La qualité d’image : formats
octobre 29th, 2009 Posted in Dans le poste, ImagesForcé un beau jour de patienter une heure avant un train, je me suis installé dans un café où j’ai alterné ma lecture avec le visionnage de clips diffusés sur un téléviseur géant. L’écran était plutôt beau et de bonne qualité, mais la chanteuse Beyoncé qui se dandinait était terriblement tassée. C’est un classique : l’image, d’un format panoramique à l’origine, avait été inscrite dans un écran 4/3 (avec des bandes noires en haut et en bas pour meubler) pour être ensuite étirée au format physique 16/9 de l’écran. Cet écran, de plus d’un mètre de diagonale, était d’une marque réputée et notamment réputée pour sa chèreté : je crois bien qu’il a dû coûter pas loin de 2000 euros.
Voilà l’affaire en résumé : un cafetier a dépensé 2000 euros pour que ses consommateurs subissent (dans une certaine indifférence) des clips qui montrent la chanteuse Beyoncé Knowles applatie.
J’ignore le format de l’image au départ, et c’est bien le problème que l’on rencontre actuellement : les téléviseurs ont un certain format physique, mais ils doivent s’adapter à des images prévues pour être diffusées dans d’autres formats. Pour bien faire, il faudrait modifier constamment les réglages des téléviseurs.
Le problème n’est pas tout à fait neuf, il existe dans l’autre sens depuis que la télévision diffuse des films de cinéma. En effet, si le format cinéma 16mm a bien une proportion de 4 x 3 (ou 1,33:1) comme la télévision (ce qui explique que les séries TV aient traditionnellement été tournées en 16), le format 32mm est déjà légèrement plus allongé (1,375:1), et les formats plus larges le sont évidemment encore plus : c’est le cas du 1,66:1 (ou 5×3) et du 1,85:1, qui sont les formats les plus courants (respectivement européen et nord-américain) du long-métrage.
Ne parlons pas du fameux cinémascope (2,36:1) et des nombreux formats extra-larges comparables.
La multiplicité de ces standards est due à des impératifs industriels : comment, avec des films de même largeur (16, 35 ou 70mm) perforés de manière normalisée (et révélant les images en fonction des dites perforations) obtenir le meilleur compromis entre qualité visuelle et économie de pellicule, tout en conservant de la place pour la ou les bandes magnétiques sonores ? Des solutions arithmétiques et/ou optiques (l’image est écrasée à la prise de vue et étirée à la projection, comme en Cinemascope par ex.) diverses ont été brevetées, avec une incidence non-négligeable sur la diffusion des films puisque chaque procédé impose un matériel de projection adapté.
Il est intéressant de savoir que le passage des films de cinéma à la télévision induit aussi une distorsion temporelle. En effet, les films de cinéma sont généralement tournés à 24 images par seconde mais sont diffusés à la télévision à une cadence 25 images par seconde. Un film de 90 minutes au cinéma fera seulement 86 minutes et 15 secondes, c’est à dire qu’il aura perdu 3 minutes et 45 secondes. Pour la même raison, le son sera parfois rendu légèrement plus aigu qu’à l’origine.
La nouveauté, avec la diffusion télévisuelle, c’est que ces problèmes ne concernent plus le projectionniste mais seulement le propriétaire du téléviseur et du lecteur de DVD, invité à se débrouiller sans y connaître grand chose et, bien souvent, sur la base d’informations très incomplètes car les DVDs, notamment, sont souvent très mal documentés sur ces sujets.
Lire ailleurs : Aimez-vous l’image télévisée en haute déformation ? (Iconique.net) Les formats de projection (Wikipedia).
7 Responses to “La qualité d’image : formats”
By Shonagon on Oct 29, 2009
>> Voilà l’affaire en résumé : un cafetier a dépensé 2000 euros pour que ses consommateurs subissent (dans une certaine indifférence) des clips qui montrent la chanteuse Beyoncé Knowles applatie.
C’est un classique. La proportions d’écran mal configurée dans les lieux publics est très importante. Pourquoi ? Car en général les réglages se font de manière à avoir une image sans bordures, c’est-à-dire qui prennent bien dans les cas la totalité de l’écran. Et à ce prix il est impossible de garantir une image non-coupée et non-déformée dans tous les cas. Comme nous allons le voir.
>> Pour bien faire, il faudrait modifier constamment les réglages des téléviseurs.
C’est aujourd’hui inévitable.
J’ai la télé depuis peu, via décodeur hdtv de box branché à un PC ou à un vidéo-projecteur.
Sur le PC j’utilise VLC en mode acquisition de flux audio-vidéo. Nous avons donc 4 paramètres :
– mode 16/9 ou 4/3 de la box
– possibilité sur le programme de la box de changer le mode du format avec notamment une fonction zoom. (Si si c’est utile certains diffusent des images entourées de bordures noires des quatre côtés; il y a pas qu’à la réception que ça merdouille)
– mode 16/9 ou 4/3 de vlc
– possibilité de rogner dans vlc
Et bien en raison de l’hétérogénéité des formats et des modes de diffusion, je jongle avec les 4, car aussi incroyable que cela puisse paraitre, les 4 sont utiles.
Il est possible d’avoir dans tous les cas une image non rognée, non écrasée, non élargie mais cela induit des bandes noires. Récemment un film faisait initialement et sans exagérer environ un 1/4~1/5 de l’écran . Après avoir fait joujou avec les réglages évoqués ci-dessus, j’ai réussi à avoir une image comme il faut en quasi-plein écran (oui oui, cela induit de l’extrapolation, mais ce n’est pas le sujet ni n’était le plus important dans le cas présent)
2 remarques quand même :
– en raison de cette jungle de récepteurs et programmes différents, j’ai cru lire que certains diffuseurs tendent aujourd’hui à privilégier un format intermédiaire 14/9. Côté réception : un peu tronqué en 4/3, pas trop de bande noires en 16/9 ; si déformations, déformations atténuées dans les 2 cas. TF1 diffuserait une partie des ces programmes dans ce format… je vais pas aller vérifier.
Il s’agit d’une étape vers une diffusion future exclusivement en 16/9
– les problèmes évoqués précédemment sont particulièrement bien gérés par certains logiciels de lecture de DVD, Power DVD par exemple pour ne pas le citer. Il permettent d’activer un mode dit intelligent qui en analysant l’image détecte les éventuelles bandes noires et permettent d’afficher en 2 clics (clic droit + choix) sans déformation, ni coupures, un film dans la superficie la plus grande possible de l’écran.
Cela fonctionne à merveille et l’on peut imaginer que dans un avenir pas très lointain tous les logiciels de tous les appareils de réception audio-video intègreront ce type de technologie, qui aujourd’hui nécessitent un PC.
By Wood on Oct 30, 2009
Moi ce qui m’agace, ce sont les gens qui uploadent des vidéos sur youtube (parfois des films entiers, en 12 parties) au mauvais format.
By Erwan on Oct 30, 2009
Je me demande de plus en plus si l’avenir n’est pas là (aujourd’hui pour l’image fixe, demain pour l’image animée…) :
Redimensionnement intelligent
By uthagey on Oct 31, 2009
Vous oubliez de mentionner, même si ce n’est pas exactement votre propos, que ledit TVHD 16/9 était aussi probablement SILENCIEUX… Comme c’est ke cas en général dans les lieux publics où l’on trouve ce genre de gadgets
Plus encore que le tassement des vertébrés télédiffusés, il me semble que c’est le silence abyssal diffusé par ces écrans qui iinterpelle le plus le bon sens. A fortiori lorsque les images sont celles de clip musicaux…!
je ne développe pas plus… Vous donnez seulement l’occasion d’écrire 3 lignes sur cette drolerie du monde tel qu’il est .
By Jean-no on Oct 31, 2009
@uthagey : j’ai déjà vu des écrans muets diffuser des clips effectivement. Celui-ci je ne pense pas, ou alors je suis tellement habitué à cette pratique absurde que je ne l’ai pas remarqué :-)
By Erwan on Oct 31, 2009
Bonne remarque de uthagey. Je pense que le point de départ de l’arrivée de ces téléviseurs dans de tels lieux est d’abord le souci de tirer un parti commercial de quelques grands événements sportifs (coupes du monde de foot ou de rugby, Jeux olympiques…). Il y a aussi le fait que ces lieux peuvent diffuser plus ou moins occasionnellement de la musique, or depuis les années 80, les clips vont de plus en plus de pair avec la musique comme chacun sait. Mais lorsqu’il n’y a pas de musique diffusée, ou lorsqu’il n’y a pas d’événement sportif fédérateur (retransmissions qui se passent assez bien de son, non ?), que fait-on de ces écrans ?
By Jean-no on Oct 31, 2009
Je me demande comment ça se passe avec la Sacem : les cafetiers paient un forfait en fonction de la musique qu’ils diffusent, mais quid de la diffusion de clips muets ?