Profitez-en, après celui là c'est fini

Zendegi

septembre 17th, 2014 Posted in Lecture

zendegi_couvertureJe peux dire que je suis revenu à la science-fiction, après des années d’abstinence, par un recueil de nouvelles de Greg Egan, Axiomatique, qui m’a ramené à la « hard science » que j’aimais tant lire adolescent. Greg Egan est un auteur très « geek », qui s’intéresse aux questions technologiques de notre présent ou de notre avenir proche, et qui en tire des récits efficaces. Après Axiomatique, j’avais entamé un roman, La Cité des permutants, que j’ai abandonné au bout de quelques pages (mais j’y reviendrai).
Cet été, un peu au hasard, j’ai acheté l’édition de poche de Zendegi, sorti en 2010 en Grande-Bretagne et deux ans plus tard en France, aux éditions du Bélial’. Je n’ai pas eu à le regretter.

Le premier point intéressant du roman est qu’il commence à peu près au moment où il a été écrit : son obsolescence est certaine, ce qui est à mon avis une manière pour l’auteur de ne pas se prétendre prophète et de se contenter d’exposer ce qu’aurait pu être l’histoire. Le cadre du récit est l’Iran de la République islamique actuelle, qui se trouve subitement chahuté par une poussé de fièvre populaire en faveur d’un peu plus de liberté et d’un peu moins de corruption et d’hypocrisie. Les deux personnages principaux sont Nasim Golestani, une jeune iranienne expatriée aux États-Unis, chercheuse en neurosciences, et Martin Seymour, un journaliste australien en mission en Iran, où il finira par trouver l’amour et s’établir. En 2027, quinze ans après la révolution qui a repris le pouvoir aux Mollah, Martin et son épouse sont libraires — car oui, au prix de quelques aménagements, Greg Egan fait le pari que le livre n’a pas fini d’exister —, et Nasim, revenue en Iran avec sa mère, travaille dans le domaine du jeu vidéo en ligne. Reprenant ses travaux de cartographie du cerveau, elle parvient à créer des personnages artificiels dotés de certaines caractéristiques de personnes réelles. Une célébrité du football accepte par exemple qu’un personnage artificiel à son image évolue dans le jeu, doté des mêmes réflexes appliquant les mêmes stratégies de jeu que lui.

zendegi_trailer

Le discret et mystérieux (personne ne connaît son visage) Greg Egan est programmeur informatique et a même publié quelques articles académiques sur des algorithmes. Il semble que la programmation ne soit plus son gagne-pain, mais pour Zendegi, il a réalisé une vidéo générée par ordinateur qui mêle circulation automobile et art islamique.

Je n’en dis pas plus, si ce n’est que très vite, cette technologie devient un enjeu philosophique et religieux : permet-elle de combattre la mort ? À quel point ?
Moins froid que les autres récits que je connais de l’auteur, Zendegi est un roman sensible, qui n’en est pas moins parcouru par une véritable intelligence des technologies, de leurs promesses et de leurs déceptions, qui regorge de réflexions sur la digitalisation, l’imitation, ou encore la manière dont nous gérons les défauts des systèmes informatiques que nous utilisons. Tout ce qui touche au contexte iranien semble très documenté ou est en tout cas suffisamment inspiré pour qu’on le croie.

  1. 2 Responses to “Zendegi”

  2. By Hubert Guillaud on Sep 17, 2014

    Et hop, un de plus dans ma liste de livre à lire… Merci Jean-Noël.

  3. By sandrine on Sep 18, 2014

    Un de mes auteurs favoris également :-)
    Je trouve rafraichissant que dans ses romans de SF l’action se déroule ailleurs qu’aux Etats-Unis pour une fois (Australie, Iran, iles du Pacifiques…)
    J’avais bien aimé La cité des permutants personnellement. Je serai intéressée par votre critique du livre (enfin des premières pages!)

    Si vous appréciez Greg Egan, je vous conseille un autre auteur : Ted Chiang, qui est également informaticien et écrit des récits très « geeks », il est très inspiré par les thèmes de Egan d’ailleurs. Par contre, il n’a publié qu’un seul recueil de nouvelles pour l’instant (« Stories of your life » ou « La tour de Babylone » pour le titre français), mais presque toutes les histoires sont géniales.

    L’excellente nouvelle « The lifecycle of software objects » n’a pas été traduite à ma connaissance mais est accessible en ligne en VO : http://tinyurl.com/bdxf5tz

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