Profitez-en, après celui là c'est fini

Apprendre le code à l’école ?

juin 13th, 2014 Posted in Études

Un groupe de députés plutôt étiqueté UMP1 (Laure de la Raudière, Bruno Le Maire, Christian Estrosi, Lionel Luca, Axel Poniatowski,…) vient de déposer une proposition de loi « visant à rendre obligatoire l’enseignement du codage informatique à l’école »2.

Rien que ça !

Vi

Les tablettes d’écriture des écoliers de la Rome antique, ressemblaient à des laptops ! Sculpture visible à la Villa Getty (photo Dave and Margie Hill /cc)

Je suis le premier à croire à la culture technologique et à la culture du code, et le premier à souscrire à l’affirmation qu’il faut « ne pas subir l’informatique, mais la maîtriser ». Je me demande malgré tout si, à ce stade, les choses sont prises par le bon bout, et plus pragmatiquement, je me demande s’il est seulement imaginable d’intégrer massivement un apprentissage scolaire de ce type, dès l’école primaire, alors que l’apprentissage des langues étrangères y est déjà très difficile.
Je cite un extrait du projet de loi :

À l’ère du numérique, si nous voulons que nos jeunes passent de simples usagers de l’Internet, à acteur de la société et de l’économie numérique, la compréhension de l’informatique est la clé d’accès au monde numérique et aux opportunités professionnelles qu’il ouvre.

Il y aurait donc une « ère du numérique », un « monde numérique », dont il faudrait chercher la clef et qui, une fois le verrou tourné, ouvrirait à « des opportunités professionnelles ». La constante découverte du « numérique » par nos élites politiques est une choses assez fascinante.

informatisation_societeIl faudrait étudier systématiquement les discours qui entourent la question, mais d’instinct, j’ai l’impression qu’ils manifestent de moins en moins une ambition collective. Le « plan calcul » (1966) de De Gaulle voulait rendre la France technologiquement indépendante des États-Unis. Le rapport Minc/Nora3 voyait dans l’informatisation de la société un moyen souhaitable pour augmenter la productivité générale (travailler moins pour vivre mieux) et rendre caduque la grille d’analyse marxiste du conflit de classes.
Le plan « Informatique pour tous », proposé par le premier ministre Laurent Fabius en 1985, se voulait ouvert « à tous les citoyens », promettant que « Les établissements, les matériels, les programmes qui seront enrichis, seront donc également à la disposition du public ». À présent, ce qu’on nous promet est un peu piteux : le code informatique devient un énième gri-gri pour espérer échapper au chômage, puisqu’il donne « des opportunités professionnelles ». D’autres lois ou prises de positions des dernières années nous parlaient surtout d’éduquer les jeunes au numérique afin qu’ils apprennent à y consommer sans nuire à l’industrie culturelle et sans risquer de s’y faire piéger par des prédateurs sexuels ou de s’y faire humilier par leurs camarades de classe.
J’imagine que cette évolution (dont il faudrait affiner l’observation) est un indicateur parmi d’autres des mutations de notre rapport à l’État et à la société, peut-être plus encore que de notre rapport à l’ordinateur.

Il n'est pas rare

Comment faire en sorte que le « numérique à l’école » ne se résume pas à des commandes massives chez Apple ? (photo piquée sur le site de Christian Estrosi – je ne peux pas mentionner le nom du photographe, qui n’est pas crédité)

Et l’apprentissage du code, donc ? De quoi parle-t-on exactement, au fait ? Je ne fais pas partie des gens qui s’opposent aux mots « code » ou « codage » comme synonymes de « langage de programmation informatique », mais je me demande s’ils ne peuvent pas créer des contresens, surtout employés au singulier, en laissant croire qu’il existerait, comme le dit la proposition de loi, une « clé » à posséder.
Or, la programmation informatique est moins une affaire de code que de logique, et en ce sens, les Mathématiques modernes de mon enfance — il y a déjà quarante ans —, qui avaient l’ambition d’enseigner les « bases » ou la théorie des ensembles aux enfants dès le début de l’école primaire, étaient au fond assez adaptées à préparer l’apprentissage de la programmation informatique.
Mais les Mathématiques modernes ont pâti de plusieurs handicaps en leur temps. D’une part, un grand nombre des enseignants n’était pas formé à ces idées nouvelles et ne le serait jamais. Les parents de l’époque, j’imagine, ont aussi freiné le mouvement, ne se sentant pas forcément capables de l’accompagner. Enfin, comme les mathématiques en général, aujourd’hui comme hier, l’école française a le tort de ne former qu’à la théorie, sans se soucier de parler aux élèves d’une possible application pragmatique des connaissances acquises. Il en résulte à mon avis que seuls certains esprits abstraits, pour qui les chiffres constituent un jeu stimulant, survivent à ce système, ce qui donne à la France une très grande réputation internationale à la pointe des mathématiques, mais un niveau scientifique moyen assez faible, où les mots « cosinus » ou « équation » terrorisent sans raison des lycéens qui se forcent, pour tout arranger, à passer (médiocrement) un baccalauréat scientifique puisqu’on leur a garanti que seule cette filière leur ouvrirait ensuite toutes les portes dans l’enseignement supérieur.

...

L’époque du langage Logo. Les images sont volées sur le site de Cyntiha Solomon (que l’on voit sur l’image de droite), membre du Logo group, fondé au MIT au tout début des années 1970 par Seymour Papert (image de gauche).

C’est à ce stade qu’il me semble intéressant de recourir à la programmation informatique, justement. Avec un logiciel et langage tel que Processing, qui n’est jamais que la perpétuation de la philosophie du Logo (je note que les deux langages sont issus de laboratoires du MIT), le code informatique a un effet extrêmement concret, immédiat, satisfaisant et « ludique », comme on dit : on écrit une instruction, et celle-ci produit un dessin. Je ne connais pas les outils Context free art ou Scratch, utilisés pour les Coding goûters, mais j’imagine qu’ils ont le même genre d’intérêt, à savoir de permettre d’accéder rapidement à ce qui constitue la magie propre à la programmation informatique : ce qu’on écrit produit des actions, produit des dessins, fait bouger des robots, etc4.
Et au delà du plaisir, il y a, bien sûr, la question de l’appropriation de l’outil et celle de sa démystification : je parlais de magie, mais l’ordinateur n’est pas un objet bien mystérieux, et chacun a beaucoup à gagner à le comprendre5.
Mais ce plaisir doit-il être contraint à une évaluation scolaire, à un impératif productif ? On m’a rapporté que dans certaines écoles maternelles, on note les dessins que font les enfants, ce qui me semble constituer la plus sûre méthode pour rendre angoissant le plaisir simple de noircir du papier, et ce alors que les gens capables de juger avec pertinence des dessins sont, à mon avis, assez rares, y compris parmi les bons dessinateurs. Est-ce que j’aurais aimé passer mes nuits à programmer en langage BASIC sur mon Sinclair ZX81 si on me l’avait imposé à l’école ? Je ne sais pas. J’imagine que j’aurais plus vite compris certaines choses dont je me faisais un monde, et que j’aurais appris plus vite de bonnes pratiques de programmation, mais j’ai la vague intuition que je m’y serais moins investi. Bien entendu, c’est un problème assez général avec l’école : on y apprend pour la note, pour faire plaisir aux parents, pour faire plaisir au prof, pour faire plaisir à l’éducation nationale, mais rare sont ceux qui y trouvent vraiment leur compte pour eux-mêmes6.

Le Centre Mondial Informatique et Ressource Humaine a été fondé par Jean-Jacques Servan-Schreiber et était dirigé par Nicholas Negroponte. Il était situé au 22 de l’avenue Matignon, à Paris dans le 8e arrondissement. Ses activités ont duré de 1981 à 1986. Nicholas Negroponte en a été le premier directeur, pendant un an. Ce centre de recherches très pointu voulu par François Mitterrand et Gaston Defferre avait une vitrine grand public: dans le hall d'entrée, les enfants étaient invités à venir apprendre la programmation en langage Logo.

Le Centre Mondial Informatique et Ressource Humaine, actif de 1981 à 1986, voulu par François Mitterrand, fondé avenue Matignon par Jean-Jacques Servan-Schreiber et dirigé par Nicholas Negroponte. Par la vitrine, on voyait depuis la rue des enfants programmer en langage Logo. L’ordinateur, c’est l’avenir depuis bien longtemps.
Photos issues d’un article d’époque du Point, reproduit sur le site Portices.

Ma plus importante réserve envers ce projet de loi ne tient pas tant à la nature de l’école qu’au fait que tout le monde ne peut pas enseigner la programmation. Il me semble que c’est une matière qui tolère bien moins que les autres l’à-peu-près, et je ne sais pas s’il est évident de s’improviser enseignant en programmation auprès d’enfants si facilement.
En même temps, je dis ça tout en défendant l’idée que la pratique de la programmation est accessible à tout un chacun.

Je suis, au fond, assez partagé.
Je ne connais pas tous les domaines de l’ingénierie informatique, mais je remarque qu’en webdesign, les développeurs perdent un peu l’idée de tout programmer par eux-mêmes, se contentant de manipuler des outils où le code est prémâché, des « Frameworks », ce qui peut conduire à une dommageable perte d’indépendance créative et à une uniformisation des solutions proposées, et ce au profit d’une certaine efficacité. Est-ce que cela signifie que le code informatique est amené à perdre en importance y compris chez les informaticiens ? Et que penser de la rapide obsolescence de l’ordinateur individuel, à la fois outil et média, qui permet d’utiliser des logiciels mais aussi d’en créer, contrairement aux tablettes et aux smartphones dont ce n’est pas la vocation naturelle ?
Je suis convaincu de l’utilité de la programmation et de son apprentissage, mais dans un monde idéal, un tel apprentissage n’aurait aucune visée productive immédiate, et les élèves apprendraient pour leur culture, pour comprendre ce qui se cache derrière les logiciels qu’ils manipulent quotidiennement, et pour ce plaisir intense que l’on ressent à ces instants où on invente une solution à un problème. C’est avec cet objectif en tête que j’enseigne moi-même la programmation, à vrai dire, et non pour fabriquer des ingénieurs, ce que je serais, du reste, bien incapable de faire.

  1. La question n’est pas nécessairement marquée politiquement. Laure de la Raudière, qui porte ce projet, a rédigé un rapport sur le sujet avec sa collègue la socialiste Corinne Erhel. La secrétaire d’État au numérique, Axelle Lemaire, croit aussi à l’importance de l’école dans l’apprentissage du numérique.
    À noter : Laure de la Raudière propose, pour dégager les heures nécessaires à cet apprentissage, de réduire le temps consacré aux sciences de la vie et de la Terre. []
  2. Proposition de loi numéro 2022 de la quatorzième législature de la cinquième république, enregistrée le 11 juin 2014, à consulter sur le site de l’Assemblée nationale. []
  3. L’informatisation de la société, rapport remis par Alain Minc et Simon Nora à Valéry Giscard d’Estaing, en 1976, qui fut en son temps un vrai succès d’édition, publié au format poche par les éditions du Seuil. []
  4. À suivre aussi, Gleamcode, par la société Tralalère. []
  5. Et n’oublions pas Lawrence Lessig et son texte Code is law : contrôlez ou soyez sous contrôle. []
  6. Nathalie, qui passe le concours de professeur des écoles en ce moment, me dirait pourtant (et elle en a été elle-même surprise) que les méthodes actuellement préconisées sont plutôt intelligents et bien éloignés de l’idée d’un enseignement « infligé » dont je garde le souvenir, et je la crois, mais j’ai l’impression que peu d’enseignants actuels peuvent ou veulent appliquer ces bonnes pratiques. []
  1. 18 Responses to “Apprendre le code à l’école ?”

  2. By Wood on Juin 13, 2014

    Moi j’ai appris le logo à l’école (au CM2) et j’en garde un excellent souvenir. On n’était pas noté, c’était une école Freinet, on découvrait tout ce qu’on pouvait faire avec un ordinateur, on avait construit (une partie d’)un petit robot-tortue qu’on faisait avancer à coup d’instructions logo.

    J’ai fait aussi un peu de Basic, plus tard le collège m’a initié au MS-DOS… Je n’utilise aucun de ces outils aujourd’hui mais je pense que ces expériences m’ont appris un certain état d’esprit qui m’a permis d’être un peu plus familier avec l’informatique que certains de mes collègues quand j’ai commencé à travailler.

    Donc oui, pourquoi ne pas initier les enfants à Processing, c’est tout à fait le genre de truc qui peut les intéresser.

  3. By jyrille on Juin 13, 2014

    Comme tu le dis si bien, la programmation professionnelle actuelle est bien variée et pour ceux qui développent en Java, utilisent surtout des Frameworks et des classes prééxistantes.

    Enseigner un code simple permettrait sans doute de leur ouvrir l’esprit, de leur donner une idée de ce qui se cache derrière les tablettes, car il y a tant de choses différentes dans l’informatique (les réseaux, la conception, la grammaire, les systèmes, le langage-objet et les classes, l’exploitation, la gestion hardware, la gestion software des périphériques, la programmation online et batch ou crontabs…) que personne ne peut se targuer de tout connaître.

    Une introduction me semble donc une bonne idée également. J’avais fait un stage de ce genre vers 12 ou 13 ans, sur des MO5, alors que l’école les avait commandés mais pas encore reçu, et j’en garde un bon souvenir même si je ne me suis plus jamais servi de ce que j’y avais vu. Juste une idée de la façon dont tout cela s’imbrique et se conçoit.

  4. By jck on Juin 13, 2014

    J’ai un sentiment proche. Je pense qu’il faut apprendre à coder en oubliant l’idée d’en faire des informaticiens. De toute façon il est clair que dans 12 ans, les méthodes et langages de l’informatique professionnelle auront totalement changé, donc autant ne pas y penser et apprendre un langage si possible fait sur mesure et évolutif selon l’age de l’enfant.
    Les enfant généralement aiment et comprennent instantanément le coté impératif de la programmation. le coté structurel/fonctionnel est moins naturel, mais plus qu’on le croit : face à des problèmes bien concrets et graphiques de plus en plus difficiles, ils sont naturellement « demandeur » d’outils conceptuels plus compliqués. En ce sens je suis moins d’accord avec l’approche qui me semble bloquante de l’apprentissage des mathématiques qui commence par enseigner des outils totalement abstraits, dans l’idée ensuite de résoudre des problèmes concret. Ce n’est simplement pas comme ça que fonctionne le cerveau, derrière cette approche, il y a je crois la croyance en des facultés quasi innés. Je pense que la capacité d’abstractions s’apprend comme tout le reste et que l’enseignement de l’informatique pourrait être une approche à la fois complémentaires et concurrente aux mathématiques.

  5. By Hubert Guillaud on Juin 13, 2014

    J’ai surtout l’impression qu’on est là face à un lobbying informatique assez fort, qui me laisse totalement sceptique sur le fond : http://www.internetactu.net/2014/04/23/enseigner-le-code-a-lecole-vraiment/

  6. By Jean-no on Juin 14, 2014

    @Hubert : bien d’accord sur l’inquiétude vis à vis de la méthode et des arrières-pensées. Ce qui m’embête le plus, c’est l’idée que ce genre de plans aboutissent à des appels d’offres ahurissants, où l’État se ruine pour acheter un mauvais logiciel et des tablettes ou que sais-je…

  7. By Remy on Juin 13, 2014

    Le mouvement vient apparemment des Etats Unis.
    Jeff Atwood, le fondateur de Stack Overflow avait écrit un papier il y a deux ans sur son blog qui contient plein de remarques pertinentes. Notamment: le travail d’un développeur est DE RESOUDRE DES PROBLEMES. Donc, nécessité des maths, des sciences, des arts, etc…

    http://blog.codinghorror.com/please-dont-learn-to-code/

  8. By jiemji on Juin 13, 2014

    Bah, ils auront leur permis plus facilement plus tard :D

    désolé pour la mauvaise blague…

    oui, le terme « code » m’a toujours apparu étrange mais je pense que c’est surtout un anglicisme un peu à la mode. Pour ma part, quand j’ai proposé à ma fille de 8 ans de lui expliquer comment un ordinateur fonctionne et comment on pouvait lui faire exécuter certaines chose, je lui ai parlé de programmation.

    On écrit des bouts de programme ensemble (en javascript, c’est simple et assez portable, elle peut le faire tourner sur son pc ou sur sa tablette).
    Je ne tente pas de lui apprendre la syntaxe mais je l’initie au fonctionnement de l’ordinateur ; la notion d’entrée d’information, de sortie, de périphériques, de variables, de boucles, de tests logiques.

    On développe des bouts de programme pour l’entraîner à faire les opérations basiques en accord avec ses cours de maths de CE2.
    Chaque application est un façon de valider un savoir de son cursus ou de l’aborder différemment. Ce n’est pas tant apprendre à programmer que de s’en servir comme un moyen d’échange père/fille (d’ailleurs, elle déteste quand je dois débogguer car on perd le fil de la discussion :)
    L’idée n’est pas non plus d’apprendre un langage précis mais de comprendre les fonctionnements de ces machines et se dire que ce ne sont que des outils que l’on peut adapter à nos besoins spécifiques.

    De loin en loin, on évoque le projet de créer un jeu en java jouable sur sa tablette mais, là encore, c’est pas tant l’aspect programmation qui fait le sel du débat mais plutôt la définition des règles du jeu (et là, on est en plein dans les préoccupations de filles de son âge, il suffit de les observer au parc ou à la récré, elles passent plus de temps à définir les règles qu’à jouer) et la création graphique (définir l’univers, dessiner les personnages, les animer). Je me chargerai certainement seul du code ensuite mais elle sera décisionnaire du cahier des charges et des modifications.

    Je n’avais pas pensé à utiliser Processing comme plateforme de création, je retiens l’idée car le résultat graphique va beaucoup lui plaire.

    Perso, j’ai commencé à écrire des programmes en basic vers 12 ans sur mon Apple II. Cela m’a servi tout au long de ma carrière, que ce soit en ingénierie informatique (même si je n’étais pas développeur) et, maintenant, dans mon métier de contrôleur de gestion en programmant des fonctions de transformations de données via des outils bureautiques standards et du VBA.

  9. By Jean-no on Juin 14, 2014

    @Wood, @jyrille, @jiemji : merci pour vos retours d’expérience.
    @jck : je crois qu’il y a effectivement une prédisposition pour les maths abstraits, en fait j’avoue que je crois à la « bosse des maths » (innée, je ne sais pas : favorisée par l’environnement familial ?), seulement si elle existe (ça reste à prouver, effectivement), elle ne concerne qu’un petit pourcentage des élèves, alors il est dommage qu’on oriente l’éducation des maths vers ceux-ci uniquement, donc dans le but, filtre après filtre, de ne sauver que les plus excellents parmi les plus excellents…

  10. By ben on Juin 13, 2014

    Il faudrait mettre l’informatique dans toutes les matières ! On passe nos vies professionnelles devant des ordinateurs et je pense qu’on a tous des lacunes (je suis très peu compétent avec les tableurs et outils de bureautique).
    Un peu de gimp en art plastique et photo numérique, audacity en musique, open office pour les exposés, un peu de code en maths ; des découvertes indispensables. Sur un salon de BD, j’ai vu des enfants (7 ans et plus) faire la queue pour faire du photoshop avec une wacom !

  11. By momo on Juin 14, 2014

    Les mathématiques ne sont pas les « chiffres ».

  12. By Sylvette on Juin 14, 2014

    Wood, sale jeune!
    Par ailleurs, comme à chaque fois que le ministère sort une GM (Grrrrrande Mesure) de ses placards, avant même de me poser la question du sens je me pose celle, plus prosaïque, des moyens. Et aussi quand je vois la pauvreté de contenu crasse de ce que mon cadet fait en cours de « techno » au collège (pour la partie « informatique » l’an dernier en 6e ils on vu dans le détail le clavier de l’ordinateur…) je me dis qu’il faudrait soit, effectivement, commencer à leur faire faire des bouts de programmation, soit revenir aux bons vieux travaux manuels de notre folle jeunesse et fabriquer des tangrams en bois, coudre des sacs de sport en toile de jute et relier des bouquins de poche.
    Et sinon, sur les notes de dessin, c’est un sujet régulier d’affliction pour le cadet toujours dessine très bien et pendant des heures à la maison mais salope systématiquement tout ce que sa prof d’art plastique (folle) lui demande de faire dans le cadre du cours parce que « on ne comprend jamais pourquoi on a une bonne ou une mauvaise note ». Fin de la démonstration.
    Pour parler de mon cas personnel (j’ai enfin atteint un bon niveau 4e en maths en refaisant le programme avec mes enfants), j’aimerais beaucoup comprendre comment marche un ordinateur en vrai ne serait-ce que pour régler certains problèmes sans appeler mon frère, mais ma paralysie face aux maths a laissé des traces. Si on pouvait donc, comme tu le dis, faire des incursion du côté des maths appliquées via la programmation ce serait sûrement un soulagement pour une bonne partie de la population scolaire.

  13. By Sylvette on Juin 14, 2014

    @Jean-no: je serais curieuse de savoir en quoi constitue le fameux « socle commun de connaissances » pour les maths. Personnellement, étant donc rangée dans la catégorie des nuls, ne me servent au quotidien que la géométrie de base, les opérations de calculs de base et la règle de trois. J’ai toujours été forte en « problèmes » parce que, comme je me tue à l’expliquer à mon rejeton, pour réussir un problème il faut surtout être bon en français, puisqu’il s’agit de comprendre un énoncé. Le problème pour le ministère c’est que si on s’en tenait à ça, quand est-ce que les futurs mathématiciens français pourraient atteindre le niveau d’abstraction requis? Comment les détecterait-on? Je ne pense pas qu’il y ait de solution. Mon frère était brillant en math, j’étais nulle. Je pense que mes parents l’ont beaucoup encouragé mais ce ne sont pas eux qui l’ont rendu bon en maths. Je crois donc comme toi à une « bosse », rendue plus bossue au fil des ans par l’environnement familial. Pour les autres, c’est de l’acharnement thérapeutique qui pourrait être très utilement remplacé par des maths appliquées.

  14. By jiemji on Juin 14, 2014

    @Sylvette @momo: »pour réussir un problème, il faut être bon en français pour comprendre l’énoncé ». Vos réflexions se complètent à mon sens.
    La programmation (et l’informatique, en général), ce n’est pas des maths mais de la logique, de la sémantique, de la grammaire.
    Du langage, des flux, des échanges.
    Et, personnellement, j’ai fait un bond quantique dans mon appréhension des mathématiques quand je me suis mis à les envisager comme un langage, avec des mots (les nombres) composés de lettres (les chiffres) obéissant à une grammaire particulière.

    J’aime les maths mais je ne suis pas un « matheux », j’ai lâché sérieusement dès la fin du lycée quand on a attaqué intégrale et consort ; je regrette d’ailleurs et cela m’a handicapé dans mon cursus, mais, paradoxalement cela ne m’a pas empêché de faire une carrière dans l’ingénierie télécom et dans la gestion où je produis des stats et des prévisions, je m’en suis passé par d’autres méthodes dont la programmation).

    Ma fille aime les maths.
    Elle trouve ça magique, on manipule des symboles qui se transforment et en donnent d’autres, il y a des règles, on les applique ; c’est rassurant (le résultat est toujours le même) et vertigineux (il y a toujours une nouvelle règle qui vient complexifier l’ensemble mais sans l’affaiblir).
    Et surtout, on peut arriver à un même résultat en suivant d’autres règles. Et là, c’est son côté cossarde qui l’emporte, si elle peut trouver une règle plus simple, elle va l’adopter…

  15. By jiemji on Juin 14, 2014

    @jean-no : je ne sais pas si la bosse des maths existe, sans doute a-t-on plus d’appétence envers certains sujets que d’autres ?
    Je pense surtout que si l’on est élevé dans un environnement où on subit une défiance envers certains sujets, on aura du mal à les aborder sereinement.
    Un enfant dont les parents auraient été traumatisés (à raison souvent compte tenu de la place particulière des maths dans le cursus scolaire français) par l’apprentissage de ce sujet portera, presque, nécessairement un lourd héritage quand le sujet se présentera à lui, ne serait-ce que parce qu’il ramènera à la maison la terreur que les parents croyaient avoir oubliés, qui se doublera d’un embarras quand il sera nécessaire de l’aider à faire ses devoirs.

    J’exprime cela avec mes gros sabots, je ne suis pas un spécialiste des théories de l’éducation, mais je crois que bon nombre de nos compatriotes sont terrorisés par cette matière et l’associent en plus, à tort, comme ticket d’accès à la compréhension de bon nombre de technologies (numériques!?) et de sciences.

  16. By Dr. Goulu on Juin 19, 2014

    A l’occasion d’un article sur ce sujet ( http://www.drgoulu.com/2013/09/07/la-programmation-latin-du-futur/ ) je suis tombé sur l’intéressant parallèle programmation // latin.

    Etonnant a priori, je le trouve d’autant plus séduisant que je ne trouve aucun mot commençant par « algo » ni « architect » dans l’article, or c’est bien là la clé (codée…) à mon sens. Comme on n’apprend pas le latin pour le parler, apprendre la programmation ne sert pas forcément à programmer, mais permet de décomposer un problème complexe en éléments plus simples et d’imaginer une architecture, une organisation capable de résoudre le problème.

    Comme le dit un programmeur latiniste:

    « Ecrire en latin ou programmer un ordinateur requièrent tous deux une compréhension qui dépasse la pensée humaine complexe et la simplifie. De tels processus sont ce qui nous permet de penser clairement; ils font de nous qui nous sommes. »

  17. By yasi on Juin 23, 2014

    On ne va pas restructurer l’enseignement dans son ensemble pour accorder plus de place à une matière âu détriment d’une autre.
    C’est très bien de mettre ce sujet sur la table, le débat est à présent ouvert, c’est vrai que pour les langues dès le primaire, il y a encore beaucoup à faire, pourquoi pas placer quelques heures dans l’année pour donner un aperçu de ce qu’est l’informatique et la programmation.
    J’ai fait découvrir à mon fils l’aspect programmation grâce à des sites comme scratch.
    Le côté ludique donne un certain intérêt. Et comme tout et surtout avec internet, si l’enfant accroche, il saura bien se trouver d’autres sources pour se développer.

  18. By Ben.D on Juin 24, 2014

    Ce que je trouverais dommage, c’est que la programmation ne soit enseignée que comme un outil (qui plus est mis en avant seulement comme un atout professionnel), et qu’on le sépare complètement de son histoire et de la philosophie qui l’entoure.

    Alors que déjà avec ce texte se pose la question de « qui » va l’enseigner (prof de techno ? Math ?) en espérant que le choix ne sera pas bête et méchant et qu’on laissera la possibilité à des enseignants de se porter volontaire (on pourrait imaginer un prof d’histoire enseigner la programmation si celle ci le passionne), j’espère qu’on ne laissera pas de côté l’histoire du code, du libre, de la philosophie stallmanienne tout comme microsoftienne, etc.

  19. By _Yves on Juil 2, 2014

    Coder, c’est apprendre un langage de programmation. Il faut de la logique, certes, mais c’est avant tout l’apprentissage d’un langage et d’une autre forme de construction de ce que l’on veux exprimer (ie: le résultat). Donc oui pour apprendre a coder, mais en le faisant au même niveau que l’apprentissage des langues étrangères.

    Pour en revenir aux quelques commentaires sur les maths, on rendrait aussi service aux gens en l’attaquant sous l’angle artistique, les maths étant pour moi la forme d’art la plus abstraite (et comme toute forme d’art, il faut une maitrise des techniques de base… la partie qui fait souffrir beaucoup de gens !)

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