujours le sale procès qui la ruinera et qui permettra de la faire racheter par je ne sais quelle société comme c’est arrivé à une fondation anti-sectes américaine dont les fichiers et le nom appartiennent à présent à son pire ennemi. C’est un peu différent dans le cas de Wikipédia puisque les textes sont « libres » et peuvent donc survivre à la fondation Wikimédia. Mais en attendant, une certaine parano règne vis à vis du droit d’auteur, notamment dans le domaine des images. J’ai fini par cesser de placer des images sur Wikimedia Commons car il fallait constamment répondre à des juristes amateurs (mais sérieux comme souvent les amateurs) soucieux de respecter le code du droit d’auteur de tous les pays du monde ! Voir les requêtes de suppression du mois de juillet par exemple.
Bizarrement, le droit à l’image est rarement un motif de suppression, il y a pas mal de portraits de personnes sur Wikipédia, sans problème. Cependant ce ne sont pas des portraits insultants ou diffamatoires (le créateur d’un personnage électronicienne asiatique que l’on verrait sortir d’un sex-shop à Tokyo) ni véritablement problématiques (enfants).