Profitez-en, après celui là c'est fini

[Parution] Internet : au delà du virtuel

mai 11th, 2017 Posted in Bande dessinée, Personnel

Il y a un peu plus d’un an, j’ai eu le plaisir et l’immense honneur de publier L’Intelligence artificielle, tout premier album de la Petite Bédéthèque des savoirs, aux éditions du Lombard. J’avais pour co-auteure la formidable Marion Montaigne, rien que ça1.

Pendant que l’album se terminait, David Vandermeulen, le directeur de la collection, m’a demandé si j’aurais aimé écrire le scénario d’un second album de la collection, avec cette fois pour sujet le réseau Internet. J’ai mollement tenté de le décourager (j’aime bien finir une chose avant d’en commencer une autre), mais le projet m’intéressait énormément, parce que j’avais quelque chose à dire, que je voulais trouver le moyen de raconter ce réseau devenu si central dans nos existences et, pourtant, à l’histoire et au fonctionnement méconnu. On parle souvent de « cyberspace » et de « monde virtuel », mais Internet, c’est aussi une infrastructure matérielle monstrueuse et des bouleversements sociaux considérables. C’est aussi une histoire récente en même temps qu’un vieux rêve et un très ancien besoin, et c’est même un support voire même un médium artistique.

Je voulais que tout ça tienne dans les quatre-vingt et quelques pages du livre. Pour travailler avec moi, Nathalie Van Campenhoudt (l’éditrice) et David Vandermeulen ont pensé à un jeune auteur que je ne connaissais pas, Mathieu Burniat. J’ai parlé de ce jeune homme à mon frère, libraire2 et connaisseur, qui m’a dit qu’il avait aimé la série de science-fiction Shrimp, illustrée par Mathieu sur un scénario de Benjamin d’Aoust et Matthieu Donck, chez Dargaud, qui s’était malheureusement interrompue faute de succès. J’ai acheté le dernier album publié par Mathieu à l’époque, la Passion de Dodin-Bouffant (2014, Dargaud), une ode à la haute-gastronomie — il a publié depuis un autre livre sur le thème de la cuisine, Les Illustres de la table. Son dessin peut superficiellement rappeler quelques virtuoses contemporains tel Christophe Blain, mais il est en fait plus proche d’une des plus grandes personnalités graphiques de l’entre-deux guerres, Gus Bofa.

À Bruxelles, j’ai rencontré Mathieu, avec qui je me suis tout de suite entendu. Il ne pouvait pas se mettre à travailler immédiatement sur notre album commun car il était en train de finir avec le physicien Thibault Damour un album sur le thème de la physique quantique, auquel il avait consacré trois ans. Paru en mars 2016, quelques semaines après la sortie des premiers volumes de la Petite Bédéthèque, ce brillant album intitulé Le Mystère du monde quantique a obtenu un succès aussi important que mérité et fait partie, avec les travaux de Marion Montaigne justement, des preuves que lorsqu’elle est prise au sérieux, la bande dessinée peut être un outil de vulgarisation scientifique formidable.
Bref, une fois de plus, on m’a associé à un co-auteur au talent immense, tant de chance et de confort de travail est à la limite du gênant, mais m’autorise à faire une promotion éhontée du livre et à en dire le bien que j’en pense : après tout, ce n’est pas à moi qu’il doit d’être si bon. Car ce livre est très bon.


L’été dernier, Mathieu, à qui j’avais envoyé un essai (plus qu’un scénario) m’a proposé d’utiliser comme fil conducteur de l’album Hayastan Shakarian, cette septuagénaire géorgienne qui cherchait du cuivre et qui d’un coup de pelle a privé toute l’Arménie de connexion à Internet alors même qu’elle n’avait jamais entendu parler du réseau des réseaux. Dans notre histoire, le câble sectionné raconte à celle qu’on a surnommé « la hackeuse à la pelle » tout ce qu’il y a à savoir sur le sujet ou à peu près. Tout en me disant régulièrement qu’il n’allait commencer à se mettre à l’album qu’après avoir fini un autre projet, Mathieu a dessiné une page, puis cinq, puis dix, et en assez peu de temps, l’album s’est retrouvé fini comme par magie — sans doute pas pour lui, mais pour moi c’est ainsi que ça s’est passé.

Une réunion de travail à Bruxelles, avec de gauche à droite Mathieu Burniat, Nathalie Van Campenhoudt et David Vandermeulen.

L’album, Internet, au delà du virtuel(ISBN 9782803637430) sort le vendredi 19 mai aux éditions du Lombard, qui sont largement diffusées. Il ne coûte que dix euros.
Au même moment sort aussi Le conflit israélo-palestinien. Deux peuples condamnés à cohabiter, dix-huitième tome de La Petite bédéthèque, par Vladimir Grigorieff et Abdel de Bruxelles, un livre qui traite son sujet de manière pragmatique, philosophique et apaisée, que je recommande hautement et qui, je pense, est apte à troubler les certitudes de tous ceux qui ont une opinion sur le sujet.

Le lancement officiel de ces deux albums aura lieu, en présence des auteurs, le 19 mai au café-bouquinerie La vieille chéchette3, 2-6 Rue du Monténégro, dans la commune Saint Gilles à Bruxelles, entre 18 et 21 heures. Je ne sais pas si je dois en faire un argument de vente, mais une boisson y sera offerte aux acquéreurs de l’album, dans la limite du stock disponible4.

  1. Et ce n’est pas tout, car nous étions par ailleurs accompagnés par la bienveillante présence de l’immense Daniel Goossens, qui n’est pas au générique de l’album mais en a scénarisé une partie. []
  2. La librairie de mon frère Jérôme se situe au 83 de la rue Pajol dans le dix-huitième arrondissement de Paris (métro Marx Dormoy) et sur le site paris-bd.com. []
  3. Voir l’événement Facebook. []
  4. Deux autres événements à venir :
    — samedi 13 mai à 16 heures, je serai à BDnet Bastille avec quatre auteurs de la collection (Marion Montaigne, Jake Raynal, Étienne Lécroart et Ivar Ekeland.
    — le 24 mai, je publie avec Nathalie un livre jeunesse, Copain des Geeks (éd. Milan), mais on en reparlera d’ici là. []

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