Profitez-en, après celui là c'est fini

Portrait-robot

juillet 10th, 2008 Posted in Images

Portrait RobotCe fait-divers sanglant n’aura échappé à personne : deux brillants étudiants français de vingt-trois ans ont été retrouvés morts à Londres où ils effectuaient un stage. Leur meurtrier (qui n’était peut-être pas tout seul) les a ligotés, massacrés à coups de couteau et, enfin, brûlés avec leur appartement à l’aide d’un produit inflammable. Cette histoire est d’autant plus terrible que le mobile du crime semble être un simple vol : deux consoles de jeux portables, deux téléphones portables et des cartes bleues.
Un homme a été aperçu s’enfuyant du lieu du crime. Son portrait-robot a été diffusé par Scotland Yard et l’homme  s’est spontanément présenté à la police qui vient de l’inculper des deux meurtres. C’est une vertu connue du portrait-robot : il n’y a souvent que celui qui est représenté qui se reconnait, mais cela suffit souvent à ce que ce dernier craque nerveusement et commette une erreur qui le fera prendre. Les études statistiques visant à faire reconnaître une personnalité publique d’après un portrait-robot ont en tout cas des résultats très faibles (3% de succès lors d’une étude effectuée avec le logiciel FACES).

Ce qui m’intéresse ici c’est l’étrangeté que dégagent les nouveaux portraits-robots que diffusent les services de police du monde entier. Jusque récemment, suivant la méthode mise au point par le commissaire Chabot dans les années 1950, ces images étaient réalisées à l’aide de transparents sur lesquels se trouvaient les éléments à assembler : yeux, cheveux, bouche, etc. Les portraits en question sont établis par des   « dessinateurs de la police », ou « portraitistes de la police », parfois même appelés « artistes de la police » (mais rien à voir avec les « commissaires d’exposition » ni avec l’illustrateur Pierre la Police). Le visage établi par l’interrogatoire des témoins était ensuite redessiné par le portraitiste-enquêteur.
Je me suis toujours demandé s’il existait des postes de dessinateur-policier ou si l’on se contentait de mettre à profit les talents d’un officier amateur de dessin.
Digression : je me rappelle avoir été très déçu, pendant mes trois-jours d’appel au service national, d’apprendre que le l’affectation que je réclamais, celle de « peintre de la marine », n’existait pas. En effet il existe bien des peintres de la marine, qui ont officiellement le droit d’aller peindre sur le motif dans des installations de l’armée, mais ils ne sont pas eux-mêmes militaires. Fin de la digression.

Le fait que le résultat du portrait-robot soit un dessin induit pour celui qui observe l’image le principe d’une distance, d’une certaine latitude d’interprétation.  Le dessinateur a peut-être un style personnel marqué, il est plus ou moins virtuose et il est susceptible de faire des choix arbitraires pour combler les lacunes des descriptions qui lui sont faites pour établir le portrait.
Les nouveaux portraits robots sont réalisés informatiquement, avec des logiciels tels que E-Fit et FACES. Le logiciel EvoFIT, de son côté, produit des images très proches, mais prend les choses dans l’autre sens puisqu’il sert à imaginer (à mettre en images) l’évolution de la physionomie d’une personne  connue, selon son vieillissement, ses déguisements et postiches.
Certains détails de ces images ont un aspect réaliste, sans doute parce qu’ils sont extraits de photographies (je n’en sais rien à vrai dire), mais les montages finaux ont quand à eux un aspect irréal, et même s’ils ne sont pas fait en 3D, ils rappellent les visages « mappés » sur des formes approximatives. Le portrait de Nigel Farmer (c’est son nom) ne ressemble pas à un portrait dessiné ni à une photographie, il ressemble à un personnage de jeu vidéo, ou à un avatar de Second Life. Son visage a un modelé, contient des détails réalistes parfois poussés, et d’autres plus étranges — certaines proportions, certaines ombres. Il ne ressemble pas à grand chose d’humain et rendent à la fois plus iréél et plus effrayant le crime commis et l’idée que nous nous faisons de son auteur.

Mais au fait, pourquoi « robot » ?

  1. 3 Responses to “Portrait-robot”

  2. By Denis on Juil 16, 2008

    Tiens, c’est une question que je ne m’étais jamais posée. Oui, pourquoi pourquoi « robot » ?

  3. By laurent on Mar 23, 2009

    Bonjour, je cherche un logiciel (pas un site interactif) de portrait-robot ou de modelage 3d de visage en logiciel libre. Ca doit bien exister quelque part, tout de même!

    Parce que faire ça dans Blender (libre) ou autre logiciel de CAO prendrait 674203 ans (on peut arriver à y faire des personnages, mais jamais ressemblants! Pour du « Wallace et gromit » ou du « robocop », ça peut marcher, pour imiter quelqu’un, bon courrage…)

    tout tuyau serait fort utile.
    Rappel: je cherche un logiciel autonome, pas un site interactif de manipulation d’images.
    Un qui marche HORS connexion, pour être précis.

    Si possible volumique (pas juste de face) mais bon, dans un premier temps une version 2D serait mieux que rien.

    En connaissez-vous?
    Laurent

  4. By Jean-no on Mar 23, 2009

    Eh bien il existe les logiciels professionnels utilisés par les services de police, mais dans le monde « libre », j’ignore s’il y a du sérieux dans le domaine.

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