Profitez-en, après celui là c'est fini

École d’Art en danger (2)

juin 28th, 2008 Posted in Dans la boite-aux-lettres, Pas gai

Je pourrais créer une catégorie d’articles consacrée au sujet des écoles d’art en péril : les élections sont passées (les décisions qui provoquent une grogne seront oubliées d’ici cinq ans, c’est le bon moment), nous sommes au début de l’été, le moment est parfait pour saborder les écoles d’art, dont le budget semble à certains bien trop important par rapport aux conservatoires de musique ou aux clubs de football.

Cette fois-ci, il s’agit de l’École Supérieure d’Art de Rueil-Malmaison, la seule école supérieure d’art territoriale sous tutelle pédagogique du ministère de la culture en ‘Île-de-France si je ne m’abuse — les autres écoles étant des établissement nationaux (Ensba, Ensad, Cergy) ou des établissements dépendant de l’éducation nationale (Arts Appliqués). Je crois que c’est aussi une des rares écoles publiques qui ait une classe de préparation aux écoles supérieures d’art. Pour tout dire la situation me touche particulièrement car ma grande fille vient d’être admise en année de classe préparatoire.

Parmi les enseignants à l’École Supérieure d’Arts de Rueil, je note des noms comme Pierre de Mahéas (dont j’ai vu une exposition intéressante et drôle il y a un siècle à Amiens), Jan Kopp, Jean-Pascal Princiaux, Roberto Martinez, Claude Rutault, Béatrice Duport (salut Béatrice) et  Aude Du Pasquier (qui ne se rappellera pas de moi mais que j’ai connue il y a pas loin de vingt ans, en prépa puis aux Beaux-Arts). L’école a par ailleurs une activité d’accueil d’artistes en résidence et une activité d’enseignement « ouvert » (ateliers publics). L’école mène ses étudiants jusqu’au Diplôme National d’Arts Plastiques (3 ans).

Je n’ai aucun détail à fournir sur la situation exacte dans laquelle se trouve cette école, voici l’e-mail que j’ai reçu :

L’École Supérieure d’Art de Rueil-Malmaison a le regret de vous annoncer sa fin programmée. Elle est également fière de vous faire connaître sa détermination à résister, et vous invite à l’y aider.Nous rappelons que cette école existait comme classe préparatoire publique avant d’être agréée par le ministère en 2000 ; nous en sommes à la cinquième session de diplôme DNAP option art, avec des résultats que nous laisserons à d’autres le soin de commenter en détails, mais qui sont ordinairement considérés comme très bons (pour information, la session 2008 : 19 candidats, 19 reçus, 
5 mentions, 5 félicitations). Notre qualité de fonctionnement n’est remise en question par personne.

Pourtant, la mairie prend aujourd’hui unilatéralement la décision d’un désengagement en arguant des raisons économiques ; le ministère de la culture se borne à déplorer.
Cette situation hélas risque de se propager à l’échelle nationale, d’autres liquidations suivront bientôt sans doute.

Si cette décision était maintenue, ce serait l’une des quatre écoles supérieures d’art d’Île de France qui disparaîtrait, ce qui constitue une aberration, vue l’insuffisance déjà notoire de l’offre par rapport à la population des étudiants concernés.

Faites circuler cette information et envoyez-nous vos mails de soutien à : urgence_ecoledartsderueil(at)yahoo.fr

J’ai par ailleurs reçu l’adresse d’une pétition à signer.
J’ajouterais sur cette page toute information supplémentaire qui me sera envoyée.

Mise-à-jour 29/06/08 à 00:11. Il semble que la ville de Rueil-Malmaison (maire : Patrick Ollier, UMP, depuis 2004) envisage de se désengager totalement de l’école. L’école continuerait à exister pour les étudiants actuels mais plus aucun concours n’aurait lieu à l’avenir à moins que l’établissement ne trouve un « repreneur » (conseil général, région,… ?).

Mise-à-jour 01/07/08 à 19:26. On me signale un site consacré à faire circuler l’information concernant les déboires subis par l’école d’art de Rueil : http://www.esarueil.info

  1. 7 Responses to “École d’Art en danger (2)”

  2. By Wood on Juin 28, 2008

    Mais pourquoi le capitaine Nemo en illustration ?

  3. By Jean-no on Juin 28, 2008

    Je ne sais pas trop. Pour l’école d’art d’Arras j’avais mis une illustration des fables de la Fontaine (l’ours et le jardinier)

  4. By Wood on Juin 29, 2008

    Nemo, c’est un personnage trouble, mine de rien, une sorte de terroriste. Subconsciemment ce n’est sûrement pas innocent.

  5. By Jean-no on Juin 29, 2008

    Ouaip. Nemo est un philanthrope-misanthrope qui refuse de participer au monde suivant les règles établies. Finalement, une école (d’art ou pas d’art, d’ailleurs), c’est toujours quelque chose comme le Nautilus, un abri, un moyen de s’extraire un peu du monde, mais un abri très fragile qui fait d’ailleurs tout à fait partie du monde…

  6. By Benoit on Juin 30, 2008

    A l’esad de Strasbourg, dans les couloirs on murmure que l’école serait inévitablement « privatisé » dans les prochaines années. A suivre.

  7. By Jean-no on Juin 30, 2008

    Des écoles qui ferment, ça s’est vu, mais des écoles privatisées, ça me semble hautement improbable. À moins que l’on parle de la transformation de l’établissement en EPCC : un établissement public, dépendant des collectivités territoriales mais piloté par un conseil d’administration avec plusieurs partenaires financiers, y compris privés. C’est quelque chose qui devrait beaucoup se voir dans les écoles d’art à l’avenir. A priori, cela permet plutôt la pérennisation des établissements que leur précarisation, car pour le moment, de nombreuses écoles sont à la merci du moindre changement d’équipe municipale.

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