Jpeg
mars 25th, 2009 Posted in Après-cours, ImagesLa très large majorité des appareils photo numériques enregistrent les images au format JPEG, et c’est même souvent l’unique format qu’ils manipulent. Ce format, qui date de 1992, a été rendu populaire par son taux de compression extrème qui permet d’économiser de la place et du temps de transfert autant sur Internet que sur les cartes mémoire des appareils photo.
Il faut pourtant savoir que ce format ôte des informations aux images. On ne le perçoit pas toujours car la compression jpeg exploite certaines faiblesses de l’œil humain qui manque de précision1 pour les couleurs (chrominance) tandis qu’il voit très bien les différences d’intensité lumineuse (luminance), excepté dans certaines plages lumineuses, ce que le format jpeg exploite aussi.
Dès le premier enregistrement jpeg, même à une compression de 100% (image ci dessus), l’image est altérée. Il faut bien comprendre que chaque fois que l’on enregistre une image au format jpeg, c’est une version interprétée qui est enregistrée et restituée, il y a toujours un traitement.
C’est tout à fait invisible à l’œil nu dans ce cas, mais les images produites sont par exemple inutiles pour des domaines réclamant une analyse très poussée, comme l’imagerie médicale ou astronomique. En exagérant la différence entre une mage non compressée et une image compressée même légèrement, on voit apparaître des « artéfacts » (parasites artificiels). Pour la même raison, le jpeg est inadapté aux images contenant des tons continus (applats).
À chaque nouvel enregistrement de la même image, notamment si on fait varier la compression (il vaut mieux enregistrer de manière constante à 80% de qualité que de passer de 80% à 100%), le problème s’agrave et devient perceptible, les artéfacts créent eux-mêmes des artéfacts et l’image se dégrade visiblement.
Ci-dessus, une image qui a été enregistrée sur elle-même deux-cent fois.
Le format Jpeg a pour particularité de découper l’image en zones de 8×8 ou de 16×16 pixels. Du coup, les défauts apparaissent aussi par zones et un effet « jpeg » apparaît en cas de trop forte compression ou de recompressions répétées2. Un détail à connaître.: le format jpeg a des difficultés à traiter (rotation par ex) sans dommages les images dont les formats ne sont pas des multiples de 16.
Ci dessous, une image qui a été enregistrée sur elle-même trois-mille fois.
Conclusion : le jpeg est un format bien pratique mais ce n’est pas un bon format de travail. Pour enregistrer une image que l’on compte modifier, il convient d’utiliser un format non compressé (raw) ou dont la compression est non-destructrice, tel que le png, le tiff, le psd (photoshop) ou le xcf (gimp).
Tout ça pour dire que j’ai créé un outil amusant qui permet de tester la compression jpeg : http://synchise.com/outils/jpeg_massacre/.
Afin de ne pas mettre mon serveur à plat, je ne permets que le chargement d’images jpeg de moins de 100k.
- nous pouvons confondre deux teintes voisines, ou voir différemment une teinte selon les autres teintes qui l’entourent, contrairement par exemple à une abeille qui identifiera sans se tromper la nuance d’ultra-violet qui correspond à la variété de fleur qu’elle butine. Je suis persuadé que notre imprécision est justement ce qui permet une sensibilité artistique, de même que le fonctionnement imprécis de notre mémoire rend possible la fiction. [↩]
- c’est pour la même raison que les vidéos mpeg, assez proches du jpeg, peuvent faire apparaître des zones géométriques lorsqu’elles sont enregistrées ou restituées [↩]
3 Responses to “Jpeg”
By Benoit Verjat on Mar 25, 2009
Benjamin Gaulon propose sur son site une autre sorte de traitement des jpg ( plutôt une détérioration )
http://www.recyclism.com/corruption/index.php
By Wood on Mai 30, 2010
A ce sujet, une expérience utilisant la compression vidéo de Youtube : « I am sitting in a video room » :
1ère vidéo :
http://www.youtube.com/watch?v=jEIzS_27Vt0
1000ème vidéo :
http://www.youtube.com/watch?v=8qKz5YW5J-U
By Jean-no on Mai 30, 2010
Superbe ! merci.