Parlons Bible avec Ananias et Saphira
septembre 25th, 2013 Posted in LectureJe mentionne souvent une histoire tragique qui me semble passionnante à plus d’un titre. Voilà comment je la raconterais aujourd’hui :
Un couple d’adeptes a un jour vendu sa propriété pour donner l’argent aux responsables d’une secte. Ils ont cependant conservé une partie de l’argent pour eux, sans le dire. Apprenant qu’il n’avait pas eu toute la somme, le gourou a convoqué le mari pour lui reprocher d’avoir gardé une partie du prix du champ qu’il avait vendu, accusant le diable de l’avoir inspiré, et lui disant qu’en ne lui donnant pas tout, l’homme avait menti à Dieu. L’adepte a quitté l’entretien mort, et le gourou a affirmé que c’était Dieu lui-même qui l’avait tué. Il a ensuite fait emporter le corps du trépassé puis, trois heures plus tard, a convoqué son épouse, pour lui faire le même reproche. On l’a retrouvée morte, elle aussi, et cela a servi d’exemple pour les autres adeptes.
Ce fait-divers sordide est en fait l’histoire d’Ananias et Saphira (ou Ananie et Saphire), que l’on peut lire dans les actes des apôtres.
Si vous n’êtes pas familier de la Bible des chrétiens, les Actes compilent des histoires qui mettent en scène les actions des proches de Jésus Christ après sa mort et la naissance de l’Église en tant qu’institution.
Le méchant gourou est en fait Saint Pierre, le premier pape :
5:1 Mais un homme nommé Ananias, avec Saphira sa femme, vendit une propriété,
5:2 et retint une partie du prix, sa femme le sachant ; puis il apporta le reste, et le déposa aux pieds des apôtres.
5:3 Pierre lui dit : Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton coeur, au point que tu mentes au Saint Esprit, et que tu aies retenu une partie du prix du champ ?
5:4 S’il n’eût pas été vendu, ne te restait-il pas ? Et, après qu’il a été vendu, le prix n’était-il pas à ta disposition ? Comment as-tu pu mettre en ton coeur un pareil dessein ? Ce n’est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.
5:5 Ananias, entendant ces paroles, tomba, et expira. Une grande crainte saisit tous les auditeurs.
5:6 Les jeunes gens, s’étant levés, l’enveloppèrent, l’emportèrent, et l’ensevelirent.
5:7 Environ trois heures plus tard, sa femme entra, sans savoir ce qui était arrivé.
5:8 Pierre lui adressa la parole : Dis-moi, est-ce à un tel prix que vous avez vendu le champ ? Oui, répondit-elle, c’est à ce prix-là.
5:9 Alors Pierre lui dit : Comment vous êtes-vous accordés pour tenter l’Esprit du Seigneur ? Voici, ceux qui ont enseveli ton mari sont à la porte, et ils t’emporteront.
5:10 Au même instant, elle tomba aux pieds de l’apôtre, et expira. Les jeunes gens, étant entrés, la trouvèrent morte ; ils l’emportèrent, et l’ensevelirent auprès de son mari.
5:11 Une grande crainte s’empara de toute l’assemblée et de tous ceux qui apprirent ces choses.Actes 5:1-11, Bible de Louis Segond, 1910
Quelques lignes plus tôt, le récit fait le portrait du chrétien exemplaire : « Joseph, surnommé par les apôtres Barnabas, ce qui signifie fils d’exhortation, Lévite, originaire de Chypre, vendit un champ qu’il possédait, apporta l’argent, et le déposa aux pieds des apôtres ».
Je mentionne souvent cette histoire pour montrer que le « nouveau testament » est loin d’être aussi inattaquable que beaucoup l’imaginent, même s’il faut, pour s’en convaincre, lire un peu entre les lignes. J’imagine qu’un juge d’instruction aurait mis Pierre en examen pour escroquerie et meurtre.
Mais ce qui me surprend le plus avec cette histoire, c’est d’en lire des justifications. Car loin d’être un récit un peu honteux, anecdotique, dont les prêtres minimiseraient l’existence, l’histoire d’Ananias et Saphira est souvent utilisée, et particulièrement chez les protestants, comme exemplaire de ce que la foi doit être entière, qu’on ne saurait être croyant à demi. Cette histoire a beaucoup été commentée par les Catholiques tout au long du Moyen-âge, et continue de l’être, mais je ne suis pas sûr qu’elle soit beaucoup utilisée pour le catéchisme de nos jours.
« Dans ce récit, nous voyons la tricherie, le mensonge. Un couple s’est fait piéger par le malin qui, par ses paroles doucereuses, leur a inspiré de mauvais sentiments. Ils ont voulu paraître aux yeux de l’assemblé et des apôtres, comme des chrétiens consacrés mais l’appât du gain a été le plus fort. Ils voulaient conserver leurs richesses en gardant une part pour eux, tout en faisant croire qu’ils donnaient tout. »
Attention aux pièges (Femmes Chrétiennes)« Le partage des biens est présenté comme ayant un lien direct avec l’unité de la communauté et le témoignage de la résurrection. Le lecteur moderne est choqué par le sort du couple qui est exécuté pour son péché, mais le but recherché ne semble pas être le sort des individus mais plutôt celui de la communauté. Le récit se termine avec la conséquence ecclésiale : toute l’Église éprouve une grande crainte. Le drame n’est pas tant la mort de deux individus que la fin de l’harmonie dans la communauté qui devait être « un seul corps et une seule âme » (Actes 4,32). »
La mort d’Ananias et Saphira (Interbible.org)« La confiance en Dieu, née de la prédication des apôtres, a cédé la place à l’esprit de duplicité et de mensonge, révélateurs de la présence satanique. Cette conversion à Satan ne manque pas de s’extérioriser par des attitudes moralement douteuses (en faisant mine d’aider les pauvres de l’Église, Ananias et Saphira flattent leur propre ego). Mais le délit n’est pas d’ordre éthique, il est théologique. Il y a mise en question frontale de la communion ecclésiale, création de l’Esprit, et mise en danger de sa mission d’annonce de la Parole au monde ».
La foi dans les Actes : Ananias et Saphira (union des églises évangéliques libres de France)« Leur mort instantanée, qu’il ne faut évidemment pas prendre à la lettre, symbolise ici, en la dramatisant, leur exclusion de la communauté (…) c’est le Saint Esprit qu’ils ont provoqué Lors de la comparution des coupables, on aurait ou s’attendre, plutôt qu’à une condamnation, à un appel à la repentance, davantage dans la ligne de l’Esprit incarné par Jésus. Les circonstances de la première communauté chrétienne ne sont plus les nôtres ».
Comment comprendre le récit d’Ananias et Saphira ? (questiondieu.com)« Après tout, on peut penser qu’Ananias et Saphira sont des gens généreux, et que donner la moitié de son gain n’est déjà pas si mal, ce qui rend terrible et injuste leur punition. N’est-ce pas dans les sectes qu’on exige des gens qu’ils abandonnent tous leurs biens ? Mais l’auteur des Actes nous montre explicitement que la question ne réside pas dans le plus ou moins de générosité. Celle-ci n’est que la conséquence d’un véritable choix moral et existentiel ».
Dans l’attente d’une parole honnête, Ananias et Saphira (Oratoire du Louvre)
On voit que le dernier commentaire compare la situation à ce qui se passerait dans une secte, avant de se reprendre : ce n’est pas une question d’argent, c’est une question morale et existentielle. Existentielle, c’est certain, puisque les héros de cette histoire n’existaient plus après leur entretien avec Simon Pierre.
La foi altère souvent le jugement : on veut tellement se convaincre que ce en quoi on croit ne peut avoir aucun défaut qu’on en vient à justifier l’injustifiable. Et plus le croyant est intelligent, parfois, plus il mobilise ses moyens intellectuels pour cette tâche. Bien sûr, ça marche aussi avec la foi dans un parti politique, dans le nationalisme, ou dans une idéologie quelconque : une fois que l’on adhère à quelque chose, on n’a plus les idées claires, à force de résister à toute contradiction, et pendant ce temps, on se fait vider les poches par plus lucide que soi.
Au fond, ce sont Ananias et Saphira qui avaient raison : croire en une cause ne doit pas empêcher de garder un peu d’esprit critique. Ce n’est pas pour une simple histoire d’argent que ces gens se sont fait tuer par le « gardien des clefs du paradis », c’est parce que leur bon sens menaçait son pouvoir.
12 Responses to “Parlons Bible avec Ananias et Saphira”
By LhommeDebout on Sep 25, 2013
Ce n’est pas la foi qui altère le jugement, c’est ce que certains hommes ont fait des textes anciens, en les réinterprétant à leur seule convenance, et en les travestissant. Chercherez-vous alors ce qu’était les paroles exactes ?
La spiritualité commence par cette question : si on ne se fie pas aux écrits, alors où donc trouver la Vérité ? Vous aimez à citer la Bible, je vous incite alors à lire les passages où les hommes communiquent avec Dieu. Par quel moyen ces hommes parvenait-il à converser avec Lui ?
Autre question, à laquelle vous trouverez peut-être des réponses : pourquoi, depuis Vatican II, les messes ne mentionnent plus les anges (entités qui pourtant sont présentes tout au long de la lecture de la Bible) ?
Ce sont sur ces points que l’esprit critique doit s’affirmer : comment pouvez-vous connaître la foi, si la connaissance vous est systématiquement cachée ?
By nojhan on Sep 26, 2013
@LhommeDebout vous êtes dans l’erreur, toute croyance dans une idéologie altère la capacité de jugement. La foi religieuse dans le cadre d’un culte organisé étant sans doute l’expression la plus forte de croyance aveugle dans une idéologie arbitraire.
Non seulement c’est du bon sens philosophique, mais on en a également la preuve scientifique, voir par exemple cet article : http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2319992 (sur une idéologie politique, mais je pense qu’il n’y a pas de différence fondamentale avec la religion).
Cette étude est d’ailleurs intéressante car elle _quantifie_ ce biais et qu’il s’avère vraiment très très très significatif.
Ma conclusion est donc que la foi altère bel et bien le jugement, comme toute idéologie visant à déconnecter le doute, le sens critique ou l’objectivité.
By JianZhengRen on Sep 26, 2013
Bonjour, et merci de partager votre analyse de ce récit.
Cependant vous parlez d’escroquerie, mais le contexte nous éclaire sur la situation.
Nous sommes à Jérusalem, après la mort de Jésus, et nous assistons à la naissance de la congrégation chrétienne, qui constitue désormais le peuple de Dieu, après le rejet de la nation juive.
Comme certains croyants venus de loin veulent rester à Jérusalem pour bâtir leur foi nouvelle, une disposition est prise en vue de pourvoir à leurs besoins matériels : faire des dons volontaires.
Le cas d’Ananias et Saphira est instructif.
En effet, ils choisissent de vendre un champs, d’en retenir un certain prix « en secret », mais disent avoir tout donné. Ils n’étaient pas obligés de donner quelque chose. Ils n’étaient pas non plus obligés de « tout » donner. Simplement leur attitude montre qu’il agissent avec de mauvais mobiles, mentent, et veulent s’attirer la faveur des hommes.
Le récit nous montre que Dieu ne veut pas de telles personnes dans la « nouvelle nation » qu’il créé (1 Pierre 2:9).
Les exigences morales et spirituelles sont aussi élevées dans l’ « Ancien Testament » que dans les recommandations données aux chrétiens (dit « Nouveau Testament »).
Ce qui est logique car elles viennent du même Dieu.
Le Dieu de la Bible est un Dieu d’amour, mais n’est pas un Dieu sentimentaliste.
Aux jours de Noë, Dieu informa Noé des dispositions qu’il prendrait (l’arche) pour sauver ceux qui en seraient dignes. Huit personnes remplissaient les conditions pour être sauvées. Dieu n’en sauva pas plus. (Genèse 6:13 – 7:10)
Plus tard, lorsque Dieu décida de détruire Sodome et Gomorrhe, là encore il prit des dispositions pour sauver Lot et sa famille, preuve de son amour. Mais il ne fit pas preuve de sentimentalisme.
Le reste des habitants furent détruits. (Concernant la notion de justice, voir le récit magnifique de Genèse 18:22-33, dans lequel Abraham discute avec l’ange de Dieu au sujet du salut des hommes justes qui habiteraient à Sodome et Gomorrhe).
Dans la Loi qu’il donna à Moïse, les notions très élevées de justice et d’amour était aussi présentes : un homme qui tuait quelqu’un volontairement devait être mis à mort. La célèbre loi du talion (oeil pour oeil, …). Mais si le meurtre était involontaire, il y avait la disposition des « villes de refuge », prévues à préserver la vie du responsable de l’accident (si ce dernier ne se rendait pas dans une des villes de refuge, au nombre de 6 dans l’Israël antique, il risquait alors d’être mis à mort par le « vengeur de sang », un parent du défunt). Le meurtrier involontaire retrouvait sa liberté à la mort du Grand Prêtre, des années après donc, ce qui signifiait que les membres de la famille du mort devait lui pardonner. Cette disposition extraordinaire de sagesse est un équilibre entre la justice et le pardon, où chacune des deux parties à la responsabilité de manifester les qualités divines.
(Deutéronome 19:4-21 ; Nombres 35:9-34)
C’est le même Dieu que servait Jésus et les chrétiens du premier siècle. Un Dieu dont la qualité principale est l’amour, mais dont les normes de justice ne sont jamais entachées de sentimentalisme.
Cela ressort clairement de l’épisode d’Ananias et Saphiara, d’autant plus qu’à ce moment, la congrégation chrétienne était naissante, donc fragile. Cette congrégation est aussi extrêmement précieuse pour Dieu, car elle a été rendue possible grâce au sang de son fils, Jésus (Actes 20:28). Dieu n’a pas tolérer qu’elle soit soillée.
Concernant la nécessité de préserver sa « capacité de réflexion » et d’avoir une foi pleine de bon sens, c’est ce à quoi nous encourage la Bible.
Voici l’exemple des premiers chrétiens de Bérée, toujours dans les Actes :
« Or ces derniers avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique, car ils reçurent la parole avec le plus grand empressement, examinant soigneusement les Écritures chaque jour [pour voir] si ces choses étaient ainsi. Beaucoup parmi eux donc devinrent croyants, de même que bon nombre d’entre les femmes grecques honorables et d’entre les hommes. » (Actes 17:11,12)
Les premiers chrétiens avaient pour habitude de scruter les Ecritures, pour voir si leur foi était bien fondée. Ils deviennent croyants après avoir analysé ce qu’ils entendaient, sur la bases de la Bible. Dieu ne veut pas que nous le servions avec une foi aveugle, mièvre et molle, mais plutôt avec vérité.
Voici quelques autres conseils bibliques donnés aux chrétiens :
« Bien-aimés, ne croyez pas toute parole inspirée, mais éprouvez les paroles inspirées pour voir si elles viennent de Dieu, parce que beaucoup de faux prophètes sont sortis dans le monde ». (1 Jean 4:1)
« Ne traitez pas les paroles prophétiques avec mépris. Vérifiez toutes choses ; tenez ferme ce qui est excellent. » (1 Thessaloniciens 5:20,21)
Le dernier texte cité est intéressant, il montre que l’on pourrait traiter « les paroles prophétiques » (la Bible) avec mépris, si nous ne prenions pas le temps de vérifier la base de nos croyances. Les chrétiens doivent fonder leur foi sur la Parole de Dieu, et non sur des « traditions d’hommes ».
Dieu honore l’homme en l’encourageant à faire preuve de sagesse ; voici un encouragement donné en Proverbes 3:13-26 :
« Heureux l’homme qui a trouvé la sagesse, et l’homme qui obtient le discernement, car mieux vaut l’avoir comme gain que d’avoir comme gain de l’argent, et [mieux vaut] l’avoir comme produit que [d’avoir] de l’or. Elle est plus précieuse que les coraux, et tous tes autres plaisirs ne peuvent l’égaler. Longueur de jours est dans sa droite; dans sa gauche richesse et gloire. Ses voies sont des voies pleines de charme, et toutes ses routes sont paix. Elle est un arbre de vie pour ceux qui la saisissent, et ceux qui la tiennent ferme, il faut les proclamer heureux.
Jéhovah lui-même avec sagesse a fondé la terre. Il a solidement fixé les cieux avec discernement. Par sa connaissance les abîmes d’eau se sont fendus, et sans cesse les cieux nuageux laissent ruisseler une pluie légère. Mon fils, qu’elles ne s’éloignent pas de tes yeux. Préserve la sagesse pratique et la capacité de réflexion, et elles seront vie pour ton âme et charme pour ta gorge. Alors tu marcheras en sécurité sur ton chemin, et ton pied ne heurtera rien. Quand tu te coucheras, tu ne ressentiras aucun effroi ; oui, tu te coucheras et ton sommeil sera vraiment agréable. Tu n’auras pas à craindre une chose redoutable, soudaine, ni la tempête sur les méchants, parce qu’elle vient. Car Jéhovah lui-même sera vraiment ta confiance et, à coup sûr, il gardera ton pied de la capture. »
Bonne réception
By Jean-no on Sep 27, 2013
@JianZhengRen : je ne sais pas si j’ai envie que les témoins de Jéhovah viennent me faire cours jusque sur mon blog ! Vous appartenez à une organisation qui vous prend du temps et de l’argent, mais je ne peux rien pour vous, c’est votre problème (et sans doute celui de votre famille).
Par ailleurs, je suis content que votre dieu n’existe pas car il serait, sinon, le plus malveillant et le plus antipathique qui soit.
By LhommeDebout on Sep 26, 2013
@nohjan : il semble qu’il y ait ici une confusion entre l’idéologie et la spiritualité.
Une idéologie consiste en une science centrée autour d’un système d’idées (quelles que soient les idées).
L’idéologie est issue de la réflexion de l’homme sur la « matière » du monde ; la substance de l’idéologie repose d’ailleurs sur la qualité des discours du genre humain.
La spiritualité, elle, vise à la réflexion de l’observation de forces supérieures à l’homme. La science elle-même le démontre : ce n’est pas parce que l’on ne peut pas voir (ou appréhender) quelque chose, que cela n’existe pas.
Se limiter au discours des hommes (la philosophie, la retransmission des connaissances anciennes comme les écrits) ne suffit pas à décrire le fonctionnement du monde. (si cela marchait, cela se saurait depuis des siècles :)
C’est ici qu’intervient la foi : en quoi souhaitez vous croire ?
Malgré la volonté des hommes, il demeure toujours les grand principes qui gouvernent le monde (ou même l’univers, si vous voulez) : la présence de « fondations », l’existence de « créatures » visibles. En d’autres termes, nous avons des racines, et nous reconnaissons que nous sommes semblables.
Pourtant, ce sont les hommes qui « créent » des différences (concept philosophique de race, d’intelligence, etc) et par là, se détournent des grands principes.
D’où la raison de la foi : si nous reconnaissons l’existence de ces forces supérieures à l’homme, alors il nous faut admettre que nous ne sommes jamais seuls.
Et c’est là que se situe le « salut », car nous rapprocher de ces forces revient à définir ce qu’est l’homme, et sa raison d’être en ce monde.
Ce qui se passe aujourd’hui est que l’homme a voulu soulever la matière du monde (l’idéologie) au dessus de lui-même… Et la spiritualité nous incite à observer que nous avons été écrasé par cette matière.
By Jean-no on Sep 27, 2013
@lhommeDebout : je suis tellement loin de vous que je n’arriverais même pas à faire un pastiche de ce genre de prose. Ne trouvez vous pas absurde, tout de même, de dire, en substance, « on ne peut pas expliquer tout par des moyens rationnels donc soyons débiles » ?
By Atombrecher on Sep 28, 2013
Hooo, chic, une polémique!
Lors, nous avons le point de vue officiel de l’Eglise Catholique sur ses premiers jours, point de vue recueilli et soigneusement édité (Je vous renvois aux pages Wikipédia qui vont bien, Concile de Nicée, tout ça). Hors le fait que tout cela a très bien pu être inventé de toute pièce, ou, façon Hollywood, « tiré de faits réels », il ne faut pas oublier que cette histoire est orientée, pour présenter des gentils, qui sont des bons chrétiens, et des méchants, qui sont méchants. L’Eglise se classe elle-même dans le camp des gentils, bien sûr. L’idée principale de l’article, si J’ai bien compris, c’est de prendre un autre point de vue, et de voir ce que ça donne. Ce point de vue est extérieur, réaliste, semblable presque à ce qu’on pourrait en lire dans une chronique de faits divers. D’où le vilain arrière-goût de secte.
« Le récit nous montre que Dieu ne veut pas de telles personnes »
Si un Dieu parfait a créé le monde, comment se fait-il que des gens imparfaits le peuplent? La perfection absolue et le pouvoir total ne peuvent engendrer, sous quelque forme que se soit, un résultat imparfait, moindre, mauvais. Ergo, compte tenu de ce monde, si un dieu créateur existe, il est imparfait, ce qui contredit bon nombre de monothéistes. J’espère que vous êtes d’accord avec ça.
« Cette congrégation est aussi extrêmement précieuse pour Dieu, car elle a été rendue possible grâce au sang de son fils, Jésus (Actes 20:28). Dieu n’a pas tolérer qu’elle soit soillée. »
Comment vous expliquez les liens entre Eglise et Mafia, entre Eglise et fascisme italien au début du XXe siècle, et les innombrables scandales sexuels qui secouent toutes les organisations religieuses avec une hiérarchie? De manière plus ancienne, on a aussi la grande hystérie contre les sorcières à la Renaissance, les croisades, et avant même l’établissement de l’Eglise, les actes violents, haineux, intolérants des premiers chrétiens, contre les autres religions.
Et l’on parle de scruter et d’examiner les écrits pour en distinguer le vrai du faux; vous sachant curieux et diligent, Je vous charge de chercher tous les passages de votre Bible contredisant cette idée, et imposant la croyance aveugle, tant dans l’ancien que dans le nouveau testament.
D’une part ça vous fera un excellent exercice, d’autre part, J’ai la flemme de les chercher moi-même.
« La science elle-même le démontre : ce n’est pas parce que l’on ne peut pas voir (ou appréhender) quelque chose, que cela n’existe pas. »
Je ne vous laisserai pas dire n’importe quoi; ce que l’on peut dire, c’est que si quelque chose n’existe pas, il est impossible de le mesurer, et s’il est absolument impossible de le mesurer, sous quelque condition que ce soit, même avec des moyens futurs, alors ce n’existe pas.
Il est arrivé (souvent) que l’on n’arrive pas sur le moment à mesurer une chose, donc qu’on la tienne pour fausse, puis que l’on y arrive, et que l’on se ravise.
Il arrive aussi que l’on demande à un croyant de prouver ses dires, par exemple en montrant sa/ses divinités; ce à quoi le croyant répond que c’est absolument impossible. Je vous laisse en tirer votre propre conclusion.
By zeus on Oct 1, 2013
Mon pauvre facho mou. Encore une fois tu abordes un sujet qui te dépasse. Pourquoi tu ne reste pas dans les sujets convenus ou tes groopies peuvent venir le lécher les pieds et flatter ton égo beauf?
Tu n’as pas ta place dans les sujets à conséquences. Tu n’en vois que la mousse!
By ZigHug on Oct 21, 2013
Bonjour,
Il est clair pour moi qu’interpréter le texte ainsi : « Pierre a tué Ananias » est le fait d’une lecture contemporaine d’un texte oriental qui a près de 2000 ans.
Le problème n’est pas seulement de savoir si le lecteur est croyant ou pas. Il faut aussi comprendre le statut du texte et de la parole pour les personnes de ce temps et de ce lieu.
Le discours scientifique moderne a à peine 300 ans, et le discours journalistique factuel de l’AFP, épuré le plus possible de toute connotation ou symbole, est apparu sans doute après encore…
Tout texte étant forcément interprété, quelles clés d’interprétation avez-vous utilisé ? Non seulement vous semblez avoir une lecture littérale, journalistique du texte, mais en plus vous prenez l’initiative de désigner un des protagonistes comme auteur d’un meurtre, ceci en fonction d’une vision du monde que n’avait pas l’auteur et ses contemporains (càd: un monde dénué de toute action surnaturelle possible). (Même selon cette dernière vision, on peut aussi faire l’hypothèse d’une crise cardiaque !!).
Toute lecture contemporaine d’un vieux texte sans effort d’interprétation risque l’impasse. Regardez comme les Evangiles sont faux, puisque aucun ne coïncide parfaitement chronologiquement avec l’autre.
By Jean-no on Oct 21, 2013
@ZigHug : une crise cardiaque, ça arrive. Deux de suite, c’est beaucoup :-)
Pour des raisons longues à expliquer, j’ai une petite connaissance des sectes contemporaines, et c’est ce qui oriente mon interprétation : je vois là une communauté refermée sur elle-même, menée d’une main de fer, où les actions du gourou sont qualifiées de providentielles ou de divines.
Mais au delà de cette interprétation certes biaisée par un a-priori, je suis très intéressé par la manière dont les croyants s’acharnent à défendre le texte, soit en en faisant une métaphore positive, soit en disant, comme vous ici et peut-être avec raison que le texte est ancien et peut-être plus difficile à interpréter qu’on ne le croit, soit en minimisant sa portée,… Enfin bref, peu importe le vin pourvu qu’on sauve les meubles. Le surnaturel faisait partie de la vie en l’an 50, mais le naturel aussi.
Les Évangiles sont évidemment fausses, puisque ce sont des fictions dont il est très difficile de savoir à quel point elles s’appuient sur des faits réels (aucune autre source !), ni de quand datent ces faits exactement. Et encore, on ne parle que des quatre évangiles du canon catholique et protestant, sélectionnées par l’Église il y a quelques siècles, au détriment d’une foultitude d’autres textes tout aussi authentiques (enfin émanant authentiquement des premiers chrétiens) mais qui entraînent le récit ailleurs (ou ont d’autres défauts, comme d’être trop courts).
By Lil on Août 25, 2016
De la mauvaise foi en barre. Et de l’ignorance en barre.
Si le couple avait clairement dit « nous donnons à la COMMUNAUTÉ (eh oui, celui qui pense que c’est pour le gourou est bien bien ignorant des mœurs des premiers chrétiens, y a un gourou dans un monastère?) la moitié du prix.
ça n’aurait pas posé de problèmes.
Mais à cette époque, donner sa parole et mentir, était impardonnable, pas comme maintenant.
Ce que j’appelle mauvaise foi! faire de Pierre un gourou qui garde tout pour lui, aucun historien n’a osé. Alors évidemment, quand on modifie une partie des faits, on met des mots chocs comme « gourou ».. Je peux remplacer « parti politique » par gourou aussi.. C’est révoltant de procédés malhonnêtes et de mauvaise foi.
D’autre part, beaucoup de récits sont des paraboles. Les paraboles visent à donner une moralité, comme les fables. Que ce récit ait ou non été réel. Il donne une leçon: quand on donne sa parole, on la tient, parce qu’on ne trompe que soi même. Quelqu’un qui serait censé faire un jeûne ou se confesser, peut mentir et tromper les hommes, pas Dieu. Voilà ce que l’histoire raconte.
« Pour des raisons longues à expliquer, j’ai une petite connaissance des sectes contemporaines, et c’est ce qui oriente mon interprétation : je vois là une communauté refermée sur elle-même, menée d’une main de fer, où les actions du gourou sont qualifiées de providentielles ou de divines. »
Interprétation complètement à l’ouest historiquement. Heureusement que de vrais historiens et savants se sont penchés sur l’histoire des premières communautés, et pas des farfelus qui pensent tout comprendre sans avoir longuement étudié. Continuez à nous faire bien rire. On préfère se référer à de vrais universitaires.
By Jean-no on Août 31, 2016
@Lil : en fait, c’est bien par des historiens et des philologues sérieux (et chrétiens !) que j’ai découvert cet épisode des actes. Tuer les gens qui ont gardé tout leur argent n’est pas normal, ce n’est pas une activité spirituelle. Imaginez la même chose dans une communauté d’une autre religion, imaginez que vous êtes l’enquêteur à qui on raconte l’histoire : vous mettrez tout le monde sous les verrous. Libre à vous de faire de ce qui vous gêne une « parabole ».