Profitez-en, après celui là c'est fini

Point de lendemain (début des années 1990)

avril 26th, 2014 Posted in Parti, Personnel

Je m’entendais très bien avec feu mon collègue Bernard Gerboud, mais nous n’étions pas intimes, ce n’est pas moi qui parlerai le mieux de lui. On prenait un café rapide avant d’aller donner cours, les mardis dans l’an dernier, il me parlait de la retraite, qui approchait.
Sa mort, il y a un peu plus de deux semaines, m’a ramené au souvenir de l’époque où je l’ai eu comme enseignant, en 1993 ou 1994, je ne sais plus. Je venais alors d’arriver à l’Université Paris 8 après avoir abandonné les Beaux-Arts de Paris, un peu désorienté par vingt mois de service national. J’avais beaucoup de doutes quant à ce que je voulais faire de moi-même une fois devenu adulte — doutes qui ne m’ont pas quitté, mais auxquels j’ai fini par m’habituer. Je m’étais inscrit à la fac avec le projet, peut-être, d’enseigner en collège ou en lycée. J’avais toujours aussi la vague envie de faire de la bande dessinée, et c’est une bande dessinée que j’ai rendu comme travail pour le cours de Bernard, qui s’intitulait « pratiques multimédia » ou quelque chose du genre. J’ai retrouvé le résultat :

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En rendant mon travail, j’avais promis de bonne foi que je terminerais ces planches, ce que je n’ai jamais fait, comme on le voit. Le début du récit était inspiré de Point de lendemain, minuscule roman de Dominique Vivant-Denon, le premier directeur du musée du Louvre. Dans Point de Lendemain, un jeune homme un peu naïf vivait une nuit voluptueuse et enchanteresse sans s’apercevoir qu’il servait d’alibi dans une affaire d’adultère (tout en commettant un adultère) et y perdait son innocence. Tout s’y passe comme dans un rêve, et c’est l’ambiance que j’avais tenté de retranscrire.

Dans mon histoire, en plein milieu d’ébats torrides, une jeune femme éconduisait un jeune homme puis disparaissait dans un éclair après lui avoir dit de venir la rejoindre sur un autre réseau : il se trouvait dans un environnement de réalité virtuelle et avait été quelque temps la dupe d’une aguicheuse venue faire de la retape pour le compte d’un réseau concurrent — pratique très courante sur les services de rencontre sur Minitel, qui étaient encore très dynamiques à l’époque.

Je ne sais pas trop avec quelle chute je comptais terminer mon histoire, ce qui doit expliquer qu’elle ne l’ait jamais été.

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J’ai aussi retrouvé une planche avec divers essais de traitement en noir et blanc, un peu vite fait, ça ne casse pas des briques, on est loin d’Honoré Fragonard ou de James Gillray.
Mon historiette était bien dans la veine cyberpunk, très à la mode au début des années 1990, alors même qu’Internet n’était pas encore accessible au grand public.
Il y a deux ans j’ai écrit une nouvelle assez légère (que l’on peut lire en pdf ou en epub) qui, sans doute, doit quelque chose à ce vieux projet.

  1. 2 Responses to “Point de lendemain (début des années 1990)”

  2. By jyrille on Avr 28, 2014

    J’aime beaucoup ton trait, mais il gagne sans doute à être personnalié. C’est peut-être le cas maintenant, vu que ce sont de vieilles planches ?

  3. By Jean-no on Avr 28, 2014

    Je pense que je dessinerais bien mieux aujourd’hui mais c’est dur à prouver car je ne dessine plus trop :-)

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