L’élite et la plèbe
mars 1st, 2009 Posted in indicesToute la France ou presque s’est posée ces derniers jours l’angoissante question de savoir si les Césars sont trop élitistes. On harcèle l’homme de la rue à coup de micro-trottoir et on soumet l’internaute à des sondages express : Dany Boon a-t-il raison de se plaindre ?
Pour bien détailler le contexte, expliquons que les Césars est le nom d’une cérémonie annuelle destinée à en remontrer aux Academy Awards (Oscars) américains. Dans les deux cas, le jury est constitué de plusieurs milliers de professionnels du cinéma. La différence est que les Oscars récompensent des films américains tandis que les Césars récompensent des films français. Le nom est un hommage au sculpteur César Baldaccini, créateur de la statuette que les lauréats de ces récompenses doivent emmener chez eux.
Dany Boon quand à lui est l’acteur principal et l’auteur du film Bienvenue chez les Ch’tis, qui est à ce jour le plus gros succès public de l’histoire du cinéma français. Cette comédie a rendu son auteur multi-millionnaire et, si j’en crois le journal Le Parisien, a rendu fiers d’eux-mêmes les habitants du nord-pas-de-Calais, qui se sentaient jusqu’ici victimes d’une image négative.
Cette mise au point est sans doute inutile aujourd’hui, mais imaginez qu’on me lise dans cent ans !
Je me dois de préciser que je ne regarde jamais la cérémonie des Césars, même par hasard, car pour je ne sais quelle raison je trouve toujours mieux à faire à ce moment-là (alors qu’il m’arrive de regarder le concours de l’Eurovision, spectacle consternant s’il en est).
Je dois aussi admettre que je n’ai pas vu le film de Dany Boon, film que j’imagine être une comédie aimable, regardable, vaguement démagogique, pitoyablement consensuelle, et qui sera sans doute rediffusée à la télévision chaque année jusqu’à l’Armageddon — programme qui m’a dispensé d’aller voir le film en salle, car en 2009, voir un film au cinéma, ça coûte bien cher. Le dernier long-métrage que j’aie vu (le réjouissant Bal des actrices, de Maïwen le Besco) m’a coûté neuf euros, soit quelque chose comme soixante francs. Sans vouloir dire du mal de la culture ch’nord que je respecte infiniment, cela me ferait mal aux poches de payer près de dix euros pour voir Dany Boon enfiler un imperméable kway à l’envers ainsi qu’on a bien voulu me raconter et me mimer la scène marquante du film (ou du spectacle de l’humoriste, car on m’a raconté les deux, chanceux que je suis, et je pense que je les mélange un peu).
Vous l’avez compris, c’est en fait que je suis élitiste. L’élitisme, ce n’est pas l’expression d’un quelconque complexe de supériorité, c’est avant tout une forme de pingrerie, c’est vouloir en avoir pour son temps et pour son argent.
Les éthologues1 et les mathématiciens théoriciens des jeux passent leur temps à étudier ce genre de cas : si le pigeon x cherche la bagarre avec un de ses congénères sans être assuré de l’issue de la rixe (l’autre est peut-être plus fort), que peut-il espérer gagner ? L’autre dispose-t-il effectivement de plus de nourriture ou de plus de prestige auprès des femelles ? Que peut-il craindre de perdre ? L’agressé a-t-il intérêt à fuir sans demander son reste ou à se défendre ?
Comme tous les animaux un peu évolués, le cinéphile est forcé d’effectuer rapidement ce genre de calculs en considérant divers paramètres : coût financier du visionnage, dépense temporelle, dépense énergétique (le film ne passe que dans une salle d’art et d’essai d’une banlieue antipode, ai-je le courage de m’y rendre ?), souvenir des œuvres précédentes du même réalisateur, aura du film (aura véhiculée par le bouche à oreille, par l’affiche, par la presse). Sauf à être forcé à voir un film (si l’on est critique de cinéma, étudiant dans cette matière ou parent d’un membre de l’équipe, par exemple), il y a chaque fois de la part du spectateur une part de calcul. Ce calcul peut aller assez loin puisqu’il prend en compte des paramètres pervers, comme l’habitude que l’on a des critiques. On sait par exemple que ce n’est pas pour le même genre de films que Les Cahiers du cinéma et Le Parisien seront susceptibles de s’emballer, de se montrer indulgents ou au contraire trop méchants, notre appréciation de leurs critiques procède donc non seulement de ce qu’ils disent, mais de ce que nous pensons des critiques eux-mêmes.
De manière un peu empirique, nous effectuons des calculs d’épicier qui, si nous les mettions à plat, pourraient prendre ce genre de forme :
Film | Durée | Bénéfice prévus | Motifs d’appréhension |
Shoah (Claude Lanzmann) |
613 mn | Film important, enquête passionnante sur des heures troubles de l’histoire | épreuve pour le spectateur, grosse déprime |
Elephant (Gus Van Sant) |
81 mn | Film plastiquement novateur, qui traite de questions de société importantes | évoque un fait-divers sordide |
Men In Black (Barry Sonnenfield) |
98 mn | Film distrayant et bien fait, un ami de confiance m’en a dit du bien | sans doute dispensable |
Les paramètres dépendent de chacun de nous, de notre histoire de cinéphiles ou de notre rapport à divers sujets. Certains seront par exemple irrésistiblement attirés par le fait qu’il y a une fille nue sur l’affiche tandis que d’autres seront repoussés par cette même vision.
Les prix remportés par les films font aussi partie des indications intéressantes : Prix Jean Vigo, Lion d’or de Venise, Ours d’or de Berlin, Palme d’or à Cannes, Prix Louis Delluc. Les Césars, comme les Oscars, ont généralement tendance à confirmer les succès (public et/ou critique) plus qu’à révéler des œuvres. Ainsi ils célèbrent Smoking/No Smoking d’Alain Resnais et La Graine et le mulet d’Abdelatif Kechiche, deux vrais grands films à mon goût, mais ils ne le font qu’après que ces derniers aient remporté tous les autres prix existants. Le prix a parfois comme effet bénéfique véritable d’offrir une nouvelle sortie aux films. Par exemple l’Esquive, qui a pu être diffusé une seconde fois en salles longtemps après que le DVD soit sorti. Et lorsque les Césars couronnent des films à vocation plus populaire comme Les Visiteurs ou Trois hommes et un couffin, c’est aussi après que le public se soit massivement déplacé pour les voir. Ce n’est pas un prix qui ne signifie rien, mais en tant que spectateur potentiel d’un film, il m’apporte assez peu, d’autant que le grand écart qualitatif entre les films primés d’une année sur l’autre n’a rien de rassurant.
Revenons à Dany Boon. Dany Boon est contre l’élitisme, ce qui est tout à son honneur dans un sens, si on me suit sur l’idée que l’élitisme culturel est une forme de radinerie, affirmation qui, par réciprocité, implique que le non-élitisme relève de la générosité.
Il n’a été nommé qu’une fois aux Césars, pour le prix du meilleur scénario, et la solitude de cette nomination le révolte, car il sait que son film a eu plus de spectateurs que tous les autres films réunis. Bienvenue chez les chtis a rapporté des dizaines de millions d’euros, a relevé à soi seul l’industrie du cinéma hexagonal, va être adapté en Italie et l’acteur Will Smith a pris une option pour pouvoir en faire un remake qui jouerait non sur des différences culturelles régionales entre méridionaux et nordistes, mais sur les différences culturelles communautaires aux États-Unis (les remakes exogènes révèlent souvent les différences fondamentales qui séparent les civilisations).
Dany Boon a menacé de bouder la soirée des Césars (ce qu’il n’a finalement pas fait, comprenant sans doute sur le tard que cela écornerait son image de garçon sympathique et sans façons) car il n’admet pas que, en plus de l’argent et du public, on lui refuse des récompenses symboliques. Nous arrivons là à un des plus navrants effets collatéraux de l’utilisation de l’argent et/ou de la voix du public comme moyen d’évaluation : la confusion. Si ça rapporte, c’est que c’est bien ; Si j’ai réussi ma vie, j’ai une Rolex (je ne m’en remets pas de cette affaire) ; Si ceux qui quittent l’université gagnent beaucoup d’argent, c’est qu’elle sert à quelque chose ; Si le Louvre attire des touristes, c’est qu’il sert à quelque chose ; Si la boutique du Louvre rapporte beaucoup d’argent, c’est qu’on a décidemment eu raison de construire ce palais, d’en faire un musée et d’y placer des boutiques.
J’ai beau trouver naïfs les « anticapitalistes » qui dénoncent la merchandisation du monde (niant que, derrière l’art ou la science, se trouve toujours eu une économie terre-à-terre), il y a quelque chose d’assez pénible à imaginer que tout puisse avoir une valeur convertible dans la même monnaie. Un tel système crée une hiérarchie générale plutôt triste. Sans tomber dans un sentimentalisme visqueux, et même si cela me fait répéter l’argumentaire commercial d’Eurocard-Mastercard, il me semble que certaines choses ne s’achètent pas.
J’ai envie de dire à Dany Boon, comme dans un film de gangsters où un petit escroc est épargné par manque de temps, quelque chose comme «.prends le fric et tire-toi !.». En effet, réclamer à être traité comme un grand cinéaste est un peu ridicule. Même pour un authentique grand cinéaste, ce serait ridicule.
Je sais bien que des extraits ne suffisent pas à juger un film, mais ceux que j’ai vu ne m’ont pas laissé penser que nous étions en présence du nouveau Tarkowski, d’un Renoir, d’un Kurosawa, d’un Bergman, d’un Resnais… Même dans le registre effectivement déprécié de la comédie, il y a des poids lourds dont, sauf erreur, Dany Boon n’a pas encore atteint le niveau : Chaplin, Billy Wilder, Frank Capra, les Monty Python,…
Tout ça est évident bien sûr.
Mais il y a une autre chose, un fait que j’ai découvert de par ma fréquentation amicale du milieu de la bande dessinée. Ce fait, c’est que les auteurs qui s’illustrent dans un domaine populaire mais déprécié, comme la bande dessinée, comme la comédie, comme le film de série Z, devraient savourer leur chance plutôt que de réclamer des honneurs. Car le statut d’art dérisoire qu’ont leurs œuvres leur offre quelque chose de trés précieux, la liberté de création.
Personnellement, j’ai longtemps millité pour que l’on reconnaisse le potentiel de la bande dessinée, qu’on y voie une forme de littérature aussi digne qu’une autre. Parce que le média est, d’un pur point de vue technique, d’un grand potentiel, mais aussi parce qu’il y a déjà eu des grandes réalisations : Hugo Pratt, Jose Muñoz, Blutch, Winshluss, David B., Chris Ware, Daniel Clowes ou les frères Hernandez ont des œuvres immenses qui n’ont à rougir devant aucun grand écrivain contemporain. Lisez-les (lisez-les vraiment) et vous verrez ce que je veux dire.
Mais si il peut être dommage ou injuste que de grands auteurs ne mangent pas à leur faim, car c’est parfois le cas, le statut de littérature négligeable qu’a la bande dessinée a permis à ces gens de créer sans trop se surveiller, ils ont le droit au mauvais goût, à l’imprécision, à l’erreur. Et c’est d’ailleurs peut-être cette liberté que le public cherche au moment où il lit un album d’Osamu Tezuka ou de René Goscinny par exemple. Parce qu’il existe, à côté des œuvres à graver dans le marbre, une place pour des choses qui n’ont justement pas vocation à être mises sur un piédestal, qui ne risquent pas d’étouffer par trop-plein d’importance.
J’ai vu un sujet télévisé qui expliquait (et les faits semblent appuyer cette observation) que, pour être primé aux Oscars, un film se doit de parler de sujets précis tels que les déportations pendant la seconde guerre mondiale, la peine de mort, l’exclusion due à l’homosexualité,…
En réclamant un prix spécifique à la comédie pour les Césars, Dany Boon expose le genre à se cristaliser, à s’académiser, à perdre de ce qui fait de sa valeur dans un but pour le moins vaniteux.
Bien sûr, les choses ne sont pas si simples : le cinéma de Jean-Luc Godard, d’Abdelatif Kechiche ou celui d’Alain Resnais me semblent nettement plus libres et nettement moins bouffis de codes et d’académismes que ne le sont les cinémas d’auteurs populaires de comédies comme Yves Robert, Claude Zidi ou Gérard Oury (que je prends en exemple car les uns et les autres n’ont pas fait, à mon goût, que de mauvais films, loin de là).
Je ne cherche à faire de généralités dans aucun sens, du reste, mais à dire que certaines situations apparemment vexantes peuvent avoir des vertus très précieuses.
Il va de soi que le destin des Césars m’indifère un peu, cette manifestion me semble inintéressante. En revanche le débat entre l’art de masse et l’art élitiste m’intéresse beaucoup.
- scientifiques qui étudient le comportement animal, que l’on ne doit pas confondre avec les ethnologues. Je l’écris une fois pour toutes car chaque fois que je dis le mot « éthologue » il se trouve quelqu’un pour me reprendre, avec les meilleures intentions du monde : thno, thno, ethno-logue. [↩]
13 Responses to “L’élite et la plèbe”
By Wood on Mar 1, 2009
Will Smith ?? Tu…
Nan, tu bluffes.
By Christian Fauré on Mar 1, 2009
Ce billet a été ma bonne lecture du matin :-)
Le succès phénoménal des Ch’tis, personne ne se l’explique vraiment, pas même Boon je crois.
On peut comment même s’essayer à quelques explications (pas sur la qualité mais sur le succès) :
– c’est une oeuvre très travaillée. Ce n’est pas un film fait sur un bout de table, il est très écrit (scolaire peut-être). Boon y reprend des sketchs écrits depuis plusieurs années, les affine, les intègre dans son scénario. Il y a du labeur, même si cela est cousu de fils blancs.
– c’est un film sur des clichés. Le public se retrouve sur ces clichés. Le spectateur part avec des clichés et revient avec les mêmes clichés. Boon ne dénonce pas les clichés, il en fait des étendards.
– le cliché est un *lieu* commun. Et, en ce se sens, un des éléments de la popularité du film est qu’il « territorialise », pour reprendre le concept de Deleuze. La grande vadrouille, autre grand succès du cinéma français était aussi un film sur le territoire, la traversée du territoire français.
By Jean-no on Mar 1, 2009
@Wood : Will Smith to produce ‘Sticks’
By Wood on Mar 1, 2009
Et moi qui me disais « ça c’est bien de l’humour à la Jean-No »… La réalité dépasse la fiction.
By Hobopok on Mar 1, 2009
Les récipiendaires sont vraiment contraints et forcés de ramener le magnifique objet d’art chez eux ? Ils peuvent pas le déposer direct au Mont-de-Piété où le laisser en dépôt à Canal en attendant de le revendre sur eBay ?
By Jean-no on Mar 1, 2009
@Christian : je suis assez curieux de voir les Ch’tis pour cette raison précise, comprendre les raisons cachées de son succès (cachées au sens où le fait que ce soit une comédie, et quand bien même ce serait une comédie extrêmement bien ficelée, ne permet certainement pas de tout expliquer). Un grand succès ou parfois un grand insuccès révèlent beaucoup de choses sur les attentes du spectateurs, pas d’un point de vue cinéphilique mais bien plus loin que ça. Parfois c’est rationnel et facile à comprendre (Goodbye Lenin pour les allemands), et parfois ça touche à des choses plus profondes, qui ne s’exportent pas forcément bien (les films américains sur la figure du père sont plus émouvants pour leur public d’origine que pour nous, par ex. Big Fish de Tim Burton).
J’ai été assez interpellé par Elizabethtown, de Cameron Crowe (dont j’adore Presque célèbre), un film qui m’a profondément ennuyé alors même que je pressens (même si son succès au box office reste modeste) qu’il touche à quelque chose de fort chez les américains. Dans ce film le héros, qui vient de subir un échec professionnel monstrueux (débandade du système capitaliste !), part enterrer son paternel dans le Kentucky qu’il n’a jamais connu. Et là le Kentucky c’est un peu l’Amérique profonde rêvée des américains, ni redneck, ni urbain et sophistiqué, ni ultra-conservateur ni gauchiste. C’est l’Amérique gentille, fondamentale, qu’on retrouve dans Groundhog Day / un jour sans fin. Il y a un jeu sur le choc culturel, mais le déplacement est moins spatial que temporel, il s’agit d’un retour à un paradis perdu… Suivi d’une sorte de périple initiatique dans tout le pays (voilà du déplacement), qui permet finalement au héros de retrouver l’énergie et la capacité à faire des projets qu’il avait perdu.
By Jean-no on Mar 1, 2009
@Hobopok : Je ne pense pas que ces statuettes soient faites d’un métal précieux, ça ne doit pas être si facile à refourguer. Tiens c’est amusant, on peut acheter des faux Oscars en plastique dans les boutiques de gadgets par ex., mais à ma connaissance personne ne fait de faux Césars
By Hobopok on Mar 1, 2009
En plus comme attrape-poussière on fait pas mieux !
By Jean-Michel on Mar 2, 2009
Sur la question de l’art de Masse et l’Art des élites, l’ouvrage acompagnant l’exposition « l’envers du décor » (1999) te fournira pas mal de pistes (à l’occasion, je te le passerai si tu ne le trouves pas). Ou encore, et il ne faut pas se fier à l’intitulé, » Le kitsch : Un catalogue raisonné du mauvais goût », Éditions Complexe, Bruxelles, 1978.
By Jukurpa on Mar 2, 2009
Je comprend bien le choix Élitiste (et financier) de sélectionner ce qu’on va voir au cinéma, d’ailleurs je fais également des choix mais mes facteurs de décision sont radicalement opposé puisque cela m’amène à aller plus souvent voir des films de genre ou des blockbusters, rarement des films d’auteurs au budget limité.
En effet le prix du billet est souvent rédhibitoire et la question qui va guider mon choix est : « qu’est ce que je gagne à aller le voir au ciné plutôt qu’en DVD? » Et là force est de constater que dans le cout d’une place de ciné, la débauche technologique d’image et de son devient une part importante de ce cout.
voila je vais au ciné pour voir des films qui « rentabilisent » cet investissement technologique et dont je sais qu’il seront moins impressionnant en dvd (n’ayant pas encore de super home cinéma de la mort). A domicile je peux me concentrer sur des films plus « élitistes » (si mon loueur de dvd veut bien approvisionner son stock là c’est un autre débat) ou des comédies qui me semblent plus approprié à la soirée « canapé, bière, potes ».
By Jean-no on Mar 2, 2009
Oui c’est ça, on fait tous des calculs. Pour le home cinéma, ça ne coûte pas cher, tout ce qu’il faut soigner, c’est le son en fait. Pas besoin d’une grosse tv.
By Alex' D. on Mar 7, 2009
http://ratersavie.com/?top
:)
By Alain Minc on Mar 7, 2009
http://www.grossemontreavant50ans.com/