Profitez-en, après celui là c'est fini

La patrie des droits de l’homme au quotidien

juin 25th, 2009 Posted in Brève, Pas gai

juan_pablo_gutierrezJuan Pablo Gutierrez est étudiant à l’université Paris 8. Lundi 15 juin, vers une heure du matin, il est agressé par un groupe de personnes qui lui réclamaient une cigarette. Il parvient à se réfugier dans le hall de son immeuble et téléphone à la police qui arrive assez vite pour interpeller un de ses agresseurs.
Une fois au commissariat, où il vient porter plainte, les choses se déroulent de manière anormale : il est traité sans aucun ménagement, puis avec brutalité croissante, jusqu’à se faire insulter puis frapper par les policiers, déshabiller, et enfin mettre en cellule pour la nuit. Il est finalement relaché au matin avec cinq minutes d’avance sur son agresseur de la veille et une perte définitive de 40% des capacités auditives d’une de ses oreilles.
Ce jeune homme colombien de 27 ans est un photographe de reportage très doué comme le prouve son site web et comme en atteste le fait qu’il ait été le récipendiaire du prix du public au concours Paris Match du photoreportage étudiant en 2008, pour une série de photos consacrée à témoigner de l’existence des enfants qui vivent dans des bidonvilles aux alentours de Paris.
Une enquête de l’inspection générale des services est en cours. On peut lire sur le sujet : Metro L’Humanité (1) L’Humanité (2) Libération RFI Le communique du Mrap La radio nationale colombienne RCN Television El Tiempo El Espectdor WRadio LAFM TeleSur

Cette histoire m’a rappelé celle d’une écossaise logée par mes parents il y a quelques années alors qu’elle était venue en France comme assistante d’anglais au lycée. Tard dans la nuit en rentrant d’une fête, elle s’est fait agresser et voler son sac. Elle s’est alors rendue au commissariat qui se trouve dans la gare Saint-Lazare, sur son chemin, pour porter plainte. Sans raison, les policiers l’ont fait déshabiller et mettre dans une cellule de dégrisement dont elle n’est sortie qu’au matin, sans le moindre justificatif. Complètement traumatisée par son expérience, elle est repartie pour l’Écosse le lendemain.

Une autre affaire ? Il y a deux semaines à Argenteuil, un retraité algérien de 69 ans, Ali Ziri, se retrouve menotté pour avoir protesté lors d’un contrôle de police. Il n’avait jamais eu affaire à la police et il était passager du véhicule d’un autre algérien, âgé de 61 ans. Emmené sans raison dans le fourgon, molesté, il est tombé dans le coma et il est mort. Les commissariats d’Argenteuil et de Bezons (la ville voisine) ont refusé de prendre la plainte du conducteur du véhicule.

Pas besoin d’être étranger pour redouter l’arbitraire de la police française, j’ai encore l’histoire toute récente d’un ami de mon frère placé lui aussi en garde à vue pour avoir osé répondre (prudemment et poliment selon les témoins) à des fonctionnaires de police dans une affaire de stationnement.
Il me semble normal de redouter d’avoir affaire à la police, mais est-il normal d’en avoir peur, y compris lorsque l’on n’a strictement rien à se reprocher ?

  1. 11 Responses to “La patrie des droits de l’homme au quotidien”

  2. By Hobopok on Juin 25, 2009

    Qu »est ce que tu entends par « normal » ? Tu veux dire « est-ce l’objectif recherché » ?

  3. By Jean-no on Juin 25, 2009

    @Hobopok : Je ne sais pas quoi en penser. Est-ce qu’à force d’en voir les flics sont pour ainsi dire forcés de se conduire brutalement ? Est-ce qu’ils ont des angoisses qui les forcent à ça ? Est-ce qu’aucun d’eux ne sait qu’ils sont rémunérés par les citoyens dans le but de les aider ? Est-ce que c’est la réaction peureuse des citoyens qui provoque ce genre de situations ?
    La police française est crainte depuis Louis XIV, depuis Fouché, Vidocq, Bousquet, Darland,… Est-ce que c’est partout pareil ? Est-ce que les policiers de Los Angeles croient à leur devise « To protect and to serve » ou est-ce que c’est pareil qu’ici ? (je sais que les gendarmes ont « pour la Patrie, l’Honneur et le Droit » comme devise, mais la police nationale ils ont une devise ?!)

    Bon ce qui est sûr c’est que notre actuel président a promis que les victimes bénéficieraient du même traitement que les coupables. Donc quelque part, ce genre d’affaires respecte le contrat pour lequel les français ont voté.

  4. By Carlo on Juin 25, 2009

    Evidemment qu’il y a des tarés dans la police, la gendarmerie, les CRS etc. Evidemment qu’il y en a qui commettent des actes tout à fait scandaleux.
    Mais à côté de ça, combien de flics se font tabasser, caillasser, insulter, sans trop réagir ou porter plainte, eux aussi par peur.
    Je ne veux pas pour autant défendre un état policier où le paradigme sécuritaire serait placé au dessus de tout, on a largement donné au cours du 20ème siècle en Europe. Mais je crois en effet que la question est sensible et difficile à traiter.
    C’est assez « marrant » parceque justement aujourd’hui, assis sur un banc dans un parc (les pigeons nourris par les grands-mères font penser à de drôles de choses) je me demandais si la police se devait d’être crainte pour être efficace.
    Une police tirant son efficacité de la répression est-elle forcément liée à un régime totalitaire ? Toute la population aurait-elle peur de cette police ou bien seulement ceux qui auraient quelque chose à se reprocher ? Ne nous sentirions-nous pas mieux en sachant que crimes et délits ont été réduits à peau de chagrin ? Mais est-ce vraiment possible ?
    Bref autant de questions que le piètre philosophe que je suis me suis posé.

  5. By Jean-no on Juin 25, 2009

    Je suis persuadé que c’est un métier très dur.

  6. By bobig on Juin 25, 2009

    un métier très dur tout à fait d’accord. mais je ressens tout de même un malaise. quand je vois la silhouette d’un policier je me sens plus craintif que protégé.sans doute les souvenirs de cotrôle d’indetité avec mes copains noirs ou arabes. contrôle systématique et parfois agressif (je vous parle d’il y a trente ans)
    de nos jours, où la police de proximité (qui était une belle idée de prévention)n’est qu’un vague souvenir. j’imagine les tensions.

  7. By Jean-no on Juin 25, 2009

    Le maire de ma ville a eu une idée amusante (beaucoup se sont moqués de lui pendant la campagne municipale), il a mis les policiers municipaux sur des chevaux. Et c’est étrange mais ça change énormément les rapports entre les gens et ces (faux) policiers : les gens leur disent bonjour et ça apporte une espèce de sérénité, les voitures vont tranquilement,… Très bonne idée finalement.

  8. By bobig on Juin 26, 2009

    tant que les autorités penseront répression on sera dans la caca.
    cette phrase est très forte,je la garde sous le coude.

  9. By Wood on Juin 29, 2009

    C’est curieux, le truc des chevaux, le maire de ta ville ne l’a pas inventé : les chevaux rendent les flics sympathiques.

    Au 19ème siècle c’était moins vrai car les flics (et soldats)à cheval chargeaient les manifestions sabre au clair. Le cheval n’avait rien de particulièrement sympathiqe vu qu’il y en avait plein dans les villes.

    Sinon, oui, il y a certainement un rapport entre le fait que les flics vivent dans un monde violent et le fait qu’ils soient violents en retour.

  10. By Jean-no on Juin 29, 2009

    Ah je ne dis pas qu’il l’a inventé, mais c’était assez inattendu pour une police municipale.

  11. By Wood on Juin 29, 2009

    L’autre avantage d’être à cheval c’est qu’on voit plus loin, vu qu’on est en hauteur.

  1. 1 Trackback(s)

  2. Juin 25, 2009: On vit dans un pays formidable !! http:… « Introducing Bobig

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