Profitez-en, après celui là c'est fini

STRP / Expo+ (1)

avril 18th, 2009 Posted in Voyage à Karlsruhe et Eindhoven

La partie exposition du festival STRP, baptisée Expo+, est découpée en deux parties, dont l’une (Kiosk) est thématique et sera l’objet de mon prochain et dernier article. L’autre partie de l’exposition, apparemment non titrée, contient des oeuvres numériques diverses.
Enfin si j’ai tout compris, car les deux expositions ont lieu dans un même espace et on peut facilement penser qu’elles ne font qu’un (enfin qu’une).

Pony, de Freerk Wieringa, est une licorne robotique qui s’anime notamment lorsque des passants passent à proximité d’elle. Le même artiste a animé un chien et une main géante lors de la précédente édition du festival. On trouve des vidéos de ses installations sur Youtube.
Le Infinite Cubed des artistes brésiliens Leonardo Crescenti et de Rejane Cantoni, tient un peu de l’attraction de foire : un cube de trois mètres de côté dont toutes les surfaces internes et externes sont des miroirs crée un lieu visuellement infini quelle que soit la direction dans laquelle on regarde. Monté sur quatre ressorts, le cube se balance selon les mouvements que lui donne la personne qui entre dedans. Une seule personne est autorisée à y entrer à la fois.

Le DansMachine4 de Jerôme Siegelaer est un travail assez classique finalement : le spectateur monte sur un petit estrade, des capteurs vérifient sa position ou ses mouvements et des projections affichent des séquences de danse exécutées par des vrais danseurs. Si on me payait un euro chaque fois que je tombe sur ce scénario d’œuvre interactive, je serais riche1. Parfois je me dis (et ça m’effraie) que je suis un peu blasé.

Bon, je suis un peu méchant, mais je dois admettre que les œuvres interactives qui m’indiffèrent le plus sûrement sont souvent celles qui mettent en jeu la danse. En fait je ne dois pas aimer la danse, sorti de Fred Astaire et de Gene Kelly.

Je n’aime pas non plus le sport mais ça ne m’a pas empêché de goûter Jump, par Yacine Sebti. Je n’en ai malheureusement pas de très bonne photo, mais dans ce dispositif, le spectateur est invité à sauter en l’air face à l’écran. Lorsqu’il le fait, son corps en mouvement est incrusté à l’image qui se trouve face à lui, pour un certain nombre de sauts. Les sauts synchronisés s’aditionnent (et finissent par disparaître) avec un effet qui rappelle l’ultra-classique court-métrage Tango (1980), par Zbig Rybczynski.

Un peu discret (je pense que beaucoup seront passés à côté sans le voir), j’ai bien aimé Probe, de Boris Debaeckere, une autre œuvre qui prend en compte le déplacement du spectateur. L’écran affiche une animation abstraite d’attente et lorsque l’on se place devant lui, des images tout aussi abstraites mais procurant une sensation de vertige apparaissent. Sans pouvoir en dire grand chose d’autre, je trouve que cette installation fonctionne assez bien.

Mais de toutes les œuvres présentées dans la partie non-thématique d’Expo+, ma favorite est sans contestation Bitquid, de Jeroen Holthuis, un très jeune artiste qui expose pour la première fois.

Ici, des données graphiques passent d’un écran à un autre. Elles ne sont pas transmises sous la forme d’impulsions électriques à la vitesse de la lumière, mais sous la forme de flux d’un liquide phosphorescent. Lorsque du liquide passe, cela équivaut à un 1 binaire et lorsque c’est une bulle d’air qui passe, à un 0. Ce fax hydraulique constitue une installation assez belle à voir et plutôt réfléchie et bien faite. J’ai un faible pour les travaux qui s’amusent à porter dans le monde analogique un processus issu du numérique — même si on peut bien entendu rappeler que, à un certain niveau, les circuits électroniques sont tout aussi analogiques que ces circuits liquides2.

Le IC Hexapod, de Matt Denton, est une installation assez amusante : dans un premier temps, on voit un robot à six pattes sur un support hémisphérique. Quand on s’approche de lui, il nous suit du regard… Quelques mètres plus loin on découvre avec stupeur que l’image enregistrée par la bestiole est projetée sur un grand écran (et semble-t-il sur Internet). Il y a là une trahison qui donne à réfléchir, puisque le rapport de sympathie qui s’instaure entre un inoffensif robot et le spectateur aboutit à une ironique exposition du spectateur.

En vis-à-vis, deux œuvres qui jouent un peu avec la culture bureautique : Moovi, par un jeune homme nommé Paul Verhoeven (homonyme du cinéaste), où un personnage animé parvient à faire bouger l’écran sur lequel nous le regardons ; Noteboek, par Evelien Lohbeck, un livre en forme d’ordinateur portable dont l’écran diffuse des courts-métrages en vidéo.

Pour finir, Two Stage Transfer Drawing, par Joan Healy.

Il s’agit d’un système de dessin : on caresse une surface qui ressemble à de la peau humaine et nos gestes sont repris, de manière malhabile, sur l’écran. Ce rapport entre la peau et la technologie fait très eXistenZ… J’ai eu pour ma part du mal à y croire mais il s’agissait bel et bien d’une performance, le rectangle de peau était le dos d’une véritable personne faite de chair et d’os, qui reproduit à l’écran les dessins que tracent, avec plus ou moins de gentillesse, les spectateurs, suivant les règles d’un jeu que connaissent bien les enfants.

  1. Mon favori dans le genre reste reste l’installation Lovers (1995), de Teiji Furuhashi, le fondateur de Dumb Type. Pourtant — et peut-être est-ce la raison de l’attachement que j’ai pour cette œuvre — je ne l’ai pas vu fonctionner, je me fie à son évocation dans l’excellent cd-rom de la 3e biennale de Lyon []
  2. par exemple les « analog pong » et autre « real life pongs » []
  1. 5 Responses to “STRP / Expo+ (1)”

  2. By Wood on Avr 18, 2009

    Tu veux dire qu’un type restait accroupi pendant des heures dans cette boite inconfortable ?

  3. By Jean-no on Avr 18, 2009

    Il y avait un homme et une femme, qui se relayaient. Je les ai vu faire l’échange. Je n’y avais pas cru justement parce que la position me semblait vraiment impossible à tenir. J’avais bien remarqué les pieds immobiles en dessous mais je croyais que c’était une blague (on imite assez bien la peau alors ça aurait pu)…

  4. By Garrett on Avr 19, 2009

    >Mon favori dans le genre reste reste
    >l’installation Lovers (1995), de Teiji
    >Furuhashi, le fondateur de Dumb Type.
    >Pourtant — et peut-être est-ce la raison
    >de l’attachement que j’ai pour cette œuvre —
    >je ne l’ai pas vu fonctionner

    Je crois pas si vous avais vu vous va ete decu. J’ai tombe sur ca par hazard a Londres en 2000. Le danceurs cour et danse sur le quatre cote de le piece ou c’est presente et avec le musique (tres beau de Ikeda) ca vraiment remplie le piece.

  5. By Jean-no on Avr 19, 2009

    @Garrett : Oui, je pense que c’est une très belle installation, tous ceux qui l’ont vue me l’ont dit.

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  2. Mai 2, 2009: Network Research » Bitquid and Fluid Sculpture

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